Le 30 janvier 1887, avenue Victor Hugo à Paris, le général Chen Jitong, attaché militaire de la légation chinoise en France, refuse la main que lui tend l’étameur Ferdinand Laporte, qui l’injurie alors. Le procès qui s’ensuit pour injures publiques met au jour, derrière cette affaire anecdotique, un mauvais tour alors répandu à Paris, résumé par le chroniqueur judiciaire qui, sous le pseudonyme d’Argus, rend compte de l’affaire dans les colonnes du Figaro : « Il paraît que c’est une espèce de sport, parmi les loustics des faubourgs extérieurs, d’accoster les Chinois dans la rue et de leur tendre la main en les tutoyant avec une aimable familiarité. » Faire l’histoire de cette plaisanterie devenue incompréhensible impose d’entremêler trois histoires de mains. Celle, déjà, des imaginaires qui se greffent à partir du xviii e siècle sur le décalage des gestes de politesse chinois et occidentaux et constituent les salutations chinoises en antipodes mêmes de la poignée de main occidentale et égalitariste. Celle, ensuite, de l’attention continuelle que doivent prêter à leurs mains, dans la Chine du xix e siècle, diplomates et missionnaires pour les plier aux règles des bienséances chinoises et éviter le type de faux pas que recherche, précisément, Ferdinand Laporte. Celle, enfin, de la progressive familiarisation avec la structure des interactions sino-occidentales de franges entières de la population chinoise qui, tel Chen Jitong, apprennent entre autres, au fil du xix e siècle, à maîtriser la poignée de main. Ces trois histoires entremêlées jettent un éclairage original sur le statut à conférer aux interactions ordinaires dans l’histoire des relations sino-occidentales, et sur les différentes temporalités qui viennent se nouer dans une banale poignée de main.
{"title":"La poignée de main de l’étameur (Paris, 30 janvier 1887) Une histoire des relations sino-occidentales à hauteur d’interaction","authors":"Clément Fabre","doi":"10.3917/rhis.234.0661","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.234.0661","url":null,"abstract":"Le 30 janvier 1887, avenue Victor Hugo à Paris, le général Chen Jitong, attaché militaire de la légation chinoise en France, refuse la main que lui tend l’étameur Ferdinand Laporte, qui l’injurie alors. Le procès qui s’ensuit pour injures publiques met au jour, derrière cette affaire anecdotique, un mauvais tour alors répandu à Paris, résumé par le chroniqueur judiciaire qui, sous le pseudonyme d’Argus, rend compte de l’affaire dans les colonnes du Figaro : « Il paraît que c’est une espèce de sport, parmi les loustics des faubourgs extérieurs, d’accoster les Chinois dans la rue et de leur tendre la main en les tutoyant avec une aimable familiarité. » Faire l’histoire de cette plaisanterie devenue incompréhensible impose d’entremêler trois histoires de mains. Celle, déjà, des imaginaires qui se greffent à partir du xviii e siècle sur le décalage des gestes de politesse chinois et occidentaux et constituent les salutations chinoises en antipodes mêmes de la poignée de main occidentale et égalitariste. Celle, ensuite, de l’attention continuelle que doivent prêter à leurs mains, dans la Chine du xix e siècle, diplomates et missionnaires pour les plier aux règles des bienséances chinoises et éviter le type de faux pas que recherche, précisément, Ferdinand Laporte. Celle, enfin, de la progressive familiarisation avec la structure des interactions sino-occidentales de franges entières de la population chinoise qui, tel Chen Jitong, apprennent entre autres, au fil du xix e siècle, à maîtriser la poignée de main. Ces trois histoires entremêlées jettent un éclairage original sur le statut à conférer aux interactions ordinaires dans l’histoire des relations sino-occidentales, et sur les différentes temporalités qui viennent se nouer dans une banale poignée de main.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"43 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139213897","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article caractérise la citoyenneté des femmes nobles dans la République nobiliaire de Pologne dans la seconde moitié du xviii e siècle. Il décrit les rapports des femmes des élites avec l’État, leurs sentiments d’appartenance à la nation et leur attachement aux lieux, où elles vivent. Il met en lumière la perception qu’ont les hommes de l’engagement des femmes dans la vie publique et de leur citoyenneté, ainsi que les similarités et les particularités du contexte polono-lituanien par rapport à l’Occident. Centré sur la correspondance féminine, l’article montre que les femmes nobles en Pologne-Lituanie non seulement se voient officiellement accorder le statut de citoyennes, mais aussi elles se sentent inclues à la nation politique et manifestent leur patriotisme. Elles agissent pour le bien commun qu’elles considèrent en accord avec les intérêts privés et familiaux. Le régime républicain, l’influence des Lumières et les circonstances particulières liées aux partages facilitent leur inclusion, mais elles ne contestent pas leur position sociale. Elles sont bien conscientes de leur subordination face aux hommes, mais vu que leurs familles et l’Église leur inculquent la vision patriarcale du monde dès le plus jeune âge, il ne vient pas à l’esprit des femmes de s’y opposer. Et car la « révolution polonaise » (1788-1792) est menée par la noblesse, la question de l’octroi de la citoyenneté à toutes les femmes ne se pose pas dans le débat public.
