{"title":"在临床上如何定义 \"腐蚀性 \"产品?","authors":"E. Puskarczyk","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.011","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Proposer une définition utile au clinicien de « corrosif » en tant que qualificatif ou propriété intrinsèque d’une substance ou d’un produit.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Revue de la littérature médicale (revues, case-report mais aussi ouvrages de toxicologie clinique) à la recherche des éléments de conceptualisation de la notion de corrosif. Consultation de la réglementation applicable aux produits chimiques (règlement CLP, <em>Classification, Labelling and Packaging of substances and mixtures</em>). Synthèse critique.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>De nombreuses références affirment la notion de « corrosif » sans justification ou prise en compte de critères d’appréciation de cette propriété du produit voire sans même en définir le champ. Les bases fortes et les acides forts sont parfois les seules familles de substances citées, en tant que telles, ou en tant que seul critère « fonctionnel » de jugement au sein d’un produit. Lorsque des fonctions chimiques différentes d’une base ou d’un acide sont citées, les listes sont éminemment variables d’une référence à l’autre et des seuils de concentrations ne sont presque jamais mentionnés. Lorsque des critères de définition d’un corrosif sont abordés, ils le sont le plus souvent de manière parcellaire, ne tenant compte parfois que d’un seul angle, par exemple nature de la substance, ou la famille ou fonction chimique d’appartenance. D’une manière générale, la concentration et la dimension temporelle, reflet de la cinétique lésionnelle sont très inconstamment retrouvées. La présentation physique du produit (liquide, solide, gel…) n’est abordée que très rarement alors qu’elle peut justifier de certains enjeux comme l’hygroscopie ou le potentiel d’induction de pression osmotique. Enfin, certaines références érigent le pH au rang de seul critère de jugement ou utilisent, dans certains cas, la notion de réserve alcaline pour justifier du caractère corrosif des solutions à pH neutre ou physiologique.</p><p>Dans le règlement CLP, la question est systématisée à l’échelle des substances, donc implicitement des fonctions chimiques : le classement des substances et des mélanges est établi pour une concentration donnée, sur la base de tests in vivo directs, ou selon l’application d’un principe d’ « héritage » du classement des substances au sein d’un produit « mélange » de substance. La dimension temporelle est prise en compte, en distinguant les délais de constitution de lésions sur deux organes cibles : la peau et l’œil, mais avec des délais maxima de constatation de celles-ci pouvant atteindre plusieurs heures.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>En tant que propriété d’une substance ou d’un produit, la notion de « corrosif » présente un intérêt pour le clinicien à condition de pouvoir constituer un critère pronostic pertinent. S’il est fiable, ce point d’ancrage permet de rationaliser la prise en charge du patient, en prescrivant notamment au plus juste les examens complémentaires nécessaires. Les références et publications médicales ne conceptualisent presque jamais le sujet, se contentant d’affirmer ou de ne caractériser que partiellement cette notion. À l’inverse, l’angle réglementaire est très systématisé, prenant notamment en compte la réactivité chimique intrinsèque et la concentration, mais en proposant une chronologie trop longue pour pouvoir distinguer la notion de corrosif de la notion d’irritant dans tous les cas.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>En tant que propriété intrinsèque d’une substance, une définition cliniquement utile d’un corrosif pourrait être de retenir les produits et mélanges de substances présentant une réactivité chimique importante, au point d’être en capacité de réaliser des lésions des tissus à leur contact dans un délai très court : instantanément ou en quelques minutes. Dans ce cadre, le gradient de protons (reflété par le pH) n’est qu’un critère de la réactivité chimique parmi d’autres, que sont les fonctions chimiques en présence, à une concentration donnée.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S76-S77"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Comment définir un produit « corrosif » pour l’abord clinique ?\",\"authors\":\"E. 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Les bases fortes et les acides forts sont parfois les seules familles de substances citées, en tant que telles, ou en tant que seul critère « fonctionnel » de jugement au sein d’un produit. Lorsque des fonctions chimiques différentes d’une base ou d’un acide sont citées, les listes sont éminemment variables d’une référence à l’autre et des seuils de concentrations ne sont presque jamais mentionnés. Lorsque des critères de définition d’un corrosif sont abordés, ils le sont le plus souvent de manière parcellaire, ne tenant compte parfois que d’un seul angle, par exemple nature de la substance, ou la famille ou fonction chimique d’appartenance. D’une manière générale, la concentration et la dimension temporelle, reflet de la cinétique lésionnelle sont très inconstamment retrouvées. La présentation physique du produit (liquide, solide, gel…) n’est abordée que très rarement alors qu’elle peut justifier de certains enjeux comme l’hygroscopie ou le potentiel d’induction de pression osmotique. Enfin, certaines références érigent le pH au rang de seul critère de jugement ou utilisent, dans certains cas, la notion de réserve alcaline pour justifier du caractère corrosif des solutions à pH neutre ou physiologique.</p><p>Dans le règlement CLP, la question est systématisée à l’échelle des substances, donc implicitement des fonctions chimiques : le classement des substances et des mélanges est établi pour une concentration donnée, sur la base de tests in vivo directs, ou selon l’application d’un principe d’ « héritage » du classement des substances au sein d’un produit « mélange » de substance. La dimension temporelle est prise en compte, en distinguant les délais de constitution de lésions sur deux organes cibles : la peau et l’œil, mais avec des délais maxima de constatation de celles-ci pouvant atteindre plusieurs heures.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>En tant que propriété d’une substance ou d’un produit, la notion de « corrosif » présente un intérêt pour le clinicien à condition de pouvoir constituer un critère pronostic pertinent. S’il est fiable, ce point d’ancrage permet de rationaliser la prise en charge du patient, en prescrivant notamment au plus juste les examens complémentaires nécessaires. Les références et publications médicales ne conceptualisent presque jamais le sujet, se contentant d’affirmer ou de ne caractériser que partiellement cette notion. À l’inverse, l’angle réglementaire est très systématisé, prenant notamment en compte la réactivité chimique intrinsèque et la concentration, mais en proposant une chronologie trop longue pour pouvoir distinguer la notion de corrosif de la notion d’irritant dans tous les cas.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>En tant que propriété intrinsèque d’une substance, une définition cliniquement utile d’un corrosif pourrait être de retenir les produits et mélanges de substances présentant une réactivité chimique importante, au point d’être en capacité de réaliser des lésions des tissus à leur contact dans un délai très court : instantanément ou en quelques minutes. 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Comment définir un produit « corrosif » pour l’abord clinique ?
