Si dans certaines disciplines, comme l’histoire, les archives sont familieres, qu’on se pose la question de leur statut ou pas, leur pertinence dans les etudes litteraires semble moins evidente. La position centrale de la notion d’archives pour les historiens vient du fait qu’elles sont le fondement de la connaissance, le referent reel du discours et son garant de l’ambition de verite de la discipline, le lien materiel avec le passe, le lieu ou s’engage, en tant que trace, la reflexion sur l’histoire prise dans le temps entre passe et present [1]. Neanmoins, les historiens acceptent (generalement) aujourd’hui, le fait que les sources ne constituent pas le materiau brut sur lequel l’historien mene ses experimentations ou du moins auquel l’historien pose ses questions : les archives sont construites, et elles le sont trois fois : par la societe, par les agents qui interviennent dans l’operation de selection et de « mise en archive » (c’est-a-dire la transformation du document en archive), et par les historiens et chercheurs en sciences sociales [2]. Quant aux specialistes de litterature, on frequente, certes, les archives dans certaines sous-disciplines : celles des auteurs dans le domaine de la critique genetique, de l’etude de manuscrits, et les monographies en general ; les archives editoriales, lorsqu’on travaille sur le contexte de production et de publication des œuvres litteraires ; nous avons recours aux archives historiques ou institutionnelles lors de recherches sur l
{"title":"En passant par les archives… ","authors":"A. Louis","doi":"10.58282/colloques.6316","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6316","url":null,"abstract":"Si dans certaines disciplines, comme l’histoire, les archives sont familieres, qu’on se pose la question de leur statut ou pas, leur pertinence dans les etudes litteraires semble moins evidente. La position centrale de la notion d’archives pour les historiens vient du fait qu’elles sont le fondement de la connaissance, le referent reel du discours et son garant de l’ambition de verite de la discipline, le lien materiel avec le passe, le lieu ou s’engage, en tant que trace, la reflexion sur l’histoire prise dans le temps entre passe et present [1]. Neanmoins, les historiens acceptent (generalement) aujourd’hui, le fait que les sources ne constituent pas le materiau brut sur lequel l’historien mene ses experimentations ou du moins auquel l’historien pose ses questions : les archives sont construites, et elles le sont trois fois : par la societe, par les agents qui interviennent dans l’operation de selection et de « mise en archive » (c’est-a-dire la transformation du document en archive), et par les historiens et chercheurs en sciences sociales [2]. Quant aux specialistes de litterature, on frequente, certes, les archives dans certaines sous-disciplines : celles des auteurs dans le domaine de la critique genetique, de l’etude de manuscrits, et les monographies en general ; les archives editoriales, lorsqu’on travaille sur le contexte de production et de publication des œuvres litteraires ; nous avons recours aux archives historiques ou institutionnelles lors de recherches sur l","PeriodicalId":365450,"journal":{"name":"Les écritures des archives : littérature, discipline littéraire et archives","volume":"28 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128693756","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
A. Louis, J. Velasco, Clara Zgoła, Agnieszka Karpowicz
Description generale du projet L’objectif du projet est de generer un espace de reflexion sur l’inscription des archives sur les œuvres artistiques ainsi que sur les ecrits disciplinaires relevant des sciences humaines et sociales. Dans le contexte de l’interet suscite par la constitution d’archives et le questionnement sur leur statut dans les sciences humaines et sociales contemporaines, notre projet prend position en tant que questionnement epistemologique, afin d’etudier leur capacite a favoriser des productions marquees par la pluralite et l’interdisciplinarite, sous differentes formes, de la generation de l’objet a sa formalisation. Nous prenons en compte les acquis venant de differentes disciplines, telles que l’histoire et l’historiographie (Bloch 1997, De Certeau 1975, Veyne 1878, Farge 1989, Ginzburg 1989, Anheim 2004), l’anthropologie (Pouillon 2000, Wachtel 2015), l’art (Simon 2002, Foster Hal 2002, 2004, Godfrey Mark 2007, Osthoff 2009, Guasch 2011, Pijarski 2011, Heinich/Shapiro 2012, Rosengarten Ruth, 2013) et la philosophie (Foucault 1969, Derrida 1995, Ricoeur 2000, Stoler Ann Laura 2009), tout comme sur le vaste reseau archivistique contemporain (ITEM, IMEC, Archives de creation de Rennes). Construit au gre des rencontres reunissant des chercheurs venant de divers pays et representant de nombreuses disciplines telles que les etudes litteraires, les etudes culturelles, l’anthropologie, l’histoire et l’histoire de l’art, la philosophie ou encore sociologie des
