{"title":"L’œil et la main dans Capitale de la douleur ","authors":"T. Roger","doi":"10.58282/colloques.2241","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Des qu’il y a douleur, la pensee magique emerge.Paul Schilder, L’image du corps, 1935. Et moi les mains ouvertes Comme des yeux Eluard, Poesie ininterrompue. Eluard surrealiste heterodoxe : « les mains de mon activite1 »L’homme surrealiste, on le sait, n’est pas un homo faber : c’est un homme aux mains coupees. L’acte createur surrealiste, fondamentalement acheiropoiete2, ne repose plus sur une technique de la main liee a un faire dependant lui-meme d’un savoir-faire ou d’un « talent3 » : « les futures techniques surrealistes4 » n’interessent pas l’auteur du Manifeste de 1924. C’est l’heritage du « nominalisme pictural » de Duchamp, substituant l’esprit et le mot d’esprit a la fabrication manuelle « bete comme un peintre ». C’est la contrepartie d’un culte du hasard createur legue par Dada. C’est la consequence inevitable de la promotion artistique de l’inconscient individuel associe a la pratique de l’automatisme, qui vient rompre a la fois avec la tradition idealiste d’une main incorporant l’Idee, comme avec la tradition formaliste du poete-artisan, heritee de Poe et de Baudelaire. Aragon, dans Le Paysan de Paris, celebre un « tragique moderne » inseparable de ce « grand volant qui tourne et qui n’est pas dirige par la main5 », ce qui ouvre sur un monde fondamentalement contingent, traverse par l’evenement de la « rencontre capitale », l’aventure, le « fait-glissade », et le « fait-precipice ». Ces hommes qui vont faire de la « debâcle de l’intellect6 » un mot d’ordre e","PeriodicalId":294266,"journal":{"name":"Eluard, Capitale de la douleur","volume":"65 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-11-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Eluard, Capitale de la douleur","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2241","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Des qu’il y a douleur, la pensee magique emerge.Paul Schilder, L’image du corps, 1935. Et moi les mains ouvertes Comme des yeux Eluard, Poesie ininterrompue. Eluard surrealiste heterodoxe : « les mains de mon activite1 »L’homme surrealiste, on le sait, n’est pas un homo faber : c’est un homme aux mains coupees. L’acte createur surrealiste, fondamentalement acheiropoiete2, ne repose plus sur une technique de la main liee a un faire dependant lui-meme d’un savoir-faire ou d’un « talent3 » : « les futures techniques surrealistes4 » n’interessent pas l’auteur du Manifeste de 1924. C’est l’heritage du « nominalisme pictural » de Duchamp, substituant l’esprit et le mot d’esprit a la fabrication manuelle « bete comme un peintre ». C’est la contrepartie d’un culte du hasard createur legue par Dada. C’est la consequence inevitable de la promotion artistique de l’inconscient individuel associe a la pratique de l’automatisme, qui vient rompre a la fois avec la tradition idealiste d’une main incorporant l’Idee, comme avec la tradition formaliste du poete-artisan, heritee de Poe et de Baudelaire. Aragon, dans Le Paysan de Paris, celebre un « tragique moderne » inseparable de ce « grand volant qui tourne et qui n’est pas dirige par la main5 », ce qui ouvre sur un monde fondamentalement contingent, traverse par l’evenement de la « rencontre capitale », l’aventure, le « fait-glissade », et le « fait-precipice ». Ces hommes qui vont faire de la « debâcle de l’intellect6 » un mot d’ordre e