Au lieu d’être simplement contributif ou redistributif, le système de retraite français est encore très rétributif : la pension ne dépend pas strictement de ce qui a été cotisé, mais de bien d’autres facteurs qui compensent ou récompensent divers comportements. Si cette logique rétributive est bien connue pour le calcul du salaire de référence dans les régimes de base, cet article s’attache à montrer qu’elle est aussi très présente dans le calcul de la durée d’assurance, notamment via les validations gratuites de trimestres. De ce fait, le système de retraite français introduit une redistribution des carrières hachées vers les carrières longues ou complètes, entre outsiders et insiders du système. Comme le système fiscal mité par les dépenses fiscales, le système de retraites doit s’appréhender sous le biais de l’économie politique et des intérêts catégoriels, si l’on cherche à en renforcer la logique contributive.
{"title":"La logique rétributive de la durée d’assurance requise et des critères de validation de trimestres","authors":"Charles Dennery","doi":"10.3917/redp.341.0001","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.341.0001","url":null,"abstract":"Au lieu d’être simplement contributif ou redistributif, le système de retraite français est encore très rétributif : la pension ne dépend pas strictement de ce qui a été cotisé, mais de bien d’autres facteurs qui compensent ou récompensent divers comportements. Si cette logique rétributive est bien connue pour le calcul du salaire de référence dans les régimes de base, cet article s’attache à montrer qu’elle est aussi très présente dans le calcul de la durée d’assurance, notamment via les validations gratuites de trimestres. De ce fait, le système de retraite français introduit une redistribution des carrières hachées vers les carrières longues ou complètes, entre outsiders et insiders du système. Comme le système fiscal mité par les dépenses fiscales, le système de retraites doit s’appréhender sous le biais de l’économie politique et des intérêts catégoriels, si l’on cherche à en renforcer la logique contributive.","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"53 5","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140430823","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Afin de mieux maîtriser les finances publiques, l’État français cherche à inciter les collectivités locales, et en particulier les communes, à plus de rigueur budgétaire. Il mobilise depuis 30 ans le levier de l’intercommunalité, en pariant sur une rationalisation des dépenses, et, plus récemment, celui de la réduction de son transfert aux communes, la dotation globale de fonctionnement (DGF). La DGF étant également un instrument de péréquation verticale, nous étudions ses performances, en tenant compte de l’existence du fonds de péréquation intercommunal (FPIC), un dispositif de redistribution horizontale à l’échelon du bloc communal. Notre analyse, menée sur un panel de communes de plus de 1000 habitants observé sur la période 2018-2023, montre, d’une part, que la péréquation verticale est largement plus performante que celle qui passe par le FPIC et, d’autre part, que l’articulation des deux systèmes fait apparaître des dysfonctionnements. Enfin, alors que le montant de la DGF est officiellement déterminé selon une formule, nous mettons en évidence un biais politique dans son allocation susceptible d’altérer sa performance péréquatrice. Nous remercions le Comité de rédaction de la revue et deux rapporteurs anonymes pour leurs remarques et critiques constructives. Ce travail a bénéficié de discussions avec les participants au 62ème Congrès de la Société Canadienne de Science Économique (Québec, mai 2023) et avec les membres de la Commission Territoires du Conseil National de l’Information Statistique (Paris, novembre 2022). Nous tenons à remercier Luc Brière, Chef du département des études et des statistiques locales (DESL) de la Direction générale des collectivités locales (DGCL), pour son aide précieuse à l’accès aux données, sans que lui-même ou ses structures de rattachement ne puissent être tenus pour responsables des analyses développées dans la présente étude. Nous remercions enfin l’Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales (OFGL) pour nous avoir facilité l’accès à certaines données.
