{"title":"医学知识中的谎言:程序中的真正缺陷","authors":"Michel Bernard","doi":"10.1016/j.banm.2024.09.002","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Le mensonge est un travers aussi répandu que décrié, que nos bonnes consciences entérinent cependant dans nombre de situations. Son usage en matière judiciaire est cependant inacceptable. Le présent article reprend les données de la thèse de droit de l’auteur et de la présentation qui en a été faite devant l’Académie nationale de médecine le 24 septembre 2024. La philosophie du mensonge est notamment basée sur l’intentionnalité de la tromperie, et le partage entre une rigueur kantienne et une souplesse nietzschéenne. La psychologie du mensonge se définit sur les notions fondamentales de construction de la tromperie, d’une part, de vécu du menteur face à son forfait, d’autre part. Les modalités de détection font appel notamment au concept de surcharge cognitive, situation de dépassement des capacités cognitives de l’individu, mais également à l’observation des locuteurs, qui s’avère être le meilleur pourvoyeur du diagnostic. Dans un cadre juridique, l’étude repose essentiellement sur une analyse du rôle fondamental de l’expertise, de la place du mensonge dans la procédure, de la caractérisation finalement pénale d’un processus pouvant amener à une escroquerie au jugement, de l’appropriation des conclusions du rapport d’expert par le juge afin d’établir sa décision et enfin d’une réflexion sur la preuve, ses critères et ses impératifs. C’est là qu’intervient le neuro droit, à la croisée des chemins entre le droit et les neurosciences (cf. p/11), principalement dans le cadre de l’IRMf, concept fascinant mais décevant car se heurtant rapidement : (a) a une spécificité insuffisante de l’effet Bold comme « marqueur du mensonge » en imagerie neurovasculaire (BOLD: <em>blood oxygen level dependent</em>), (b) a des restrictions d’ordre éthique, l’ensemble ayant amené à une limitation du champ d’application de l’article 16 - 14 du Code civil en 2021. Cet article se conclut par une approche des résultats de l’étude chiffrée ayant servi de support à la thèse de l’auteur (Bernard, 2023).</div></div><div><div>Lying is a fault as widespread as it is decried, which our good consciences nevertheless endorse in a number of situations. However, its use in legal matters is unacceptable. This article takes up the data from the author's law thesis and the presentation, which was made to the National Academy of Medicine on September 24, 2024. The philosophy of lying is notably based on the intentionality of deception, and the sharing between Kantian rigor and Nietzschean flexibility. The psychology of lying is defined on the fundamental notions of the construction of deception on one hand, and the experience of the liar facing his fault on the other. Detection methods call in particular on the concept of cognitive overload, a situation where the cognitive capacities of the individual are exceeded, but also on the observation of speakers, which turns out to be the best provider of diagnosis. In a legal framework, the study is essentially based on an analysis of the fundamental role of expertise, of the place of lying in the procedure, of the ultimately criminal characterization of a process which can lead to fraud in the judgment, of the appropriation of the conclusions of the expert report by the judge in order to establish his decision and finally a reflection on the proof, its criteria and its imperatives. This is where “neuro law” comes in, at the crossroads between law and neuroscience (see p/11), mainly in the context of fMRI, a fascinating but disappointing concept because quickly facing to (a) insufficient specificity of the Bold effect as a “lie marker” in neurovascular imaging (BOLD: blood oxygen level dependent), (b) ethical restrictions too, all of which leading to a limitation of the scope of application of article 16 - 14 of the French Civil Code in 2021. This publication concludes with an approach to the results of the quantitative study, which served as support for the author's thesis (Bernard, 2023).