{"title":"Le marché foncier comme dispositif de réallocation de l’eau dans le périmètre irrigué de Guelma, Algérie","authors":"S. Assassi, A. Daoudi, A. Amokrane","doi":"10.1051/cagri/2022028","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les terres irriguées, rares, sont au cœur des enjeux de sécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement car elles sont les plus productives. Leur extension représente un choix stratégique pour beaucoup de ces pays. En Algérie, comme dans tout le Maghreb, ce choix s’est longtemps traduit par la création de grands périmètres irrigués. Dans ces périmètres, les disponibilités en eau ne permettent généralement pas de couvrir l’ensemble des demandes et l’eau est gérée par un dispositif de rationnement par le tour d’eau, qui réduit les quantités affectées à chaque exploitation à des seuils qui limitent leurs choix productifs. Dans le périmètre irrigué de Guelma, un tiers de la superficie est pourtant annuellement réservée à des cultures irriguées à forte valeur ajoutée, notamment la tomate industrielle. Pour comprendre les mécanismes par lesquels l’eau, rare, en théorie accessible à tous, et vendue à un prix administré faible, est affectée à des cultures intensives en capital et en eau, nous avons réalisé 30 entretiens semi-directifs avec des personnes ressources, une enquête directive auprès de 30 locataires et de 52 propriétaires de parcelles dans le périmètre irrigué, et une analyse spatiale d’images satellites. Nos résultats montrent que le développement de cette culture intensive est en grande partie à mettre en rapport avec l’existence d’un marché foncier locatif dynamique liant terre et eau. Via ce marché double, l’eau disponible est réaffectée entre individus et laissée chaque année aux plus offrants, à savoir les locataires spécialisés dans la tomate industrielle, qui génèrent une valeur ajoutée élevée. Comme les locataires redistribuent une partie de la valeur qu’ils génèrent, via la rente locative et la rente de fertilité résiduelle, à tous les producteurs de blé, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ces derniers ne réclament pas les droits d’eau en théorie associés à ces parcelles.","PeriodicalId":55294,"journal":{"name":"Cahiers Agricultures","volume":"75 1","pages":""},"PeriodicalIF":1.0000,"publicationDate":"2022-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cahiers Agricultures","FirstCategoryId":"97","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1051/cagri/2022028","RegionNum":4,"RegionCategory":"农林科学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"AGRICULTURE, MULTIDISCIPLINARY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les terres irriguées, rares, sont au cœur des enjeux de sécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement car elles sont les plus productives. Leur extension représente un choix stratégique pour beaucoup de ces pays. En Algérie, comme dans tout le Maghreb, ce choix s’est longtemps traduit par la création de grands périmètres irrigués. Dans ces périmètres, les disponibilités en eau ne permettent généralement pas de couvrir l’ensemble des demandes et l’eau est gérée par un dispositif de rationnement par le tour d’eau, qui réduit les quantités affectées à chaque exploitation à des seuils qui limitent leurs choix productifs. Dans le périmètre irrigué de Guelma, un tiers de la superficie est pourtant annuellement réservée à des cultures irriguées à forte valeur ajoutée, notamment la tomate industrielle. Pour comprendre les mécanismes par lesquels l’eau, rare, en théorie accessible à tous, et vendue à un prix administré faible, est affectée à des cultures intensives en capital et en eau, nous avons réalisé 30 entretiens semi-directifs avec des personnes ressources, une enquête directive auprès de 30 locataires et de 52 propriétaires de parcelles dans le périmètre irrigué, et une analyse spatiale d’images satellites. Nos résultats montrent que le développement de cette culture intensive est en grande partie à mettre en rapport avec l’existence d’un marché foncier locatif dynamique liant terre et eau. Via ce marché double, l’eau disponible est réaffectée entre individus et laissée chaque année aux plus offrants, à savoir les locataires spécialisés dans la tomate industrielle, qui génèrent une valeur ajoutée élevée. Comme les locataires redistribuent une partie de la valeur qu’ils génèrent, via la rente locative et la rente de fertilité résiduelle, à tous les producteurs de blé, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ces derniers ne réclament pas les droits d’eau en théorie associés à ces parcelles.
期刊介绍:
Cahiers Agricultures is a - mainly - French language scientific journal on world farming systems, how they are changing and their role in society. It is aimed at all those – researchers, field workers, teachers – who are interested in a holistic reflection on the agricultural world.
Cahiers Agricultures gives priority to research on agriculture as implemented by farmers, that has meaning for citizens in countries in the North and South, as opposed to research work conducted in a controlled environment (laboratory, research center, etc.). Research of this type is often multidisciplinary and takes into account the knowledge and know-how of the different stakeholders. The different parties are also actively involved in research, alongside the scientists. In this way, the journal stimulates debate on issues linked to society, such as the impact of using water and nitrogen fertilisers, peri-urban farming, fish farming, livestock production in rural areas, food security, etc.