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Tantale et Méduse : allégories de la curiosité dévorante dans The Faerie Queene (Edmund Spenser, 1590)
Les figures mythologiques de Tantale et de Meduse representent deux formes de curiosite dans lesquelles la transgression est indissociable de la punition. Pour s’etre vante de connaitre les secrets des dieux, Tantale est condamne a devoir sans cesse desirer le fruit qui se derobe, l’eau qui s’echappe. Quant a Meduse, elle punit par la petrification les curieux qui osent la regarder en face. Parce que le châtiment de ces deux vaniteux est egalement lie a la devoration, Spenser en fait des allegories de la curiosite devorante dans The Faerie Queene (1590). Ces deux figures incarnent la meme question, centrale dans le poeme : comment posseder ? Cette question place le couple forme par la curiosite et la vanite au cœur d’un enjeu essentiel pour le poete protestant qu’est Spenser, le rapport entre le libre arbitre et la responsabilite. Tantale et Meduse, figures de la devoration frustree, se presentent d’abord comme deux types d’emblemes appartenant a la meme iconographie de la curiosite. Toutefois, leur opposition dans le domaine moral s’affirme a travers leur relation au desir sexuel : face a un Tantale avare, la figure rehabilitee de Meduse permet de promouvoir la legitimite du desir de voir et de toucher, de devorer par la vue. Dans le cadre d’une eschatologie de la curiosite, cette opposition se renforce lorsque se raffine la distinction entre vanite et curiosite.