En partant d’une étude menée en immersion ethnographique pendant 8 mois dans le monde de la rue, auprès des sans-domiciles présents à Nancy, cet article développe les procédés de négociation qui ont été déployés pour entrer sur le terrain, s’y maintenir et y obtenir, tant bien que mal, les données nécessaires à la réalisation de l’enquête. La diversité des personnes en situation de rue oblige le chercheur à ajuster sa présentation de soi pour développer des relations personnalisées avec ses enquêtés et accéder aux coulisses du monde de la rue. L’article distingue la phase stratégique d’anticipation du terrain et la phase tactique d’adaptation au milieu, en situation, destinée à maximiser les possibilités d’entrer dans des relations de réciprocité affinitaires. En filigrane, émerge une interrogation constante de la relation d’enquête, entre la proximité relationnelle et l’asymétrie structurelle du rapport enquêteur/enquêté.
{"title":"Négocier sa place auprès des sans-abri","authors":"Thibaut Besozzi","doi":"10.52983/crev.vi0.73","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.73","url":null,"abstract":"En partant d’une étude menée en immersion ethnographique pendant 8 mois dans le monde de la rue, auprès des sans-domiciles présents à Nancy, cet article développe les procédés de négociation qui ont été déployés pour entrer sur le terrain, s’y maintenir et y obtenir, tant bien que mal, les données nécessaires à la réalisation de l’enquête. La diversité des personnes en situation de rue oblige le chercheur à ajuster sa présentation de soi pour développer des relations personnalisées avec ses enquêtés et accéder aux coulisses du monde de la rue. L’article distingue la phase stratégique d’anticipation du terrain et la phase tactique d’adaptation au milieu, en situation, destinée à maximiser les possibilités d’entrer dans des relations de réciprocité affinitaires. En filigrane, émerge une interrogation constante de la relation d’enquête, entre la proximité relationnelle et l’asymétrie structurelle du rapport enquêteur/enquêté.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-04-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"129622902","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Introduction au dossier « Négocier un terrain d'enquête »
“谈判调查领域”档案简介
{"title":"Introduction - Pratiques et politiques de la négociation pour accéder et se maintenir sur un terrain d’enquête","authors":"Agnés Aubry, M. Kuehni, Laure Scalambrin","doi":"10.52983/crev.vi0.71","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.71","url":null,"abstract":"Introduction au dossier « Négocier un terrain d'enquête »","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-04-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127863145","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Des travaux récents sur l’évolution des salaires selon l’âge et les catégories socio-professionnelles mettent en cause une représentation des effets du vieillissement que beaucoup de sociologues partagent : assimilant hâtivement la distribution des salaires moyens touchés, à un moment donné, par des individus d’âge différent à l’évolution moyenne de ces rémunérations au cours de la vie des individus, ils observent que les salaires baissent au-delà d’un certain âge et que cette diminution intervient d’autant plus tôt qu’on descend dans la hiérarchie sociale. Au contraire, l’analyse des courbes longitudinales des salaires fait apparaître qu’avec l’âge les salaires de toutes les catégories sociales tendent à augmenter et que, si l’accroissement moyen des salaires individuels baisse, cette diminution est relativement plus forte chez les cadres que chez les ouvriers (Barge et Payen, 1981). Outre qu’elle permet de redresser une erreur incontestable, l’étude longitudinale des salaires permet de décrire avec la précision nécessaire l’évolution de la valeur d’un individu sur le marché du travail, contribution essentielle à une analyse des trajectoires professionnelles. Il reste qu’on ne saurait abandonner pour autant l’examen des courbes transversales qui, à défaut de décrire l’évolution des salaires selon l’âge, établissent un état de la répartition des rémunérations entre les générations et les catégories socio-professionnelles. On peut se demander si une étude sur le vieillissement lui-même peut se passer d’une telle information, car ce processus ne saurait être assimilé à l’avance en âge, sous peine de naturaliser une donnée qui n’existe que socialement définie. En effet, la vieillesse n’est pas un attribut inéluctablement lié à l’avance en âge, tel que l’enregistre l’état civil ; elle est l’objet d’une manipulation sociale qui, précisément, met en relation les générations et les classes sociales.