{"title":"Être citoyenne dans la République nobiliaire de Pologne au temps des Lumières","authors":"Dorota Wiśniewska","doi":"10.3917/rhis.234.0579","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.234.0579","url":null,"abstract":"L’article caractérise la citoyenneté des femmes nobles dans la République nobiliaire de Pologne dans la seconde moitié du xviii e siècle. Il décrit les rapports des femmes des élites avec l’État, leurs sentiments d’appartenance à la nation et leur attachement aux lieux, où elles vivent. Il met en lumière la perception qu’ont les hommes de l’engagement des femmes dans la vie publique et de leur citoyenneté, ainsi que les similarités et les particularités du contexte polono-lituanien par rapport à l’Occident. Centré sur la correspondance féminine, l’article montre que les femmes nobles en Pologne-Lituanie non seulement se voient officiellement accorder le statut de citoyennes, mais aussi elles se sentent inclues à la nation politique et manifestent leur patriotisme. Elles agissent pour le bien commun qu’elles considèrent en accord avec les intérêts privés et familiaux. Le régime républicain, l’influence des Lumières et les circonstances particulières liées aux partages facilitent leur inclusion, mais elles ne contestent pas leur position sociale. Elles sont bien conscientes de leur subordination face aux hommes, mais vu que leurs familles et l’Église leur inculquent la vision patriarcale du monde dès le plus jeune âge, il ne vient pas à l’esprit des femmes de s’y opposer. Et car la « révolution polonaise » (1788-1792) est menée par la noblesse, la question de l’octroi de la citoyenneté à toutes les femmes ne se pose pas dans le débat public.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"13 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139214505","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Meg Leja, Embodying the Soul. Medicine and Religion in Carolingian Europe , Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2022, 392 p.","authors":"Maureen Boyard","doi":"10.3917/rhis.234.0729","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.234.0729","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"57 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139210303","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La main de justice, second sceptre des rois de France, apparaît au xiii e siècle comme instrument du sacre des rois capétiens. Au même titre que l’ensemble des regalia, elle est aussitôt reprise dans les représentations royales, et ce dans la diversité de leurs supports. Ce n’est pourtant pas à ce seul titre que la main de justice participe de l’affirmation de la souveraineté royale à la fin du Moyen Âge, puisque la main de justice – ou « main du roi » – renvoie aussi à une procédure dont l’usage s’affine tout au long du xiv e siècle, celle du séquestre judiciaire. Si l’évolution de cette procédure a bien été étudiée par les historiens du droit, cette étude s’attache plus précisément à comprendre le sens de l’apparition et de l’utilisation conjointe de la main comme sceptre et de la main comme procédure dans l’exercice concret de la justice royale, à partir des archives médiévales du parlement de Paris.
