{"title":"Des photographies critiques ? Arrêts sur image chez Guillaume Herbaut, Sebastião Salgado et Allan Sekula","authors":"J. Engélibert, Ea Telem","doi":"10.58282/colloques.6079","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Poser que la photographie peut exercer une fonction critique, c’est peut-etre affirmer qu’elle peut couper court aux recits consensuels, interrompre les discours ideologiques, se glisser dans les interstices des representations ordinaires pour en debrayer les enchainements automatiques, non, comme on continue parfois a le croire, en exposant la verite dans son evidence, mais en proposant une autre articulation des images et des paroles. En effet, il n’existe pas d’image qui ne soit precedee, accompagnee, entouree ou suivie de discours, que ces discours lui soient explicitement dedies, comme une legende ou un commentaire, ou qu’ils partagent seulement avec elle un contexte ou un sujet et viennent nommer ou qualifier ses personnages ou ses motifs. Ainsi la photographie s’articule-t-elle toujours a un ou a des enonces et son interpretation en est-elle inseparable. « Les photographies […] ne peuvent rien expliquer par elles-memes » ecrit Susan Sontag1. Si elles font sens, c’est grâce aux paroles qui leur sont attachees. C’est pourquoi, pour porter un regard critique sur le monde, pour devenir critiques, elles doivent sans doute proposer davantage une articulation particuliere aux discours qu’une articulation a des discours particuliers. Les œuvres d’art possedent des effets politiques dans la mesure ou elles « contribuent a dessiner un paysage nouveau du visible, du dicible et du faisable [ou] forgent contre le consensus d’autres formes de “sens commun”, des formes d’un sens comm","PeriodicalId":364720,"journal":{"name":"Pratiques contre-narratives à l’ère du storytelling. Littérature, audiovisuel, performances","volume":"24 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Pratiques contre-narratives à l’ère du storytelling. Littérature, audiovisuel, performances","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.6079","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Poser que la photographie peut exercer une fonction critique, c’est peut-etre affirmer qu’elle peut couper court aux recits consensuels, interrompre les discours ideologiques, se glisser dans les interstices des representations ordinaires pour en debrayer les enchainements automatiques, non, comme on continue parfois a le croire, en exposant la verite dans son evidence, mais en proposant une autre articulation des images et des paroles. En effet, il n’existe pas d’image qui ne soit precedee, accompagnee, entouree ou suivie de discours, que ces discours lui soient explicitement dedies, comme une legende ou un commentaire, ou qu’ils partagent seulement avec elle un contexte ou un sujet et viennent nommer ou qualifier ses personnages ou ses motifs. Ainsi la photographie s’articule-t-elle toujours a un ou a des enonces et son interpretation en est-elle inseparable. « Les photographies […] ne peuvent rien expliquer par elles-memes » ecrit Susan Sontag1. Si elles font sens, c’est grâce aux paroles qui leur sont attachees. C’est pourquoi, pour porter un regard critique sur le monde, pour devenir critiques, elles doivent sans doute proposer davantage une articulation particuliere aux discours qu’une articulation a des discours particuliers. Les œuvres d’art possedent des effets politiques dans la mesure ou elles « contribuent a dessiner un paysage nouveau du visible, du dicible et du faisable [ou] forgent contre le consensus d’autres formes de “sens commun”, des formes d’un sens comm