{"title":"Vieillissement et rapports entre générations","authors":"R. Lenoir","doi":"10.52983/crev.vi0.93","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.93","url":null,"abstract":"Des travaux récents sur l’évolution des salaires selon l’âge et les catégories socio-professionnelles mettent en cause une représentation des effets du vieillissement que beaucoup de sociologues partagent : assimilant hâtivement la distribution des salaires moyens touchés, à un moment donné, par des individus d’âge différent à l’évolution moyenne de ces rémunérations au cours de la vie des individus, ils observent que les salaires baissent au-delà d’un certain âge et que cette diminution intervient d’autant plus tôt qu’on descend dans la hiérarchie sociale. Au contraire, l’analyse des courbes longitudinales des salaires fait apparaître qu’avec l’âge les salaires de toutes les catégories sociales tendent à augmenter et que, si l’accroissement moyen des salaires individuels baisse, cette diminution est relativement plus forte chez les cadres que chez les ouvriers (Barge et Payen, 1981). Outre qu’elle permet de redresser une erreur incontestable, l’étude longitudinale des salaires permet de décrire avec la précision nécessaire l’évolution de la valeur d’un individu sur le marché du travail, contribution essentielle à une analyse des trajectoires professionnelles. Il reste qu’on ne saurait abandonner pour autant l’examen des courbes transversales qui, à défaut de décrire l’évolution des salaires selon l’âge, établissent un état de la répartition des rémunérations entre les générations et les catégories socio-professionnelles. On peut se demander si une étude sur le vieillissement lui-même peut se passer d’une telle information, car ce processus ne saurait être assimilé à l’avance en âge, sous peine de naturaliser une donnée qui n’existe que socialement définie. En effet, la vieillesse n’est pas un attribut inéluctablement lié à l’avance en âge, tel que l’enregistre l’état civil ; elle est l’objet d’une manipulation sociale qui, précisément, met en relation les générations et les classes sociales.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130191280","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Très ingénument, cette communication hasarde une réponse à la confrontation CSP/classes sociales qui nous était proposée au point B.1.1 de la grille thématique de cette table ronde. Nous étant intéressé à l’observation du changement économique et social à l’échelon communal, nous avons eu à résoudre les problèmes de passage d’une problématique conceptuelle à la description statistique sous la forte contrainte de réalité qu’est la connaissance qualitative de la commune obtenue par le chercheur à travers les entretiens, l’observation et l’enquête. Si l’on veut tenir les deux bouts de cette confrontation, il faut se refuser à un double réductionnisme. D’une part, celui de l’explication de la dynamique sociale communale par le seul jeu des classes au plan national : on donne alors à la commune un rôle illustratif et on s’interdit la prise en considération du fonctionnement local des classes sociales. D’autre part, celui de la simple modélisation statistique qui tire ses conclusions d’un ensemble de comparaisons entre la commune et d’autres communes ou entre la commune et des références plus larges (canton, département, France) : on ne définit alors que des spécificités relatives à une moyenne ou à un accroissement moyen, mais sans avoir les moyens d’expliquer ces spécificités. Il convient alors de mettre en œuvre une démarche où les deux termes sont le fruit d’élaborations méthodologiques ayant entre elles une correspondance certaine. Nous avons tout d’abord cherché des solutions générales qui soient valables quel que soit le découpage géographique ; nous verrons qu’elles ne sont pas fiables. Aussi nous nous sommes orientés dans une voie qui tient compte des particularités de l’échelon communal. En dernier lieu, nous avons confronté le résultat obtenu à notre corps d’hypothèse pour en montrer la relativité et l’intérêt.
