A. Vanlemmens , A. Baillet , N. Simon , C. Compain , A. Baudet , A. Berezne , M. Chafika , G. Macheda , A. Manuel , L. Bouillet , A. Bocquet
{"title":"巨细胞动脉炎患者停用妥昔单抗:现实情况如何?","authors":"A. Vanlemmens , A. Baillet , N. Simon , C. Compain , A. Baudet , A. Berezne , M. Chafika , G. Macheda , A. Manuel , L. Bouillet , A. Bocquet","doi":"10.1016/j.revmed.2024.10.379","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L’artérite à cellules géantes (ACG) est une vascularite des gros vaisseaux qui peut engager le pronostic fonctionnel et/ou vital. La corticothérapie est le traitement historique et de référence de l’ACG mais elle est associée à un risque de rechute élevé et de nombreux effets indésirables. Le développement de stratégies d’épargne cortisonique est donc indispensable afin d’améliorer la prise en charge des patients. Le Tocilizumab, une biothérapie dirigée contre les récepteurs solubles et membranaires de l’IL-6, est le seul traitement d’épargne cortisonique à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. Malgré son succès et son efficacité dans l’ACG, beaucoup de questions persistent concernant son utilisation, notamment sur la durée de prescription et les modalités optimales de sevrage du traitement. En effet, les différentes données disponibles dans la littérature mettent en évidence un taux de rechute élevé de l’ordre de 50 % après l’arrêt du Tocilizumab. La sémiologie des rechutes et leurs facteurs prédictifs divergent d’une étude à l’autre. De plus, les données réelles sur l’utilisation du Tocilizumab en pratique clinique sont rares, notamment concernant la question du sevrage.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique au cours de laquelle ont été recueillis les profils évolutifs de patients atteints d’ACG traités par Tocilizumab pendant un an ou plus entre 2013 et 2022, c’est-à-dire les patients chez qui la question du sevrage en Tocilizumab pouvait être évoquée, en portant une attention particulière au taux de rechute à son arrêt et aux facteurs associés à la rechute.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Soixante patients ont été inclus. La durée médiane de traitement par Tocilizumab était de 33 mois (20–55,5). Quarante-trois patients (71,7 %) ont bénéficié d’une décision de sevrage du Tocilizumab après une durée médiane de traitement de 18 mois (12,5–25,5). Parmi eux, vingt-six (60,5 %) ont été sevrés du Tocilizumab avec succès après une durée médiane de traitement de 26 mois (17,7–47,5), soit 43,3 % de l’ensemble des patients inclus. Cependant, près d’un patient sur deux (53,8 %) rechutait après l’arrêt du Tocilizumab, avec une médiane de survie sans rechute de huit mois, et le Tocilizumab était repris dans 85,7 % des cas. Un seul patient présentait une rechute sévère. Au total, seulement 20 % des patients inclus ont pu obtenir un sevrage prolongé du Tocilizumab sans rechute jusqu’à la fin de l’étude. Le facteur significativement associé à la rechute après l’arrêt du Tocilizumab était l’initiation du Tocilizumab dès le diagnostic (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001). On retrouvait également une tendance à la rechute pour le sexe féminin (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,07) et l’absence de sevrage de la corticothérapie lors de la décision de sevrage du Tocilizumab (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,06). 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Quarante-trois patients (71,7 %) ont bénéficié d’une décision de sevrage du Tocilizumab après une durée médiane de traitement de 18 mois (12,5–25,5). Parmi eux, vingt-six (60,5 %) ont été sevrés du Tocilizumab avec succès après une durée médiane de traitement de 26 mois (17,7–47,5), soit 43,3 % de l’ensemble des patients inclus. Cependant, près d’un patient sur deux (53,8 %) rechutait après l’arrêt du Tocilizumab, avec une médiane de survie sans rechute de huit mois, et le Tocilizumab était repris dans 85,7 % des cas. Un seul patient présentait une rechute sévère. Au total, seulement 20 % des patients inclus ont pu obtenir un sevrage prolongé du Tocilizumab sans rechute jusqu’à la fin de l’étude. Le facteur significativement associé à la rechute après l’arrêt du Tocilizumab était l’initiation du Tocilizumab dès le diagnostic (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001). 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Sevrage du Tocilizumab chez les patients atteints d’artérite à cellules géantes : quelle réalité ?
