{"title":"社交媒体的发明?","authors":"B. Gray","doi":"10.1017/ahss.2023.1","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Résumé Cet article applique à la Grèce antique une approche développée par Pierre Rosanvallon : l’intégration des textes philosophiques aux documents du quotidien pour mieux saisir la compréhension qu’une société a de sa vie politique. Ici, cela nécessite de se concentrer sur les sources plus pragmatiques que sont les inscriptions des villes, notamment celles portant sur les décisions civiques. Nous nous penchons sur l’évolution des idées sur la nature de la vie politique et privée, et surtout sur l’espace qui les sépare. Avec une influence considérable, les démocrates et les philosophes de l’Athènes classique ont eu tendance à insister sur une distinction binaire nette entre vie publique/politique et vie privée, laissant peu de place à la notion d’un troisième espace intermédiaire de la vie de la polis, semblable à une « sphère sociale » ou à une « société civile ». Ce modèle est resté dominant pendant les périodes hellénistique et romaine, mais, surtout après 150 av. J.-C. environ, certains citoyens et intellectuels grecs ont développé, principalement dans les inscriptions, une notion beaucoup plus explicite, complexe et subtile de « vie sociale », entre la politique et la vie privée. L’article s’interroge finalement sur ce que les différents concepts antiques discutés peuvent apporter aux débats historiographiques actuels sur la nature de la cité grecque après 150 av. J.-C., en particulier sur la manière de dépasser l’image traditionnelle de la « dépolitisation », et remet également en question le récit orthodoxe du développement des idées du « social » sur plusieurs siècles jusqu’à aujourd’hui.","PeriodicalId":35258,"journal":{"name":"Annales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"5","resultStr":"{\"title\":\"L’invention du social ?\",\"authors\":\"B. Gray\",\"doi\":\"10.1017/ahss.2023.1\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Résumé Cet article applique à la Grèce antique une approche développée par Pierre Rosanvallon : l’intégration des textes philosophiques aux documents du quotidien pour mieux saisir la compréhension qu’une société a de sa vie politique. Ici, cela nécessite de se concentrer sur les sources plus pragmatiques que sont les inscriptions des villes, notamment celles portant sur les décisions civiques. Nous nous penchons sur l’évolution des idées sur la nature de la vie politique et privée, et surtout sur l’espace qui les sépare. Avec une influence considérable, les démocrates et les philosophes de l’Athènes classique ont eu tendance à insister sur une distinction binaire nette entre vie publique/politique et vie privée, laissant peu de place à la notion d’un troisième espace intermédiaire de la vie de la polis, semblable à une « sphère sociale » ou à une « société civile ». Ce modèle est resté dominant pendant les périodes hellénistique et romaine, mais, surtout après 150 av. J.-C. environ, certains citoyens et intellectuels grecs ont développé, principalement dans les inscriptions, une notion beaucoup plus explicite, complexe et subtile de « vie sociale », entre la politique et la vie privée. L’article s’interroge finalement sur ce que les différents concepts antiques discutés peuvent apporter aux débats historiographiques actuels sur la nature de la cité grecque après 150 av. J.-C., en particulier sur la manière de dépasser l’image traditionnelle de la « dépolitisation », et remet également en question le récit orthodoxe du développement des idées du « social » sur plusieurs siècles jusqu’à aujourd’hui.\",\"PeriodicalId\":35258,\"journal\":{\"name\":\"Annales\",\"volume\":null,\"pages\":null},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2022-12-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"5\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Annales\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1017/ahss.2023.1\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"Q2\",\"JCRName\":\"Arts and Humanities\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1017/ahss.2023.1","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q2","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
Résumé Cet article applique à la Grèce antique une approche développée par Pierre Rosanvallon : l’intégration des textes philosophiques aux documents du quotidien pour mieux saisir la compréhension qu’une société a de sa vie politique. Ici, cela nécessite de se concentrer sur les sources plus pragmatiques que sont les inscriptions des villes, notamment celles portant sur les décisions civiques. Nous nous penchons sur l’évolution des idées sur la nature de la vie politique et privée, et surtout sur l’espace qui les sépare. Avec une influence considérable, les démocrates et les philosophes de l’Athènes classique ont eu tendance à insister sur une distinction binaire nette entre vie publique/politique et vie privée, laissant peu de place à la notion d’un troisième espace intermédiaire de la vie de la polis, semblable à une « sphère sociale » ou à une « société civile ». Ce modèle est resté dominant pendant les périodes hellénistique et romaine, mais, surtout après 150 av. J.-C. environ, certains citoyens et intellectuels grecs ont développé, principalement dans les inscriptions, une notion beaucoup plus explicite, complexe et subtile de « vie sociale », entre la politique et la vie privée. L’article s’interroge finalement sur ce que les différents concepts antiques discutés peuvent apporter aux débats historiographiques actuels sur la nature de la cité grecque après 150 av. J.-C., en particulier sur la manière de dépasser l’image traditionnelle de la « dépolitisation », et remet également en question le récit orthodoxe du développement des idées du « social » sur plusieurs siècles jusqu’à aujourd’hui.
期刊介绍:
Fondée en 1929 par March Bloch et Lucien Febvre, les Annales illustrent, au-delà de ce prestigieux héritage, la recherche historique dans ce qu’elle a de plus innovant. Nouveaux domaines de la recherche et histoire comparée, ouverture sur les aires culturelles et réflexion épistémologique, signatures prestigieuses et jeunes historiens définissent l’esprit des Annales, revue d’histoire par excellence, dont le rayonnement est international. Au-delà de la discipline historique, les Annales jouent un rôle important dans le champ des sciences sociales et sont le lieu privilégié d"un dialogue raisonné entre les différentes sciences de l"homme.