Objectif
Proposer une définition utile au clinicien de « corrosif » en tant que qualificatif ou propriété intrinsèque d’une substance ou d’un produit.
Méthode
Revue de la littérature médicale (revues, case-report mais aussi ouvrages de toxicologie clinique) à la recherche des éléments de conceptualisation de la notion de corrosif. Consultation de la réglementation applicable aux produits chimiques (règlement CLP, Classification, Labelling and Packaging of substances and mixtures). Synthèse critique.
Résultats
De nombreuses références affirment la notion de « corrosif » sans justification ou prise en compte de critères d’appréciation de cette propriété du produit voire sans même en définir le champ. Les bases fortes et les acides forts sont parfois les seules familles de substances citées, en tant que telles, ou en tant que seul critère « fonctionnel » de jugement au sein d’un produit. Lorsque des fonctions chimiques différentes d’une base ou d’un acide sont citées, les listes sont éminemment variables d’une référence à l’autre et des seuils de concentrations ne sont presque jamais mentionnés. Lorsque des critères de définition d’un corrosif sont abordés, ils le sont le plus souvent de manière parcellaire, ne tenant compte parfois que d’un seul angle, par exemple nature de la substance, ou la famille ou fonction chimique d’appartenance. D’une manière générale, la concentration et la dimension temporelle, reflet de la cinétique lésionnelle sont très inconstamment retrouvées. La présentation physique du produit (liquide, solide, gel…) n’est abordée que très rarement alors qu’elle peut justifier de certains enjeux comme l’hygroscopie ou le potentiel d’induction de pression osmotique. Enfin, certaines références érigent le pH au rang de seul critère de jugement ou utilisent, dans certains cas, la notion de réserve alcaline pour justifier du caractère corrosif des solutions à pH neutre ou physiologique.
Dans le règlement CLP, la question est systématisée à l’échelle des substances, donc implicitement des fonctions chimiques : le classement des substances et des mélanges est établi pour une concentration donnée, sur la base de tests in vivo directs, ou selon l’application d’un principe d’ « héritage » du classement des substances au sein d’un produit « mélange » de substance. La dimension temporelle est prise en compte, en distinguant les délais de constitution de lésions sur deux organes cibles : la peau et l’œil, mais avec des délais maxima de constatation de celles-ci pouvant atteindre plusieurs heures.
Discussion
En tant que propriété d’une substance ou d’un produit, la notion de « corrosif » présente un intérêt pour le clinicien à condition de pouvoir constituer un critère pronostic pertinent. S’il est fiable, ce point d’ancrage permet de rationaliser la prise en charge du patient, en prescrivant notamment au plus juste les examens complémentaires nécessaires. Les références et publications médicales ne conceptualisent presque jamais le sujet, se contentant d’affirmer ou de ne caractériser que partiellement cette notion. À l’inverse, l’angle réglementaire est très systématisé, prenant notamment en compte la réactivité chimique intrinsèque et la concentration, mais en proposant une chronologie trop longue pour pouvoir distinguer la notion de corrosif de la notion d’irritant dans tous les cas.
Conclusion
En tant que propriété intrinsèque d’une substance, une définition cliniquement utile d’un corrosif pourrait être de retenir les produits et mélanges de substances présentant une réactivité chimique importante, au point d’être en capacité de réaliser des lésions des tissus à leur contact dans un délai très court : instantanément ou en quelques minutes. Dans ce cadre, le gradient de protons (reflété par le pH) n’est qu’un critère de la réactivité chimique parmi d’autres, que sont les fonctions chimiques en présence, à une concentration donnée.