Parmi les nombreuses questions soulevees dans l’argumentaire du colloque, celles qui m’interessent aujourd’hui sont les premieres : « Enseigner la litterature ? Pourquoi ? Parce que c’est inutile ? Parce que c’est utile ? Et a quoi ? » Plus precisement, j’aimerais aborder la question « Que peut la litterature ? », question non seulement essentielle mais urgente, a l'heure de la marginalisation acceleree des humanites dont l’argumentaire nous rappelle les perils1.Que peut la litterature ?La question n’a rien d’original, bien sur ; elle a inspire de nombreux travaux, depuis Sartre et Beauvoir dans les annees 50 jusque plus recemment la lecon inaugurale d’Antoine Compagnon au College de France, intitulee « La litterature, pour quoi faire ? », qui pose la question, critique et politique, du « pari de la litterature », un pari de type pascalien dont l’enjeu, pour n’etre pas metaphysique, n’en est pas moins existentiel.Cependant, ce n’est pas Antoine Compagnon mais son ombre tutelaire, Roland Barthes, que je convoquerai ici, le Barthes derniere periode, the late Barthes. Si, comme l’ecrit Eric Marty, l’editeur des Œuvres completes, « la mort l’a laisse dans l’histoire sous les habits de l’essayiste » (15), l’essayiste n’etait pourtant pas son dernier avatar. Parmi les nombreuses vies de Roland Barthes, en effet — lequel se definissait lui-meme comme « sujet incertain », voire « sujet impur », dans sa propre lecon inaugurale au College de France (Lecon 1978 [1995 801]) —, le moins
在研讨会辩论中提出的众多问题中,我今天感兴趣的是第一个问题:“文学教学?”为什么?因为这没用?因为它有用吗?为了什么?更具体地说,我想谈谈“文学能做什么?”这不仅是一个至关重要的问题,而且是一个紧迫的问题,在人文学科加速边缘化的时代,其论点提醒我们危险文学能做什么?当然,这个问题不是原创的;它激发了许多作品的灵感,从20世纪50年代的萨特和波伏娃,到最近安东尼·Compagnon在法国学院的就职讲座,题目是“文学,pour quoi faire ?”他提出了“文学赌注”的批判和政治问题,这是一种帕斯卡式的赌注,虽然不是形而上学的,但仍然存在。然而,我在这里要提到的不是安托万·巴迪,而是他的影子监护人罗兰·巴特,巴特的最后一个时期,晚期巴特。如果说,正如《全集》的编辑埃里克·马蒂(Eric Marty)所写的那样,“死亡在散文家的外衣下留下了他的历史”,那么散文家并不是他最后的化身。罗兰·巴特(Roland Barthes)在法国学院(College de France)的就职讲座(lecon 1978[1995 801])中,将自己定义为“不确定的主体”,甚至是“不纯洁的主体”,在他众多的一生中,他是最不确定的
{"title":"Caritas : la littérature comme guide de vie selon Roland Barthes","authors":"S. Mathé","doi":"10.58282/colloques.1516","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1516","url":null,"abstract":"Parmi les nombreuses questions soulevees dans l’argumentaire du colloque, celles qui m’interessent aujourd’hui sont les premieres : « Enseigner la litterature ? Pourquoi ? Parce que c’est inutile ? Parce que c’est utile ? Et a quoi ? » Plus precisement, j’aimerais aborder la question « Que peut la litterature ? », question non seulement essentielle mais urgente, a l'heure de la marginalisation acceleree des humanites dont l’argumentaire nous rappelle les perils1.Que peut la litterature ?La question n’a rien d’original, bien sur ; elle a inspire de nombreux travaux, depuis Sartre et Beauvoir dans les annees 50 jusque plus recemment la lecon inaugurale d’Antoine Compagnon au College de France, intitulee « La litterature, pour quoi faire ? », qui pose la question, critique et politique, du « pari de la litterature », un pari de type pascalien dont l’enjeu, pour n’etre pas metaphysique, n’en est pas moins existentiel.Cependant, ce n’est pas Antoine Compagnon mais son ombre tutelaire, Roland Barthes, que je convoquerai ici, le Barthes derniere periode, the late Barthes. Si, comme l’ecrit Eric Marty, l’editeur des Œuvres completes, « la mort l’a laisse dans l’histoire sous les habits de l’essayiste » (15), l’essayiste n’etait pourtant pas son dernier avatar. Parmi les nombreuses vies de Roland Barthes, en effet — lequel se definissait lui-meme comme « sujet incertain », voire « sujet impur », dans sa propre lecon inaugurale au College de France (Lecon 1978 [1995 801]) —, le moins","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"590 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123072465","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