{"title":"Le rôle politique de la dotation globale de fonctionnement","authors":"Touria Jaaidane, Sophie Larribeau","doi":"10.3917/redp.341.0011","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.341.0011","url":null,"abstract":"Afin de mieux maîtriser les finances publiques, l’État français cherche à inciter les collectivités locales, et en particulier les communes, à plus de rigueur budgétaire. Il mobilise depuis 30 ans le levier de l’intercommunalité, en pariant sur une rationalisation des dépenses, et, plus récemment, celui de la réduction de son transfert aux communes, la dotation globale de fonctionnement (DGF). La DGF étant également un instrument de péréquation verticale, nous étudions ses performances, en tenant compte de l’existence du fonds de péréquation intercommunal (FPIC), un dispositif de redistribution horizontale à l’échelon du bloc communal. Notre analyse, menée sur un panel de communes de plus de 1000 habitants observé sur la période 2018-2023, montre, d’une part, que la péréquation verticale est largement plus performante que celle qui passe par le FPIC et, d’autre part, que l’articulation des deux systèmes fait apparaître des dysfonctionnements. Enfin, alors que le montant de la DGF est officiellement déterminé selon une formule, nous mettons en évidence un biais politique dans son allocation susceptible d’altérer sa performance péréquatrice. Nous remercions le Comité de rédaction de la revue et deux rapporteurs anonymes pour leurs remarques et critiques constructives. Ce travail a bénéficié de discussions avec les participants au 62ème Congrès de la Société Canadienne de Science Économique (Québec, mai 2023) et avec les membres de la Commission Territoires du Conseil National de l’Information Statistique (Paris, novembre 2022). Nous tenons à remercier Luc Brière, Chef du département des études et des statistiques locales (DESL) de la Direction générale des collectivités locales (DGCL), pour son aide précieuse à l’accès aux données, sans que lui-même ou ses structures de rattachement ne puissent être tenus pour responsables des analyses développées dans la présente étude. Nous remercions enfin l’Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales (OFGL) pour nous avoir facilité l’accès à certaines données.","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"33 32","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140429601","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article analyse deux politiques publiques mises en œuvre pour réduire les pertes alimentaires post-récolte : une politique basée sur une norme logistique minimale (MLS) imposée aux producteurs et une politique basée sur le subventionnement de la logistique des producteurs. Nous proposons un modèle de différenciation spatiale où les producteurs de produits périssables sont géographiquement situés et plus ou moins éloignés d’un marché de gros. Nous évaluons différents effets de ces politiques : effets directs (sur les pertes alimentaires) et effets « collatéraux » (sur les prix et sur l’exclusion des producteurs). Par rapport à la situation sans intervention publique, l’imposition d’un MLS améliore uniquement l’infrastructure des producteurs les plus proches du marché, tandis qu’une subvention publique est plus efficace pour améliorer l’infrastructure des producteurs les plus éloignés du marché. Nous montrons que les autorités publiques peuvent être confrontées à un dilemme : i) choisir un MLS plus efficace pour réduire le risque de perte alimentaire mais avec des effets plus négatifs sur l’inclusion des producteurs et sur le bien-être social ; ii) choisir une politique de subvention moins efficace pour réduire les pertes alimentaires mais (si le niveau n’est pas trop élevé) avec des externalités plus positives sur les autres critères. Classification JEL : L11, R39, C61, D21
{"title":"How to Reduce Post-Harvest Losses ? A Theoretical Assessment of a Support Policy versus a Regulation Policy.","authors":"Lamia Meziani, A. Hammoudi, M. Radjef, M. Perito","doi":"10.3917/redp.341.0049","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.341.0049","url":null,"abstract":"L’article analyse deux politiques publiques mises en œuvre pour réduire les pertes alimentaires post-récolte : une politique basée sur une norme logistique minimale (MLS) imposée aux producteurs et une politique basée sur le subventionnement de la logistique des producteurs. Nous proposons un modèle de différenciation spatiale où les producteurs de produits périssables sont géographiquement situés et plus ou moins éloignés d’un marché de gros. Nous évaluons différents effets de ces politiques : effets directs (sur les pertes alimentaires) et effets « collatéraux » (sur les prix et sur l’exclusion des producteurs). Par rapport à la situation sans intervention publique, l’imposition d’un MLS améliore uniquement l’infrastructure des producteurs les plus proches du marché, tandis qu’une subvention publique est plus efficace pour améliorer l’infrastructure des producteurs les plus éloignés du marché. Nous montrons que les autorités publiques peuvent être confrontées à un dilemme : i) choisir un MLS plus efficace pour réduire le risque de perte alimentaire mais avec des effets plus négatifs sur l’inclusion des producteurs et sur le bien-être social ; ii) choisir