Cet article a pour objectif d’appréhender, en Corée du Sud, l’impact des prestations monétaires de l’Assurance de soins de longue durée (ASLD) sur les aides-soignantes familiales (ASF) et de réfléchir au sens que revêt le cash-for-care dans une société en pleine mutation entre « tradition » et « modernité ». Nous avons effectué une analyse secondaire à partir des données d’entretiens qualitatifs avec les aidantes principales (belles-filles et filles) menés dans le cadre d’une recherche doctorale. S’appuyant sur les contextes coréens et les mécanismes de « modernisation accompagnée du familialisme » induits par la « modernité comprimée », l’article montre le vécu des ASF lié au cash-for-care concernant l’acquisition de compétences professionnelles, un fort sentiment de responsabilité, une relation ambiguë à la rémunération. Nous avons constaté que la rémunération versée aux ASF ne pourra pas facilement modifier le lien familial dans le contexte où des biens, des services ainsi que de l’hospitalité circulent au sein de la parenté. Compte tenu du fait que le travail de soin dans la sphère privée était auparavant invisible, devenir ASF satisfait à la fois aux normes traditionnelles, modernes et marchandes. Cependant, si l’obtention du diplôme d’AS permet une forme de reconnaissance, cela contribue à alourdir la tâche des ASF.
{"title":"Être une « aide-soignante familiale » en Corée du Sud : entre tradition et modernité","authors":"Yoon-Seok Oh","doi":"10.3917/gs1.172.0045","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0045","url":null,"abstract":"Cet article a pour objectif d’appréhender, en Corée du Sud, l’impact des prestations monétaires de l’Assurance de soins de longue durée (ASLD) sur les aides-soignantes familiales (ASF) et de réfléchir au sens que revêt le cash-for-care dans une société en pleine mutation entre « tradition » et « modernité ». Nous avons effectué une analyse secondaire à partir des données d’entretiens qualitatifs avec les aidantes principales (belles-filles et filles) menés dans le cadre d’une recherche doctorale. S’appuyant sur les contextes coréens et les mécanismes de « modernisation accompagnée du familialisme » induits par la « modernité comprimée », l’article montre le vécu des ASF lié au cash-for-care concernant l’acquisition de compétences professionnelles, un fort sentiment de responsabilité, une relation ambiguë à la rémunération. Nous avons constaté que la rémunération versée aux ASF ne pourra pas facilement modifier le lien familial dans le contexte où des biens, des services ainsi que de l’hospitalité circulent au sein de la parenté. Compte tenu du fait que le travail de soin dans la sphère privée était auparavant invisible, devenir ASF satisfait à la fois aux normes traditionnelles, modernes et marchandes. Cependant, si l’obtention du diplôme d’AS permet une forme de reconnaissance, cela contribue à alourdir la tâche des ASF.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"36 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183850","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article interroge l’innovation en coordination gérontologique via un système d’information dédié. Nous questionnons la mise en réseau des acteurs du sanitaire, social et médico-social, sous l’angle du développement d’une interprofessionnalité, se définissant par un fonctionnement démocratique des équipes, dans le respect des minorités. Nous questionnons plus particulièrement la place accordée aux métiers du care dans un milieu défini comme centré sur le travail curatif. L’analyse quantitative des échanges en ligne nous indique une très nette sous-représentation des actrices de l’accompagnement. Nous observons en revanche le renforcement de la fonction d’auxiliaire de vie coordinatrice, en charge sur un mi-temps de la coordination des interventions de leurs collègues. Nous proposons de les désigner en tant que « quasi-professionnelles », mobilisant des compétences avancées en termes d’échanges en équipes de soins élargies, sans pouvoir bénéficier du statut socialement valorisé de professionnelles. Elles font part des négociations de l’autonomie réalisées à domicile par leurs collègues et elles-mêmes, participant à la mise en visibilité du « travail invisible » du care .
