L. Rami Arab , M. Montaudon , A. Bérard , G. Lacape , M.A. Barbet-Massin , L. Blanco , N. Foussard , A. Larroumet , K. Mohammedi , R. Vincent
{"title":"低蛋白血症预测糖尿病受试者的不良进展。它是否与类型、持续时间、控制和并发症有关?","authors":"L. Rami Arab , M. Montaudon , A. Bérard , G. Lacape , M.A. Barbet-Massin , L. Blanco , N. Foussard , A. Larroumet , K. Mohammedi , R. Vincent","doi":"10.1016/j.nupar.2023.03.084","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction et but de l’étude</h3><p>L’hypoalbuminémie est associée à des complications du diabète, telles que les hypoglycémies, les cétoses, la sarcopénie, la neuropathie périphérique, les maux perforant, la néphropathie diabétique ou encore associée à des taux de mortalité plus élevés chez les patients hospitalisés ou atteints de coronaropathie. L’albumine sérique est généralement considérée comme un marqueur de l’état nutritionnel, avec un intérêt particulier pour les sujets en perte de poids involontaire : dans leur cas, les récentes recommandations des sociétés françaises de nutrition la considèrent comme un marqueur de dénutrition sévère lorsque l’albumine est inférieure à 30<!--> <!-->g/L. La diminution de l’albumine sérique peut, néanmoins, résulter d’autres causes : diminution de la synthèse hépatique dans la cirrhose, augmentation des pertes sous forme d’albuminurie, et fuite interstitielle due à une augmentation de la perméabilité vasculaire dans les états inflammatoires, qui peuvent toutes se produire chez les sujets diabétiques. La question de savoir si le diabète peut, par lui-même, favoriser l’hypoalbuminémie semble plus discutable : le diabète de type 2 le plus fréquent peut, en effet, être prédit à partir de l’hyperalbuminémie. La synthèse d’albumine répond normalement à l’insuline dans le diabète de type 2, mais elle diminue en cas de carence en insuline, ce qui peut être traité. Dans un diabète mal contrôlé, la glycation de l’albumine peut également modifier sa vitesse d’échappement du plasma. Nous ne savons pas si les taux d’albumine diffèrent selon le type, la durée, les complications et le contrôle du diabète, ce qui semble intéressant pour les cliniciens qui prennent en charge des patients non contrôlés et en perte de poids. Dans notre étude, nous avons mesuré les niveaux d’albumine plasmatique chez ces patients présentant une perte de poids récente et un diabète non contrôlé, puis analysé ses associations avec les caractéristiques de leur diabète, en tenant compte de l’ampleur de la perte de poids, de l’inflammation, de l’état hépatique et rénal.</p></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><p>Le taux d’albumine plasmatique a été dosé chez des sujets hospitalisés dans notre service de diabétologie de 2010 à 2019 pour une perte de poids inattendue. Tous ont subi un entretien et un examen clinique, une recherche de cancer par scanner et ont été contrôlés pour des complications diabétiques chroniques. 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La diminution de l’albumine sérique peut, néanmoins, résulter d’autres causes : diminution de la synthèse hépatique dans la cirrhose, augmentation des pertes sous forme d’albuminurie, et fuite interstitielle due à une augmentation de la perméabilité vasculaire dans les états inflammatoires, qui peuvent toutes se produire chez les sujets diabétiques. La question de savoir si le diabète peut, par lui-même, favoriser l’hypoalbuminémie semble plus discutable : le diabète de type 2 le plus fréquent peut, en effet, être prédit à partir de l’hyperalbuminémie. La synthèse d’albumine répond normalement à l’insuline dans le diabète de type 2, mais elle diminue en cas de carence en insuline, ce qui peut être traité. Dans un diabète mal contrôlé, la glycation de l’albumine peut également modifier sa vitesse d’échappement du plasma. Nous ne savons pas si les taux d’albumine diffèrent selon le type, la durée, les complications et le contrôle du diabète, ce qui semble intéressant pour les cliniciens qui prennent en charge des patients non contrôlés et en perte de poids. Dans notre étude, nous avons mesuré les niveaux d’albumine plasmatique chez ces patients présentant une perte de poids récente et un diabète non contrôlé, puis analysé ses associations avec les caractéristiques de leur diabète, en tenant compte de l’ampleur de la perte de poids, de l’inflammation, de l’état hépatique et rénal.</p></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><p>Le taux d’albumine plasmatique a été dosé chez des sujets hospitalisés dans notre service de diabétologie de 2010 à 2019 pour une perte de poids inattendue. Tous ont subi un entretien et un examen clinique, une recherche de cancer par scanner et ont été contrôlés pour des complications diabétiques chroniques. 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L’hypoalbuminémie prédit une évolution défavorable chez les sujets diabétiques. Est-elle liée à son type, sa durée, son contrôle et ses complications ?