une politique de subvention moins efficace pour réduire les pertes alimentaires mais (si le niveau n’est pas trop élevé) avec des externalités plus positives sur les autres critères. Classification JEL : L11, R39, C61, D21","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"50 17","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140429761","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article explore l’héritage intellectuel de Kornai en se focalisant sur deux concepts clés constamment présents dans ses travaux, à savoir le paradigme systémique et la contrainte budgétaire lâche (CBL). Ces deux concepts ont constitué les soubassements théoriques des contributions originales de Kornai à l’important sous-champ de la science économique connu durant la guerre froide sous le nom de « systèmes économiques comparés ». Le concept de CBL a eu un impact beaucoup plus fort sur la discipline à l’Ouest. Mais pour les lecteurs chinois, russes, et d’Europe de l’Est, le message principal de Kornai était que les dysfonctionnements du socialisme étaient endémiques, systémiques et que ce dernier ne pouvait être réformé. En fin de compte, la perspective révolutionnaire de Kornai a été inspirée par le paradigme systémique qui, avec la CBL, reflète son héritage théorique à l’Est et à l’Ouest. Dans cet article, je défendrai l’idée selon laquelle la conceptualisation du paradigme systémique chez Kornai a débuté par la neutralité institutionnelle (notamment politique ) et s’est achevé par la centralité institutionnelle (notamment politique ) alors que sa formulation de la CBL a suivi le chemin inverse. En théorisant la CBL, il a commencé par la centralité institutionnelle et a terminé par la neutralité institutionnelle . Je conclurai l’article en suggérant une solution à l’énigme de l’héritage intellectuel de Kornai en suivant deux directions opposées concernant ses deux contributions théoriques principales. JEL Classifications : B3, D5, E1, E7, P2, P3, P5
{"title":"Janos Kornai’s Intellectual Legacy: Looking into System Paradigm and Soft Budget Constraints","authors":"M. Vahabi","doi":"10.3917/redp.341.0105","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.341.0105","url":null,"abstract":"Cet article explore l’héritage intellectuel de Kornai en se focalisant sur deux concepts clés constamment présents dans ses travaux, à savoir le paradigme systémique et la contrainte budgétaire lâche (CBL). Ces deux concepts ont constitué les soubassements théoriques des contributions originales de Kornai à l’important sous-champ de la science économique connu durant la guerre froide sous le nom de « systèmes économiques comparés ». Le concept de CBL a eu un impact beaucoup plus fort sur la discipline à l’Ouest. Mais pour les lecteurs chinois, russes, et d’Europe de l’Est, le message principal de Kornai était que les dysfonctionnements du socialisme étaient endémiques, systémiques et que ce dernier ne pouvait être réformé. En fin de compte, la perspective révolutionnaire de Kornai a été inspirée par le paradigme systémique qui, avec la CBL, reflète son héritage théorique à l’Est et à l’Ouest. Dans cet article, je défendrai l’idée selon laquelle la conceptualisation du paradigme systémique chez Kornai a débuté par la neutralité institutionnelle (notamment politique ) et s’est achevé par la centralité institutionnelle (notamment politique ) alors que sa formulation de la CBL a suivi le chemin inverse. En théorisant la CBL, il a commencé par la centralité institutionnelle et a terminé par la neutralité institutionnelle . Je conclurai l’article en suggérant une solution à l’énigme de l’héritage intellectuel de Kornai en suivant deux directions opposées concernant ses deux contributions théoriques principales. JEL Classifications : B3, D5, E1, E7, P2, P3, P5","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"15 11","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140429933","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cette contribution vise à retracer l’évolution de longue période des compétences scolaires des élèves français de 1970 à 2020. Partant des résultats fournis par les enquêtes internationales sur les acquis des élèves, nous présentons, à partir d’une base de données inédite, l’originalité de la trajectoire nationale vis-à-vis des autres pays de l’OCDE. Notre approche est historique et comparative. En effet, plus que la variation absolue, c’est aux écarts relatifs vis-à-vis de l’OCDE que nous mesurons la performance française. Au cours des 50 dernières années, nous montrons que, pour le cas de la France, les performances en lecture et en mathématiques augmentent avant d’entamer une stagnation voire une diminution (les scores moyens étant significativement faibles). De manière générale, nous observons une croissance quasi-généralisée de la performance scolaire sur les décennies 1970, 1980 et 1990, même si les taux de croissance diffèrent entre pays. Par ailleurs, nous nous interrogeons sur la trajectoire française en termes d’acquis scolaires qui, pas à pas, tend à diverger de celle des autres pays de l’OCDE. Ce faisant, nos résultats enrichissent les conclusions des travaux issus des enquêtes nationales tout en livrant de nouveaux éléments de preuve associés à des éclairages historiques et comparatifs renouvelés.