I. Pourquoi l’interpretation ? Pourquoi et comment enseigner la litterature a l’universite ? Suffit-il de dire que la lecture de l’œuvre litteraire nous apporte du plaisir et contribue a notre epanouissement personnel ? Face a la crise de l’enseignement universitaire de la litterature en France comme au Japon, tout se passe apparemment comme si l’on ne trouvait plus en soi ni hors de soi de quoi repondre a la question. Mon propos n’est pas de repondre a ce questionnement fondamental, mais plus modestement de reflechir du point de vue de l’hermeneutique a la question suivante : pourquoi et comment interpreter l’œuvre litteraire ? L’on ne saurait vivre et s’aventurer dans les labyrinthes de l’univers sans un fil d’Ariane, lequel doit etre doue d’une vertu hermeneutique, et l’on ne saurait assez insister sur l’importance de l’aptitude a interpreter. L’activite scientifique se limite souvent a l’effort de degager des ordres de coherence et opere le plus souvent par reduction du complexe au simple, du particulier au general, par rejection de l’alea et du singulier, afin d’ordonner notre experience. Quand il s’agissait de phenomenes naturels, il suffirait de les « expliquer » selon le paradigme de la simplification. Mais des qu’il s’agit de phenomenes humains et culturels, il faut essayer de les « comprendre » dans leur singularite et leur complexite. La connaissance de soi et du monde s’approfondit par le detour d’une interpretation qui met a l’epreuve notre aptitude hermeneu
{"title":"Pourquoi et comment interpréter l’œuvre littéraire ? : l’exemple de l’avant-dernier chapitre de L’Education sentimentale","authors":"K. Matsuzawa","doi":"10.58282/colloques.1534","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1534","url":null,"abstract":"I. Pourquoi l’interpretation ? Pourquoi et comment enseigner la litterature a l’universite ? Suffit-il de dire que la lecture de l’œuvre litteraire nous apporte du plaisir et contribue a notre epanouissement personnel ? Face a la crise de l’enseignement universitaire de la litterature en France comme au Japon, tout se passe apparemment comme si l’on ne trouvait plus en soi ni hors de soi de quoi repondre a la question. Mon propos n’est pas de repondre a ce questionnement fondamental, mais plus modestement de reflechir du point de vue de l’hermeneutique a la question suivante : pourquoi et comment interpreter l’œuvre litteraire ? L’on ne saurait vivre et s’aventurer dans les labyrinthes de l’univers sans un fil d’Ariane, lequel doit etre doue d’une vertu hermeneutique, et l’on ne saurait assez insister sur l’importance de l’aptitude a interpreter. L’activite scientifique se limite souvent a l’effort de degager des ordres de coherence et opere le plus souvent par reduction du complexe au simple, du particulier au general, par rejection de l’alea et du singulier, afin d’ordonner notre experience. Quand il s’agissait de phenomenes naturels, il suffirait de les « expliquer » selon le paradigme de la simplification. Mais des qu’il s’agit de phenomenes humains et culturels, il faut essayer de les « comprendre » dans leur singularite et leur complexite. La connaissance de soi et du monde s’approfondit par le detour d’une interpretation qui met a l’epreuve notre aptitude hermeneu","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"111 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132820328","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
On connait la situation : partout en France, les filieres litteraires des lycees se vident, et dans les universites les effectifs etudiants des departements de lettres, apres avoir connu une chute brutale, stagnent ou continuent de diminuer. Interroges, les etudiants expliquent souvent leur presence dans ces departements comme un pis-aller, faute d’avoir obtenu leur inscription dans une filiere plus selective, plus prestigieuse, plus prometteuse en matiere d’emploi. Les metiers de l’enseignement ne font plus recette, et, quelques annees plus tard, ces memes etudiants s’y resignent plutot qu’ils ne s’y precipitent. Il y a la de toute evidence un phenomene de societe, et meme de civilisation : la litterature a perdu le prestige symbolique qui lui assignait jadis une position centrale dans le systeme educatif, faisant de l’instituteur, homme du livre, le levier de l’ascension sociale, et de la maitrise de la belle langue — la condition necessaire d’une carriere politique ou entrepreneuriale. On n’obtenait point d’ascendant sur les hommes sans maitrise des lettres ; point de preeminence sociale sans le magistere de la culture. La premiere question qui nous est donc posee aujourd’hui, non sans brutalite, est celle de l’utilite de la litterature, non une utilite morale ou democratique1 plaidee sous forme de lamentations et de regret, mais une utilite, une fonction que nous pourrions constater dans la civilisation post-moderne. Plus radicalement encore, peut-on aujourd’hui penser u