{"title":"La main justicière des rois de France à la fin du Moyen Âge","authors":"É. Schmit","doi":"10.3917/rhis.234.0633","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.234.0633","url":null,"abstract":"La main de justice, second sceptre des rois de France, apparaît au xiii e siècle comme instrument du sacre des rois capétiens. Au même titre que l’ensemble des regalia, elle est aussitôt reprise dans les représentations royales, et ce dans la diversité de leurs supports. Ce n’est pourtant pas à ce seul titre que la main de justice participe de l’affirmation de la souveraineté royale à la fin du Moyen Âge, puisque la main de justice – ou « main du roi » – renvoie aussi à une procédure dont l’usage s’affine tout au long du xiv e siècle, celle du séquestre judiciaire. Si l’évolution de cette procédure a bien été étudiée par les historiens du droit, cette étude s’attache plus précisément à comprendre le sens de l’apparition et de l’utilisation conjointe de la main comme sceptre et de la main comme procédure dans l’exercice concret de la justice royale, à partir des archives médiévales du parlement de Paris.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"42 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139210309","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le livre publié par Philippe Artières en 2020 sous le titre Un séminariste assassin. L’Affaire Bladier, 1905 retrace et analyse avec une rare acuité un meurtre atroce commis dans le Cantal l’année de la séparation des Églises et de l’État : le 1 er septembre 1905, au village de Raulhac Jean-Marie Bladier, dix-sept ans, élève du petit séminaire de Saint-Flour, tue à coup de couteau Jean Raulnay, treize ans, lui coupe la tête qu’il élève vers le ciel ; puis il se livre aux gendarmes. Il est examiné à Lyon par le docteur Alexandre Lacassagne qui lui fait rédiger son autobiographie et reconnaît son irresponsabilité pénale. À l’occasion d’une relecture, on entend ici revenir sur quatre thèmes majeurs de l’analyse historique du cas Bladier : l’histoire rurale ; l’histoire de l’éducation ; l’histoire du sacrement de confession ; et la symbolique de la céphalophorie.
{"title":"Retour sur l’affaire Bladier. Le crime, la confession, la céphalophorie","authors":"P. Boutry","doi":"10.3917/rhis.234.0707","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.234.0707","url":null,"abstract":"Le livre publié par Philippe Artières en 2020 sous le titre Un séminariste assassin. L’Affaire Bladier, 1905 retrace et analyse avec une rare acuité un meurtre atroce commis dans le Cantal l’année de la séparation des Églises et de l’État : le 1 er septembre 1905, au village de Raulhac Jean-Marie Bladier, dix-sept ans, élève du petit séminaire de Saint-Flour, tue à coup de couteau Jean Raulnay, treize ans, lui coupe la tête qu’il élève vers le ciel ; puis il se livre aux gendarmes. Il est examiné à Lyon par le docteur Alexandre Lacassagne qui lui fait rédiger son autobiographie et reconnaît son irresponsabilité pénale. À l’occasion d’une relecture, on entend ici revenir sur quatre thèmes majeurs de l’analyse historique du cas Bladier : l’histoire rurale ; l’histoire de l’éducation ; l’histoire du sacrement de confession ; et la symbolique de la céphalophorie.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"18 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139211509","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans l’antiquité gréco-romaine, l’anatomie humaine a été longtemps admirée en tant que telle et les mains, en particulier, jugées dignes d’éloges. Elles sont apparues comme la marque distinctive d’une humanité considérée comme supérieure aux autres créatures. L’image efficace des mains servantes ( manus ministrae ), conçue au i er siècle av. J.-C., a circulé pendant plus de trois cents ans. Elle constitue un héritage cicéronien : c’est dans le De natura deorum que Cicéron attribue à Balbus un long discours à la gloire de cette partie du corps qui reçoit l’empreinte du finalisme aristotélicien, tel qu’il s’est exprimé dans le livre IV du traité Des Parties des animaux . Le topos des « mains servantes » trouve des échos immédiats, puis renaît à des siècles de distance dans des textes chrétiens du début du iv e siècle, à la fois chez Lactance, dans son traité L’ouvrage du dieu créateur , et chez Arnobe de Sicca, lequel propose dans son Contre les Gentils une bifurcation radicale : avec lui, les manus ministrae perdent de leur lustre et les bienfaits de la Création sont mis en question ; le rhéteur rejette toute forme d’anthropocentrisme. Dans cette entreprise de démolition se devinent les ambiguïtés de l’apologétique en tant que genre littéraire au croisement des traditions. Quelques décennies avant Jérôme, Arnobe semble se reprocher, par son goût pour les lettres et par sa formation même, d’être plus proche de Cicéron que du Christ.