{"title":"Bref retour cliométrique sur 50 ans de performances scolaires en lecture et en mathématiques en France : 1970-2020","authors":"Nadir Altinok, C. Diebolt","doi":"10.3917/redp.341.0081","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.341.0081","url":null,"abstract":"Cette contribution vise à retracer l’évolution de longue période des compétences scolaires des élèves français de 1970 à 2020. Partant des résultats fournis par les enquêtes internationales sur les acquis des élèves, nous présentons, à partir d’une base de données inédite, l’originalité de la trajectoire nationale vis-à-vis des autres pays de l’OCDE. Notre approche est historique et comparative. En effet, plus que la variation absolue, c’est aux écarts relatifs vis-à-vis de l’OCDE que nous mesurons la performance française. Au cours des 50 dernières années, nous montrons que, pour le cas de la France, les performances en lecture et en mathématiques augmentent avant d’entamer une stagnation voire une diminution (les scores moyens étant significativement faibles). De manière générale, nous observons une croissance quasi-généralisée de la performance scolaire sur les décennies 1970, 1980 et 1990, même si les taux de croissance diffèrent entre pays. Par ailleurs, nous nous interrogeons sur la trajectoire française en termes d’acquis scolaires qui, pas à pas, tend à diverger de celle des autres pays de l’OCDE. Ce faisant, nos résultats enrichissent les conclusions des travaux issus des enquêtes nationales tout en livrant de nouveaux éléments de preuve associés à des éclairages historiques et comparatifs renouvelés.","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"38 23","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140431667","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les articles publiés par la Revue d’économie politique pendant ces quatre ans de guerre marquent son engagement immédiat et sans faille dans le cadre de « l’Union sacrée ». Année après année, l’enjeu de la Revue fut de rendre compte de la dimension économique du conflit. Les articles les plus notables portèrent sur comparaison entre la capacité financière des Empires centraux et celle de la France, car, en dernière instance, la capacité financière détermine la capacité militaire Si l’étalon-or fut le critère dominant pour apprécier cette capacité, néanmoins l’idée que la monnaie, en elle-même, n’était que l’expression d’un consensus social n’en fut pas moins affirmée ouvrant ainsi la voie à d’autres conceptions de la monnaie. Un autre aspect se manifesta, avant même que le conflit soit achevé et les traités signés, c’est qu’après la guerre (victorieuse pour les Alliés et Associés – cela va de soi), il ne convenait pas d’exclure les Empires centraux des relations économiques et commerciales. Comme le déclara Charles Gide dans un article de 1917, pour une paix durable il fallait écarter « toute préoccupation de guerre économique ».
