{"title":"文献计量学之旅","authors":"P. Berthelot, X. Gocko","doi":"10.56746/exercer.2023.193.195","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"À l’instar des autres spécialités, la part soins des futurs généralistes universitaires est complexe en ce moment, avec une démographie médicale tellement faible que la France entière est un « désert médical » et avec un hôpital exsangue après plusieurs années de pandémie aggravant une crise ancienne. À l’instar des autres spécialités, la part enseignement des généralistes universitaires est complexe en ce moment, avec une réforme des trois cycles en même temps, à la fois motivante et dispendieuse en apprentissage docimologique. À l’instar des autres spécialités médicales, l’adage « publish or perish » guide le curriculum des futurs universitaires de médecine générale. Publier avec la part soins, la part enseignement et le ratio enseignant/enseignés le plus faible de toutes les spécialités (1 enseignant ETP pour 60 étudiants en 3e cycle) est encore plus complexe que pour les autres spécialités. Ajoutons, pêle-mêle, l’absence de financement via les points SIGAPS, des financements dédiés aux soins de santé primaires toujours en construction, l’absence de revue française de soins de santé primaires avec un impact factor (IF)… Malgré ces difficultés, les généralistes des 35 départements universitaires ont publié 1 645 articles entre 2011 et 2018, dont 911 dans une revue avec un IF. Pendant la période 2011-2015, le nombre de publications et les IF ont progressé de manière continue. De 2016 à 2018, l’évolution était plus inégale, avec même une baisse en 20181. À Saint-Étienne, entre 2017 et 2021, la valorisation des thèses a progressé par rapport à 2004-2016, avec plus de publications dans des revues avec IF (51 articles : 13,2 % des thèses) et des IF plus importants (3,5 de moyenne versus 0,91)2,3. Mais, au fait, pourquoi évaluer ? Pourquoi réaliser de tels travaux bibliométriques ? L’évaluation par les pairs est essentielle pour apprécier la contribution scientifique d’un médecin dans l’exercice de ses fonctions telles que les soins, l’enseignement, la recherche et plus globalement le rayonnement4. Même si des biais existent pour l’évaluation individuelle, à l’échelle globale, suivre l’évolution de la production scientifique est un baromètre utile permettant, à travers différents indicateurs (nombre de publications, IF…), de juger des progrès réalisés. Bien évidemment, il faut impérativement replacer les indicateurs bibliométriques dans la distribution de la discipline et ne pas comparer des disciplines différentes. Ainsi, la médecine générale doit, comme les autres spécialités, avoir ce souci de l’évaluation scientifique des travaux menés, notamment lors des soutenances de thèse. Le travail de Pančík et al.3 permet de documenter, comparativement au travail de Labonde et al.2, une montée en charge des travaux dirigés par un généraliste : 60,1 % versus 40,5 % au sein de la faculté de médecine de Saint-Étienne, ce qui traduit la volonté de publication des directeurs. Cette montée en charge permet aux thésards de se confronter à l’exercice difficile, mais enrichissant de la rédaction scientifique sur un sujet de leur spécialité. Le voyage en bibliométrie initiatique de Pančík et al. a révélé au DMG stéphanois un trésor. Non seulement le taux de direction par un généraliste a augmenté, avec, pour 2020 et 2021, des taux supérieurs à 70 %, mais une tendance notée entre 2004 et 2016 s’est inversée : il existe désormais une association significative entre la direction par un généraliste et la valorisation. Tout en étant responsables de la première ligne de soins, de 40 % des étudiants de troisième cycle, tout en participant aux enseignements des deux premiers cycles, les généralistes publient. Alors ils ne sont pas près de périr…","PeriodicalId":43847,"journal":{"name":"Exercer-La Revue Francophone de Medecine Generale","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2023-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Voyage en bibliométrie\",\"authors\":\"P. Berthelot, X. 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Ainsi, la médecine générale doit, comme les autres spécialités, avoir ce souci de l’évaluation scientifique des travaux menés, notamment lors des soutenances de thèse. Le travail de Pančík et al.3 permet de documenter, comparativement au travail de Labonde et al.2, une montée en charge des travaux dirigés par un généraliste : 60,1 % versus 40,5 % au sein de la faculté de médecine de Saint-Étienne, ce qui traduit la volonté de publication des directeurs. Cette montée en charge permet aux thésards de se confronter à l’exercice difficile, mais enrichissant de la rédaction scientifique sur un sujet de leur spécialité. Le voyage en bibliométrie initiatique de Pančík et al. a révélé au DMG stéphanois un trésor. 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