{"title":"Approche des classes sociales à partir des statistiques communales","authors":"P. Vergès","doi":"10.52983/crev.vi0.53","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.53","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000Très ingénument, cette communication hasarde une réponse à la confrontation CSP/classes sociales qui nous était proposée au point B.1.1 de la grille thématique de cette table ronde. Nous étant intéressé à l’observation du changement économique et social à l’échelon communal, nous avons eu à résoudre les problèmes de passage d’une problématique conceptuelle à la description statistique sous la forte contrainte de réalité qu’est la connaissance qualitative de la commune obtenue par le chercheur à travers les entretiens, l’observation et l’enquête. Si l’on veut tenir les deux bouts de cette confrontation, il faut se refuser à un double réductionnisme. D’une part, celui de l’explication de la dynamique sociale communale par le seul jeu des classes au plan national : on donne alors à la commune un rôle illustratif et on s’interdit la prise en considération du fonctionnement local des classes sociales. D’autre part, celui de la simple modélisation statistique qui tire ses conclusions d’un ensemble de comparaisons entre la commune et d’autres communes ou entre la commune et des références plus larges (canton, département, France) : on ne définit alors que des spécificités relatives à une moyenne ou à un accroissement moyen, mais sans avoir les moyens d’expliquer ces spécificités. Il convient alors de mettre en œuvre une démarche où les deux termes sont le fruit d’élaborations méthodologiques ayant entre elles une correspondance certaine. Nous avons tout d’abord cherché des solutions générales qui soient valables quel que soit le découpage géographique ; nous verrons qu’elles ne sont pas fiables. Aussi nous nous sommes orientés dans une voie qui tient compte des particularités de l’échelon communal. En dernier lieu, nous avons confronté le résultat obtenu à notre corps d’hypothèse pour en montrer la relativité et l’intérêt. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"11 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123785564","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’univers professionnel dans lequel vivent sociologues et statisticiens les conduit à oublier fréquemment que les intérêts scientifiques auxquels ils adhèrent ne constituent pas un intérêt général et que leurs intérêts peuvent déranger d’autres intérêts particuliers. On voudrait faire ici le relevé des modalités par lesquelles les individus (et les groupes) se protègent de l’enquête et étudier les effets de cette résistance sur le matériel recueilli. Cette communication propose une extension de la problématique d’Erving Goffman, notamment celle des Rites d’interaction (Goffman, 1974), à la situation de l’interrogatoire scientifique. Elle décrit le travail de figuration auquel sont contraints les individus soumis au questionnement. Ceux-ci doivent utiliser au mieux leur compétence théâtrale, requise dans toute interaction, pour éviter les faux pas plus probables étant donné certaines caractéristiques de la situation d’enquête et de la structure du questionnaire.
{"title":"Le répertoire figuratif des personnes interrogées","authors":"F. D. Singly","doi":"10.52983/crev.vi0.37","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.37","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000L’univers professionnel dans lequel vivent sociologues et statisticiens les conduit à oublier fréquemment que les intérêts scientifiques auxquels ils adhèrent ne constituent pas un intérêt général et que leurs intérêts peuvent déranger d’autres intérêts particuliers. On voudrait faire ici le relevé des modalités par lesquelles les individus (et les groupes) se protègent de l’enquête et étudier les effets de cette résistance sur le matériel recueilli. Cette communication propose une extension de la problématique d’Erving Goffman, notamment celle des Rites d’interaction (Goffman, 1974), à la situation de l’interrogatoire scientifique. Elle décrit le travail de figuration auquel sont contraints les individus soumis au questionnement. Ceux-ci doivent utiliser au mieux leur compétence théâtrale, requise dans toute interaction, pour éviter les faux pas plus probables étant donné certaines caractéristiques de la situation d’enquête et de la structure du questionnaire. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"2 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131686437","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans le cours de nos recherches sur les politiques urbaines, l’analyse statistique de la distribution spatiale et sociale des équipements collectifs à l’échelle d’une région urbaine socialement diversifiée nous a paru une étape indispensable pour l’étude des effets sociaux de ces politiques. Rassembler, traiter, interpréter la somme, considérable, des informations nécessaires sur un ensemble social aussi vaste que la région parisienne demande un travail tel qu’il implique, en fait, la coopération de plusieurs chercheurs pendant plusieurs années. Du point de vue des rapports entre les chercheurs eux-mêmes, ce n’est pas toujours simple, dans la mesure où il faut gérer en permanence la contradiction entre la nécessité d’une problématique commune définissant précisément le programme de travail et les différences inévitables (et productives à condition qu’elles ne soient pas paralysantes) de sensibilité théorique, de manière de travailler, d’écrire… De plus, l’idéologie professionnelle dominante dans la recherche en sciences sociales est fortement individualiste, et les instances scientifiques, commissions du CNRS entre autres, ont une attitude encore trop réservée par rapport aux travaux collectifs. La réalisation de travaux empiriques d’une certaine ampleur exige également des moyens importants. Ces travaux présentés ici ont pu être menés à leur terme grâce principalement aux financements du Commissariat Général au Plan puis à ceux du Plan-Construction. Bien sûr, ce n’est pas très élégant de parler d’argent dans une discussion épistémologique. Et puis nous avions « choisi » les plus mauvaises conditions possibles pour faire ce travail : sur contrats (il nous en a fallu sept ou huit pour l’ensemble du programme, gymnastique passible de la réprobation de la Cour des comptes, faut-il l’avouer ?) devant financer nos salaires, les charges sociales, etc., avant même les frais de recherche, et tout cela en pleine période de récession de la recherche contractuelle et de désintérêt pour les travaux sociologiques quantitatifs de la part de nombreuses administrations. Et il faut bien dire que le long travail de « digestion théorique » des résultats, indispensables pour donner tout son sens au travail statistique, n’a pu avoir lieu vraiment que grâce à notre intégration au CNRS en cours de route.