{"title":"L’espace contre le temps de la littérature : Fahrenheit 451","authors":"Stéphane Lojkine","doi":"10.58282/colloques.1492","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1492","url":null,"abstract":"On connait la situation : partout en France, les filieres litteraires des lycees se vident, et dans les universites les effectifs etudiants des departements de lettres, apres avoir connu une chute brutale, stagnent ou continuent de diminuer. Interroges, les etudiants expliquent souvent leur presence dans ces departements comme un pis-aller, faute d’avoir obtenu leur inscription dans une filiere plus selective, plus prestigieuse, plus prometteuse en matiere d’emploi. Les metiers de l’enseignement ne font plus recette, et, quelques annees plus tard, ces memes etudiants s’y resignent plutot qu’ils ne s’y precipitent. Il y a la de toute evidence un phenomene de societe, et meme de civilisation : la litterature a perdu le prestige symbolique qui lui assignait jadis une position centrale dans le systeme educatif, faisant de l’instituteur, homme du livre, le levier de l’ascension sociale, et de la maitrise de la belle langue — la condition necessaire d’une carriere politique ou entrepreneuriale. On n’obtenait point d’ascendant sur les hommes sans maitrise des lettres ; point de preeminence sociale sans le magistere de la culture. La premiere question qui nous est donc posee aujourd’hui, non sans brutalite, est celle de l’utilite de la litterature, non une utilite morale ou democratique1 plaidee sous forme de lamentations et de regret, mais une utilite, une fonction que nous pourrions constater dans la civilisation post-moderne. Plus radicalement encore, peut-on aujourd’hui penser u","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128363593","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le desinteret actuel pour les humanites, leur importance moindre dans les parcours et l’orientation scolaires, une certaine perte d’audience de la litterature, posent la question de la place de celle-ci dans l’enseignement secondaire et a l’universite. D’une meme voix, on defend son importance, son enseignement, sa place a l’universite.Il conviendrait pourtant de distinguer la litterature, l’enseignement de la litterature, et la recherche en litterature. Enseigner la litterature n’est ni enseigner un savoir comme la biologie ou l’histoire, ni transmettre un art comme l’art du piano ou de la peinture sur chevalet. C’est plus modestement transmettre un gout ainsi que la capacite a penetrer des œuvres complexes, a reflechir sur elles et a partir d’elles car ce gout, cette capacite sont reputes contribuer a la formation de l’individu et du citoyen et rendre la personne plus riche et meilleure. La recherche en litterature, elle, vise a construire un savoir, a determiner le sens et la fonction des œuvres a partir de leur origine, de leur reception, des propositions explicites qu’elles contiennent mais aussi de leur mode d’organisation, de leur usage du langage et des codes. La pratique de la lecture litteraire et la production d’un savoir scientifique ne se recoupent que partiellement. L’universite fait les deux et ne les distingue pas bien. De la toute une serie d’interferences sans doute inevitables et souvent necessaires, mais parfois dommageables : les corpus canoniques, ceux q
{"title":"Pourquoi la littérature à l’Université ? Discussion, arguments, propositions.","authors":"J. Fanlo","doi":"10.58282/colloques.1486","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1486","url":null,"abstract":"Le desinteret actuel pour les humanites, leur importance moindre dans les parcours et l’orientation scolaires, une certaine perte d’audience de la litterature, posent la question de la place de celle-ci dans l’enseignement secondaire et a l’universite. D’une meme voix, on defend son importance, son enseignement, sa place a l’universite.Il conviendrait pourtant de distinguer la litterature, l’enseignement de la litterature, et la recherche en litterature. Enseigner la litterature n’est ni enseigner un savoir comme la biologie ou l’histoire, ni transmettre un art comme l’art du piano ou de la peinture sur chevalet. C’est plus modestement transmettre un gout ainsi que la capacite a penetrer des œuvres complexes, a reflechir sur elles et a partir d’elles car ce