{"title":"Nouveaux acteurs, nouveaux enjeux : le marché de l’art japonais à l’épreuve de la « bulle spéculative » de la fin des années 1980","authors":"Cléa Patin","doi":"10.4000/perspective.19407","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Relatee par la presse europeenne et etasunienne, la « bulle speculative » de la fin des annees 1980 au Japon est un phenomene connu : pendant quatre annees d’une conjonction exceptionnelle entre dynamisme economique et euphorie du marche de l’art – de 1987 a 1991 – le Japon a enfin semble prendre sa place sur le marche international de l’art, les acheteurs nippons s’arrachant les œuvres impressionnistes et modernes, surtout en ventes publiques. Cependant, son ampleur et sa complexite nous poussent aussi a nous pencher sur les observations et les temoignages des acteurs japonais eux-memes. Qu’ont-ils ressenti alors ? Si elle peut etre apprehendee de maniere generale comme un revelateur des consequences nefastes que peut apporter sur le marche de l’art une ouverture trop soudaine, elle presente aussi des temps forts et des moments de rupture. En effet, elle a mis en mouvement, au-dela des investissements a court terme des speculateurs, des forces profondes, tant du cote des particuliers que des entreprises. Beaucoup ont vu dans l’acces aux chefs-d’œuvre mondiaux le signe d’une revanche vis-a-vis de l’Occident ou l’occasion d’un partage culturel. Cet engagement massif s’est pourtant solde par un echec : portes par les records de prix, les acheteurs japonais ont beaucoup considere l’art comme un actif speculatif et souffert d’asymetries informationnelles vis-a-vis des marchands europeens et americains. Au final, la majorite des œuvres sont retournees a « prix casses » dans leurs pays d’origine – a l’exception de celles retenues au cours des annees 1990 par les musees publics, surtout municipaux et departementaux.","PeriodicalId":231148,"journal":{"name":"Perspective Magazine","volume":"33 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-06-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Perspective Magazine","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/perspective.19407","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Relatee par la presse europeenne et etasunienne, la « bulle speculative » de la fin des annees 1980 au Japon est un phenomene connu : pendant quatre annees d’une conjonction exceptionnelle entre dynamisme economique et euphorie du marche de l’art – de 1987 a 1991 – le Japon a enfin semble prendre sa place sur le marche international de l’art, les acheteurs nippons s’arrachant les œuvres impressionnistes et modernes, surtout en ventes publiques. Cependant, son ampleur et sa complexite nous poussent aussi a nous pencher sur les observations et les temoignages des acteurs japonais eux-memes. Qu’ont-ils ressenti alors ? Si elle peut etre apprehendee de maniere generale comme un revelateur des consequences nefastes que peut apporter sur le marche de l’art une ouverture trop soudaine, elle presente aussi des temps forts et des moments de rupture. En effet, elle a mis en mouvement, au-dela des investissements a court terme des speculateurs, des forces profondes, tant du cote des particuliers que des entreprises. Beaucoup ont vu dans l’acces aux chefs-d’œuvre mondiaux le signe d’une revanche vis-a-vis de l’Occident ou l’occasion d’un partage culturel. Cet engagement massif s’est pourtant solde par un echec : portes par les records de prix, les acheteurs japonais ont beaucoup considere l’art comme un actif speculatif et souffert d’asymetries informationnelles vis-a-vis des marchands europeens et americains. Au final, la majorite des œuvres sont retournees a « prix casses » dans leurs pays d’origine – a l’exception de celles retenues au cours des annees 1990 par les musees publics, surtout municipaux et departementaux.