该项目的目的是为艺术作品的档案记录以及人文和社会科学领域的学科写作提供一个反思的空间。背景由档案和利益引发质疑当代人文和社会中的地位,我们采取了立场草案作为质疑epistemologique d’etudier以便他们促进了生产能力,仍然由不同形式的多元性和l’interdisciplinarite generation》,受到了其正规化。我们考虑来自不同学科的成果,如历史和史学(1997年、1975年、1878 Veyne de Certeau Bloch法基于1989年、1989年Ginzburg Anheim 2004)、人类学(2000 Pouillon Wachtel先生,2015),艺术(Simon Foster, Hal 2002、2004、2007 Godfrey Mark Osthoff 2009、2011年在Pijarski 2011、2012 / Heinich Shapiro Rosengarten鲁思,2013)和哲学(Foucault) 1969年,Ann劳拉Derrida 1995、2000 Ricoeur Stoler 2009),以及庞大的当代档案网络(ITEM, IMEC, Archives de creation de Rennes)。建立在gre会议的基础上,汇集了来自不同国家的研究人员,代表了许多学科,如文学研究、文化研究、人类学、历史和艺术史、哲学或社会学
{"title":"Les écritures des archives","authors":"A. Louis, J. Velasco, Clara Zgoła, Agnieszka Karpowicz","doi":"10.58282/colloques.6305","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6305","url":null,"abstract":"Description generale du projet L’objectif du projet est de generer un espace de reflexion sur l’inscription des archives sur les œuvres artistiques ainsi que sur les ecrits disciplinaires relevant des sciences humaines et sociales. Dans le contexte de l’interet suscite par la constitution d’archives et le questionnement sur leur statut dans les sciences humaines et sociales contemporaines, notre projet prend position en tant que questionnement epistemologique, afin d’etudier leur capacite a favoriser des productions marquees par la pluralite et l’interdisciplinarite, sous differentes formes, de la generation de l’objet a sa formalisation. Nous prenons en compte les acquis venant de differentes disciplines, telles que l’histoire et l’historiographie (Bloch 1997, De Certeau 1975, Veyne 1878, Farge 1989, Ginzburg 1989, Anheim 2004), l’anthropologie (Pouillon 2000, Wachtel 2015), l’art (Simon 2002, Foster Hal 2002, 2004, Godfrey Mark 2007, Osthoff 2009, Guasch 2011, Pijarski 2011, Heinich/Shapiro 2012, Rosengarten Ruth, 2013) et la philosophie (Foucault 1969, Derrida 1995, Ricoeur 2000, Stoler Ann Laura 2009), tout comme sur le vaste reseau archivistique contemporain (ITEM, IMEC, Archives de creation de Rennes). Construit au gre des rencontres reunissant des chercheurs venant de divers pays et representant de nombreuses disciplines telles que les etudes litteraires, les etudes culturelles, l’anthropologie, l’histoire et l’histoire de l’art, la philosophie ou encore sociologie des","PeriodicalId":365450,"journal":{"name":"Les écritures des archives : littérature, discipline littéraire et archives","volume":"3 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125613374","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les historiens et quelques autres, les litteraires, par exemple, ont l’habitude de scruter les traces que portent des archives quand ils frequentent ces lieux qu’on appelle « les archives » : traces selectionnees et classees d’actions accomplies, d’opinions, de convictions, etc., et aussi traces de l’action d’archiver. Nous voudrions adopter ici une demarche a rebours de celle-ci en nous demandant ce que gardent les traces comme archive de leur production. Ces traces sont pour nous, dans notre travail d’historien, des ecrits, deposes dans des depots d’archives ou non. Si l’on regarde ces traces non comme des reservoirs d’informations, mais comme des objets a part entiere produits d’une histoire, il faut admettre que ces ecrits sont le fruit d’une ecriture. Pas seulement d’une activite graphique, mais d’un travail de la langue, tout particulierement dans une societe ou la litterature peut servir de norme et d’inspiration ; d’horizon et de ressource. La question devient alors : l’ecriture peut-elle etre consideree comme un geste de conservation historiquement situe susceptible d’etre etudie comme tel ? Peut-on en faire l’ethnographie ? Pour le dire autrement : peut-on etudier un ecrit du passe comme archive de son ecriture ?Nous avons souhaite explorer, dans cette perspective, quelques ecrits des XVIIe et XIXe siecles, des ecrits conserves, certains comme archives de l’Etat, d’autres comme œuvres – pour les premiers, donc, des ecrits consideres ordinairement comme des documents