在我们对城市政策的研究过程中,对社会多样化城市区域内公共设施的空间和社会分布进行统计分析,似乎是研究这些政策的社会影响的必要步骤。收集、处理和解释像巴黎地区这样庞大的社会群体所需的大量信息需要大量的工作,事实上,这需要几位研究人员多年的合作。研究型之间关系的角度,这并不总是简单的,因为需要不断进行管理之间的矛盾,需要具体确定共同问题工作方案,并将不可避免的分歧(只要它们不生产和眩晕)理论敏感性、工作方式、多写...在社会科学研究中占主导地位的专业意识形态是强烈的个人主义,科学机构,包括CNRS委员会,对集体工作的态度仍然过于保守。大量的实证工作也需要大量的资源。这里介绍的工作之所以能够完成,主要要感谢Commissariat general au Plan和Plan- construction的资金。当然,在认识论的讨论中谈论金钱不是很优雅。然后我们“选择”了最糟糕的条件来完成这项工作:(合同上我们花了七八起整个节目,可反对的体操,审计署,是否承认?),供我们的工资、社保等等,之前甚至研发成本,而这一切都处于衰退时期的社会学定量合同和工作表现出冷漠研究来自许多行政部门。必须指出的是,对结果进行长期的“理论消化”是使统计工作具有充分意义所必需的,这要归功于我们在这一过程中融入了CNRS。
{"title":"Équipements collectifs et ségrégation sociale","authors":"M. Pinçon-Charlot, Edmond Préteceille, Paul Rendu","doi":"10.52983/crev.vi0.51","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.51","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000Dans le cours de nos recherches sur les politiques urbaines, l’analyse statistique de la distribution spatiale et sociale des équipements collectifs à l’échelle d’une région urbaine socialement diversifiée nous a paru une étape indispensable pour l’étude des effets sociaux de ces politiques. Rassembler, traiter, interpréter la somme, considérable, des informations nécessaires sur un ensemble social aussi vaste que la région parisienne demande un travail tel qu’il implique, en fait, la coopération de plusieurs chercheurs pendant plusieurs années. Du point de vue des rapports entre les chercheurs eux-mêmes, ce n’est pas toujours simple, dans la mesure où il faut gérer en permanence la contradiction entre la nécessité d’une problématique commune définissant précisément le programme de travail et les différences inévitables (et productives à condition qu’elles ne soient pas paralysantes) de sensibilité théorique, de manière de travailler, d’écrire… De plus, l’idéologie professionnelle dominante dans la recherche en sciences sociales est fortement individualiste, et les instances scientifiques, commissions du CNRS entre autres, ont une attitude encore trop réservée par rapport aux travaux collectifs. La réalisation de travaux empiriques d’une certaine ampleur exige également des moyens importants. Ces travaux présentés ici ont pu être menés à leur terme grâce principalement aux financements du Commissariat Général au Plan puis à ceux du Plan-Construction. Bien sûr, ce n’est pas très élégant de parler d’argent dans une discussion épistémologique. Et puis nous avions « choisi » les plus mauvaises conditions possibles pour faire ce travail : sur contrats (il nous en a fallu sept ou huit pour l’ensemble du programme, gymnastique passible de la réprobation de la Cour des comptes, faut-il l’avouer ?) devant financer nos salaires, les charges sociales, etc., avant même les frais de recherche, et tout cela en pleine période de récession de la recherche contractuelle et de désintérêt pour les travaux sociologiques quantitatifs de la part de nombreuses administrations. Et il faut bien dire que le long travail de « digestion théorique » des résultats, indispensables pour donner tout son sens au travail statistique, n’a pu avoir lieu vraiment que grâce à notre intégration au CNRS en cours de route. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"45 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128544558","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La distance évidente qui sépare la catégorisation statistique de la conceptualisation sociologique est souvent traitée par les sociologues comme une distance hiérarchique qui séparerait une approximation opératoire et formelle de la saisie signifiante et substantielle des phénomènes, geste suprême réservé à la sociologie. Le contenu corporatiste d’un tel programme ne devrait pas dissimuler aux sociologues son risque essentiel, celui de pratiquer l’auto-suffisance théorique d’une sociologie qui n’aurait de comptes à rendre qu’aux constats qui la confortent et qui se réserverait de porter au passif des imperfections mécaniques de l’instrument statistique ce que celui-ci ne vérifie pas des constructions conceptuelles du discours sociologique. À la limite, la signification du raisonnement statistique ne pourrait lui advenir que de l’extérieur : ce serait toujours à lui de s’amender pour mériter de servir par ses « constats illustratifs » des énoncés sociologiques qui tirent d’ailleurs leur « évidence ». De leur côté, les statisticiens ne sont évidemment pas en reste en matière d’épistémologie corporative. Accoutumés aux exigences du recueil et du traitement de l’information et sachant ce qu’il en coûte