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Methodologie : L’analyse porte sur des donnees textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incrimines, mais aux traitements judiciaires et mediatiques contrastes et presentant des conclusions judiciaires heterogenes. Resultats : Le corps de l’enfant decede est considere comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet est instrumentalise par les differents acteurs de la procedure dans la perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est alors corps politique soumis aux rivalites de differentes legitimites. Conclusions : Plusieurs facteurs contribuent a ce que le corps de l’enfant decede soit objectalise et instrumentalise : la mort, qui en elle-meme favorise une conception du corps comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui resulte de leur jeune âge, l’idee que les enfants appartiennent aux parents. La conception de l’enfant comme personne apparait incertaine. Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne des sa naissance, l’enfant n’est pas tout a fait une personne tant qu’il n’a pas ete prenomme, n’a pas developpe de relations, n’a pas eu une existence sociale et publique.","PeriodicalId":38709,"journal":{"name":"Enfances, Familles, Generations","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-09-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":"{\"title\":\"Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides\",\"authors\":\"N. 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Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides
Cadre de la recherche: une recherche retrospective sur les morts suspectes d’enfants de moins d’un an realisee en France a permis de constituer deux bases de donnees, une base de donnees judiciaires et une base d’articles de presse. L’analyse de ces donnees a donne lieu a plusieurs publications qui precisent les determinants psychosociaux des infanticides et caracterisent le traitement des institutions de la police, de la justice et de la presse vis-a-vis de ces homicides. Objectifs : Il s’agit d’etudier quelle place est reservee au corps de l’enfant decede dans ces procedures d’infanticides et d’en inferer les conceptions de l’enfant qui sous-tendent les discours et les pratiques des differents acteurs (parents, mis en cause, temoins, acteurs de la police et de la justice). Methodologie : L’analyse porte sur des donnees textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incrimines, mais aux traitements judiciaires et mediatiques contrastes et presentant des conclusions judiciaires heterogenes. Resultats : Le corps de l’enfant decede est considere comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet est instrumentalise par les differents acteurs de la procedure dans la perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est alors corps politique soumis aux rivalites de differentes legitimites. Conclusions : Plusieurs facteurs contribuent a ce que le corps de l’enfant decede soit objectalise et instrumentalise : la mort, qui en elle-meme favorise une conception du corps comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui resulte de leur jeune âge, l’idee que les enfants appartiennent aux parents. La conception de l’enfant comme personne apparait incertaine. Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne des sa naissance, l’enfant n’est pas tout a fait une personne tant qu’il n’a pas ete prenomme, n’a pas developpe de relations, n’a pas eu une existence sociale et publique.