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{"title":"布鲁诺·杜蒙或z ' humans电影导演。作者:Alain Brossat和Joachim Daniel Dupuis(评论)","authors":"","doi":"10.1353/esp.2023.a906706","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains dir. by Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis Anne Cirella-Urrutia Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis, dir. Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains. Paris: L'Harmattan, 2021. Pp. 247. € 27 Dans cet excellent collectif, les auteurs présentent des articles jamais traduits et remarquent que le cinéma de Dumont s'éloigne le plus des points de vue de la classe moyenne qui donne le ton dans le cinéma français depuis les trois dernières décennies. La première partie examine des thèmes majeurs de l'œuvre filmique singulière du cinéaste et comment ils manifestent leur rapport à l'événementialité. Luc Vancheri développe une hypothèse mystique dans La Vie de Jésus (1997) et Camille Claudel 1915 (2013) qui trouve confirmation définitive dans Jeanne (2019) adapté de Charles Péguy où inexorablement les personnages se rapprochent tous de Dieu. Corro Penjean et Domínguez Jiménez interrogent l'agencement visuel du territoire dumontien et les espaces dérivés de l'influence esthétique et idéologique de Pasolini. Alors que les dialogues deviennent minimalistes, la longue durée des plans et des séquences dans Hors Satan (2011) permettent d'envisager les espaces comme des lieux de sainteté et de revendiquer une « axiographie des marges » (48) propre à Dumont. Alain Brossat explique comment Dumont ne cesse de libérer ses films des acteurs fétiches afin que l'attention du spectateur ne soit captée par ces acteurs vedettes au détriment du film. Comme chez Péguy ou chez Bernanos, Dumont interroge à travers ses personnages la condition des gens ordinaires. Joachim Daniel Dupuis conclut à travers la notion de paysage et le projet de mettre en scène une certaine plèbe qui nous permet d'accéder à une compréhension des personnages. Ces paysages sont successivement ignorés dans Hadewijch (2009), humanisés dans Ma Loute (2016), contrecarrés dans Camille Claudel 1915 (2013), ou intériorisés dans Jeanne (2019). La deuxième partie, outre les films parmi les plus difficiles, inclut des articles sur les séries policières. Nikolaj Lübecker montre, à propos de Twentynine Palms (2003), la manière dont s'établit la corrélation entre transgression et émancipation, telle qu'elle se relève dans l'avantgarde. Ce road movie est une incursion dans le paysage américain qu'il compare au film Zabriskie Point (1970) de Michelangelo Antonioni. Abdel Aouacheria examine ce même film, plus précisément dans le rapport du couple David et Katia et la minéralité du désert californien. Chaque espace se retrouve dans le suivant selon une logique fractale pour montrer les dysfonctionnements du couple. David viole et assassine Katia, avant de mettre fin à ses jours. Gonzalo Aguilar propose une cartographie symbolique du film Flandes (2006) à la lumière du concept de « violence mimétique » de la relation triangulaire. Alain Naze aborde la question du mysticisme dans Hors Satan (2011) avec l'étude du couple « le gars » et « la fille » qu'il associe à Accatone (1961) de Pasolini. Carolina Urrutia analyse la minisérie de P'tit Quinquin (2015) où Dumont subvertit les règles mêmes du genre policier et désactive le suspense à travers des plans fixes. Car la présence des enfants confère un rôle ambigu au récit de l'intrigue meurtrière. Pour Marco Candore, réalisateur, la série Coincoin et les Z'Inhumains (2018) crée « une langue mineure » (Deleuze). L'ouvrage s'achève par cinq entretiens du cinéaste avec Antony Fiant où Dumont explique son engagement à ne pas suivre les standards de l'industrie du cinéma et son travail d'écriture comme passage transitoire. [End Page 121] Anne Cirella-Urrutia Huston-Tillotson University Copyright © 2023 Johns Hopkins University Press","PeriodicalId":54063,"journal":{"name":"ESPRIT CREATEUR","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2023-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains dir. by Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis (review)\",\"authors\":\"\",\"doi\":\"10.1353/esp.2023.a906706\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Reviewed by: Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains dir. by Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis Anne Cirella-Urrutia Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis, dir. 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Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains dir. by Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis (review)