Introduction
L’artérite à cellules géantes (ACG) est une vascularite des gros vaisseaux qui peut engager le pronostic fonctionnel et/ou vital. La corticothérapie est le traitement historique et de référence de l’ACG mais elle est associée à un risque de rechute élevé et de nombreux effets indésirables. Le développement de stratégies d’épargne cortisonique est donc indispensable afin d’améliorer la prise en charge des patients. Le Tocilizumab, une biothérapie dirigée contre les récepteurs solubles et membranaires de l’IL-6, est le seul traitement d’épargne cortisonique à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. Malgré son succès et son efficacité dans l’ACG, beaucoup de questions persistent concernant son utilisation, notamment sur la durée de prescription et les modalités optimales de sevrage du traitement. En effet, les différentes données disponibles dans la littérature mettent en évidence un taux de rechute élevé de l’ordre de 50 % après l’arrêt du Tocilizumab. La sémiologie des rechutes et leurs facteurs prédictifs divergent d’une étude à l’autre. De plus, les données réelles sur l’utilisation du Tocilizumab en pratique clinique sont rares, notamment concernant la question du sevrage.
Matériels et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique au cours de laquelle ont été recueillis les profils évolutifs de patients atteints d’ACG traités par Tocilizumab pendant un an ou plus entre 2013 et 2022, c’est-à-dire les patients chez qui la question du sevrage en Tocilizumab pouvait être évoquée, en portant une attention particulière au taux de rechute à son arrêt et aux facteurs associés à la rechute.
Résultats
Soixante patients ont été inclus. La durée médiane de traitement par Tocilizumab était de 33 mois (20–55,5). Quarante-trois patients (71,7 %) ont bénéficié d’une décision de sevrage du Tocilizumab après une durée médiane de traitement de 18 mois (12,5–25,5). Parmi eux, vingt-six (60,5 %) ont été sevrés du Tocilizumab avec succès après une durée médiane de traitement de 26 mois (17,7–47,5), soit 43,3 % de l’ensemble des patients inclus. Cependant, près d’un patient sur deux (53,8 %) rechutait après l’arrêt du Tocilizumab, avec une médiane de survie sans rechute de huit mois, et le Tocilizumab était repris dans 85,7 % des cas. Un seul patient présentait une rechute sévère. Au total, seulement 20 % des patients inclus ont pu obtenir un sevrage prolongé du Tocilizumab sans rechute jusqu’à la fin de l’étude. Le facteur significativement associé à la rechute après l’arrêt du Tocilizumab était l’initiation du Tocilizumab dès le diagnostic (p < 0,001). On retrouvait également une tendance à la rechute pour le sexe féminin (p = 0,07) et l’absence de sevrage de la corticothérapie lors de la décision de sevrage du Tocilizumab (p = 0,06). La présentation clinique au diagnostic d’ACG, l’indication, la voie d’administration, la durée et les modalités d’arrêt du traitement par Tocilizumab n’étaient pas associées à la rechute.
Conclusion
Ces résultats mettent en lumière des difficultés de sevrage du Tocilizumab en soins courants avec moins d’un patient sur deux sevré au décours de l’étude et un risque de rechute élevé et rapide malgré un traitement prolongé par Tocilizumab en cas de sevrage. Néanmoins, un seul patient présentait une rechute sévère. D’autres schémas thérapeutiques et d’autres stratégies d’épargnes cortisoniques doivent ainsi être évalués grâce à l’amélioration des connaissances sur les mécanismes physiopathologiques impliqués dans l’ACG et pourraient constituer une alternative au Tocilizumab en prévention du risque de rechute ou de difficultés de sevrage du Tocilizumab dans les prochaines années.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.