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Au tournant des années 2000, des publications scientifiques ont commencé à s’interroger sur les gaz à effet de serre émis par les activités de recherche. Depuis la fin des années 2010, les travaux quantifiant l’« empreinte carbone » de la recherche se sont intensifiés et diversifiés. Plusieurs strates de temporalités distinctes doivent toutefois être identifiées afin de déplier le singulier du terme empreinte carbone. La première est celle qui renvoie à la filiation terminologique entre l’« empreinte environnementale » et l’empreinte carbone. La deuxième situe un processus de quantification carbone entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, qui s’inscrit lui-même dans l’histoire longue de la quantification. La troisième strate est l’utilisation de cette catégorie dans de nombreuses publications scientifiques, l’empreinte carbone de la recherche étant une partie d’un ensemble plus vaste. Se dessine alors un espace de commensurabilité scientifique : une fois sous la forme de cet équivalent dioxyde de carbone, des activités, ou des segments d’activités, sont rendus comparables par cette métrique commune. L’enquête de terrain menée dans le cadre d’une thèse de science politique permet de faire entendre la parole de personnels de recherche en France effectuant un travail d’estimation d’empreinte carbone de la recherche. Si ce processus de quantification aux motivations diverses conduit à interroger des pratiques ou des perceptions, ce qui est mis en nombre n’est pas seulement un « coût » de la recherche mais aussi différentes formes de temps de l’activité scientifique.