{"title":"Mise en place des nouveaux critères de dénutrition : variabilité des facteurs codants et conséquences","authors":"T. Berera","doi":"10.1016/j.nupar.2023.03.070","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction et but de l’étude</h3><p>Fin 2021, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations pour le diagnostic de la dénutrition chez le patient âgé de plus de 70 ans. Ces recommandations ont été suivies d’une mise en application au sein du guide méthodologique du PMSI version 2022. Toutefois, si la majorité des repérages d’état de dénutrition se faisait auparavant via le dosage de l’albuminémie, ce critère n’est plus un critère diagnostique de la dénutrition, mais un critère de sévérité. Nous nous sommes donc attachés à faire un état des lieux des facteurs permettant de diagnostiquer une dénutrition de l’entrée du patient, jusqu’à sa sortie d’hospitalisation et au codage de son dossier par le DIM.</p></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><p>Nous avons réalisé une étude sur 300 patients, admis à l’hôpital gériatrique Le Kem à Thionville, sur la période de mai 2022 à juillet 2022. Un bilan diététique était systématiquement effectué à tout patient entrant en hospitalisation présentant au moins un critère hors cible parmi : IMC, variation de poids négative, perte d’appétit évaluée grâce à l’échelle SEFI, évaluation qualitative des ingesta, évaluation des besoins énergétiques. Les patients sont suivis et pris en charge normalement selon les troubles nutritionnels qui sont relevés. La période d’étude s’est déroulée dans tous les services de l’hôpital et les données ont été traitées de manière restrospective à l’aide d’une grille d’audit réalisée en interne (<em>reporting</em> retraçant la prise en charge des patients, en temps réel). Ainsi, le recours aux nouveaux critères de dénutrition, notamment ceux dépendant de l’utilisation de matériels supplémentaires comme le <em>handgrip</em> test et l’impédancemétrie, a pu être mis en avant.</p></div><div><h3>Résultats et analyses statistiques</h3><p>En globalité, tous les patients présentent un critère étiologique, que ce soit une réduction des prises alimentaires ou une pathologie aiguë, chronique ou maligne. Concernant le critère phénotypique, une première difficulté résidait dans le fait que, d’une part, 60 % des patients admis avaient un IMC<!--> <!-->><!--> <!-->22<!--> <!-->kg/m<sup>2</sup> et, d’autre part, 60–70 % des patients présentaient des troubles neurocognitifs ne pouvant renseigner la question de la variation de poids pour ceux effectuant un premier séjour à l’hôpital. Ces conditions éliminaient déjà 2 critères sur les 6 possibles pour caractériser une dénutrition. Au total, 194 patients étaient dénutris selon les critères HAS (représentant 65 %), dont 4 % ont été validés par l’impédancemétrie ; 78 patients présentaient un risque nutritionnel (représentant 26 %). Vingt-huit patients étaient en bon état nutritionnel (représentant 9 %). Parmi les patients présentant un risque nutritionnel, nous avons constaté que 53 % d’entre eux auraient bénéficié d’un diagnostic de dénutrition si les anciens critères de dépistage (basés uniquement sur la valeur de l’albuminémie) étaient toujours en vigueur. Ainsi, nous aurions codé : 35 % des patients à risque nutritionnel en dénutrition modérée ; 18 % des patients à risque nutritionnel en dénutrition sévère. Les 47 % de patients restants ne présentaient pas de dénutrition au sens des anciennes recommandations.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Sur l’ensemble des consultations réalisées, nous retrouvons une « perte » de codage à hauteur de 9 % de dénutrition modérée et 5 % de dénutrition sévère. Nous avons constaté que le critère étiologique reste très présent et repéré en général dans 100 % des cas. Toutefois, le critère phénotypique est difficile à appréhender en lien avec l’augmentation de l’IMC et la variation de poids qui reste difficilement analysable dans la population âgée, en particulier chez les personnes présentant des TNC. En effet, dans ce cas particulier, seule l’albuminémie, en tant que critère décisionnel, nous permettrait de statuer sur l’état nutritionnel de ces patients. Cette étude a permis de se questionner sur la place de l’albuminémie dans le diagnostic de la dénutrition.</p></div>","PeriodicalId":54702,"journal":{"name":"Nutrition Clinique et Metabolisme","volume":"37 2","pages":"Pages e40-e41"},"PeriodicalIF":0.5000,"publicationDate":"2023-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Nutrition Clinique et Metabolisme","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0985056223000973","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"ENDOCRINOLOGY & METABOLISM","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction et but de l’étude
Fin 2021, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations pour le diagnostic de la dénutrition chez le patient âgé de plus de 70 ans. Ces recommandations ont été suivies d’une mise en application au sein du guide méthodologique du PMSI version 2022. Toutefois, si la majorité des repérages d’état de dénutrition se faisait auparavant via le dosage de l’albuminémie, ce critère n’est plus un critère diagnostique de la dénutrition, mais un critère de sévérité. Nous nous sommes donc attachés à faire un état des lieux des facteurs permettant de diagnostiquer une dénutrition de l’entrée du patient, jusqu’à sa sortie d’hospitalisation et au codage de son dossier par le DIM.
