{"title":"Savoirs, observations et expériences sur l'animal exotique captif (IXe-XVe siècle)","authors":"Thierry Buquet","doi":"10.5252/anthropozoologica2023v58a12","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"RÉSUMÉ Un article de Michel Pastoureau (2008) a posé les bases d'une réflexion sur le rapport entre les ménageries princières médiévales et les savoirs zoologiques, entre observation d'espèces rares, vérification de légendes anciennes, discours érudits et éventuelles expérimentations, en s'appuyant principalement sur les cas de l'éléphant et de l'ours. Le présent article explore les quelques hypothèses émises dans cette étude, en s'appuyant, en plus de l'éléphant, sur les cas du lion (très présent dans les ménageries médiévales) et de l'autruche. Pour ces trois espèces, certaines légendes, transmises ou non par les Bestiaires, ont pu être infirmées par l'observation, voire l'expérience: les éléphants n'auraient pas de genoux; les lionceaux naîtraient « sans vie » et seraient « ressuscités » au bout de trois jours; l'autruche serait capable de manger du métal. Ceux qui observent des animaux exotiques en captivité sont partagés entre deux pôles opposés: vouloir justifier les croyances anciennes, d'une part, contredire et expliquer les erreurs des autorités, d'autre part. Ces observations et réfutations éventuelles de légendes anciennes n'ont eu qu'une influence limitée sur les savoirs médiévaux sur l'animal exotique, notamment dans les encyclopédies, mais elles témoignent, surtout pour la fin du Moyen Âge, d'une démarche critique nouvelle où il s'agit d'évaluer ce que l'on voit à l'aune de ce que l'on connaît des textes (et réciproquement). ABSTRACT Knowledge, observations and experiments on exotic captive animal (9th-15th century). An article by Michel Pastoureau (2008) laid the foundations for a reflection on the relationship between medieval princely menageries and zoological knowledge, between observation of rare species, verification of ancient legends, scholarly discourse and possible experimentation, relying mainly on the cases of the elephant and the bear. The present article explores the few hypotheses put forward in this study, relying, in addition to the elephant, on the cases of the lion (frequently included in medieval menageries) and the ostrich. For these three species, certain legends, transmitted or not by the Bestiaries, could be invalidated by observation, or even by experiment: the elephants would not have knees; the cubs would be born “dead” and would be “resurrected” after three days; the ostrich would be able to eat metal. Those who observe exotic animals in captivity are divided between two opposing poles: wanting to justify ancient beliefs on the one hand, and contradicting and explaining the errors of the authorities on the other. These observations and possible refutations of ancient legends had only a limited influence on medieval knowledge on exotic animals, particularly in encyclopaedias, but they testify, mainly for the end of the Middle Ages, to a new critical approach in which what was seen had to be assessed from what was known from the texts (and vice versa).","PeriodicalId":38558,"journal":{"name":"Anthropozoologica","volume":"32 8","pages":"115 - 126"},"PeriodicalIF":0.7000,"publicationDate":"2023-11-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Anthropozoologica","FirstCategoryId":"90","ListUrlMain":"https://doi.org/10.5252/anthropozoologica2023v58a12","RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"ANTHROPOLOGY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
RÉSUMÉ Un article de Michel Pastoureau (2008) a posé les bases d'une réflexion sur le rapport entre les ménageries princières médiévales et les savoirs zoologiques, entre observation d'espèces rares, vérification de légendes anciennes, discours érudits et éventuelles expérimentations, en s'appuyant principalement sur les cas de l'éléphant et de l'ours. Le présent article explore les quelques hypothèses émises dans cette étude, en s'appuyant, en plus de l'éléphant, sur les cas du lion (très présent dans les ménageries médiévales) et de l'autruche. Pour ces trois espèces, certaines légendes, transmises ou non par les Bestiaires, ont pu être infirmées par l'observation, voire l'expérience: les éléphants n'auraient pas de genoux; les lionceaux naîtraient « sans vie » et seraient « ressuscités » au bout de trois jours; l'autruche serait capable de manger du métal. Ceux qui observent des animaux exotiques en captivité sont partagés entre deux pôles opposés: vouloir justifier les croyances anciennes, d'une part, contredire et expliquer les erreurs des autorités, d'autre part. Ces observations et réfutations éventuelles de légendes anciennes n'ont eu qu'une influence limitée sur les savoirs médiévaux sur l'animal exotique, notamment dans les encyclopédies, mais elles témoignent, surtout pour la fin du Moyen Âge, d'une démarche critique nouvelle où il s'agit d'évaluer ce que l'on voit à l'aune de ce que l'on connaît des textes (et réciproquement). ABSTRACT Knowledge, observations and experiments on exotic captive animal (9th-15th century). An article by Michel Pastoureau (2008) laid the foundations for a reflection on the relationship between medieval princely menageries and zoological knowledge, between observation of rare species, verification of ancient legends, scholarly discourse and possible experimentation, relying mainly on the cases of the elephant and the bear. The present article explores the few hypotheses put forward in this study, relying, in addition to the elephant, on the cases of the lion (frequently included in medieval menageries) and the ostrich. For these three species, certain legends, transmitted or not by the Bestiaries, could be invalidated by observation, or even by experiment: the elephants would not have knees; the cubs would be born “dead” and would be “resurrected” after three days; the ostrich would be able to eat metal. Those who observe exotic animals in captivity are divided between two opposing poles: wanting to justify ancient beliefs on the one hand, and contradicting and explaining the errors of the authorities on the other. These observations and possible refutations of ancient legends had only a limited influence on medieval knowledge on exotic animals, particularly in encyclopaedias, but they testify, mainly for the end of the Middle Ages, to a new critical approach in which what was seen had to be assessed from what was known from the texts (and vice versa).