La multiplicité du dire du temps dans la Bible, d'après Paul Ricœur

Abstract

C’est au terme de l’examen des ripostes que la poetique de la fonction narrative apporte aux problemes attaches au dire du temps (dans la trilogie Temps et recit) que Paul Ricœur degage les apories de la temporalite qui demeurent. Parmi elles, le fait que la correlation entre «le temps» (singulier collectif) et les diverses «extases du temps» (present, passe, futur) n’est pas du seul ressort du recit, implique de recourir aux autres genres litteraires qui tissent les Ecritures et qui, chacun, deploient une modalite temporelle: a l’anteriorite narrative conjointe a l’anteriorite ethique de la Loi s’ajoutent l’irruption de l’eschatologie prophetique et l’aujourd’hui intemporel de la Sagesse et des hymnes. C’est par l’entrelacement de ces diverses designations temporelles que s’elabore le modele intertextuel pluriel denomme «temps biblique» – auquel il faudrait ajouter le temps apocalyptique que Ricœur etudie peu. A ce paradigme intertextuel de la temporalite (surtout) veterotestamentaire, correspond une triple identite du sujet lecteur adresse, stable, avec les points de repere de la Torah, ebranlee et reassuree avec les prophetes, singuliere et universelle a travers les ecrits sapientiels. C’est par cette pluralite irreductible que la poetique du recit s’efface devant le mystere de la temporalite qui toujours la depasse et que la Bible livre le testament du temps humain dans ses rapports a l’eternite divine.