为富人服务:富人的仆人alizee Delpierre(评论)

IF 0.1 4区 文学 N/A LITERATURE, ROMANCE FRENCH REVIEW Pub Date : 2023-10-01 DOI:10.1353/tfr.2023.a911390
Edward Ousselin
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Sociologue de formation, Alizée Delpierre a en effet mené une longue enquête auprès des domestiques en France—qui sont majoritairement des femmes—comme de leurs employeurs fortunés (dans les deux cas, plusieurs extraits d’entretiens sont inclus dans le livre). Cette enquête met à jour une grande variété de statuts professionnels (majordome, gouvernante, nanny, aide-cuisinière, femme de ménage, etc.) et une large fourchette salariale. Ce qui est commun à presque toutes les employées de maison, ce sont les longs horaires et, le plus souvent, la pénibilité des tâches quotidiennes. Néanmoins, ce que Delpierre appelle plusieurs fois “l’exploitation dorée”, surtout dans les maisons les plus somptueuses, continue d’attirer de nombreuses personnes, qui sont loin d’être uniquement d’origine immigrée. Certaines y voient la possibilité d’une ascension sociale, pour elles ou (plus vraisemblablement) pour leurs enfants. D’autres semblent fascinées, à travers un curieux phénomène psychologique, par ce que l’autrice décrit comme l’illusio de la domesticité: “Elles vivent par procuration la vie professionnelle de leurs patrons et s’en imprègnent, à tel point qu’elles ont l’impression de travailler un peu avec eux, et non plus pour eux” (45–46). Du côté des employeurs, le fait de pouvoir déléguer les tâches ménagères ne constitue pas seulement une question de comfort ou de gain de temps. Avoir des employées de maison, c’est aussi un signe extérieur de richesse, une façon ostentatoire de tenir son rang, de montrer clairement que l’on fait partie des “CSP+” (les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées). Même au vingt et unième siècle, les astreintes que subissent les domestiques sont sévères et nombreuses. Elles doivent être présentes et disponibles quasiment en permanence, tout en ne faisant pas de bruit. Étant faciles à licencier, elles ne peuvent se plaindre et n’ont d’ailleurs pas de syndicat qui puisse les défendre. Dans le cas des travailleuses immigrées sans papiers, les lois ne s’appliquent guère et l’exploitation n’a même pas de vernis “doré”. En haut de l’échelle de la domesticité, les majordomes ou les gouvernantes sont parfois diplômées et ont fait un choix de carrière souvent fort rémunératrice. Cette situation reste toutefois minoritaire. La plupart des domestiques, subjuguées par l’illusio de la domesticité et ayant peu d’options attrayantes dans le monde du travail, restent piégées “dans l’univers des riches” (173). Ce livre se termine sur la constatation que le travail domestique, bien qu’indispensable, est peu considéré, mal réglementé et dépourvu des statuts protecteurs dont bénéficient d’autres [End Page 222] catégories d’emplois. 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摘要

评论:为富人服务:富人的仆人alizee Delpierre Edward Ousselin Delpierre, alizee。为富人服务:富人的仆人。发现,到2022年。en 978-2-348-06902-4。200页。正如l’autrice仆人们在他的介绍,“远未消失,这样的任命尚”(9)。尽管一些表情euphémistiques被用来代替“仆人”的统计研究(家政女工生育等等)、“一词位于富裕的所有人的嘴唇上,我遇到了我在调查期间培训”(9)。社会学家,alizee Delpierre对法国的家政工人(其中大多数是女性)和他们富有的雇主进行了长时间的调查(在这两种情况下,书中都包含了几段采访摘录)。这项调查揭示了各种各样的职业地位(管家、家庭教师、保姆、厨师助理、管家等)和广泛的工资范围。几乎所有的家庭佣工都有一个共同的特点,那就是工作时间长,更常见的是日常工作的艰苦。然而,德尔皮埃尔经常被称为“黄金农场”,尤其是在最豪华的房子里,继续吸引着许多人,而不仅仅是移民出身。一些人认为这是他们自己或(更有可能)他们的孩子在社会上进步的机会。其他人似乎限于我通过一个好奇的心理现象,由这个l’autrice形容家仆的不安:“他们居住生活的代理的老板和煽情,以致于他们坚持与他们共事有点印象,而不再是为了他们”(45—46)。对雇主来说,能够委派家务不仅仅是为了舒适或节省时间。有家政工人也是财富的外在标志,是保持地位的一种炫耀方式,清楚地表明你属于“CSP+”(最受欢迎的社会专业类别)。即使在21世纪,女仆们也面临着巨大的压力。他们必须在那里,几乎在任何时候都可以使用,而且不制造噪音。由于他们很容易被解雇,他们不能抱怨,也没有工会为他们辩护。对于没有官方文件的移民工人来说,法律几乎没有执行,剥削甚至没有“黄金”的表面。在家庭阶梯的顶端,管家或家庭教师有时是受过高等教育的人,他们选择的职业往往是高薪的。然而,这种情况仍然是少数。大多数仆人被家庭生活的幻想所征服,在工作世界中几乎没有有吸引力的选择,仍然被困在“富人的世界”(173)。这本书的结论是,虽然家务劳动是必不可少的,但它被忽视了,没有得到很好的监管,也没有其他工作类别所享有的保护地位。与其试图消除家政服务(事实上,家政服务往往变得平庸和多样化,例如送货上门),我们迫切需要重新评估家政服务,并为其工作条件提供一个更好的法律框架。Edward Ousselin Western Washington University版权所有©2023 American Association of Teachers of French
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Servir les riches: les domestiques chez les grandes fortunes par Alizée Delpierre (review)