gout, cette capacite sont reputes contribuer a la formation de l’individu et du citoyen et rendre la personne plus riche et meilleure. La recherche en litterature, elle, vise a construire un savoir, a determiner le sens et la fonction des œuvres a partir de leur origine, de leur reception, des propositions explicites qu’elles contiennent mais aussi de leur mode d’organisation, de leur usage du langage et des codes. La pratique de la lecture litteraire et la production d’un savoir scientifique ne se recoupent que partiellement. L’universite fait les deux et ne les distingue pas bien. De la toute une serie d’interferences sans doute inevitables et souvent necessaires, mais parfois dommageables : les corpus canoniques, ceux q","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"21 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114542527","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le point de depart, ou point d’appui, de la reflexion qui va suivre est un ouvrage de John Maxwell Coetzee, paru en 2003 (l’annee ou Coetzee a recu le prix Nobel) : il s’agit d’Elizabeth Costello. Elizabeth Costello peut etre appele un roman, bien qu’il soit sous titre Huit lecons. Si je l’ai choisi, ce n’est pas a cause de ce sous-titre, qui evoque pourtant l'acte d’enseigner dont il est question dans ce colloque ; mais parce que la question de la litterature, du roman, des humanites, et la question de leur crise, est posee tout du long. Ce livre de litterature, ce roman d’un des grands romanciers d’aujourd’hui, pose, explicitement, plusieurs des questions qui figurent dans notre appel. Il les pose au present dans le contexte mondialise, postcolonial, qui s'impose a nous aujourd'hui.Ce qu’il dit n’est pas complaisant. La protagoniste eponyme est une romanciere, qui voyage a travers le monde, d’universite en universite, pour donner des conferences. Elle mene la vie d’un ecrivain d’aujourd’hui, a qui, certes, on demande d’ecrire (ou d'avoir ecrit) mais a qui l’on demande aussi (ou surtout) de venir et de parler. Il y eut un temps ou l’ecrivain etait un etre lointain dont on lisait les livres (a qui quelquefois on osait ecrire) sans l’entendre jamais ni le voir. C’est de moins en moins le cas desormais : l’industrie culturelle, la television, l’internet, dans une moindre mesure l’universite, ont change cela. Costello est une romanciere enseignante, discourante, vieillissante. V
{"title":"Etat de siège ?","authors":"Claude-Pierre Pérez","doi":"10.58282/colloques.1480","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1480","url":null,"abstract":"Le point de depart, ou point d’appui, de la reflexion qui va suivre est un ouvrage de John Maxwell Coetzee, paru en 2003 (l’annee ou Coetzee a recu le prix Nobel) : il s’agit d’Elizabeth Costello. Elizabeth Costello peut etre appele un roman, bien qu’il soit sous titre Huit lecons. Si je l’ai choisi, ce n’est pas a cause de ce sous-titre, qui evoque pourtant l'acte d’enseigner dont il est question dans ce colloque ; mais parce que la question de la litterature, du roman, des humanites, et la question de leur crise, est posee tout du long. Ce livre de litterature, ce roman d’un des grands romanciers d’aujourd’hui, pose, explicitement, plusieurs des questions qui figurent dans notre appel. Il les pose au present dans le contexte mondialise, postcolonial, qui s'impose a nous aujourd'hui.Ce qu’il dit n’est pas complaisant. La protagoniste eponyme est une romanciere, qui voyage a travers le monde, d’universite en universite, pour donner des conferences. Elle mene la vie d’un ecrivain d’aujourd’hui, a qui, certes, on demande d’ecrire (ou d'avoir ecrit) mais a qui l’on demande aussi (ou surtout) de venir et de parler. Il y eut un temps ou l’ecrivain etait un etre lointain dont on lisait les livres (a qui quelquefois on osait ecrire) sans l’entendre jamais ni le voir. C’est de moins en moins le cas desormais : l’industrie culturelle, la television, l’internet, dans une moindre mesure l’universite, ont change cela. Costello est une romanciere enseignante, discourante, vieillissante. V","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"43 2","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132654758","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Un bon enseignant a le droit de manipuler son public, a condition, toutefois, que ses manipulations soient pedagogiquement utiles. On