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{"title":"约阿希姆·施纳夫的《回忆的歌舞表演》(评论)","authors":"Véronique Anover","doi":"10.1353/tfr.2023.a911337","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf Véronique Anover Schnerf, Joachim. Le cabaret des mémoires. Grasset & Fasquelle, 2022. ISBN 978-2-246-82892-1. Pp. 140. Voici un récit marqué de contrastes pour mieux mettre en évidence des mémoires qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. En effet, la naissance de l’enfant du narrateur (Samuel) se juxtapose avec la mort de Rosa, la grand-tante, dernière survivante et rescapée d’Auschwitz. Ce bébé qui va naître ne connaîtra probablement pas Rosa et par conséquent, il ne restera plus que le silence. Cependant, la parole doit se frayer un passage et le passé ne doit aucunement être nié, ni oublié. Le narrateur est bien décidé à raconter la Shoah à son fils. Il ne fera pas comme on a fait avec lui, car les silences lui ont donné des névroses. Le passé est obscur, hanté par le souvenir de Rosa, partie en Amérique ouvrir un cabaret pour fuir des souvenirs monstrueux. Cependant, le nouveau-né arrive avec “la lumière du jour”, fruit “des baisers où commencent la vie et où cesse la mort” (130), c’est-à-dire un souffle d’espoir. La réalité se fond avec l’imaginaire, lorsque le narrateur, sa sœur Tania et son cousin Michaël partent à la recherche de la tante Rosa dans leurs jeux d’enfants en faisant semblant d’être dans le désert texan. Cette quête fictive les mènera jusqu’à Shtetl City, là où Rosa tient ses représentations dans son cabaret “Camp Camp”, bien qu’elle se garde d’interpréter sa vie vécue dans le camp. Rosa s’est elle aussi créé une vie fictive qui lui a permis de fuir la réalité. La narration alterne entre le passé de Rosa et sa vie dans le Nouveau Monde, et celle du narrateur dans l’Ancien Continent qui attend son enfant, obsédé par cette grand-tante qui lui a envoyé une lettre avec des pages pleines de souvenirs et de témoignages. Il n’est pas étonnant que Rosa ait voulu laisser son passé de côté, et qu’elle ait gardé sous silence la Shoah. Orpheline, son petit frère est épargné car il était caché, et n’ayant qu’une amie dans le camp (Jania), elle doit faire l’indicible pour survivre. Le narrateur, Samuel, avant la naissance de son fils, conçoit la paternité en tant que “le devoir de transmettre” (87), et se pose des questions existentielles: “Qui sommes-nous quand les aînés ne sont plus là pour désigner le passé?” (87). D’autant plus que Rosa, avec sa dernière représentation, a tout brûlé derrière elle, réduisant en cendres son héritage, ce “cabaret des mémoires”, et lorsque Rosa disparaît, sa mémoire s’envole avec elle (128). Par chance, Samuel transmettra cet héritage à son enfant, afin qu’il perdure et persiste. [End Page 252] Véronique Anover California State University San Marcos Copyright © 2023 American Association of Teachers of French","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":"56 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf (review)\",\"authors\":\"Véronique Anover\",\"doi\":\"10.1353/tfr.2023.a911337\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Reviewed by: Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf Véronique Anover Schnerf, Joachim. Le cabaret des mémoires. Grasset & Fasquelle, 2022. ISBN 978-2-246-82892-1. Pp. 140. Voici un récit marqué de contrastes pour mieux mettre en évidence des mémoires qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. 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Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf (review)
Reviewed by: Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf Véronique Anover Schnerf, Joachim. Le cabaret des mémoires. Grasset & Fasquelle, 2022. ISBN 978-2-246-82892-1. Pp. 140. Voici un récit marqué de contrastes pour mieux mettre en évidence des mémoires qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. En effet, la naissance de l’enfant du narrateur (Samuel) se juxtapose avec la mort de Rosa, la grand-tante, dernière survivante et rescapée d’Auschwitz. Ce bébé qui va naître ne connaîtra probablement pas Rosa et par conséquent, il ne restera plus que le silence. Cependant, la parole doit se frayer un passage et le passé ne doit aucunement être nié, ni oublié. Le narrateur est bien décidé à raconter la Shoah à son fils. Il ne fera pas comme on a fait avec lui, car les silences lui ont donné des névroses. Le passé est obscur, hanté par le souvenir de Rosa, partie en Amérique ouvrir un cabaret pour fuir des souvenirs monstrueux. Cependant, le nouveau-né arrive avec “la lumière du jour”, fruit “des baisers où commencent la vie et où cesse la mort” (130), c’est-à-dire un souffle d’espoir. La réalité se fond avec l’imaginaire, lorsque le narrateur, sa sœur Tania et son cousin Michaël partent à la recherche de la tante Rosa dans leurs jeux d’enfants en faisant semblant d’être dans le désert texan. Cette quête fictive les mènera jusqu’à Shtetl City, là où Rosa tient ses représentations dans son cabaret “Camp Camp”, bien qu’elle se garde d’interpréter sa vie vécue dans le camp. Rosa s’est elle aussi créé une vie fictive qui lui a permis de fuir la réalité. La narration alterne entre le passé de Rosa et sa vie dans le Nouveau Monde, et celle du narrateur dans l’Ancien Continent qui attend son enfant, obsédé par cette grand-tante qui lui a envoyé une lettre avec des pages pleines de souvenirs et de témoignages. Il n’est pas étonnant que Rosa ait voulu laisser son passé de côté, et qu’elle ait gardé sous silence la Shoah. Orpheline, son petit frère est épargné car il était caché, et n’ayant qu’une amie dans le camp (Jania), elle doit faire l’indicible pour survivre. Le narrateur, Samuel, avant la naissance de son fils, conçoit la paternité en tant que “le devoir de transmettre” (87), et se pose des questions existentielles: “Qui sommes-nous quand les aînés ne sont plus là pour désigner le passé?” (87). D’autant plus que Rosa, avec sa dernière représentation, a tout brûlé derrière elle, réduisant en cendres son héritage, ce “cabaret des mémoires”, et lorsque Rosa disparaît, sa mémoire s’envole avec elle (128). Par chance, Samuel transmettra cet héritage à son enfant, afin qu’il perdure et persiste. [End Page 252] Véronique Anover California State University San Marcos Copyright © 2023 American Association of Teachers of French