{"title":"Évolutions d’un métier du care dans l’innovation en coordination gérontologique","authors":"Christophe Humbert","doi":"10.3917/gs1.172.0115","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0115","url":null,"abstract":"Cet article interroge l’innovation en coordination gérontologique via un système d’information dédié. Nous questionnons la mise en réseau des acteurs du sanitaire, social et médico-social, sous l’angle du développement d’une interprofessionnalité, se définissant par un fonctionnement démocratique des équipes, dans le respect des minorités. Nous questionnons plus particulièrement la place accordée aux métiers du care dans un milieu défini comme centré sur le travail curatif. L’analyse quantitative des échanges en ligne nous indique une très nette sous-représentation des actrices de l’accompagnement. Nous observons en revanche le renforcement de la fonction d’auxiliaire de vie coordinatrice, en charge sur un mi-temps de la coordination des interventions de leurs collègues. Nous proposons de les désigner en tant que « quasi-professionnelles », mobilisant des compétences avancées en termes d’échanges en équipes de soins élargies, sans pouvoir bénéficier du statut socialement valorisé de professionnelles. Elles font part des négociations de l’autonomie réalisées à domicile par leurs collègues et elles-mêmes, participant à la mise en visibilité du « travail invisible » du care .","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"81 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183116","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) publics de la province du Québec (Canada) ont été durement frappés au début 2020 par la pandémie de la Covid-19. Beaucoup de préposées aux bénéficiaires, en première ligne pour fournir des soins d’assistance aux résidents, furent contaminées par le virus, ou ont décidé de quitter leur emploi. Ceci a conduit à des enjeux majeurs en termes de démissions, d’absentéisme et de remplacement notamment lors des quarantaines obligatoires. Plus globalement, la pandémie a permis de mettre en lumière l’enjeu majeur de la faible rétention des préposées en emploi durant leurs cinq premières années d’expérience. Cet enjeu ne date pas de la pandémie, mais a été largement exacerbé par celle-ci. Avant même la pandémie, près de six préposées sur dix d’une cohorte avaient quitté leur emploi cinq ans après leur intégration. De fait, nous présentons dans cet article les facteurs de politiques publiques et organisationnels qui peuvent avoir une incidence dans le choix des préposées de quitter leur emploi, en proposant des recommandations aux gestionnaires de ces établissements et aux responsables du ministère de la Santé et des services sociaux du Québec. Nous mettons plus particulièrement l’emphase sur la précarité de l’emploi (volet politiques publiques) et la fragilisation de la santé au travail des préposées liée à l’intensification de la charge de travail (volet organisationnel), qui nous semblent les deux facteurs prédominants.
{"title":"Comment retenir les préposées dans les organisations gériatriques au Québec ?","authors":"F. Aubry","doi":"10.3917/gs1.172.0079","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0079","url":null,"abstract":"Les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) publics de la province du Québec (Canada) ont été durement frappés au début 2020 par la pandémie de la Covid-19. Beaucoup de préposées aux bénéficiaires, en première ligne pour fournir des soins d’assistance aux résidents, furent contaminées par le virus, ou ont décidé de quitter leur emploi. Ceci a conduit à des enjeux majeurs en termes de démissions, d’absentéisme et de remplacement notamment lors des quarantaines obligatoires. Plus globalement, la pandémie a permis de mettre en lumière l’enjeu majeur de la faible rétention des préposées en emploi durant leurs cinq premières années d’expérience. Cet enjeu ne date pas de la pandémie, mais a été largement exacerbé par celle-ci. Avant même la pandémie, près de six préposées sur dix d’une cohorte avaient quitté leur emploi cinq ans après leur intégration. De fait, nous présentons dans cet article les facteurs de politiques publiques et organisationnels qui peuvent avoir une incidence dans le choix des préposées de quitter leur emploi, en proposant des recommandations aux gestionnaires de ces établissements et aux responsables du ministère de la Santé et des services sociaux du Québec. Nous mettons plus particulièrement l’emphase sur la précarité de l’emploi (volet politiques publiques) et la fragilisation de la santé au travail des préposées liée à l’intensification de la charge de travail (volet organisationnel), qui nous semblent les deux facteurs prédominants.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"22 22","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183923","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Confronté au changement démographique, le canton de Neuchâtel (Suisse) lance en 2012 une réforme socio-sanitaire visant à développer les possibilités de vieillissement à domicile. Accompagnée d’une reconfiguration importante du réseau de soins, d’aide et d’accompagnement des personnes âgées, cette réforme requiert la collaboration entre personnes et institutions impliquées. Mais en quoi consiste exactement cette collaboration, sur quels objets porte-t-elle et quelles sont les conditions qui la favorisent ? Abordant ces questions du point de vue de la psychologie socioculturelle et autres approches apparentées, nous mettons l’accent sur le travail d’articulation nécessaire à la cohérence des activités des personnes et institutions impliquées dans le réseau, et sur les tensions qui s’exercent entre ces activités. Nous examinons les conditions qui permettent à ces tensions de renforcer le pouvoir d’agir des diverses intervenantes. Nous présentons une étude de terrain qui, recourant à une méthodologie compréhensive (entretiens, observations et recherche documentaire), suit la mise en œuvre de cette réforme. Après avoir décrit l’hétérogénéité du réseau mis en place, nous rapportons une série d’exemples qui illustrent certaines tensions entre activités et pointent quelques obstacles au travail d’articulation. En conclusion, nous soulignons l’importance de développer les conditions qui favorisent le travail d’articulation et permettent à chaque personne impliquée de faire face aux aléas du travail et d’élargir son pouvoir d’agir. C’est dire que le travail d’articulation contribue au fonctionnement du réseau et, plus largement, à la mise en place de la réforme, et ceci au même titre que le développement de nouvelles structures et institutions.