Reviewed by: Servir les riches: les domestiques chez les grandes fortunes par Alizée Delpierre Edward Ousselin Delpierre, Alizée. Servir les riches: les domestiques chez les grandes fortunes. Découverte, 2022. ISBN 978-2-348-06902-4. Pp. 200. Comme le signale l’autrice dans son introduction, “les domestiques sont loin d’avoir disparu et on les nomme encore ainsi” (9). Même si plusieurs expressions euphémistiques sont utilisées à la place de “domestique” dans les études statistiques (aide ménagère, travailleuse familiale, etc.), le terme “se trouve sur toutes les lèvres des personnes fortunées que j’ai rencontrées durant mon enquête” (9). Sociologue de formation, Alizée Delpierre a en effet mené une longue enquête auprès des domestiques en France—qui sont majoritairement des femmes—comme de leurs employeurs fortunés (dans les deux cas, plusieurs extraits d’entretiens sont inclus dans le livre). Cette enquête met à jour une grande variété de statuts professionnels (majordome, gouvernante, nanny, aide-cuisinière, femme de ménage, etc.) et une large fourchette salariale. Ce qui est commun à presque toutes les employées de maison, ce sont les longs horaires et, le plus souvent, la pénibilité des tâches quotidiennes. Néanmoins, ce que Delpierre appelle plusieurs fois “l’exploitation dorée”, surtout dans les maisons les plus somptueuses, continue d’attirer de nombreuses personnes, qui sont loin d’être uniquement d’origine immigrée. Certaines y voient la possibilité d’une ascension sociale, pour elles ou (plus vraisemblablement) pour leurs enfants. D’autres semblent fascinées, à travers un curieux phénomène psychologique, par ce que l’autrice décrit comme l’illusio de la domesticité: “Elles vivent par procuration la vie professionnelle de leurs patrons et s’en imprègnent, à tel point qu’elles ont l’impression de travailler un peu avec eux, et non plus pour eux” (45–46). Du côté des employeurs, le fait de pouvoir déléguer les tâches ménagères ne constitue pas seulement une question de comfort ou de gain de temps. Avoir des employées de maison, c’est aussi un signe extérieur de richesse, une façon ostentatoire de tenir son rang, de montrer clairement que l’on fait partie des “CSP+” (les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées). Même au vingt et unième siècle, les astreintes que subissent les domestiques sont sévères et nombreuses. Elles doivent être présentes et disponibles quasiment en permanence, tout en ne faisant pas de bruit. Étant faciles à licencier, elles ne peuvent se plaindre et n’ont d’ailleurs pas de syndicat qui puisse les défendre. Dans le cas des travailleuses immigrées sans papiers, les lois ne s’appliquent guère et l’exploitation n’a même pas de vernis “doré”. En haut de l’échelle de la domesticité, les majordomes ou les gouvernantes sont parfois diplômées et ont fait un choix de carrière souvent fort rémunératrice. Cette situation reste toutefois minoritaire. La plupart des domestiques, subjuguées par l’illusio de la domesticité et ayant peu d’options attrayantes dans le monde du travail, restent piégées “dans l’univers des riches” (173). Ce livre se termine sur la constatation que le travail domestique, bien qu’indispensable, est peu considéré, mal réglementé et dépourvu des statuts protecteurs dont bénéficient d’autres [End Page 222] catégories d’emplois. Au lieu de tenter de supprimer la domesticité (qui a d’ailleurs plutôt tendance à se banaliser et se diversifier sous la forme, par exemple, de livraison à domicile), il est urgent de la revaloriser et de mieux en encadrer légalement les conditions de travail. [End Page 223] Edward Ousselin Western Washington University Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
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FRENCH REVIEW
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期刊介绍: The French Review is the official journal of the American Association of Teachers of French and has the largest circulation of any scholarly journal of French studies in the world at about 10,300. The Review publishes articles and reviews in English and French on French and francophone literature, cinema, society and culture, linguistics, technology six times a year. The May issue is always a special issue devoted to topics like Paris, Martinique and Guadeloupe, Québec, Francophone cinema, Belgium, Francophonie in the United States, pedagogy, etc. Every issue includes a column by Colette Dio entitled “La Vie des mots,” an exploration of new developments in the French language.
期刊最新文献
Petite-sœur par Marie Nimier (review) Peter von Kant réal par François Ozon (review) Rien n’est perdu par Patrice Guirao (review) Le cabaret des mémoires par Joachim Schnerf (review) Aspect et formes verbales en français par Laurent Gosselin (review)
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