</div></div>","PeriodicalId":55317,"journal":{"name":"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine","volume":"208 9","pages":"Pages 1332-1339"},"PeriodicalIF":0.3000,"publicationDate":"2024-10-24","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Mensonge en expertise médicale : un vrai vice dans la procédure\",\"authors\":\"Michel Bernard\",\"doi\":\"10.1016/j.banm.2024.09.002\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><div>Le mensonge est un travers aussi répandu que décrié, que nos bonnes consciences entérinent cependant dans nombre de situations. Son usage en matière judiciaire est cependant inacceptable. Le présent article reprend les données de la thèse de droit de l’auteur et de la présentation qui en a été faite devant l’Académie nationale de médecine le 24 septembre 2024. La philosophie du mensonge est notamment basée sur l’intentionnalité de la tromperie, et le partage entre une rigueur kantienne et une souplesse nietzschéenne. La psychologie du mensonge se définit sur les notions fondamentales de construction de la tromperie, d’une part, de vécu du menteur face à son forfait, d’autre part. Les modalités de détection font appel notamment au concept de surcharge cognitive, situation de dépassement des capacités cognitives de l’individu, mais également à l’observation des locuteurs, qui s’avère être le meilleur pourvoyeur du diagnostic. Dans un cadre juridique, l’étude repose essentiellement sur une analyse du rôle fondamental de l’expertise, de la place du mensonge dans la procédure, de la caractérisation finalement pénale d’un processus pouvant amener à une escroquerie au jugement, de l’appropriation des conclusions du rapport d’expert par le juge afin d’établir sa décision et enfin d’une réflexion sur la preuve, ses critères et ses impératifs. C’est là qu’intervient le neuro droit, à la croisée des chemins entre le droit et les neurosciences (cf. p/11), principalement dans le cadre de l’IRMf, concept fascinant mais décevant car se heurtant rapidement : (a) a une spécificité insuffisante de l’effet Bold comme « marqueur du mensonge » en imagerie neurovasculaire (BOLD: <em>blood oxygen level dependent</em>), (b) a des restrictions d’ordre éthique, l’ensemble ayant amené à une limitation du champ d’application de l’article 16 - 14 du Code civil en 2021. Cet article se conclut par une approche des résultats de l’étude chiffrée ayant servi de support à la thèse de l’auteur (Bernard, 2023).</div></div><div><div>Lying is a fault as widespread as it is decried, which our good consciences nevertheless endorse in a number of situations. However, its use in legal matters is unacceptable. This article takes up the data from the author's law thesis and the presentation, which was made to the National Academy of Medicine on September 24, 2024. The philosophy of lying is notably based on the intentionality of deception, and the sharing between Kantian rigor and Nietzschean flexibility. The psychology of lying is defined on the fundamental notions of the construction of deception on one hand, and the experience of the liar facing his fault on the other. Detection methods call in particular on the concept of cognitive overload, a situation where the cognitive capacities of the individual are exceeded, but also on the observation of speakers, which turns out to be the best provider of diagnosis. In a legal framework, the study is essentially based on an analysis of the fundamental role of expertise, of the place of lying in the procedure, of the ultimately criminal characterization of a process which can lead to fraud in the judgment, of the appropriation of the conclusions of the expert report by the judge in order to establish his decision and finally a reflection on the proof, its criteria and its imperatives. This is where “neuro law” comes in, at the crossroads between law and neuroscience (see p/11), mainly in the context of fMRI, a fascinating but disappointing concept because quickly facing to (a) insufficient specificity of the Bold effect as a “lie marker” in neurovascular imaging (BOLD: blood oxygen level dependent), (b) ethical restrictions too, all of which leading to a limitation of the scope of application of article 16 - 14 of the French Civil Code in 2021. This publication concludes with an approach to the results of the quantitative study, which served as support for the author's thesis (Bernard, 2023).</div></div>\",\"PeriodicalId\":55317,\"journal\":{\"name\":\"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine\",\"volume\":\"208 9\",\"pages\":\"Pages 1332-1339\"},\"PeriodicalIF\":0.3000,\"publicationDate\":\"2024-10-24\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine\",\"FirstCategoryId\":\"3\",\"ListUrlMain\":\"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001407924002802\",\"RegionNum\":4,\"RegionCategory\":\"医学\",\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"Q3\",\"JCRName\":\"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001407924002802","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
Mensonge en expertise médicale : un vrai vice dans la procédure