d’arriver à homogénéiser les données économiques et sociales, ils sont inévitablement enclins, pour préserver l’univocité des énonciations portant sur des constats de recensement ou de corrélation si chèrement acquis, à une défiance généralisée envers tout changement du langage d’énonciation des constats de base, autrement dit à marquer une réticence de principe envers l’interprétation conceptuelle, toujours suspecte de surinterprétation polysémique. À la limite, les « langues artificielles », comme la langue tabulaire du tableau croisé ou la langue graphique des plans factoriels, seraient les seules à ne pas déformer les énoncés d’observation et de traitement, dont l’expression en « langue naturelle » majorerait toujours le sens de manière incontrôlée et incontrôlable. Il y a pourtant un accord latent entre ces deux épistémologies coutumières lorsqu’elles atteignent leur forme limite : elles semblent bien convenir que le discours statistique et le discours sociologique diffèrent intrinsèquement par leur nature assertorique. On part ici, tout au contraire, du postulat épistémologique que toutes les conceptualisations opérées à partir de l’observation du monde historique possèdent, en tant qu’abstractions scientifiques, une pertinence empirique commune ou, si l’on veut, que les énonciations des différentes sciences sociales ne peuvent avoir qu’une seule indexation de vérité : l’observation historique par quelque méthode qu’on l’opère, même si elles diffèrent par la logique des raisonnements qui mettent en œuvre les constats issus de cette observation.
{"title":"Ce que dit un tableau et ce qu’on en dit","authors":"J. Passeron","doi":"10.52983/crev.vi0.35","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.35","url":null,"abstract":"La distance évidente qui sépare la catégorisation statistique de la conceptualisation sociologique est souvent traitée par les sociologues comme une distance hiérarchique qui séparerait une approximation opératoire et formelle de la saisie signifiante et substantielle des phénomènes, geste suprême réservé à la sociologie. Le contenu corporatiste d’un tel programme ne devrait pas dissimuler aux sociologues son risque essentiel, celui de pratiquer l’auto-suffisance théorique d’une sociologie qui n’aurait de comptes à rendre qu’aux constats qui la confortent et qui se réserverait de porter au passif des imperfections mécaniques de l’instrument statistique ce que celui-ci ne vérifie pas des constructions conceptuelles du discours sociologique. À la limite, la signification du raisonnement statistique ne pourrait lui advenir que de l’extérieur : ce serait toujours à lui de s’amender pour mériter de servir par ses « constats illustratifs » des énoncés sociologiques qui tirent d’ailleurs leur « évidence ». De leur côté, les statisticiens ne sont évidemment pas en reste en matière d’épistémologie corporative. Accoutumés aux exigences du recueil et du traitement de l’information et sachant ce qu’il en coûte d’arriver à homogénéiser les données économiques et sociales, ils sont inévitablement enclins, pour préserver l’univocité des énonciations portant sur des constats de recensement ou de corrélation si chèrement acquis, à une défiance généralisée envers tout changement du langage d’énonciation des constats de base, autrement dit à marquer une réticence de principe envers l’interprétation conceptuelle, toujours suspecte de surinterprétation polysémique. À la limite, les « langues artificielles », comme la langue tabulaire du tableau croisé ou la langue graphique des plans factoriels, seraient les seules à ne pas déformer les énoncés d’observation et de traitement, dont l’expression en « langue naturelle » majorerait toujours le sens de manière incontrôlée et incontrôlable. Il y a pourtant un accord latent entre ces deux épistémologies coutumières lorsqu’elles atteignent leur forme limite : elles semblent bien convenir que le discours statistique et le discours sociologique diffèrent intrinsèquement par leur nature assertorique. On part ici, tout au contraire, du postulat épistémologique que toutes les conceptualisations opérées à partir de l’observation du monde historique possèdent, en tant qu’abstractions scientifiques, une pertinence empirique commune ou, si l’on veut, que les énonciations des différentes sciences sociales ne peuvent avoir qu’une seule indexation de vérité : l’observation historique par quelque méthode qu’on l’opère, même si elles diffèrent par la logique des raisonnements qui mettent en œuvre les constats issus de cette observation.