{"title":"De quoi les traces regardées comme des objets sont-elles l’archive ?","authors":"C. Jouhaud, J. Lyon-Caen","doi":"10.58282/colloques.6325","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6325","url":null,"abstract":"Les historiens et quelques autres, les litteraires, par exemple, ont l’habitude de scruter les traces que portent des archives quand ils frequentent ces lieux qu’on appelle « les archives » : traces selectionnees et classees d’actions accomplies, d’opinions, de convictions, etc., et aussi traces de l’action d’archiver. Nous voudrions adopter ici une demarche a rebours de celle-ci en nous demandant ce que gardent les traces comme archive de leur production. Ces traces sont pour nous, dans notre travail d’historien, des ecrits, deposes dans des depots d’archives ou non. Si l’on regarde ces traces non comme des reservoirs d’informations, mais comme des objets a part entiere produits d’une histoire, il faut admettre que ces ecrits sont le fruit d’une ecriture. Pas seulement d’une activite graphique, mais d’un travail de la langue, tout particulierement dans une societe ou la litterature peut servir de norme et d’inspiration ; d’horizon et de ressource. La question devient alors : l’ecriture peut-elle etre consideree comme un geste de conservation historiquement situe susceptible d’etre etudie comme tel ? Peut-on en faire l’ethnographie ? Pour le dire autrement : peut-on etudier un ecrit du passe comme archive de son ecriture ?Nous avons souhaite explorer, dans cette perspective, quelques ecrits des XVIIe et XIXe siecles, des ecrits conserves, certains comme archives de l’Etat, d’autres comme œuvres – pour les premiers, donc, des ecrits consideres ordinairement comme des documents","PeriodicalId":365450,"journal":{"name":"Les écritures des archives : littérature, discipline littéraire et archives","volume":"11 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"133057964","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La presence insistante du document dans la production litteraire contemporaine ainsi que des notions d’« archive » et de « document » dans les discours sur la litterature et les arts invite a interroger les rapports entre des pratiques artistiques d’un cote, et, de l’autre, des debats et des discours que caracterise une certaine inquietude disciplinaire. Depuis une vingtaine d’annees, en France, les methodes des etudes litteraires se diversifient au contact des studies et des sciences sociales ; leurs objets interessent les historiens et les sociologues ; les ecrivains eux-memes semblent prendre leur part au debat epistemologique, en empruntant et en questionnant les procedures scientifiques de l’enquete, de la recherche documentaire ou de l’entretien. Symetriquement, des historiens ou des anthropologues revendiquent le recours a une ecriture litteraire comme methode ou comme contre-methode. Meme s’il est loin de constituer un phenomene unifie, le « parti-pris du document » dans les arts [1], parfois aussi qualifie de « tournant documentaire [2] », s’accompagne ainsi d’un « tournant litteraire » du cote des sciences sociales [3]. Ces effets de symetrie et de convergence interrogent la fabrique des discours de savoir et elargissent le champ des reflexions epistemologiques. Ils invitent au dialogue entre des pratiques discursives distinctes, et, au sein de la communaute scientifique, entre differents champs disciplinaires, tels que la sociologie, l’anthropologie, l’histoire, l’
{"title":"Détournements d’archives : littérature documentaire et dialogue interdisciplinaire","authors":"Marie-Jeanne Zenetti","doi":"10.58282/colloques.6324","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6324","url":null,"abstract":"La presence insistante du document dans la production litteraire contemporaine ainsi que des notions d’« archive » et de « document » dans les discours sur la litterature et les arts invite a interroger les rapports entre des pratiques artistiques d’un cote, et, de l’autre, des debats et des discours que caracterise une certaine inquietude disciplinaire. Depuis une vingtaine d’annees, en France, les methodes des etudes litteraires se diversifient au contact des studies et des sciences sociales ; leurs objets interessent les historiens et les sociologues ; les ecrivains eux-memes semblent prendre leur part au debat epistemologique, en empruntant et en questionnant les procedures scientifiques de l’enquete, de la recherche documentaire ou de l’entretien. Symetriquement, des historiens ou des anthropologues revendiquent le recours a une ecriture litteraire comme methode ou comme contre-methode. Meme s’il est loin de constituer un phenomene unifie, le « parti-pris du document » dans les arts [1], parfois aussi qualifie de « tournant documentaire [2] », s’accompagne ainsi d’un « tournant litteraire » du cote des sciences sociales [3]. Ces effets de symetrie et de convergence interrogent la fabrique des discours de savoir et elargissent le champ des reflexions epistemologiques. Ils invitent au dialogue entre des pratiques discursives distinctes, et, au sein de la communaute scientifique, entre differents champs disciplinaires, tels que la sociologie, l’anthropologie, l’histoire, l’","PeriodicalId":365450,"journal":{"name":"Les écritures des archives : littérature, discipline littéraire et archives","volume":"30 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132890498","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}