Certains réseaux sociaux numériques, comme Facebook, Twitter, Instagram ou Google+ par exemple, offrent la possibilité de se connecter à des contacts aussi bien professionnels que personnels, et de partager des informations (messages, photos, vidéos, etc.) relevant des deux domaines. Les cercles sociaux d’un individu, qui sont largement segmentés dans la vie courante, entrent ainsi en collision sur les réseaux sociaux numériques, avec des conséquences parfois très bénéfiques, et parfois très néfastes pour les relations interpersonnelles et pour les réputations professionnelles. Cet article propose une analyse conceptuelle de la gestion des frontières entre identités professionnelle et personnelle sur les réseaux sociaux numériques comme étant une compétence numérique et une forme de capital culturel technologique à la Bourdieu (1979). Dans un premier temps, l’article définit la gestion des frontières entre rôles et identités comme une compétence à part entière. Ensuite, il présente les spécificités des interactions médiées publiques sur les réseaux sociaux numériques par rapport aux interactions directes et aux interactions médiées privées ; ces spécificités impliquent que la compétence de gestion des frontières doit être transposée à la sphère numérique. L’article se poursuit en illustrant cette nouvelle compétence numérique par la présentation d’une typologie de quatre stratégies de gestion des frontières entre identités professionnelle et personnelle sur les réseaux sociaux numériques. Enfin, l’article analyse la compétence numérique de gestion des frontières en ligne comme une forme de capital culturel incorporé et, plus précisément, comme un capital culturel technologique qui agit en tant que capital symbolique permettant de construire et de développer le capital social d’un individu.
{"title":"La compétence numérique de gestion des frontières sur les réseaux sociaux numériques : un capital culturel technologique à la Bourdieu","authors":"Ariane Ollier-Malaterre","doi":"10.7202/1056307AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1056307AR","url":null,"abstract":"Certains réseaux sociaux numériques, comme Facebook, Twitter, Instagram ou Google+ par exemple, offrent la possibilité de se connecter à des contacts aussi bien professionnels que personnels, et de partager des informations (messages, photos, vidéos, etc.) relevant des deux domaines. Les cercles sociaux d’un individu, qui sont largement segmentés dans la vie courante, entrent ainsi en collision sur les réseaux sociaux numériques, avec des conséquences parfois très bénéfiques, et parfois très néfastes pour les relations interpersonnelles et pour les réputations professionnelles. Cet article propose une analyse conceptuelle de la gestion des frontières entre identités professionnelle et personnelle sur les réseaux sociaux numériques comme étant une compétence numérique et une forme de capital culturel technologique à la Bourdieu (1979). Dans un premier temps, l’article définit la gestion des frontières entre rôles et identités comme une compétence à part entière. Ensuite, il présente les spécificités des interactions médiées publiques sur les réseaux sociaux numériques par rapport aux interactions directes et aux interactions médiées privées ; ces spécificités impliquent que la compétence de gestion des frontières doit être transposée à la sphère numérique. L’article se poursuit en illustrant cette nouvelle compétence numérique par la présentation d’une typologie de quatre stratégies de gestion des frontières entre identités professionnelle et personnelle sur les réseaux sociaux numériques. Enfin, l’article analyse la compétence numérique de gestion des frontières en ligne comme une forme de capital culturel incorporé et, plus précisément, comme un capital culturel technologique qui agit en tant que capital symbolique permettant de construire et de développer le capital social d’un individu.","PeriodicalId":426631,"journal":{"name":"Section 2 – Les nouveaux espaces et les nouvelles temporalités : flexibilisation, invisibilité et brouillage des frontières","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-02-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130358173","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le développement de la santé mobile en Belgique fait partie intégrante du Plan d’action e-Santé 2013-2018. Un projet pilote de télésurveillance de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) s’est déroulé en 2017 sous l’impulsion de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI). Le dispositif met en lien une tablette et des objets connectés, une équipe hospitalière, des patients, des médecins généralistes et une firme privée. La présence de ce dernier actant au sein du réseau sociotechnique (Akrich, 2006a, 2006b ; Callon, 2006) fait toute l’originalité du projet et crée une double médiation, induite à la fois par le dispositif mobile et par les agents de l’opérateur privé. Grâce à une méthode de récolte de données qualitatives alliant entretiens, observations (participantes ou non) et analyses documentaires, nous montrerons comment les actants dévient du script inscrit dans le dispositif technique, mais aussi dans le protocole médical et le manuel d’utilisateur. La double médiation empêche les patients de devenir de véritables agents diagnostiques (Oudshoorn, 2008) et la méfiance (Marzano, 2010) grandissante au sein du système provoque un effet de surveillance mutuelle qui empêchera, à terme, la normalisation du dispositif (Nicolini, 2010).