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"19 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125679204","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’objectivation du monde social, tâche essentielle de la sociologie, passe par la réduction statistique. C’est en appréhendant « à vol d’oiseau » les trajectoires personnelles qu’on a le plus de chances de les mettre en parallèle et d’en révéler la vérité profonde. Or rien n’est plus malaisé qu’une telle rupture. Rien n’est plus coûteux que cette banalisation de l’irréductible qu’implique l’analyse sociologique du monde social. On se propose de montrer ici que la pratique sociologique ne se définit pas sans la pratique statistique, et réciproquement. Elles se constituent en quelque sorte par une série de prises de position de l’une sur l’autre. On avancera d’abord que la résistance à l’objectivation statistique exprime très couramment une opposition à toute objectivation de type sociologique. Mais cette première proposition sera corrigée par une seconde, à savoir que la statistique peut à son tour constituer le moyen d’échapper aux exigences de l’analyse sociologique. À cela une explication simple : la statistique est objectivement une technique de rupture avec les représentations spontanées, elle n’en est pas encore une théorie. C’est à la sociologie de prendre le relais en tentant d’analyser la distance qui sépare les régularités statistiques des représentations spontanées. Quelques exemples illustreront ce double mouvement et réussiront peut-être à montrer qu’il ne renferme aucune contradiction…
{"title":"Résistance à la statistique, résistance à la sociologie","authors":"F. Héran","doi":"10.52983/crev.vi0.57","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.57","url":null,"abstract":"L’objectivation du monde social, tâche essentielle de la sociologie, passe par la réduction statistique. C’est en appréhendant « à vol d’oiseau » les trajectoires personnelles qu’on a le plus de chances de les mettre en parallèle et d’en révéler la vérité profonde. Or rien n’est plus malaisé qu’une telle rupture. Rien n’est plus coûteux que cette banalisation de l’irréductible qu’implique l’analyse sociologique du monde social. On se propose de montrer ici que la pratique sociologique ne se définit pas sans la pratique statistique, et réciproquement. Elles se constituent en quelque sorte par une série de prises de position de l’une sur l’autre. On avancera d’abord que la résistance à l’objectivation statistique exprime très couramment une opposition à toute objectivation de type sociologique. Mais cette première proposition sera corrigée par une seconde, à savoir que la statistique peut à son tour constituer le moyen d’échapper aux exigences de l’analyse sociologique. À cela une explication simple : la statistique est objectivement une technique de rupture avec les représentations spontanées, elle n’en est pas encore une théorie. C’est à la sociologie de prendre le relais en tentant d’analyser la distance qui sépare les régularités statistiques des représentations spontanées. Quelques exemples illustreront ce double mouvement et réussiront peut-être à montrer qu’il ne renferme aucune contradiction…","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"178 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-08","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115990693","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La notion de Personne constitue, depuis environ deux siècles, le foyer du système de valeurs officielles des sociétés occidentales. Mais est-il possible pour autant, comme l’écrit Marcel Mauss, de considérer que la « révolution des mentalités est faite » et que cette notion, à la fois catégorie de l’idéologie et concept sociologique, décrit adéquatement les réalités sociales de l’existence individuelle ? Et, au-delà de Marcel Mauss et des sociologues, la statistique, au moins dans certains de ses actes méthodologiques, ne partage-t-elle pas le « trésor commun » de cette même conviction ? La méthodologie établie du questionnaire standardisé ne tient-elle pas qu’il n’y a d’acteur et d’activité dignes de ce nom qu’individuels ? Qu’un interviewé ne peut que répondre pour lui-même et en son nom propre ? Et qu’il est toujours « équipé » symboliquement pour le faire ? Cette communication se propose d’envisager l’éventualité, et d’analyser les effets, d’une telle rencontre entre les valeurs de la Personne et la méthodologie du questionnaire statistique.
