{"title":"Geste révélé, geste révélateur : Rilke face à Rodin","authors":"Claire Gheerardyn","doi":"10.58282/colloques.2666","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans La Peau de Chagrin, Balzac introduit fugacement un savant mecanicien nomme Planchette. Le romancier saisit cette occasion pour reveler la nature enigmatique du mouvement, et il fait de Planchette le support et le porte-parole de son exploration : Planchette etait un grand homme sec, veritable poete perdu dans une perpetuelle contemplation, occupe a regarder toujours un abime sans fond, le mouvement. [...] Raphael surprit le mecanicien plante sur ses deux jambes, comme un pendu tombe droit sous sa potence. Planchette examinait une bille d’agate qui roulait sur un cadran solaire, en attendant qu’elle s’y arretât. [...]« Cela est indefinissable », s’ecria-t-il1.Le cri desespere du savant et le privilege typographique accorde au vocable « mouvement », ecrit en lettres capitales, eclatant dans toute sa puissance sur la page, enveloppe d’une aura d’etrangete, resument d’emblee le caractere indefinissable, incomprehensible et impensable constitutif du mouvement, selon Balzac. Le pronom demonstratif « cela » evite de poser un nom sur le mouvement et, par opposition a « ceci », maintient un ecart infranchissable entre le mecanicien et ce qu’il observe. Le dispositif d’observation scientifique du mouvement est rudimentaire, le deplacement de la bille releve de l’elementaire. Pourtant, en depit de cette simplicite radicale, le mouvement demeure insondable. Le monologue exalte du mecanicien constitue a la fois un repertoire de motifs prouvant l’omnipresence du mouvement et un develo","PeriodicalId":341670,"journal":{"name":"Penser le mouvement","volume":"46 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2015-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Penser le mouvement","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2666","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans La Peau de Chagrin, Balzac introduit fugacement un savant mecanicien nomme Planchette. Le romancier saisit cette occasion pour reveler la nature enigmatique du mouvement, et il fait de Planchette le support et le porte-parole de son exploration : Planchette etait un grand homme sec, veritable poete perdu dans une perpetuelle contemplation, occupe a regarder toujours un abime sans fond, le mouvement. [...] Raphael surprit le mecanicien plante sur ses deux jambes, comme un pendu tombe droit sous sa potence. Planchette examinait une bille d’agate qui roulait sur un cadran solaire, en attendant qu’elle s’y arretât. [...]« Cela est indefinissable », s’ecria-t-il1.Le cri desespere du savant et le privilege typographique accorde au vocable « mouvement », ecrit en lettres capitales, eclatant dans toute sa puissance sur la page, enveloppe d’une aura d’etrangete, resument d’emblee le caractere indefinissable, incomprehensible et impensable constitutif du mouvement, selon Balzac. Le pronom demonstratif « cela » evite de poser un nom sur le mouvement et, par opposition a « ceci », maintient un ecart infranchissable entre le mecanicien et ce qu’il observe. Le dispositif d’observation scientifique du mouvement est rudimentaire, le deplacement de la bille releve de l’elementaire. Pourtant, en depit de cette simplicite radicale, le mouvement demeure insondable. Le monologue exalte du mecanicien constitue a la fois un repertoire de motifs prouvant l’omnipresence du mouvement et un develo