{"title":"La collaboration, enjeu d’une réforme de politique cantonale du vieillissement","authors":"Fabienne Gfeller, Michèle Grossen, Tania Zittoun","doi":"10.3917/gs1.172.0097","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0097","url":null,"abstract":"Confronté au changement démographique, le canton de Neuchâtel (Suisse) lance en 2012 une réforme socio-sanitaire visant à développer les possibilités de vieillissement à domicile. Accompagnée d’une reconfiguration importante du réseau de soins, d’aide et d’accompagnement des personnes âgées, cette réforme requiert la collaboration entre personnes et institutions impliquées. Mais en quoi consiste exactement cette collaboration, sur quels objets porte-t-elle et quelles sont les conditions qui la favorisent ? Abordant ces questions du point de vue de la psychologie socioculturelle et autres approches apparentées, nous mettons l’accent sur le travail d’articulation nécessaire à la cohérence des activités des personnes et institutions impliquées dans le réseau, et sur les tensions qui s’exercent entre ces activités. Nous examinons les conditions qui permettent à ces tensions de renforcer le pouvoir d’agir des diverses intervenantes. Nous présentons une étude de terrain qui, recourant à une méthodologie compréhensive (entretiens, observations et recherche documentaire), suit la mise en œuvre de cette réforme. Après avoir décrit l’hétérogénéité du réseau mis en place, nous rapportons une série d’exemples qui illustrent certaines tensions entre activités et pointent quelques obstacles au travail d’articulation. En conclusion, nous soulignons l’importance de développer les conditions qui favorisent le travail d’articulation et permettent à chaque personne impliquée de faire face aux aléas du travail et d’élargir son pouvoir d’agir. C’est dire que le travail d’articulation contribue au fonctionnement du réseau et, plus largement, à la mise en place de la réforme, et ceci au même titre que le développement de nouvelles structures et institutions.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"451 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183619","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Élargir la focale : explorer la diversification des métiers de l’aide et de l’accompagnement","authors":"Valérie Hugentobler, Isabelle Zinn","doi":"10.3917/gs1.172.0009","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0009","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"226 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183292","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’activité des aides à domicile et des agentes de service du secteur médico-social comporte une part de tâches liées à l’entretien et au nettoyage. Mais quelle place celles-ci occupent-elles dans la définition de ces métiers ? La question demeure, y compris pour les salariées concernées, conflictuelle. La réponse apportée est d’autant plus importante qu’elle se répercute sur la qualité des emplois, la valeur perçue du service et les modes de régulation des services et des établissements en charge d’accompagner les personnes en perte d’autonomie.