le voit, je ne cherche nullement ici a debaucher mes collegues, ni mes etudiants d’ailleurs. Ce que visent les remarques qui vont suivre est bien une utilite pedagogique, c’est-a-dire une maniere efficace et simple de transmettre des choses. Mais on peut etre efficace de bien des manieres. Imaginons donc que, dans le cadre d’un cours de litterature, de haut niveau, s’entend – le sujet de notre colloque est l’enseignement universitaire –, un enseignant en arrive a ne plus respecter une regle philologique de base, celle qui veut que l’on cite les auteurs « dans le texte », et non dans tel autre texte, ecrit par tel autre auteur dont on tait la presence… Imaginons que notre enseignant le fait expres, par strategie en quelque sorte, car il sait que l’on finira par decouvrir la supercherie, ce qu’il ne craint pas. Imaginons, enfin, que le public, quand il se rend compte qu’on l’a trompe sur la marchandise, n’est pas en colere contre l’enseignant mais l’acclame car il s’est montre un vrai maitre… Mais je ferai sans doute mieux d’illustrer ma pensee a l’aide d’un exemple…Roland Barthes ouvre sa seconde annee de cours sur La Preparation du roman en lisant a son auditoire un passage des Memoires d’outre-tombe. Barthes veut, explique-t-il, « mettre en exergue a son cours un parfum »1. Je rappelle ce passage, qui est bien connu. Chateaubriand, en route ve
{"title":"Du mépris de la rigueur philologique comme dispositif pédagogique (Barthes)","authors":"F. Schuerewegen","doi":"10.58282/colloques.1483","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1483","url":null,"abstract":"Un bon enseignant a le droit de manipuler son public, a condition, toutefois, que ses manipulations soient pedagogiquement utiles. On le voit, je ne cherche nullement ici a debaucher mes collegues, ni mes etudiants d’ailleurs. Ce que visent les remarques qui vont suivre est bien une utilite pedagogique, c’est-a-dire une maniere efficace et simple de transmettre des choses. Mais on peut etre efficace de bien des manieres. Imaginons donc que, dans le cadre d’un cours de litterature, de haut niveau, s’entend – le sujet de notre colloque est l’enseignement universitaire –, un enseignant en arrive a ne plus respecter une regle philologique de base, celle qui veut que l’on cite les auteurs « dans le texte », et non dans tel autre texte, ecrit par tel autre auteur dont on tait la presence… Imaginons que notre enseignant le fait expres, par strategie en quelque sorte, car il sait que l’on finira par decouvrir la supercherie, ce qu’il ne craint pas. Imaginons, enfin, que le public, quand il se rend compte qu’on l’a trompe sur la marchandise, n’est pas en colere contre l’enseignant mais l’acclame car il s’est montre un vrai maitre… Mais je ferai sans doute mieux d’illustrer ma pensee a l’aide d’un exemple…Roland Barthes ouvre sa seconde annee de cours sur La Preparation du roman en lisant a son auditoire un passage des Memoires d’outre-tombe. Barthes veut, explique-t-il, « mettre en exergue a son cours un parfum »1. Je rappelle ce passage, qui est bien connu. Chateaubriand, en route ve","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"61 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131010521","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La question de l’enseignement de la litterature aujourd’hui ne peut plus se poser dans les termes ou sur la base d’un universalisme abstrait, fruit d’une bonne conscience progressiste presupposant un accord d’evidence partagee sur l’essentiel : les valeurs, les visees, la perfectibilite de pratiques communes. Plus que jamais l'attention doit se porter sur les singularites, sur la distinction ou la differenciation du local et du global. S’il est un enseignement a tirer de l’observation de l’enseignement (celui qu’on pratique ailleurs comme celui que nous pratiquons nous-memes) c’est qu’une approche pragmatique s’impose, essentiellement relativiste. Pour aller loin dans cette direction sans doute faudrait-il s’inspirer de certains exercices d’ethnographie de laboratoire, a la Bruno Latour, plutot que du sociologisme reductionniste derive de Bourdieu.Depuis le site particulier que j’occupe (mais tous ne le sont-ils pas ?), celui d’une universite francophone en Amerique, la question exige que soient bien saisis et definis les parametres determinants de la problematique. Ressemblances et differences avec d'autres systemes universitaires peuvent troubler la perspective. L’Amerique francophone est en effet dans ce domaine structuree integralement selon le meme modele que les universites des Etats-Unis tandis que l’organisation du financement de la recherche se fait selon un schema plutot britannique alors que le travail intellectuel s’inscrit dans des paradigmes theoriques plutot