在古希腊罗马时代,人体解剖学本身长期以来一直备受推崇,尤其是手被认为是值得赞美的。它们被视为人类优于其他生物的标志。公元前一世纪构思的仆人之手(manus ministrae)的有效形象流传了三百多年。它是西塞罗的遗产:西塞罗在《论自然》(De natura deorum)一书中将赞美身体这一部分的长篇大论归功于巴尔布斯(Balbus),其中带有亚里士多德终极论的烙印,在《论动物的各个部分》(On the Parts of Animals)一书第四卷中有所表述。"仆人之手 "的论题立即得到了呼应,几个世纪后又在四世纪初的基督教文本中重现,包括拉坦提乌斯(Lactantius)的论文《造物主上帝的工作》和西卡的阿诺比乌斯(Arnobius of Sicca),后者在其《反对外邦人》中提出了一个激进的分叉:在他那里,"仆人之手"(manus ministrae)失去了光彩,造物的益处受到了质疑;修辞者摒弃了一切形式的人类中心主义。作为一种文学体裁,道歉学处于传统的十字路口,其模棱两可之处在这一拆解中显露无遗。在杰罗姆之前几十年,阿诺比乌斯似乎曾自责过,因为他对书信的喜好和他所受的训练,使他更接近西塞罗,而不是基督。
{"title":"Histoire des « mains servantes », de Cicéron à Arnobe","authors":"Sarah Rey","doi":"10.3917/rhis.233.0435","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.233.0435","url":null,"abstract":"Dans l’antiquité gréco-romaine, l’anatomie humaine a été longtemps admirée en tant que telle et les mains, en particulier, jugées dignes d’éloges. Elles sont apparues comme la marque distinctive d’une humanité considérée comme supérieure aux autres créatures. L’image efficace des mains servantes ( manus ministrae ), conçue au i er siècle av. J.-C., a circulé pendant plus de trois cents ans. Elle constitue un héritage cicéronien : c’est dans le De natura deorum que Cicéron attribue à Balbus un long discours à la gloire de cette partie du corps qui reçoit l’empreinte du finalisme aristotélicien, tel qu’il s’est exprimé dans le livre IV du traité Des Parties des animaux . Le topos des « mains servantes » trouve des échos immédiats, puis renaît à des siècles de distance dans des textes chrétiens du début du iv e siècle, à la fois chez Lactance, dans son traité L’ouvrage du dieu créateur , et chez Arnobe de Sicca, lequel propose dans son Contre les Gentils une bifurcation radicale : avec lui, les manus ministrae perdent de leur lustre et les bienfaits de la Création sont mis en question ; le rhéteur rejette toute forme d’anthropocentrisme. Dans cette entreprise de démolition se devinent les ambiguïtés de l’apologétique en tant que genre littéraire au croisement des traditions. Quelques décennies avant Jérôme, Arnobe semble se reprocher, par son goût pour les lettres et par sa formation même, d’être plus proche de Cicéron que du Christ.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"125 8","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139256757","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Claude Jeay, Louis XI ou l’exercice du pouvoir. Gouverner par la signature , Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « CTHS Histoire », 2021, 240 p.","authors":"Amable Sablon du Corail","doi":"10.3917/rhis.233.0552","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.233.0552","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"128 6","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139259453","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’historiographie du renseignement et de l’espionnage a connu ces dernières années un renouveau important, dans la suite des travaux les plus novateurs sur l’histoire des relations internationales. Aujourd’hui, comme c’est le cas pour la diplomatie, l’enjeu tient à une redéfinition du champ de l’espionnage et du renseignement. C’est ce que propose cet article, à travers le cas des espions recrutés par les Florentins envoyés en France par le duc de Florence, Côme I er de Médicis. Il s’agit d’interroger la place des espions au sein des constellations d’agents diplomatiques, au-delà de l’idée qu’ils seraient par nature des figures isolées et cachées. Bien au contraire, certains espions, dont les Gazzetti, un frère et une sœur placés au service de Piero Strozzi, l’ennemi juré de Côme de Médicis, et de la reine Catherine de Médicis, sa cousine, sont connus de l’ensemble des agents agissant au grand jour sur le terrain, tant qu’on pourrait se demander s’il était réellement attendu d’eux qu’ils espionnent. Les modalités de recrutement de ces agents, mais aussi les rapports qu’ils entretiennent sur le temps long avec leurs recruteurs, témoignent des mécanismes sociaux et politiques de l’espionnage, au-delà des fantasmes qu’un tel sujet ne manque jamais de faire naître.