{"title":"Quelle place pour le « ménage » dans le travail d’accompagnement des personnes âgées ?","authors":"François-Xavier Devetter","doi":"10.3917/gs1.172.0149","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0149","url":null,"abstract":"L’activité des aides à domicile et des agentes de service du secteur médico-social comporte une part de tâches liées à l’entretien et au nettoyage. Mais quelle place celles-ci occupent-elles dans la définition de ces métiers ? La question demeure, y compris pour les salariées concernées, conflictuelle. La réponse apportée est d’autant plus importante qu’elle se répercute sur la qualité des emplois, la valeur perçue du service et les modes de régulation des services et des établissements en charge d’accompagner les personnes en perte d’autonomie.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"91 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183338","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Aujourd’hui en France, à la suite de l’affirmation par la loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement (ASV) d’un « droit au répit », on assiste au développement de multiples services d’« aide aux aidants » et d’« accompagnement relationnel ». En utilisant les résultats d’une enquête menée au sein de plusieurs départements français dans le cadre du programme Entre profession et famille, les « cadres du travail » d’aide aux personnes âgées (Profam) soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), l’article s’intéresse aux personnes investies dans cette offre de services, périphériques à l’aide à domicile instituée, ainsi qu’aux cadres juridiques et sociaux de leur travail. Il montre d’abord l’extrême variété de ces cadres, les bricolages normatifs imposés par les spécificités du care habituellement effectué dans la sphère privée, et dont la transposition vers l’emploi soulève des enjeux majeurs de temporalité. Il décrit ensuite les conditions de ce travail, paradoxalement, à la fois attrayantes et précaires. Les tâches réalisées, à la composante relationnelle marquée, attirent en effet des travailleuses 1 , en quête d’une réorientation et de sens au travail. Il pointe enfin le risque de déni du travail, induit par sa faible matérialité et la naturalisation des compétences afférentes, notamment dans les cadres les plus proches de la sphère privée.
{"title":"Le défi des « cadres du travail » dans les services de répit","authors":"A. Dussuet, Loulou Gasté, T. Rabain, J. Rousseau","doi":"10.3917/gs1.172.0023","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0023","url":null,"abstract":"Aujourd’hui en France, à la suite de l’affirmation par la loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement (ASV) d’un « droit au répit », on assiste au développement de multiples services d’« aide aux aidants » et d’« accompagnement relationnel ». En utilisant les résultats d’une enquête menée au sein de plusieurs départements français dans le cadre du programme Entre profession et famille, les « cadres du travail » d’aide aux personnes âgées (Profam) soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), l’article s’intéresse aux personnes investies dans cette offre de services, périphériques à l’aide à domicile instituée, ainsi qu’aux cadres juridiques et sociaux de leur travail. Il montre d’abord l’extrême variété de ces cadres, les bricolages normatifs imposés par les spécificités du care habituellement effectué dans la sphère privée, et dont la transposition vers l’emploi soulève des enjeux majeurs de temporalité. Il décrit ensuite les conditions de ce travail, paradoxalement, à la fois attrayantes et précaires. Les tâches réalisées, à la composante relationnelle marquée, attirent en effet des travailleuses 1 , en quête d’une réorientation et de sens au travail. Il pointe enfin le risque de déni du travail, induit par sa faible matérialité et la naturalisation des compétences afférentes, notamment dans les cadres les plus proches de la sphère privée.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"9 4","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183843","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’utilisation de l’outil informatique en établissements de soin et d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est aujourd’hui une évidence et les récentes attaques informatiques contre les structures hospitalières ont démontré, s’il le fallait, l’importance d’avoir accès aux informations concernant les patients. Cependant, loin d’être une simple modalité d’enregistrement et de communication des données, l’informatisation du dossier patient modifie le regard porté sur les personnes hospitalisées ou hébergées et sur le soin. Elle participe aussi d’un changement, à bas bruit, des liens d’équipe et des pratiques professionnelles en gériatrie. À partir d’une observation menée à l’occasion de l’introduction d’un nouveau logiciel dans un centre hospitalier, les auteures, psychologues cliniciennes en services de médecine, de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) et en Ehpad, questionnent en quoi l’utilisation massive de l’outil informatique conduit à un changement de paradigme. Après avoir resitué le contexte et les enjeux de l’informatisation en cours depuis une cinquantaine d’années à l’hôpital, les auteures s’attachent à mettre en évidence les rapports entre utilisation de l’informatique, représentations du travail soignant et pratiques professionnelles. Elles s’interrogent sur le risque d’un appauvrissement de la pensée et des liens déjà mis à mal par les différentes réformes hospitalières à visée gestionnaire.