Le mensonge est un travers aussi répandu que décrié, que nos bonnes consciences entérinent cependant dans nombre de situations. Son usage en matière judiciaire est cependant inacceptable. Le présent article reprend les données de la thèse de droit de l’auteur et de la présentation qui en a été faite devant l’Académie nationale de médecine le 24 septembre 2024. La philosophie du mensonge est notamment basée sur l’intentionnalité de la tromperie, et le partage entre une rigueur kantienne et une souplesse nietzschéenne. La psychologie du mensonge se définit sur les notions fondamentales de construction de la tromperie, d’une part, de vécu du menteur face à son forfait, d’autre part. Les modalités de détection font appel notamment au concept de surcharge cognitive, situation de dépassement des capacités cognitives de l’individu, mais également à l’observation des locuteurs, qui s’avère être le meilleur pourvoyeur du diagnostic. Dans un cadre juridique, l’étude repose essentiellement sur une analyse du rôle fondamental de l’expertise, de la place du mensonge dans la procédure, de la caractérisation finalement pénale d’un processus pouvant amener à une escroquerie au jugement, de l’appropriation des conclusions du rapport d’expert par le juge afin d’établir sa décision et enfin d’une réflexion sur la preuve, ses critères et ses impératifs. C’est là qu’intervient le neuro droit, à la croisée des chemins entre le droit et les neurosciences (cf. p/11), principalement dans le cadre de l’IRMf, concept fascinant mais décevant car se heurtant rapidement : (a) a une spécificité insuffisante de l’effet Bold comme « marqueur du mensonge » en imagerie neurovasculaire (BOLD: blood oxygen level dependent), (b) a des restrictions d’ordre éthique, l’ensemble ayant amené à une limitation du champ d’application de l’article 16 - 14 du Code civil en 2021. Cet article se conclut par une approche des résultats de l’étude chiffrée ayant servi de support à la thèse de l’auteur (Bernard, 2023).
Lying is a fault as widespread as it is decried, which our good consciences nevertheless endorse in a number of situations. However, its use in legal matters is unacceptable. This article takes up the data from the author's law thesis and the presentation, which was made to the National Academy of Medicine on September 24, 2024. The philosophy of lying is notably based on the intentionality of deception, and the sharing between Kantian rigor and Nietzschean flexibility. The psychology of lying is defined on the fundamental notions of the construction of deception on one hand, and the experience of the liar facing his fault on the other. Detection methods call in particular on the concept of cognitive overload, a situation where the cognitive capacities of the individual are exceeded, but also on the observation of speakers, which turns out to be the best provider of diagnosis. In a legal framework, the study is essentially based on an analysis of the fundamental role of expertise, of the place of lying in the procedure, of the ultimately criminal characterization of a process which can lead to fraud in the judgment, of the appropriation of the conclusions of the expert report by the judge in order to establish his decision and finally a reflection on the proof, its criteria and its imperatives. This is where “neuro law” comes in, at the crossroads between law and neuroscience (see p/11), mainly in the context of fMRI, a fascinating but disappointing concept because quickly facing to (a) insufficient specificity of the Bold effect as a “lie marker” in neurovascular imaging (BOLD: blood oxygen level dependent), (b) ethical restrictions too, all of which leading to a limitation of the scope of application of article 16 - 14 of the French Civil Code in 2021. This publication concludes with an approach to the results of the quantitative study, which served as support for the author's thesis (Bernard, 2023).
期刊介绍:
Rédigé par des spécialistes à l''intention d''une Communauté pluridisciplinaire le Bulletin de l''Académie nationale de médecine est au service de toutes les professions médicales : médecins, pharmaciens, biologistes et vétérinaires ainsi que de l''Administration et des institutions intervenant dans le domaine de la santé.
Les mémoires originaux et les mises au point sur des thèmes d''actualité sont associés au compte rendu des discussions qui ont suivi leur présentation. Les rapports des commissions sur l''éthique médicale l''exercice de la profession les questions hospitalières la politique du médicament et l''enseignement de la médecine justifient les recommandations de l''Académie.