{"title":"La Revue d’économie politique et la guerre de 1914 – 1918","authors":"Ramón Tortajada","doi":"10.3917/redp.336.0925","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.336.0925","url":null,"abstract":"Les articles publiés par la Revue d’économie politique pendant ces quatre ans de guerre marquent son engagement immédiat et sans faille dans le cadre de « l’Union sacrée ». Année après année, l’enjeu de la Revue fut de rendre compte de la dimension économique du conflit. Les articles les plus notables portèrent sur comparaison entre la capacité financière des Empires centraux et celle de la France, car, en dernière instance, la capacité financière détermine la capacité militaire Si l’étalon-or fut le critère dominant pour apprécier cette capacité, néanmoins l’idée que la monnaie, en elle-même, n’était que l’expression d’un consensus social n’en fut pas moins affirmée ouvrant ainsi la voie à d’autres conceptions de la monnaie. Un autre aspect se manifesta, avant même que le conflit soit achevé et les traités signés, c’est qu’après la guerre (victorieuse pour les Alliés et Associés – cela va de soi), il ne convenait pas d’exclure les Empires centraux des relations économiques et commerciales. Comme le déclara Charles Gide dans un article de 1917, pour une paix durable il fallait écarter « toute préoccupation de guerre économique ».","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"32 2","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-01-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140513961","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
On analyse les évolutions de l’organisation choisie par des groupes souhaitant se livrer à des pratiques de collusion sur plusieurs marchés. Si les synergies entre les différentes activités sont fortes, les groupes réunissent leurs activités au sein d’un conglomérat. Si les synergies sont faibles, les groupes préfèrent scinder leurs différentes activités en plusieurs firmes autonomes lorsqu’ils se livrent à la collusion sur plusieurs marchés. Lorsque l’autorité de la concurrence dissout l’un des accords de collusion, les groupes procèdent à des fusions pour réunifier leurs activités et bénéficier des synergies potentielles. Cette dynamique de l’organisation des groupes fait apparaître une décote de conglomérat.
{"title":"Dynamique des conglomérats et politique antitrust","authors":"Armel Jacques","doi":"10.3917/redp.336.0997","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.336.0997","url":null,"abstract":"On analyse les évolutions de l’organisation choisie par des groupes souhaitant se livrer à des pratiques de collusion sur plusieurs marchés. Si les synergies entre les différentes activités sont fortes, les groupes réunissent leurs activités au sein d’un conglomérat. Si les synergies sont faibles, les groupes préfèrent scinder leurs différentes activités en plusieurs firmes autonomes lorsqu’ils se livrent à la collusion sur plusieurs marchés. Lorsque l’autorité de la concurrence dissout l’un des accords de collusion, les groupes procèdent à des fusions pour réunifier leurs activités et bénéficier des synergies potentielles. Cette dynamique de l’organisation des groupes fait apparaître une décote de conglomérat.","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"28 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-01-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140513927","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans les années 1990, Joshua Angrist et Guido Imbens se demandèrent comment interpréter causalement les estimations obtenues au moyen de variables instrumentales (une méthode courante en économie) en s’appuyant sur la notion de variables potentielles (un cadre classique pour formaliser les relations causales en statistique). Ils comblèrent un fossé entre ces deux disciplines en mettant en évidence l’importance de considérer l’hétérogénéité des effets d’un traitement et en montrant que, sous des hypothèses raisonnables dans de nombreuses situations pratiques, cette méthode permet d’estimer un effet causal moyen sur une sous-population spécifique d’individus, ceux dont le traitement est affecté par l’instrument. Ils reçurent le prix Nobel d’économie essentiellement pour cette notion de « local average treatment effect » (LATE). La première partie de cet article présente en détail cet apport méthodologique : ses racines visibles dans des articles appliqués antérieurs, les différents résultats d’identification et leurs extensions, ainsi que les débats portant sur l’intérêt du LATE pour éclairer des décisions de politique publique. La seconde examine les principales contributions de ces deux auteurs en plus du LATE. J. Angrist a poursuivi ses travaux empiriques dans plusieurs champs, en particulier celui de l’éducation, toujours avec une attention singulière accordée à la stratégie d’identification en recherchant et en utilisant des expériences naturelles informatives et variées. G. Imbens a continué à enrichir la boite à outils permettant d’estimer les effets causaux d’un traitement ou d’une politique publique avec de nombreuses avancées méthodologiques, notamment le matching sur le score de propension et, plus récemment, l’adaptation des techniques d’apprentissage statistique (« machine learning ») aux problématiques économétriques.
