Impact potentiel du mécanisme de développement propre dans l’avenir des cultures pérennes : état des négociations internationales et analyse prospective à travers l’exemple de la filière de production du caoutchouc naturel
{"title":"Impact potentiel du mécanisme de développement propre dans l’avenir des cultures pérennes : état des négociations internationales et analyse prospective à travers l’exemple de la filière de production du caoutchouc naturel","authors":"O. Hamel, J. Eschbach","doi":"10.1051/OCL.2001.0599","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"A l’epoque de la mise en œuvre des grands programmes de developpement des cultures perennes, les situations politiques, economiques et structurelles etaient fondamentalement differentes de celles qui existent aujourd’hui. Ces programmes repondaient principalement a une preoccupation de developpement economique des Etats en privilegiant l’entree des cultures de rente agro-forestieres. Sans etre au centre des preoccupations, les populations locales devaient beneficier, par contrecoup, des retombees de la sante economique des planteurs et des firmes utilisatrices. A cette epoque, la foret etait percue comme un espace infini, un bien inepuisable; les marches etaient en pleine expansion et disposaient de mecanismes de regulation ; les capitaux prives beneficiaient de conditions avantageuses et l’aide publique au developpement progressait. Durant les 25 dernieres annees, et singulierement dans les 10 dernieres, tout a change : - l’espace est fini et la foret tropicale est reputee en voie de disparition ; - la liberalisation du commerce et des capitaux ainsi que les politiques de stabilisation macro-economique sont devenues les credo des institutions financieres internationales ; - les marches sont volatiles et deregules, les Etats se sont desengages ; - l’aide publique au developpement s’est effondree (passant de 32 $/hab. en 1990 a 19 $ aujourd’hui) ; - enfin de nouvelles preoccupations environnementales fortes (RIO 1992) encadrees par des engagements conventionnels sont apparues. Dans un tel contexte, les cultures perennes sont a la croisee des chemins car les nombreuses plantations des annees 70-80 doivent etre replantees. Ce qui sous-entend des investissements lourds qui, dans la nouvelle approche economique, reposent essentiellement sur les epaules des petits planteurs, sans que la prise de risque soit partagee par l’Etat. Cette conjoncture defavorable introduit de graves incertitudes sur le renouvellement de ces speculations, qui pourraient entrainer des desordres ecologiques et sociaux importants si des mecanismes de soutien n’etaient pas mis en œuvre. A un moment ou la notion de « developpement durable et propre » s’impose et ou la protection des ressources naturelles (et des fonctions de production de services associes) devient un objectif prioritaire au meme titre que la lutte contre la pauvrete, cette situation est paradoxale. L’objet de cette presentation est donc a la fois : - d’alerter les pays du Sud sur une absence de prise en consideration des problematiques des cultures perennes dans le cadre des discussions portant sur les « puits » de carbone et sur la mise en œuvre du mecanisme de developpement propre (MDP) ; - d’analyser dans quelle mesure la valorisation du carbone (non emis ou sequestre), induite par le protocole de Kyoto et les mecanismes de flexibilite, est de nature a modifier les logiques economiques et les strategies de developpement des cultures perennes.","PeriodicalId":30815,"journal":{"name":"Oleagineux Corps gras Lipides","volume":"408 1","pages":"599-610"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2001-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"3","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Oleagineux Corps gras Lipides","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1051/OCL.2001.0599","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
A l’epoque de la mise en œuvre des grands programmes de developpement des cultures perennes, les situations politiques, economiques et structurelles etaient fondamentalement differentes de celles qui existent aujourd’hui. Ces programmes repondaient principalement a une preoccupation de developpement economique des Etats en privilegiant l’entree des cultures de rente agro-forestieres. Sans etre au centre des preoccupations, les populations locales devaient beneficier, par contrecoup, des retombees de la sante economique des planteurs et des firmes utilisatrices. A cette epoque, la foret etait percue comme un espace infini, un bien inepuisable; les marches etaient en pleine expansion et disposaient de mecanismes de regulation ; les capitaux prives beneficiaient de conditions avantageuses et l’aide publique au developpement progressait. Durant les 25 dernieres annees, et singulierement dans les 10 dernieres, tout a change : - l’espace est fini et la foret tropicale est reputee en voie de disparition ; - la liberalisation du commerce et des capitaux ainsi que les politiques de stabilisation macro-economique sont devenues les credo des institutions financieres internationales ; - les marches sont volatiles et deregules, les Etats se sont desengages ; - l’aide publique au developpement s’est effondree (passant de 32 $/hab. en 1990 a 19 $ aujourd’hui) ; - enfin de nouvelles preoccupations environnementales fortes (RIO 1992) encadrees par des engagements conventionnels sont apparues. Dans un tel contexte, les cultures perennes sont a la croisee des chemins car les nombreuses plantations des annees 70-80 doivent etre replantees. Ce qui sous-entend des investissements lourds qui, dans la nouvelle approche economique, reposent essentiellement sur les epaules des petits planteurs, sans que la prise de risque soit partagee par l’Etat. Cette conjoncture defavorable introduit de graves incertitudes sur le renouvellement de ces speculations, qui pourraient entrainer des desordres ecologiques et sociaux importants si des mecanismes de soutien n’etaient pas mis en œuvre. A un moment ou la notion de « developpement durable et propre » s’impose et ou la protection des ressources naturelles (et des fonctions de production de services associes) devient un objectif prioritaire au meme titre que la lutte contre la pauvrete, cette situation est paradoxale. L’objet de cette presentation est donc a la fois : - d’alerter les pays du Sud sur une absence de prise en consideration des problematiques des cultures perennes dans le cadre des discussions portant sur les « puits » de carbone et sur la mise en œuvre du mecanisme de developpement propre (MDP) ; - d’analyser dans quelle mesure la valorisation du carbone (non emis ou sequestre), induite par le protocole de Kyoto et les mecanismes de flexibilite, est de nature a modifier les logiques economiques et les strategies de developpement des cultures perennes.