{"title":"里昂科学、文学和艺术学院的俄罗斯(18 - 20世纪)","authors":"Marie-Odile Thirouin","doi":"10.35562/modernites-russes.569","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Une recherche menée en 2021 dans les archives de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, société savante datant du début du xviiie siècle, a mis en évidence un ensemble de textes témoignant de l’existence de liens entre la Russie et Lyon avant la fondation de l’université locale (1896) et avant la création de la première chaire de slavistique lyonnaise (1920). Ces documents sont de trois natures différentes : lettres (de Russie ou sur la Russie), mémoires manuscrits et enfin discours, ayant donné lieu à publication ou non. Parmi ces textes, on trouve trace de deux ardents patriotes russes, l’un venu d’Ukraine et l’autre de Pologne. Le médecin Danilo Samojlovič (1742-1805) devient en 1785 associé de l’Académie de Lyon pour assurer la promotion et la diffusion de ses idées nouvelles sur le traitement de la peste. Karolina Oleśkiewicz est pour sa part l’auteur d’un long manuscrit intitulé Révélations sur la Russie, portrait légitimiste de sa patrie d’adoption rédigé entre 1839 et 1845, peut-être en réponse aux attaques de Custine ou Henningsen contre la Russie. Inversement, plusieurs Lyonnais ont eu à faire avec la Russie au xviiie et au xixe siècle, sans même parler du diplomate et écrivain marseillais Claude-Charles de Peyssonnel (1727-1790), auteur d’une Dissertation sur la langue Sclavone, prétendument Illyrique (1765), dont on trouve un fragment manuscrit dans les archives de l’Académie. Le médecin et naturaliste Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814) tire de son long séjour en Pologne-Lituanie, à la veille du dernier partage de la Pologne, la matière de mémoires pour l’Académie (sur la géographie de la région, ses mœurs, ses habitants), de même que son confrère le naturaliste et minéralogiste Louis Patrin (1742-1815), à propos de la Sibérie. Le contexte change radicalement avec Philippe Benoit (1793-1881), fait prisonnier lors de la campagne de Russie de 1812 : il rapporte de son séjour forcé une longue relation de captivité (Souvenirs d’un Ardéchois prisonnier de guerre en Russie de 1812 à 1814), des poèmes et une pièce de théâtre inédite (Fëdor ou une révolte de serfs en Russie). Deux lettres de Charles de Pougens (pour l’impératrice douairière Marie et son fils le grand-duc Constantin) et d’Alexandre Moreau de Jonnès (sur la propagation du choléra dans le Sud de la Russie) complètent au xixe siècle la collection des documents de l’Académie touchant à la Russie. La Révolution russe de 1917 fait une remarquable irruption dans deux discours de réception à l’Académie, ceux des avocats Pierre Villard (1857-1930) et Jules Millevoye (1852-1930), en 1918 et 1922. Après 1930 et jusqu’au xxie siècle, la Russie disparaît pratiquement des activités de l’Académie de Lyon où elle aura été surtout présente, logiquement, pendant la période où cette dernière avait pris l’initiative d’intensifier ses échanges avec l’Europe occidentale.","PeriodicalId":34857,"journal":{"name":"Modernites Russes","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-07-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"La Russie à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon (xviiie-xxe siècles)\",\"authors\":\"Marie-Odile Thirouin\",\"doi\":\"10.35562/modernites-russes.569\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Une recherche menée en 2021 dans les archives de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, société savante datant du début du xviiie siècle, a mis en évidence un ensemble de textes témoignant de l’existence de liens entre la Russie et Lyon avant la fondation de l’université locale (1896) et avant la création de la première chaire de slavistique lyonnaise (1920). 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摘要
