{"title":"Du livre ouvert au livre fermé : Éluard à rebours","authors":"Jean-François Puff","doi":"10.58282/colloques.2244","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Par certains aspects, l’œuvre poetique d’Eluard manifeste une grande unite, une continuite sur les plans formel, rhetorique et thematique : ainsi Michel Murat fait-il remarquer avec raison le caractere emblematique du poeme « Pour vivre ici », compose en 1918 et publie seulement en 1940, dans le recueil Le livre ouvert, sans depareiller ce dernier1. La methode critique de Jean-Pierre Richard, qui presente l’ « univers imaginaire » d’un ecrivain comme permanence d’une organisation dynamique du sensible, et qui s’appuie dans son article sur Eluard sur un Choix de poemes paru en 1951, semble de fait particulierement pertinente. Il n’en demeure pas moins que le critique ne peut manquer d’enregistrer une evolution dans l’œuvre, sous la double pression d’evenements d’ordre biographique et historique, ce qui n’est qu’exceptionnellement le cas dans les Onze etudes sur la poesie moderne2. Il existe de fait une evolution, a la fois esthetique et ethique, dans l’œuvre d’Eluard et dans la vie de poete qui s’y trouve presentee, qu’on ne saurait ignorer sans perdre le sens de l’œuvre. Les amours du poete nous font passer de Gala a Nusch, comme on passe chez Ronsard de Cassandre a Marie ; et parallelement, l’on peut dire que Le livre ouvert, dont les recueils qui le constituent ont paru entre 1938 et 1944, represente l’aboutissement d’une entreprise poetique dont la finalite explicite est de surmonter le negatif – qu’il s’agisse du negatif historique – en l’occurrence, la guerre et le fasc","PeriodicalId":294266,"journal":{"name":"Eluard, Capitale de la douleur","volume":"57 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-11-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Eluard, Capitale de la douleur","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2244","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Par certains aspects, l’œuvre poetique d’Eluard manifeste une grande unite, une continuite sur les plans formel, rhetorique et thematique : ainsi Michel Murat fait-il remarquer avec raison le caractere emblematique du poeme « Pour vivre ici », compose en 1918 et publie seulement en 1940, dans le recueil Le livre ouvert, sans depareiller ce dernier1. La methode critique de Jean-Pierre Richard, qui presente l’ « univers imaginaire » d’un ecrivain comme permanence d’une organisation dynamique du sensible, et qui s’appuie dans son article sur Eluard sur un Choix de poemes paru en 1951, semble de fait particulierement pertinente. Il n’en demeure pas moins que le critique ne peut manquer d’enregistrer une evolution dans l’œuvre, sous la double pression d’evenements d’ordre biographique et historique, ce qui n’est qu’exceptionnellement le cas dans les Onze etudes sur la poesie moderne2. Il existe de fait une evolution, a la fois esthetique et ethique, dans l’œuvre d’Eluard et dans la vie de poete qui s’y trouve presentee, qu’on ne saurait ignorer sans perdre le sens de l’œuvre. Les amours du poete nous font passer de Gala a Nusch, comme on passe chez Ronsard de Cassandre a Marie ; et parallelement, l’on peut dire que Le livre ouvert, dont les recueils qui le constituent ont paru entre 1938 et 1944, represente l’aboutissement d’une entreprise poetique dont la finalite explicite est de surmonter le negatif – qu’il s’agisse du negatif historique – en l’occurrence, la guerre et le fasc