J. Mallick, A. Guffroy, V. Poindron, T. Martin, Y. Dieudonné, A.S. Korganow, M. Herber
{"title":"Sclérodermie systémique familiale","authors":"J. Mallick, A. Guffroy, V. Poindron, T. Martin, Y. Dieudonné, A.S. Korganow, M. Herber","doi":"10.1016/j.revmed.2024.10.405","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La sclérodermie systémique n’est pas considérée comme une maladie auto-immune familiale, à la différence du lupus érythémateux systémique. Cependant, des cas familiaux de sclérodermie systémique sont décrits, soulevant la question d’une potentielle héritabilité. Une revue de la littérature a été menée afin d’estimer la fréquence de survenue d’une sclérodermie systémique chez les apparentés au premier degré d’un sujet atteint.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>La revue de la littérature a été réalisée à l’aide de la base de données PubMed, couvrant une période allant jusqu’en août 2024. Les recherches ont été effectuées via les mots-clés (systemic sclerosis)AND((familial)OR(twins[MeSH Terms])). La prévalence et le risque relatif familial ont été recueillis lorsqu’ils étaient disponibles.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur les 1391 articles identifiés, 92 ont été sélectionnés pour leur pertinence après un examen des titres et des résumés puis 33 d’entre eux (13 études épidémiologiques descriptives et 20 rapports de cas) ont été inclus dans l’analyse. Au moins 255 patients appartenant à 107 familles de sclérodermie systémique ont été recensées (107 cas index, 148 apparentés au premier degré atteints). La prévalence des cas familiaux de sclérodermie systémique varie entre 1,4 et 5,17 % selon les études. La prévalence de sclérodermie systémique chez les apparentés au premier degré d’un cas index varie entre 0,08 et 3,36 %, avec un risque relatif familial estimé entre 3,07 et 14,3. 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L’étude de cas « extrêmes » (début précoces pédiatriques, familles multiplex) pourrait aider à mieux comprendre la physiopathologie de cette maladie complexe en identifiant des marqueurs moléculaires prédictifs de son apparition ou de son évolution, cibles pour le développement de nouvelles thérapies.</div></div>","PeriodicalId":54458,"journal":{"name":"Revue De Medecine Interne","volume":"45 ","pages":"Page A411"},"PeriodicalIF":0.7000,"publicationDate":"2024-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue De Medecine Interne","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324012049","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La sclérodermie systémique n’est pas considérée comme une maladie auto-immune familiale, à la différence du lupus érythémateux systémique. Cependant, des cas familiaux de sclérodermie systémique sont décrits, soulevant la question d’une potentielle héritabilité. Une revue de la littérature a été menée afin d’estimer la fréquence de survenue d’une sclérodermie systémique chez les apparentés au premier degré d’un sujet atteint.
Matériels et méthodes
La revue de la littérature a été réalisée à l’aide de la base de données PubMed, couvrant une période allant jusqu’en août 2024. Les recherches ont été effectuées via les mots-clés (systemic sclerosis)AND((familial)OR(twins[MeSH Terms])). La prévalence et le risque relatif familial ont été recueillis lorsqu’ils étaient disponibles.
Résultats
Sur les 1391 articles identifiés, 92 ont été sélectionnés pour leur pertinence après un examen des titres et des résumés puis 33 d’entre eux (13 études épidémiologiques descriptives et 20 rapports de cas) ont été inclus dans l’analyse. Au moins 255 patients appartenant à 107 familles de sclérodermie systémique ont été recensées (107 cas index, 148 apparentés au premier degré atteints). La prévalence des cas familiaux de sclérodermie systémique varie entre 1,4 et 5,17 % selon les études. La prévalence de sclérodermie systémique chez les apparentés au premier degré d’un cas index varie entre 0,08 et 3,36 %, avec un risque relatif familial estimé entre 3,07 et 14,3. En France, la prévalence des familles multiplex en 2012 était de 2,4 %, la prévalence de la sclérodermie systémique chez un apparenté au premier degré d’un cas index était de 1,1 % et le risque relatif familial de 3,5 [1].
Discussion
L’antécédent familial de sclérodermie systémique chez un apparenté au premier degré est un des principaux facteurs de risque de développer la maladie [2]. La prévalence des cas familiaux reste toutefois faible par rapport à la poly-autoimmunité et l’auto-immunité familiale [1], [3]. Plusieurs cas rapportés décrivent des apparentés au premier degré atteints de connectivites indifférenciées ou mixtes avec des caractéristiques clinico-biologiques insuffisantes pour les classer en tant que sclérodermies systémiques (critères ACR-EULAR 2017). Le taux de concordance bas chez des jumeaux monozygotes et similaire chez les dizygotes suggère une faible contribution génétique, au profit d’un impact environnemental prépondérant [4]. Il n’est pas décrit de transmission monogénique mais de nombreuses études rapportent des variants génétiques facteurs de risque de sclérodermie systémique (NOTCH4 [5], IRF5, STAT4 [6]). Par ailleurs, une forme extrême de syndrome autoinflammatoire avec morphées en lien avec des mutations gain de fonction de STAT4 a été rapportée [7]. Les données clinico-biologiques, notamment les auto-anticorps, n’étaient pas systématiquement rapportées dans les études, ne nous permettant pas d’aborder plus finement toutes les caractéristiques de ces familles. Il n’est pas clairement établi si cette faible agrégation familiale reflète la réalité ou si elle est sous-estimée en raison d’une sous-déclaration des antécédents familiaux.
Conclusion
La prévalence de la sclérodermie systémique familiale décrite dans la littérature est faible. Il serait intéressant de mettre à jour les données épidémiologiques françaises sur les cas familiaux de sclérodermie systémique et de décrire plus précisément leurs caractéristiques clinico-biologiques, voire génétiques. L’étude de cas « extrêmes » (début précoces pédiatriques, familles multiplex) pourrait aider à mieux comprendre la physiopathologie de cette maladie complexe en identifiant des marqueurs moléculaires prédictifs de son apparition ou de son évolution, cibles pour le développement de nouvelles thérapies.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.