2021年进行的一项研究的档案中得来,里昂和艺术科学院学术社会可追溯到18世纪初,凸显了一套文本之间存在联系,表明俄罗斯在当地大学和里昂基金会之前成立之前(1896年),并首次与里昂catholique教授(1920)。这些文件有三种不同的性质:信件(来自俄罗斯或关于俄罗斯),手写回忆录,最后是演讲,无论是否发表。在这些文本中,有两位热情的俄罗斯爱国者的痕迹,一位来自乌克兰,另一位来自波兰。大夫Danilo Samojlovič1742-1805(1785年)成为搭档里昂学院为确保促进和传播其思想上的新流感的治疗。Karolina Oleśkiewicz手稿的作者而言,它是一个漫长的“爆料俄罗斯方向,他的肖像,写故乡或许1839年至1845年,因应de Custine印章或者攻击俄罗斯。相反,一些里昂人在18世纪和19世纪与俄罗斯有过接触,更不用说马赛的外交官和作家克劳德-查尔斯·德·佩松内尔(Claude-Charles de Peyssonnel, 1727-1790)了,他写了一篇关于斯克拉沃尼亚语的论文,据说是伊利里克语(1765),他的手稿片段可以在学院的档案中找到。医生及博物学家Jean-Emmanuel Gilibert 1741-1814)从其境内长期居留是否最后分享的前夕,波兰科学院来说,内存方面(关于地理区域,其风俗、居民),以及他的同事的矿物学家和博物学家Louis Patrin 1742-1815)谈到了西伯利亚。必须彻底改变背景与菲利普(Benoit 1793-1881)俘虏,俄罗斯总统竞选期间:1812年的报道,他被迫留在圈养的悠久关系(一个Ardéchois战俘回忆在1812年至1814年)、俄罗斯(Fëdor前所未有的诗歌和戏剧在俄罗斯还是一个农奴起义)。查尔斯·德·普根斯(Charles de Pougens)的两封信(写给杜埃里耶·玛丽皇后和她的儿子康斯坦丁大公)和亚历山大·莫罗·德·约内斯(alexandre Moreau de jones)的两封信(关于霍乱在俄罗斯南部的传播)完成了学院19世纪关于俄罗斯的文件收藏。1917年的俄国革命在学院的两次接待演讲中引人注目,分别是律师皮埃尔·维拉德(Pierre Villard, 1857-1930)和儒勒·米列沃耶(Jules Millevoye, 1852-1930)在1918年和1922年的演讲。从1930年到21世纪,俄罗斯实际上从里昂学院的活动中消失了,从逻辑上讲,在里昂学院主动加强与西欧的交流期间,俄罗斯主要出现在里昂学院。
La Russie à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon (xviiie-xxe siècles)
Une recherche menée en 2021 dans les archives de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, société savante datant du début du xviiie siècle, a mis en évidence un ensemble de textes témoignant de l’existence de liens entre la Russie et Lyon avant la fondation de l’université locale (1896) et avant la création de la première chaire de slavistique lyonnaise (1920). Ces documents sont de trois natures différentes : lettres (de Russie ou sur la Russie), mémoires manuscrits et enfin discours, ayant donné lieu à publication ou non. Parmi ces textes, on trouve trace de deux ardents patriotes russes, l’un venu d’Ukraine et l’autre de Pologne. Le médecin Danilo Samojlovič (1742-1805) devient en 1785 associé de l’Académie de Lyon pour assurer la promotion et la diffusion de ses idées nouvelles sur le traitement de la peste. Karolina Oleśkiewicz est pour sa part l’auteur d’un long manuscrit intitulé Révélations sur la Russie, portrait légitimiste de sa patrie d’adoption rédigé entre 1839 et 1845, peut-être en réponse aux attaques de Custine ou Henningsen contre la Russie. Inversement, plusieurs Lyonnais ont eu à faire avec la Russie au xviiie et au xixe siècle, sans même parler du diplomate et écrivain marseillais Claude-Charles de Peyssonnel (1727-1790), auteur d’une Dissertation sur la langue Sclavone, prétendument Illyrique (1765), dont on trouve un fragment manuscrit dans les archives de l’Académie. Le médecin et naturaliste Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814) tire de son long séjour en Pologne-Lituanie, à la veille du dernier partage de la Pologne, la matière de mémoires pour l’Académie (sur la géographie de la région, ses mœurs, ses habitants), de même que son confrère le naturaliste et minéralogiste Louis Patrin (1742-1815), à propos de la Sibérie. Le contexte change radicalement avec Philippe Benoit (1793-1881), fait prisonnier lors de la campagne de Russie de 1812 : il rapporte de son séjour forcé une longue relation de captivité (Souvenirs d’un Ardéchois prisonnier de guerre en Russie de 1812 à 1814), des poèmes et une pièce de théâtre inédite (Fëdor ou une révolte de serfs en Russie). Deux lettres de Charles de Pougens (pour l’impératrice douairière Marie et son fils le grand-duc Constantin) et d’Alexandre Moreau de Jonnès (sur la propagation du choléra dans le Sud de la Russie) complètent au xixe siècle la collection des documents de l’Académie touchant à la Russie. La Révolution russe de 1917 fait une remarquable irruption dans deux discours de réception à l’Académie, ceux des avocats Pierre Villard (1857-1930) et Jules Millevoye (1852-1930), en 1918 et 1922. Après 1930 et jusqu’au xxie siècle, la Russie disparaît pratiquement des activités de l’Académie de Lyon où elle aura été surtout présente, logiquement, pendant la période où cette dernière avait pris l’initiative d’intensifier ses échanges avec l’Europe occidentale.