{"title":"La littérature hors concours","authors":"M. Pierssens","doi":"10.58282/colloques.1504","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1504","url":null,"abstract":"La question de l’enseignement de la litterature aujourd’hui ne peut plus se poser dans les termes ou sur la base d’un universalisme abstrait, fruit d’une bonne conscience progressiste presupposant un accord d’evidence partagee sur l’essentiel : les valeurs, les visees, la perfectibilite de pratiques communes. Plus que jamais l'attention doit se porter sur les singularites, sur la distinction ou la differenciation du local et du global. S’il est un enseignement a tirer de l’observation de l’enseignement (celui qu’on pratique ailleurs comme celui que nous pratiquons nous-memes) c’est qu’une approche pragmatique s’impose, essentiellement relativiste. Pour aller loin dans cette direction sans doute faudrait-il s’inspirer de certains exercices d’ethnographie de laboratoire, a la Bruno Latour, plutot que du sociologisme reductionniste derive de Bourdieu.Depuis le site particulier que j’occupe (mais tous ne le sont-ils pas ?), celui d’une universite francophone en Amerique, la question exige que soient bien saisis et definis les parametres determinants de la problematique. Ressemblances et differences avec d'autres systemes universitaires peuvent troubler la perspective. L’Amerique francophone est en effet dans ce domaine structuree integralement selon le meme modele que les universites des Etats-Unis tandis que l’organisation du financement de la recherche se fait selon un schema plutot britannique alors que le travail intellectuel s’inscrit dans des paradigmes theoriques plutot","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"263 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"122156360","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
S. Audeguy, Christian Garcin, Gilles Ortlieb, Jean Rolin
Table ronde conduite par Christel Brun-Franc, Elodie Karaki, Jean-Damien Mazare, Elena Zamagni, Universite de Provence, Aix-Marseille 1. Christian Garcin est ne a Marseille en 1959. Arriere-petit-fils de navigateurs, voyageur, Garcin est un ecrivain a la recherche de son lieu propre, il arpente les pistes du reve et de la fiction, il poursuit les indices qui signalent l'existence d'un autre etat de la realite, « un envers du monde », et decouvre les zones de passage, les failles, les points de contact avec les mondes tangents. Christian Garcin a publie Vidas, son premier livre, en 1993 chez Gallimard, puis L'encre et la couleur en 1997. Son premier roman, Le Vol du Pigeon voyageur parait en 2000. Peut-etre pour vivre le reve de sa grand-mere qui lui disait « tu seras marin comme mon pere et mon grand-pere, et comme eux tu iras en Chine » ; pour verifier une hypothetique origine chinoise ou mongole, du cote maternel, ou encore pour atteindre les lieux de ses reveries, Christian Garcin voyage, en Chine et en Mongolie. Dans La Piste mongole, publie en 2009 chez Verdier, on retrouve l’Orient, le lac Baikal, les steppes mongoles et les rues chinoises mais on decouvre surtout les territoires invisibles et inaccessibles des reves ainsi que l’autre monde des voyages chamaniques. Son dernier roman, Des femmes disparaissent paru chez Verdier en 2011 raconte l'histoire de Zhu Wenguang, dit Zuo Luo, ou Zorro, liberateur des femmes vendues et maltraitees.Gilles Ortliebest ne en 1953 au Ma
圆桌会议由Christel Brun-Franc, Elodie Karaki, Jean-Damien Mazare, Elena Zamagni,普罗旺斯大学,艾克斯-马赛1。Christian Garcin于1959年出生于马赛。Arriere-petit-fils航海家、旅行家、辛是一位作家寻找自己的场所,他踱梦和小说的线索,他继续举报的线索存在另一个现实,«»,和世界的一个对decouvre转换断层、地区与世界接触点切线。Christian Garcin于1993年在Gallimard出版了他的第一本书Vidas, 1997年出版了L’encre et la couleur。他的第一部小说《信鸽的飞行》于2000年出版。也许是为了实现他祖母的梦想,她对他说:“你将成为一个像我父亲和祖父一样的水手,像他们一样去中国。”为了验证一个假设的中国或蒙古血统,母亲的身份,或到达他梦想的地方,Christian Garcin旅行,中国和蒙古。在Verdier 2009年出版的《蒙古之路》中,我们发现了东方、贝加尔湖、蒙古大草原和中国的街道,但最重要的是,我们发现了无形的、无法进入的梦想领域,以及萨满教旅行的另一个世界。她的最新小说《消失的女人》于2011年在Verdier出版,讲述了朱文光(又名左罗)或佐罗的故事,她是被贩卖和虐待妇女的解放者。Gilles Ortliebest出生于1953年
