L. Guennoun , F. Defendi , J.F. Alexandra , B. Bibes , G. Armengol , L. Bouillet , I. Boccon-Gibod , S. Gayet , P.Y. Jeandel , D. Launay , F. Lifermann , L. Luca , K.H. Ly , O. Fain , G. Delphine , P. Cathébras
{"title":"Caractéristiques du complément dans les angiœdèmes par déficit acquis en C1 inhibiteur : une corrélation clinicobiologique","authors":"L. Guennoun , F. Defendi , J.F. Alexandra , B. Bibes , G. Armengol , L. Bouillet , I. Boccon-Gibod , S. Gayet , P.Y. Jeandel , D. Launay , F. Lifermann , L. Luca , K.H. Ly , O. Fain , G. Delphine , P. Cathébras","doi":"10.1016/j.revmed.2024.10.366","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L’angiœdème dû à un déficit acquis en C1 inhibiteur (AOA-C1-INH) est une pathologie rare, représentant 10 % des angiœdèmes dus à un déficit en C1INH, et fréquemment associé à un lymphome indolent ou à une gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS). Les plus grandes séries décrivent moins d’une centaine de patients. Le diagnostic repose sur des angiœdèmes récurrents après l’âge de 30<!--> <!-->ans, l’absence d’antécédents familiaux d’angiœdème et un C1INH fonctionnel inférieur à 50 % de la valeur de référence. Une diminution du C1q et des anticorps anti-C1-INH (Abs) sont observés dans un sous-groupe de patients. En France, ces analyses du complément peuvent être réalisées dans différents laboratoires d’immunologie, et les séries publiées ont fourni des données indépendamment du laboratoire. Les corrélations cliniques avec les paramètres du complément sont mal connues.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Nous avons étudié rétrospectivement les dossiers médicaux des patients inclus dans le registre national français AOA-C1-INH qui avaient été diagnostiqués dans le laboratoire d’immunologie du centre national de référence de l’angiœdème à kinines (CREAK), et analysé les corrélations clinicobiologiques au moment du diagnostic et au cours du suivi.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L’analyse a porté sur 104 patients. L’évaluation du complément a été réalisée 0,52 (0,12–1,44) ans après le premier épisode d’angiœdeme. Un lymphome était présent chez 54 patients (52 %) et une MGUS chez 22 patients (21 %).</div><div>Au diagnostic, on observait une baisse de C1-INH pondéral chez 89 (86 %) patients, de C1q chez 77 (91 %) et de C4 chez 85 (94 %). Des anticorps anti-C1INH étaient présents chez 47 (45 %) patients. Les patients atteints de lymphome avaient une protéine C1INH plus basse, et C1q et C4 étaient plus fréquemment abaissés (45/47 vs 32/38 et 50/51 vs 35/39, respectivement). Les patients avec une protéine C1INH normale avaient plus souvent des anticorps anti-C1-INH (80 vs 40 %), et une forme idiopathique (47 vs 24 %).</div><div>Une évaluation de suivi était disponible pour 59 patients (57 %), après une durée médiane de 3<!--> <!-->ans (0,5–10). La normalisation du complément est corrélée à la rémission clinique de l’angiœdème (7/8 en rémission biologique vs 4/20), et au traitement d’une affection sous-jacente : parmi 14 patients traités avec succès pour un lymphome, une rémission à la fois du complément et de l’angiœdème a été observée chez 5 patients, et une rémission de l’angiœdème sans normalisation du complément chez 4 patients. Parmi les 5 patients traités par rituximab pour un AAE-C1INH avec anticorps anti-C1INH, sans lymphome, un seul a eu une amélioration de l’angiœdème, et aucun n’a eu de disparition des anticorps anti-C1INH.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les caractéristiques du complément au moment du diagnostic de l’AAE-C1INH dépendent de la maladie hématologique sous-jacente : il semble exister deux sous-groupes, avec une plus grande implication de la voie classique et une moindre positivité des anticorps anti-C1-INH chez les patients atteints de lymphome par rapport aux formes idiopathiques ou associées aux MGUS. Il existe une corrélation clinicobiologique : la normalisation du complément est associée à la disparition des crises d’angiœdème. Le traitement du lymphome entraîne une rémission clinicobiologique, mais le rituximab n’est pas efficace dans les AAE associés à une MGUS ou idiopathiques malgré la présence d’anticorps anti-C1INH. La persistance d’une valeur basse de C1INH chez des patients en rémission de lymphome et de l’angiœdème suggère que d’autres mécanismes sont impliqués dans la survenue des crises.</div></div>","PeriodicalId":54458,"journal":{"name":"Revue De Medecine Interne","volume":"45 ","pages":"Pages A386-A387"},"PeriodicalIF":0.7000,"publicationDate":"2024-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue De Medecine Interne","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324011652","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