近年来,继最具创新性的国际关系史著作之后,情报和间谍史学又经历了一次重大复兴。与外交史一样,今天的挑战是重新定义间谍和情报领域。本文探讨了佛罗伦萨公爵科西莫一世-美第奇派往法国的佛罗伦萨人招募间谍的案例。文章的目的是研究间谍在外交人员中的地位,而不是认为他们天生就是孤立和隐蔽的人物。恰恰相反,一些间谍,如为科莫-德-美第奇的死敌皮耶罗-斯特罗齐(Piero Strozzi)及其表妹凯瑟琳-德-美第奇王后(Queen Catherine de' Medici)服务的加泽蒂兄妹(Gazzettis),在光天化日之下为所有在实地工作的特工所熟知,以至于我们可能会怀疑他们是否真的被期望从事间谍活动。这些特工的招募方式,以及他们与招募者长期保持的关系,揭示了间谍活动的社会和政治机制,超越了人们对间谍活动的幻想。
{"title":"Et s’il n’était pas attendu des espions qu’ils espionnent ? À propos du recrutement des agents de renseignement de Côme I er de Médicis en France","authors":"Pierre Nevejans","doi":"10.3917/rhis.233.0379","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.233.0379","url":null,"abstract":"L’historiographie du renseignement et de l’espionnage a connu ces dernières années un renouveau important, dans la suite des travaux les plus novateurs sur l’histoire des relations internationales. Aujourd’hui, comme c’est le cas pour la diplomatie, l’enjeu tient à une redéfinition du champ de l’espionnage et du renseignement. C’est ce que propose cet article, à travers le cas des espions recrutés par les Florentins envoyés en France par le duc de Florence, Côme I er de Médicis. Il s’agit d’interroger la place des espions au sein des constellations d’agents diplomatiques, au-delà de l’idée qu’ils seraient par nature des figures isolées et cachées. Bien au contraire, certains espions, dont les Gazzetti, un frère et une sœur placés au service de Piero Strozzi, l’ennemi juré de Côme de Médicis, et de la reine Catherine de Médicis, sa cousine, sont connus de l’ensemble des agents agissant au grand jour sur le terrain, tant qu’on pourrait se demander s’il était réellement attendu d’eux qu’ils espionnent. Les modalités de recrutement de ces agents, mais aussi les rapports qu’ils entretiennent sur le temps long avec leurs recruteurs, témoignent des mécanismes sociaux et politiques de l’espionnage, au-delà des fantasmes qu’un tel sujet ne manque jamais de faire naître.","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"167 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139257766","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Vincent Bernard, La Guerre de Sécession. La « Grande Guerre » américaine, 1861-1865 , Paris, Passés Composés, 2022, 446 p.","authors":"Juliette Bourdin","doi":"10.3917/rhis.233.0565","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/rhis.233.0565","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":46386,"journal":{"name":"REVUE HISTORIQUE","volume":"9 2","pages":""},"PeriodicalIF":0.4,"publicationDate":"2023-11-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139255034","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}