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Abstract
La Martinique est devenue departement d'outre-mer en 1946. Les limites de ce statut ont cree a partir des annees 1950 un desanchetement, engendrant l'emergence de l'autonomisme et de l'independantisme. Depuis la question de l'evolution statutaire domine le debat politique local, mais ne semble pas vraiment passionner de larges fractions de la population. Parallelement, on assiste a une revalorisation considerable de la culture martiniquaise, dont les principaux acteurs sont les mouvements nationalistes. Partant de ce constat, cette these examine la question suivante: existe-t-il au sein de la population martiniquaise une conscience nationale? Si oui, comment s'exprime cette conscience? A travers l'interrogation du lien dialectique entre le culturel et le politique, il sera avance l'hypothese que les notions de "nation" et de "conscience nationale" ne sont pas necessairement liees a un projet politique d'independance, mais que le fondement du conept de "nation" est tout d'abord culturel, avant d'etre politique. En consequence, la nation peut exister en dehors de la revendication d'une independance politique et donc en dehors du nationalisme. En Martinique, la conscience nationale existe a travers le sentiment d'appartenir a un peuple partageant une culture et une histoire et elle a largement ete eveillee par l'action des nationalistes, sans pour autant que le "peuple" adhere a leurs objectifs politiques. Enfin, il y a chez les Martiniquais une quete a double sens entre le desir d'assimilation et le desir d'emancipation qui trouve son expression dans la revendication d'une reconnaissance de l'egalite dans le difference.