Introduction et but de l’étude
L’hypoalbuminémie est associée à des complications du diabète, telles que les hypoglycémies, les cétoses, la sarcopénie, la neuropathie périphérique, les maux perforant, la néphropathie diabétique ou encore associée à des taux de mortalité plus élevés chez les patients hospitalisés ou atteints de coronaropathie. L’albumine sérique est généralement considérée comme un marqueur de l’état nutritionnel, avec un intérêt particulier pour les sujets en perte de poids involontaire : dans leur cas, les récentes recommandations des sociétés françaises de nutrition la considèrent comme un marqueur de dénutrition sévère lorsque l’albumine est inférieure à 30 g/L. La diminution de l’albumine sérique peut, néanmoins, résulter d’autres causes : diminution de la synthèse hépatique dans la cirrhose, augmentation des pertes sous forme d’albuminurie, et fuite interstitielle due à une augmentation de la perméabilité vasculaire dans les états inflammatoires, qui peuvent toutes se produire chez les sujets diabétiques. La question de savoir si le diabète peut, par lui-même, favoriser l’hypoalbuminémie semble plus discutable : le diabète de type 2 le plus fréquent peut, en effet, être prédit à partir de l’hyperalbuminémie. La synthèse d’albumine répond normalement à l’insuline dans le diabète de type 2, mais elle diminue en cas de carence en insuline, ce qui peut être traité. Dans un diabète mal contrôlé, la glycation de l’albumine peut également modifier sa vitesse d’échappement du plasma. Nous ne savons pas si les taux d’albumine diffèrent selon le type, la durée, les complications et le contrôle du diabète, ce qui semble intéressant pour les cliniciens qui prennent en charge des patients non contrôlés et en perte de poids. Dans notre étude, nous avons mesuré les niveaux d’albumine plasmatique chez ces patients présentant une perte de poids récente et un diabète non contrôlé, puis analysé ses associations avec les caractéristiques de leur diabète, en tenant compte de l’ampleur de la perte de poids, de l’inflammation, de l’état hépatique et rénal.
Matériel et méthodes
Le taux d’albumine plasmatique a été dosé chez des sujets hospitalisés dans notre service de diabétologie de 2010 à 2019 pour une perte de poids inattendue. Tous ont subi un entretien et un examen clinique, une recherche de cancer par scanner et ont été contrôlés pour des complications diabétiques chroniques. Par régression binaire multivariée, nous avons analysé les déterminants de l’hypoalbuminémie (< 38 g/L) ou de la dénutrition sévère (perte de poids et albumine < 30 g/L).
Résultats et analyses statistiques
Les 334 sujets étaient principalement des hommes (60,5 %), âgés de 59 ± 12 ans. Ils avaient récemment perdu −3,8 kg/3 mois (IQR : −5,0, −1,5). La plupart des diabètes étaient de type 2 : 78,7 % (type 1 : 15,3 %, type 3, pancréatique : 6,0 %), avec une durée de diabète de 5 ans (IQR : 0–13), mal contrôlés : HBA1c 10,5 ± 2,8 %. L’albuminémie moyenne était de 37,6 ± 5,1 g/L (médiane : 38,5 g/L, IQR : 34,8–41,1). L’hypoalbuminémie était présente chez 151 sujets (45,2 %), liée à l’âge, au sexe féminin, à la cirrhose hépatique, à la protéine C-réactive, à l’HbA1c (HR : 4,3, 95 %CI : 2,0–9,2 pour HbA1c > 12,4 %), et à une durée élevée du diabète (HR : 2,0, 95 %CI : 1,0–4,6 pour durée > 13 ans). Une dénutrition sévère était présente chez 26 sujets (7,8 %), également liée à la protéine C-réactive, à l’HbA1c, à une durée élevée du diabète et au diabète pancréatique (HR : 2,2, 95 %CI : 1,1–4,3). Le taux d’albumine était significativement plus bas (−2 g/L) chez les sujets atteints de rétinopathie et de neuropathie diabétiques. Après ajustement pour l’âge, le sexe, la durée du diabète et l’HbA1c, l’hypoalbuminémie (< 38 g/L) était liée à la neuropathie (HR : 2,3, 95 %CI : 1,3–3,9).
Conclusion
Chez les sujets diabétiques hospitalisés pour perte de poids, l’hypoalbuminémie et la dénutrition sévère sont liées à un diabète ancien, mal contrôlé, notamment pancréatique, et à une neuropathie diabétique.
期刊介绍:
Nutrition Clinique et Métabolisme is the journal of the French-speaking Society of Enteral and Parenteral Nutrition. Associating clinicians, biologists, pharmacists, and fundamentalists, the articles presented in the journal concern man and animals, and deal with organs and cells. The goal is a better understanding of the effects of artificial nutrition and human metabolism. Original articles, general reviews, update articles, technical notes and communications are published, as well as editorials and case reports.