{"title":"La pixélisation du travail soignant","authors":"Christine Louchard Chardon, Sara Harry","doi":"10.3917/gs1.172.0161","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0161","url":null,"abstract":"L’utilisation de l’outil informatique en établissements de soin et d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est aujourd’hui une évidence et les récentes attaques informatiques contre les structures hospitalières ont démontré, s’il le fallait, l’importance d’avoir accès aux informations concernant les patients. Cependant, loin d’être une simple modalité d’enregistrement et de communication des données, l’informatisation du dossier patient modifie le regard porté sur les personnes hospitalisées ou hébergées et sur le soin. Elle participe aussi d’un changement, à bas bruit, des liens d’équipe et des pratiques professionnelles en gériatrie. À partir d’une observation menée à l’occasion de l’introduction d’un nouveau logiciel dans un centre hospitalier, les auteures, psychologues cliniciennes en services de médecine, de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) et en Ehpad, questionnent en quoi l’utilisation massive de l’outil informatique conduit à un changement de paradigme. Après avoir resitué le contexte et les enjeux de l’informatisation en cours depuis une cinquantaine d’années à l’hôpital, les auteures s’attachent à mettre en évidence les rapports entre utilisation de l’informatique, représentations du travail soignant et pratiques professionnelles. Elles s’interrogent sur le risque d’un appauvrissement de la pensée et des liens déjà mis à mal par les différentes réformes hospitalières à visée gestionnaire.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"376 4-6","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139183684","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La dénonciation récente des pratiques de certains Ehpad a visé entre autres l’exercice du métier d’aide-soignante sans le diplôme d’État (DE) associé à ce métier. Or l’existence de « faisant fonction » n’est ni nouvelle ni exceptionnelle. « Faire fonction » a longtemps été accepté comme mode d’exercice transitoire, inscrit dans un processus de sélection en vue d’accéder à la formation d’aide-soignante. La validation des acquis de l’expérience (VAE) en a même fait un moyen d’apprendre sur le tas, susceptible de conduire à développer des compétences équivalentes à celles qu’on peut acquérir en formation. On constate cependant que les faisant fonction qui se présentent en VAE du DE d’aide-soignante n’ont eu pour la plupart aucune autre expérience que celle du travail auprès des personnes âgées. Pourtant, celui-ci ne se fait pas toujours dans les conditions qui permettraient de développer toutes les compétences du métier. Même si elles aspirent au diplôme, les faisant fonction d’aide-soignante exercent en réalité de façon durable, sous ce statut. À observer celles qui tentent d’obtenir le diplôme par la VAE, il apparaît qu’entre les tâches réalisées de façon non conforme et celles qui ne sont jamais faites, les faisant fonction ne font parfois qu’illusion d’aides-soignantes en dépit de toute leur bonne volonté.
{"title":"Faire fonction ou faire illusion ? Autour des postes d’aides-soignantes en Ehpad","authors":"Anne-Marie Arborio","doi":"10.3917/gs1.172.0069","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/gs1.172.0069","url":null,"abstract":"La dénonciation récente des pratiques de certains Ehpad a visé entre autres l’exercice du métier d’aide-soignante sans le diplôme d’État (DE) associé à ce métier. Or l’existence de « faisant fonction » n’est ni nouvelle ni exceptionnelle. « Faire fonction » a longtemps été accepté comme mode d’exercice transitoire, inscrit dans un processus de sélection en vue d’accéder à la formation d’aide-soignante. La validation des acquis de l’expérience (VAE) en a même fait un moyen d’apprendre sur le tas, susceptible de conduire à développer des compétences équivalentes à celles qu’on peut acquérir en formation. On constate cependant que les faisant fonction qui se présentent en VAE du DE d’aide-soignante n’ont eu pour la plupart aucune autre expérience que celle du travail auprès des personnes âgées. Pourtant, celui-ci ne se fait pas toujours dans les conditions qui permettraient de développer toutes les compétences du métier. Même si elles aspirent au diplôme, les faisant fonction d’aide-soignante exercent en réalité de façon durable, sous ce statut. À observer celles qui tentent d’obtenir le diplôme par la VAE, il apparaît qu’entre les tâches réalisées de façon non conforme et celles qui ne sont jamais faites, les faisant fonction ne font parfois qu’illusion d’aides-soignantes en dépit de toute leur bonne volonté.","PeriodicalId":508785,"journal":{"name":"Gérontologie et société","volume":"207 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139184011","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}