{"title":"« Le statut très incertain du plaisir » : quatre écrivains et l’enseignement de la littérature.","authors":"S. Audeguy, Christian Garcin, Gilles Ortlieb, Jean Rolin","doi":"10.58282/colloques.1529","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1529","url":null,"abstract":"Table ronde conduite par Christel Brun-Franc, Elodie Karaki, Jean-Damien Mazare, Elena Zamagni, Universite de Provence, Aix-Marseille 1. Christian Garcin est ne a Marseille en 1959. Arriere-petit-fils de navigateurs, voyageur, Garcin est un ecrivain a la recherche de son lieu propre, il arpente les pistes du reve et de la fiction, il poursuit les indices qui signalent l'existence d'un autre etat de la realite, « un envers du monde », et decouvre les zones de passage, les failles, les points de contact avec les mondes tangents. Christian Garcin a publie Vidas, son premier livre, en 1993 chez Gallimard, puis L'encre et la couleur en 1997. Son premier roman, Le Vol du Pigeon voyageur parait en 2000. Peut-etre pour vivre le reve de sa grand-mere qui lui disait « tu seras marin comme mon pere et mon grand-pere, et comme eux tu iras en Chine » ; pour verifier une hypothetique origine chinoise ou mongole, du cote maternel, ou encore pour atteindre les lieux de ses reveries, Christian Garcin voyage, en Chine et en Mongolie. Dans La Piste mongole, publie en 2009 chez Verdier, on retrouve l’Orient, le lac Baikal, les steppes mongoles et les rues chinoises mais on decouvre surtout les territoires invisibles et inaccessibles des reves ainsi que l’autre monde des voyages chamaniques. Son dernier roman, Des femmes disparaissent paru chez Verdier en 2011 raconte l'histoire de Zhu Wenguang, dit Zuo Luo, ou Zorro, liberateur des femmes vendues et maltraitees.Gilles Ortliebest ne en 1953 au Ma","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130862864","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les perspectives de l’enseignement de la Litterature en Classes Preparatoires Scientifiques sont differentes de celle en Hypokhâgne et en Khâgne, presentee par Francoise Guichard, car les etudiants scientifiques, contrairement aux litteraires, sont dans une dynamique de reussite : il y a presque autant de places offertes aux concours que de candidats. « La litterature en classes preparatoires scientifiques, un exercice de pensee plus qu’une fin en soi. ». Ce titre de communication part d’un simple constat : en CPGE scientifiques, il n’y a pas a proprement parler de litterature, mais un professeur de litterature qui enseigne une matiere, designee officiellement sous le nom de « Francais-Philosophie ». Est-ce pour autant que la Litterature a disparu ?Le service hebdomadaire de 2h en premiere annee et 2h en deuxieme annee s’articule autour des 12h de mathematiques, et des 8h de physique/chimie, en 1ere annee dans la filiere MPSI (Maths Physiques Sciences de l’Ingenieur). La deuxieme annee comporte (12h de maths, 9h phys/chimie). Mais toujours 2h (oh victoire !) en « Francais-Philosophie »; d’ailleurs, c’est toujours le volume horaire de 2h de « Francais-Philosophie » qui est alloue, quelles que soient les annees, (1ere ou 2eme,) et quelle que soit la filiere (MPSI, PCSI, MP, PC). Au moins, en employant un langage scientifique, on peut dire que la litterature est une constante. Seules varient les heures de sciences. Il est vrai, une tres grande proportion leur est attribuee. Cet
{"title":"La Littérature en classes préparatoires scientifiques : un exercice de pensée, plus qu’une fin en soi","authors":"Claudia Manenti-Ronzeaud","doi":"10.58282/colloques.1525","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1525","url":null,"abstract":"Les perspectives de l’enseignement de la Litterature en Classes Preparatoires Scientifiques sont differentes de celle en Hypokhâgne et en Khâgne, presentee par Francoise Guichard, car les etudiants scientifiques, contrairement aux litteraires, sont dans une dynamique de reussite : il y a presque autant de places offertes aux concours que de candidats. « La litterature en classes preparatoires scientifiques, un exercice de pensee plus qu’une fin en soi. ». Ce titre de communication part d’un simple constat : en CPGE scientifiques, il n’y a pas a proprement parler de litterature, mais un professeur de litterature qui enseigne une matiere, designee officiellement sous le nom de « Francais-Philosophie ». Est-ce pour autant que la Litterature a disparu ?Le service hebdomadaire de 2h en premiere annee et 2h en deuxieme annee s’articule autour des 12h de mathematiques, et des 8h de physique/chimie, en 1ere annee dans la filiere MPSI (Maths Physiques Sciences de l’Ingenieur). La deuxieme annee comporte (12h de maths, 9h phys/chimie). Mais toujours 2h (oh victoire !) en « Francais-Philosophie »; d’ailleurs, c’est toujours le volume horaire de 2h de « Francais-Philosophie » qui est alloue, quelles que soient les annees, (1ere ou 2eme,) et quelle que soit la filiere (MPSI, PCSI, MP, PC). Au moins, en employant un langage scientifique, on peut dire que la litterature est une constante. Seules varient les heures de sciences. Il est vrai, une tres grande proportion leur est attribuee. Cet","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130403780","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Il est necessaire de faire un retour sur le paysage de la critique litteraire observable dans les annees 1960 et 1970 pour comprendre la situation qui prevaut quarante ou cinquante annees plus tard. La nouvelle critique etait alors resumable par le triangle structuralisme + marxisme + freudisme. Il faudrait ajouter la critique phenomenologique (Richard, Poulet, Starobinski, Rousset, Bachelard), mais cette derniere s’est tenue pour l’essentiel a la marge des grandes polemiques et n’a pas fait ecole malgre ses importantes fulgurances. A s’en tenir au triangle structuralisme/marxisme /freudisme, on fera deux remarques. D’abord, marxisme et freudisme ont cesse d’inspirer la critique et sont aujourd’hui seulement mentionnes dans les cours et les manuels consacres a faire l’inventaire des methodes critiques du passe. On ne pratique plus ces approches, mais on ne dit pas pourquoi on ne le fait pas et on ne se soucie pas de les remplacer si elles sont caduques. C’est en ce sens qu’on peut affirmer que le structuralisme est reste seul maitre de la place, meme s’il est certain que c’est sous une forme assagie et en cohabitation avec une histoire litteraire restauree et depoussieree.Deuxieme remarque concernant le tripode structuralisme/marxisme/freudisme, c’etaient les memes professeurs et les memes etudiants qui, dans les annees 60-70, etaient marxistes en sociologie, freudiens en psychologie et structuralistes en structuralisme. Loin que des debats epiques aient oppose ces trois ecol
{"title":"Restaurer la transitivité de la littérature","authors":"B. Viard","doi":"10.58282/colloques.1496","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1496","url":null,"abstract":"Il est necessaire de faire un retour sur le paysage de la critique litteraire observable dans les annees 1960 et 1970 pour comprendre la situation qui prevaut quarante ou cinquante annees plus tard. La nouvelle critique etait alors resumable par le triangle structuralisme + marxisme + freudisme. Il faudrait ajouter la critique phenomenologique (Richard, Poulet, Starobinski, Rousset, Bachelard), mais cette derniere s’est tenue pour l’essentiel a la marge des grandes polemiques et n’a pas fait ecole malgre ses importantes fulgurances. A s’en tenir au triangle structuralisme/marxisme /freudisme, on fera deux remarques. D’abord, marxisme et freudisme ont cesse d’inspirer la critique et sont aujourd’hui seulement mentionnes dans les cours et les manuels consacres a faire l’inventaire des methodes critiques du passe. On ne pratique plus ces approches, mais on ne dit pas pourquoi on ne le fait pas et on ne se soucie pas de les remplacer si elles sont caduques. C’est en ce sens qu’on peut affirmer que le structuralisme est reste seul maitre de la place, meme s’il est certain que c’est sous une forme assagie et en cohabitation avec une histoire litteraire restauree et depoussieree.Deuxieme remarque concernant le tripode structuralisme/marxisme/freudisme, c’etaient les memes professeurs et les memes etudiants qui, dans les annees 60-70, etaient marxistes en sociologie, freudiens en psychologie et structuralistes en structuralisme. Loin que des debats epiques aient oppose ces trois ecol","PeriodicalId":318774,"journal":{"name":"Enseigner la littérature à l’université aujourd’hui","volume":"18 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2011-11-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114745385","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}