{"title":"Idéal de l’individu, individu statistique, individu social","authors":"M. Grumbach","doi":"10.52983/crev.vi0.49","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.49","url":null,"abstract":"La notion de Personne constitue, depuis environ deux siècles, le foyer du système de valeurs officielles des sociétés occidentales. Mais est-il possible pour autant, comme l’écrit Marcel Mauss, de considérer que la « révolution des mentalités est faite » et que cette notion, à la fois catégorie de l’idéologie et concept sociologique, décrit adéquatement les réalités sociales de l’existence individuelle ? Et, au-delà de Marcel Mauss et des sociologues, la statistique, au moins dans certains de ses actes méthodologiques, ne partage-t-elle pas le « trésor commun » de cette même conviction ? La méthodologie établie du questionnaire standardisé ne tient-elle pas qu’il n’y a d’acteur et d’activité dignes de ce nom qu’individuels ? Qu’un interviewé ne peut que répondre pour lui-même et en son nom propre ? Et qu’il est toujours « équipé » symboliquement pour le faire ? Cette communication se propose d’envisager l’éventualité, et d’analyser les effets, d’une telle rencontre entre les valeurs de la Personne et la méthodologie du questionnaire statistique.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"84 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132692523","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
En septembre 1981, Économie et statistique publie un article, intitulé « Peut-on mesurer le travail domestique ? » (Chadeau et Fouquet, 1981), qui donne une estimation du travail domestique accompli par les Français pendant une année : 48 milliards d’heures représentant entre 411 et 986 milliards de francs 1975, soit entre 32 et 77 % du Produit Intérieur Brut (PIB) marchand. Ce papier décrit la genèse de cette étude (pourquoi elle a été réalisée à cette date par l’Insee, parties I, II, III) et propose une réflexion sur sa portée (IV), éclairant par-là certains rapports entre économie et sociologie (V). Le travail domestique est un objet qui peut être traité par plusieurs disciplines des sciences humaines. Si l’évaluation monétaire faite par l’Insee a contribué à le faire basculer du côté de l’économie, c’est en réponse à une « demande sociale » venue d’horizons contradictoires, convergeant paradoxalement sur la « reconnaissance de la valeur » du travail domestique.
{"title":"Pourquoi valoriser le travail domestique ?","authors":"A. Fouquet","doi":"10.52983/crev.vi0.33","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.33","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000En septembre 1981, Économie et statistique publie un article, intitulé « Peut-on mesurer le travail domestique ? » (Chadeau et Fouquet, 1981), qui donne une estimation du travail domestique accompli par les Français pendant une année : 48 milliards d’heures représentant entre 411 et 986 milliards de francs 1975, soit entre 32 et 77 % du Produit Intérieur Brut (PIB) marchand. Ce papier décrit la genèse de cette étude (pourquoi elle a été réalisée à cette date par l’Insee, parties I, II, III) et propose une réflexion sur sa portée (IV), éclairant par-là certains rapports entre économie et sociologie (V). Le travail domestique est un objet qui peut être traité par plusieurs disciplines des sciences humaines. Si l’évaluation monétaire faite par l’Insee a contribué à le faire basculer du côté de l’économie, c’est en réponse à une « demande sociale » venue d’horizons contradictoires, convergeant paradoxalement sur la « reconnaissance de la valeur » du travail domestique. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"35 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124297154","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}