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L’archive substitutive. Poétique de l’approximation historique
A la memoire de Michael SheringhamLe recours a l’archive est devenu depuis quelques decennies une pratique tres soutenue en litterature francaise [1]. On en situe relativement precisement les premieres manifestations au cours des annees 1980 lorsque nombre d’ecrivains se sont detaches du programme experimental des avant-gardes pour renouer avec une ecriture plus ouverte sur le monde. Abandonnant l’esthetique « intransitive », decrite par Roland Barthes [2], ceux-ci se sont penches a nouveau vers des realites exterieures, dans des œuvres que l’on pourrait dire « transitives » [3], id est : qui abordent des objets exterieurs a elles-memes. Mais en renouant ainsi avec ce que les linguistes ont nomme le « referent », ces ecrivains se sont interroges sur les formes de sa presence dans le texte. La critique moderne avait en effet suffisamment mis en evidence les illusions et les impasses de la representation realiste pour que l’on ne puisse y revenir sans difficulte. Le reel n’est pas un donne immediat, c’est une construction, a laquelle l’archive contribue. Y faire reference dans le corps meme de l’œuvre permet de prendre une certaine distance avec la mimesis : c’est questionner les modalites de notre rapport au monde.Une seconde raison concourt a expliquer la presence insistance de l’archive dans les œuvres contemporaines. Les dernieres decennies d’un siecle finissant se sont retournees vers le passe. On ne compte plus les romans et recits consacres a la Grande Guerre, a la Secon