Reviewed by: Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains dir. by Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis Anne Cirella-Urrutia Alain Brossat et Joachim Daniel Dupuis, dir. Bruno Dumont ou le cinéma des Z'humains. Paris: L'Harmattan, 2021. Pp. 247. € 27 Dans cet excellent collectif, les auteurs présentent des articles jamais traduits et remarquent que le cinéma de Dumont s'éloigne le plus des points de vue de la classe moyenne qui donne le ton dans le cinéma français depuis les trois dernières décennies. La première partie examine des thèmes majeurs de l'œuvre filmique singulière du cinéaste et comment ils manifestent leur rapport à l'événementialité. Luc Vancheri développe une hypothèse mystique dans La Vie de Jésus (1997) et Camille Claudel 1915 (2013) qui trouve confirmation définitive dans Jeanne (2019) adapté de Charles Péguy où inexorablement les personnages se rapprochent tous de Dieu. Corro Penjean et Domínguez Jiménez interrogent l'agencement visuel du territoire dumontien et les espaces dérivés de l'influence esthétique et idéologique de Pasolini. Alors que les dialogues deviennent minimalistes, la longue durée des plans et des séquences dans Hors Satan (2011) permettent d'envisager les espaces comme des lieux de sainteté et de revendiquer une « axiographie des marges » (48) propre à Dumont. Alain Brossat explique comment Dumont ne cesse de libérer ses films des acteurs fétiches afin que l'attention du spectateur ne soit captée par ces acteurs vedettes au détriment du film. Comme chez Péguy ou chez Bernanos, Dumont interroge à travers ses personnages la condition des gens ordinaires. Joachim Daniel Dupuis conclut à travers la notion de paysage et le projet de mettre en scène une certaine plèbe qui nous permet d'accéder à une compréhension des personnages. Ces paysages sont successivement ignorés dans Hadewijch (2009), humanisés dans Ma Loute (2016), contrecarrés dans Camille Claudel 1915 (2013), ou intériorisés dans Jeanne (2019). La deuxième partie, outre les films parmi les plus difficiles, inclut des articles sur les séries policières. Nikolaj Lübecker montre, à propos de Twentynine Palms (2003), la manière dont s'établit la corrélation entre transgression et émancipation, telle qu'elle se relève dans l'avantgarde. Ce road movie est une incursion dans le paysage américain qu'il compare au film Zabriskie Point (1970) de Michelangelo Antonioni. Abdel Aouacheria examine ce même film, plus précisément dans le rapport du couple David et Katia et la minéralité du désert californien. Chaque espace se retrouve dans le suivant selon une logique fractale pour montrer les dysfonctionnements du couple. David viole et assassine Katia, avant de mettre fin à ses jours. Gonzalo Aguilar propose une cartographie symbolique du film Flandes (2006) à la lumière du concept de « violence mimétique » de la relation triangulaire. Alain Naze aborde la question du mysticisme dans Hors Satan (2011) avec l'étude du couple « le gars » et « la fille » qu'il associe à Accatone (1961) de Pasolini. Carolina Urrutia analyse la minisérie de P'tit Quinquin (2015) où Dumont subvertit les règles mêmes du genre policier et désactive le suspense à travers des plans fixes. Car la présence des enfants confère un rôle ambigu au récit de l'intrigue meurtrière. Pour Marco Candore, réalisateur, la série Coincoin et les Z'Inhumains (2018) crée « une langue mineure » (Deleuze). L'ouvrage s'achève par cinq entretiens du cinéaste avec Antony Fiant où Dumont explique son engagement à ne pas suivre les standards de l'industrie du cinéma et son travail d'écriture comme passage transitoire. [End Page 121] Anne Cirella-Urrutia Huston-Tillotson University Copyright © 2023 Johns Hopkins University Press