20 世纪 90 年代,约书亚-安格里斯特(Joshua Angrist)和圭多-英本斯(Guido Imbens)想知道如何利用潜在变量概念(统计学中正式确定因果关系的经典框架)从因果关系的角度解释利用工具变量(经济学中的一种常用方法)获得的估计值。他们在这两门学科之间架起了一座桥梁,强调了考虑治疗效果异质性的重要性,并证明了在许多实际情况下,在合理的假设条件下,这种方法可以估算出对特定亚群个体(即其治疗受到工具影响的个体)的平均因果效应。他们就是因为这个 "局部平均治疗效果"(LATE)的概念而获得诺贝尔经济学奖的。本文的第一部分详细介绍了这一方法论贡献:它在早期应用文章中的可见根基、各种识别结果及其扩展,以及关于 LATE 在为公共政策决策提供信息方面的价值的争论。第二部分探讨了这两位作者除 LATE 之外的主要贡献。J. Angrist 继续在多个领域(尤其是教育领域)开展实证研究工作,始终专注于通过寻找和使用信息丰富的各种自然实验来实施识别策略。G. Imbens 通过大量方法论上的进步,特别是倾向得分匹配,以及最近对计量经济学问题的机器学习技术的调整,不断丰富着估算治疗或公共政策因果效应的工具箱。
{"title":"Bridging Methodologies: Angrist and Imbens’ Contributions to Causal Identification","authors":"Lucas Girard, Yannick Guyonvarch","doi":"10.3917/redp.336.0845","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.336.0845","url":null,"abstract":"Dans les années 1990, Joshua Angrist et Guido Imbens se demandèrent comment interpréter causalement les estimations obtenues au moyen de variables instrumentales (une méthode courante en économie) en s’appuyant sur la notion de variables potentielles (un cadre classique pour formaliser les relations causales en statistique). Ils comblèrent un fossé entre ces deux disciplines en mettant en évidence l’importance de considérer l’hétérogénéité des effets d’un traitement et en montrant que, sous des hypothèses raisonnables dans de nombreuses situations pratiques, cette méthode permet d’estimer un effet causal moyen sur une sous-population spécifique d’individus, ceux dont le traitement est affecté par l’instrument. Ils reçurent le prix Nobel d’économie essentiellement pour cette notion de « local average treatment effect » (LATE). La première partie de cet article présente en détail cet apport méthodologique : ses racines visibles dans des articles appliqués antérieurs, les différents résultats d’identification et leurs extensions, ainsi que les débats portant sur l’intérêt du LATE pour éclairer des décisions de politique publique. La seconde examine les principales contributions de ces deux auteurs en plus du LATE. J. Angrist a poursuivi ses travaux empiriques dans plusieurs champs, en particulier celui de l’éducation, toujours avec une attention singulière accordée à la stratégie d’identification en recherchant et en utilisant des expériences naturelles informatives et variées. G. Imbens a continué à enrichir la boite à outils permettant d’estimer les effets causaux d’un traitement ou d’une politique publique avec de nombreuses avancées méthodologiques, notamment le matching sur le score de propension et, plus récemment, l’adaptation des techniques d’apprentissage statistique (« machine learning ») aux problématiques économétriques.","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"110 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-01-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140514136","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article propose d’adapter un modèle simple de propagation de maladie à la persuasion politique. Plus précisément, nous étudions comment une politique présentée par un leader se diffuse dans un comité divisé en deux groupes : les adhérents et les opposants. A chaque date, les agents des deux groupes se rencontrent et s’influencent mutuellement en fonction de la force de persuasion du leader. Si la force de persuasion du leader domine (est dominée), alors certains opposants (adhérents) deviennent des adhérents (opposants). De plus, les agents peuvent également changer d’opinion simplement en raison de la force d’attraction symbolique de chaque groupe ou du leader. A long terme, il apparaît qu’une force d’attraction élevée puisse compenser une force de persuasion faible pour s’assurer que plus de la moitié des membres souscrivent à la politique présentée par le leader. Une telle situation est stable. Inversement, une force de persuasion élevée, lorsque la force d’attraction du groupe du leader est relativement faible, peut générer l’apparition d’un cycle de deux périodes, via l’occurrence d’une bifurcation flip, telle que le leader perd la majorité d’une période à l’autre. JEL. C61, D72