L’angiœdème dû à un déficit acquis en C1 inhibiteur (AOA-C1-INH) est une pathologie rare, représentant 10 % des angiœdèmes dus à un déficit en C1INH, et fréquemment associé à un lymphome indolent ou à une gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS). Les plus grandes séries décrivent moins d’une centaine de patients. Le diagnostic repose sur des angiœdèmes récurrents après l’âge de 30 ans, l’absence d’antécédents familiaux d’angiœdème et un C1INH fonctionnel inférieur à 50 % de la valeur de référence. Une diminution du C1q et des anticorps anti-C1-INH (Abs) sont observés dans un sous-groupe de patients. En France, ces analyses du complément peuvent être réalisées dans différents laboratoires d’immunologie, et les séries publiées ont fourni des données indépendamment du laboratoire. Les corrélations cliniques avec les paramètres du complément sont mal connues.
Patients et méthodes
Nous avons étudié rétrospectivement les dossiers médicaux des patients inclus dans le registre national français AOA-C1-INH qui avaient été diagnostiqués dans le laboratoire d’immunologie du centre national de référence de l’angiœdème à kinines (CREAK), et analysé les corrélations clinicobiologiques au moment du diagnostic et au cours du suivi.
Résultats
L’analyse a porté sur 104 patients. L’évaluation du complément a été réalisée 0,52 (0,12–1,44) ans après le premier épisode d’angiœdeme. Un lymphome était présent chez 54 patients (52 %) et une MGUS chez 22 patients (21 %).
Au diagnostic, on observait une baisse de C1-INH pondéral chez 89 (86 %) patients, de C1q chez 77 (91 %) et de C4 chez 85 (94 %). Des anticorps anti-C1INH étaient présents chez 47 (45 %) patients. Les patients atteints de lymphome avaient une protéine C1INH plus basse, et C1q et C4 étaient plus fréquemment abaissés (45/47 vs 32/38 et 50/51 vs 35/39, respectivement). Les patients avec une protéine C1INH normale avaient plus souvent des anticorps anti-C1-INH (80 vs 40 %), et une forme idiopathique (47 vs 24 %).
Une évaluation de suivi était disponible pour 59 patients (57 %), après une durée médiane de 3 ans (0,5–10). La normalisation du complément est corrélée à la rémission clinique de l’angiœdème (7/8 en rémission biologique vs 4/20), et au traitement d’une affection sous-jacente : parmi 14 patients traités avec succès pour un lymphome, une rémission à la fois du complément et de l’angiœdème a été observée chez 5 patients, et une rémission de l’angiœdème sans normalisation du complément chez 4 patients. Parmi les 5 patients traités par rituximab pour un AAE-C1INH avec anticorps anti-C1INH, sans lymphome, un seul a eu une amélioration de l’angiœdème, et aucun n’a eu de disparition des anticorps anti-C1INH.
Conclusion
Les caractéristiques du complément au moment du diagnostic de l’AAE-C1INH dépendent de la maladie hématologique sous-jacente : il semble exister deux sous-groupes, avec une plus grande implication de la voie classique et une moindre positivité des anticorps anti-C1-INH chez les patients atteints de lymphome par rapport aux formes idiopathiques ou associées aux MGUS. Il existe une corrélation clinicobiologique : la normalisation du complément est associée à la disparition des crises d’angiœdème. Le traitement du lymphome entraîne une rémission clinicobiologique, mais le rituximab n’est pas efficace dans les AAE associés à une MGUS ou idiopathiques malgré la présence d’anticorps anti-C1INH. La persistance d’une valeur basse de C1INH chez des patients en rémission de lymphome et de l’angiœdème suggère que d’autres mécanismes sont impliqués dans la survenue des crises.
期刊介绍:
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La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.