{"title":"La santé mobile en Belgique : le cas de la télésurveillance de la broncho-pneumopathie chronique obstructive","authors":"Cynthia Slomian, F. Schoenaers","doi":"10.7202/1056309AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1056309AR","url":null,"abstract":"Le développement de la santé mobile en Belgique fait partie intégrante du Plan d’action e-Santé 2013-2018. Un projet pilote de télésurveillance de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) s’est déroulé en 2017 sous l’impulsion de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI). Le dispositif met en lien une tablette et des objets connectés, une équipe hospitalière, des patients, des médecins généralistes et une firme privée. La présence de ce dernier actant au sein du réseau sociotechnique (Akrich, 2006a, 2006b ; Callon, 2006) fait toute l’originalité du projet et crée une double médiation, induite à la fois par le dispositif mobile et par les agents de l’opérateur privé. Grâce à une méthode de récolte de données qualitatives alliant entretiens, observations (participantes ou non) et analyses documentaires, nous montrerons comment les actants dévient du script inscrit dans le dispositif technique, mais aussi dans le protocole médical et le manuel d’utilisateur. La double médiation empêche les patients de devenir de véritables agents diagnostiques (Oudshoorn, 2008) et la méfiance (Marzano, 2010) grandissante au sein du système provoque un effet de surveillance mutuelle qui empêchera, à terme, la normalisation du dispositif (Nicolini, 2010).","PeriodicalId":426631,"journal":{"name":"Section 2 – Les nouveaux espaces et les nouvelles temporalités : flexibilisation, invisibilité et brouillage des frontières","volume":"45 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-02-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128772991","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le travail mobile ne peut pas être simplement exécuté « n’importe où, n’importe quand », puisqu’il implique aussi du méta-travail afin de mobiliser les ressources nécessaires à son accomplissement, et de faire face aux contraintes liées à l’environnement et aux contextes temporel et social dans lesquels il s’insère. Bien que la littérature antérieure issue des champs de la sociologie du travail, de la communication et du travail coopératif assisté par ordinateur ait déjà documenté certaines formes de méta-travail, telles que le travail d’articulation, aucun écrit ne s’est penché sur les particularités associées au nomadisme numérique, qui est une forme extrême de travail mobile permettant aux professionnels d’allier leur intérêt pour le voyage à la possibilité de travailler à distance. Dans cet article, nous présentons cinq formes de méta-travail que nous avons catégorisées en fonction de trois finalités, soit : 1) rendre le site et le mode de travail nomade effectif ; 2) assurer la coordination avec les autres et la continuité du travail à travers différents lieux, moments et projets ; et 3) fonctionner en terre étrangère et voyager. Pour chaque forme de méta-travail, nous détaillons les activités individuelles et interactionnelles impliquées. Bien que le méta-travail ne soit pas exclusif à ce type de travailleurs, il revêt un caractère « cumulatif » pour les nomades numériques, ce qui en accroît l’intensité, et soulève des questions relatives à l’invisibilité et à la responsabilité des activités qui y sont associées.
{"title":"Caractériser le méta-travail des nomades numériques : un préalable à l’identification des compétences requises","authors":"C. Bonneau","doi":"10.7202/1056308AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1056308AR","url":null,"abstract":"Le travail mobile ne peut pas être simplement exécuté « n’importe où, n’importe quand », puisqu’il implique aussi du méta-travail afin de mobiliser les ressources nécessaires à son accomplissement, et de faire face aux contraintes liées à l’environnement et aux contextes temporel et social dans lesquels il s’insère. Bien que la littérature antérieure issue des champs de la sociologie du travail, de la communication et du travail coopératif assisté par ordinateur ait déjà documenté certaines formes de méta-travail, telles que le travail d’articulation, aucun écrit ne s’est penché sur les particularités associées au nomadisme numérique, qui est une forme extrême de travail mobile permettant aux professionnels d’allier leur intérêt pour le voyage à la possibilité de travailler à distance. Dans cet article, nous présentons cinq formes de méta-travail que nous avons catégorisées en fonction de trois finalités, soit : 1) rendre le site et le mode de travail nomade effectif ; 2) assurer la coordination avec les autres et la continuité du travail à travers différents lieux, moments et projets ; et 3) fonctionner en terre étrangère et voyager. Pour chaque forme de méta-travail, nous détaillons les activités individuelles et interactionnelles impliquées. Bien que le méta-travail ne soit pas exclusif à ce type de travailleurs, il revêt un caractère « cumulatif » pour les nomades numériques, ce qui en accroît l’intensité, et soulève des questions relatives à l’invisibilité et à la responsabilité des activités qui y sont associées.","PeriodicalId":426631,"journal":{"name":"Section 2 – Les nouveaux espaces et les nouvelles temporalités : flexibilisation, invisibilité et brouillage des frontières","volume":"170 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-02-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114465606","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}