{"title":"Opinion Dynamics and Political Persuasion","authors":"David Desmarchelier, Thomas Lanzi","doi":"10.3917/redp.336.0907","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.336.0907","url":null,"abstract":"Cet article propose d’adapter un modèle simple de propagation de maladie à la persuasion politique. Plus précisément, nous étudions comment une politique présentée par un leader se diffuse dans un comité divisé en deux groupes : les adhérents et les opposants. A chaque date, les agents des deux groupes se rencontrent et s’influencent mutuellement en fonction de la force de persuasion du leader. Si la force de persuasion du leader domine (est dominée), alors certains opposants (adhérents) deviennent des adhérents (opposants). De plus, les agents peuvent également changer d’opinion simplement en raison de la force d’attraction symbolique de chaque groupe ou du leader. A long terme, il apparaît qu’une force d’attraction élevée puisse compenser une force de persuasion faible pour s’assurer que plus de la moitié des membres souscrivent à la politique présentée par le leader. Une telle situation est stable. Inversement, une force de persuasion élevée, lorsque la force d’attraction du groupe du leader est relativement faible, peut générer l’apparition d’un cycle de deux périodes, via l’occurrence d’une bifurcation flip, telle que le leader perd la majorité d’une période à l’autre. JEL. C61, D72","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"53 2","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-01-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140513976","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Un nouveau modèle de croissance endogène a été développé en réconciliant les idées de Kaldor (la croissance économique comme réaction en chaine), de Schumpeter (la destruction créatrice) et de Keynes (la demande effective) ; une nouvelle fonction de production est obtenue. A partir de ce modèle de croissance, il est démontré qu’il existe trois régimes de croissance, avec des optima caractérisés par la maximisation du retour sur l’investissement de rationalisation ou de capacité. Ces enseignements s’avèrent cohérents avec les réalités des 17 économies avancées (Européennes, Anglo-Saxonnes and Japonaise) sur la longue période 1961-2018 pour lesquelles nous disposons de données précises. Ces trois régimes de croissance reflètent des économies durant le boom économique d’après-guerre, des économies Anglo-Saxonnes très créatrices d’emplois mais aussi des économies aux faibles performances depuis les années 2000. Les fondamentaux sont également cohérents avec les caractéristiques des optima, reflétant ainsi l’objectif des entrepreneurs de maximiser le retour sur l’investissement de rationalisation ou sur l’investissement de capacité. Au sein de chaque régime de croissance, l’augmentation de la part du profit dans le revenu affaiblit la croissance du PIB et la croissance de la productivité, alors qu’elle peut améliorer la croissance de l’emploi. Codes JEL : D33, E23, E24, E25, O40
{"title":"Growth as a Chain Reaction: its Production Function, the Three Growth Regimes and the Advanced Economies","authors":"Alain Villemeur","doi":"10.3917/redp.335.0653","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/redp.335.0653","url":null,"abstract":"Un nouveau modèle de croissance endogène a été développé en réconciliant les idées de Kaldor (la croissance économique comme réaction en chaine), de Schumpeter (la destruction créatrice) et de Keynes (la demande effective) ; une nouvelle fonction de production est obtenue. A partir de ce modèle de croissance, il est démontré qu’il existe trois régimes de croissance, avec des optima caractérisés par la maximisation du retour sur l’investissement de rationalisation ou de capacité. Ces enseignements s’avèrent cohérents avec les réalités des 17 économies avancées (Européennes, Anglo-Saxonnes and Japonaise) sur la longue période 1961-2018 pour lesquelles nous disposons de données précises. Ces trois régimes de croissance reflètent des économies durant le boom économique d’après-guerre, des économies Anglo-Saxonnes très créatrices d’emplois mais aussi des économies aux faibles performances depuis les années 2000. Les fondamentaux sont également cohérents avec les caractéristiques des optima, reflétant ainsi l’objectif des entrepreneurs de maximiser le retour sur l’investissement de rationalisation ou sur l’investissement de capacité. Au sein de chaque régime de croissance, l’augmentation de la part du profit dans le revenu affaiblit la croissance du PIB et la croissance de la productivité, alors qu’elle peut améliorer la croissance de l’emploi. Codes JEL : D33, E23, E24, E25, O40","PeriodicalId":129622,"journal":{"name":"Revue d'économie politique","volume":"215 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139307624","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}