Matériel et méthodes
Nous avons réalisé une étude sur 300 patients, admis à l’hôpital gériatrique Le Kem à Thionville, sur la période de mai 2022 à juillet 2022. Un bilan diététique était systématiquement effectué à tout patient entrant en hospitalisation présentant au moins un critère hors cible parmi : IMC, variation de poids négative, perte d’appétit évaluée grâce à l’échelle SEFI, évaluation qualitative des ingesta, évaluation des besoins énergétiques. Les patients sont suivis et pris en charge normalement selon les troubles nutritionnels qui sont relevés. La période d’étude s’est déroulée dans tous les services de l’hôpital et les données ont été traitées de manière restrospective à l’aide d’une grille d’audit réalisée en interne (reporting retraçant la prise en charge des patients, en temps réel). Ainsi, le recours aux nouveaux critères de dénutrition, notamment ceux dépendant de l’utilisation de matériels supplémentaires comme le handgrip test et l’impédancemétrie, a pu être mis en avant.
Résultats et analyses statistiques
En globalité, tous les patients présentent un critère étiologique, que ce soit une réduction des prises alimentaires ou une pathologie aiguë, chronique ou maligne. Concernant le critère phénotypique, une première difficulté résidait dans le fait que, d’une part, 60 % des patients admis avaient un IMC > 22 kg/m2 et, d’autre part, 60–70 % des patients présentaient des troubles neurocognitifs ne pouvant renseigner la question de la variation de poids pour ceux effectuant un premier séjour à l’hôpital. Ces conditions éliminaient déjà 2 critères sur les 6 possibles pour caractériser une dénutrition. Au total, 194 patients étaient dénutris selon les critères HAS (représentant 65 %), dont 4 % ont été validés par l’impédancemétrie ; 78 patients présentaient un risque nutritionnel (représentant 26 %). Vingt-huit patients étaient en bon état nutritionnel (représentant 9 %). Parmi les patients présentant un risque nutritionnel, nous avons constaté que 53 % d’entre eux auraient bénéficié d’un diagnostic de dénutrition si les anciens critères de dépistage (basés uniquement sur la valeur de l’albuminémie) étaient toujours en vigueur. Ainsi, nous aurions codé : 35 % des patients à risque nutritionnel en dénutrition modérée ; 18 % des patients à risque nutritionnel en dénutrition sévère. Les 47 % de patients restants ne présentaient pas de dénutrition au sens des anciennes recommandations.
Conclusion
Sur l’ensemble des consultations réalisées, nous retrouvons une « perte » de codage à hauteur de 9 % de dénutrition modérée et 5 % de dénutrition sévère. Nous avons constaté que le critère étiologique reste très présent et repéré en général dans 100 % des cas. Toutefois, le critère phénotypique est difficile à appréhender en lien avec l’augmentation de l’IMC et la variation de poids qui reste difficilement analysable dans la population âgée, en particulier chez les personnes présentant des TNC. En effet, dans ce cas particulier, seule l’albuminémie, en tant que critère décisionnel, nous permettrait de statuer sur l’état nutritionnel de ces patients. Cette étude a permis de se questionner sur la place de l’albuminémie dans le diagnostic de la dénutrition.
2021年底,高级卫生局(HAS)发布了诊断70岁以上患者营养不良的新建议,随后在PMSI方法指南2022版中实施。然而,如果大多数营养不良状态的检测以前是通过白蛋白血症的测定进行的,则该标准不再是营养不良的诊断标准,而是严重程度的标准。因此,我们致力于对诊断营养不良的因素进行盘点,从患者入院到出院,并通过DIM对其文件进行编码。我们对2022年5月至2022年7月期间入住Thionville Le Kem老年医院的300名患者进行了研究。系统地对所有住院患者进行饮食评估,这些患者至少有一个非目标标准:BMI、负体重变化、使用SEFI量表评估的食欲不振、摄入量的定性评估、能量需求评估。根据确定的营养状况,对患者进行正常监测和管理。研究期间在医院的所有科室进行,并使用内部审计网格(实时跟踪患者管理的报告)对数据进行了再透视处理。因此,可以强调使用新的营养不良标准,特别是那些依赖于使用额外设备的标准,如手握测试和阻抗测量。结果和统计分析总体而言,所有患者都有病因,无论是食物摄入量减少还是急性、慢性或恶性疾病。关于表型标准,第一个困难在于,一方面,60%的入院患者的BMI>;22 kg/m2,另一方面,60-70%的患者有神经认知障碍,无法告知首次住院患者的体重变化问题。这些条件已经消除了表征营养不良的6个可能标准中的2个。根据HAS标准,共有194名患者营养不良(占65%),其中4%通过阻抗测定法验证;78名患者有营养风险(占26%)。28名患者营养状况良好(占9%)。在有营养风险的患者中,我们发现,如果旧的筛查标准(仅基于白蛋白血症值)仍然有效,53%的患者会被诊断为营养不良。因此,我们将编码:35%的营养风险患者中度营养不良;18%的严重营养不良患者有营养风险。其余47%的患者没有旧建议意义上的营养不良。结论:在所有咨询中,我们发现9%的中度营养不良和5%的重度营养不良的编码“丢失”。我们发现病因标准仍然非常存在,通常在100%的病例中被发现。然而,表型标准很难理解与BMI增加和体重变化有关,这在老年人群中仍然难以分析,尤其是在CNT患者中。事实上,在这种特殊情况下,只有白蛋白血症作为决策标准,才能使我们决定这些患者的营养状况。这项研究提出了白蛋白血症在营养不良诊断中的地位问题。
期刊介绍:
Nutrition Clinique et Métabolisme is the journal of the French-speaking Society of Enteral and Parenteral Nutrition. Associating clinicians, biologists, pharmacists, and fundamentalists, the articles presented in the journal concern man and animals, and deal with organs and cells. The goal is a better understanding of the effects of artificial nutrition and human metabolism. Original articles, general reviews, update articles, technical notes and communications are published, as well as editorials and case reports.