Les sciences de l’homme qui émergent à la fin du xix e siècle se structurent au moment même où l’action sociale, qui plongeait ses racines dans une bienfaisance souvent issue des Églises, connaît des changements importants dans ses objectifs et ses modes d’intervention. En quoi l’action philanthropique féminine dans la Seine-Inférieure constitue-t-elle un terrain d’élaboration d’un savoir social au tournant du xix e et du xx e siècle ? Il s’agit d’étudier cette question en tenant compte de la manière dont l’appartenance de sexe joue dans la forme que prend, pour les femmes, la participation à la production d’un savoir social. Les 3000 femmes impliquées dans l’action sociale et étudiées dans cet article se répartissent en deux cohortes successives qui s’investissent d’abord dans des œuvres de charité traditionnelles puis dans des associations philanthropiques nouvelles. Elles ont des profils différents et ont recours à des outils variés dans leur action sociale. Peu incitées à formuler une parole publique dans un premier temps, les femmes se saisissent des outils souvent considérés comme féminins que sont les enquêtes sociales au tournant du siècle. Cependant, seul l’essor des mouvements féministes semble constituer un bouleversement assez fort pour contribuer à l’énonciation d’un savoir féminin ; sa prise en compte, dans cet exemple provincial, en fait la démonstration.
{"title":"L’action philanthropique féminine, un terrain d’élaboration d’un savoir social ?","authors":"Claire Saunier-Le Foll","doi":"10.3917/etsoc.177.0113","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0113","url":null,"abstract":"Les sciences de l’homme qui émergent à la fin du xix e siècle se structurent au moment même où l’action sociale, qui plongeait ses racines dans une bienfaisance souvent issue des Églises, connaît des changements importants dans ses objectifs et ses modes d’intervention. En quoi l’action philanthropique féminine dans la Seine-Inférieure constitue-t-elle un terrain d’élaboration d’un savoir social au tournant du xix e et du xx e siècle ? Il s’agit d’étudier cette question en tenant compte de la manière dont l’appartenance de sexe joue dans la forme que prend, pour les femmes, la participation à la production d’un savoir social. Les 3000 femmes impliquées dans l’action sociale et étudiées dans cet article se répartissent en deux cohortes successives qui s’investissent d’abord dans des œuvres de charité traditionnelles puis dans des associations philanthropiques nouvelles. Elles ont des profils différents et ont recours à des outils variés dans leur action sociale. Peu incitées à formuler une parole publique dans un premier temps, les femmes se saisissent des outils souvent considérés comme féminins que sont les enquêtes sociales au tournant du siècle. Cependant, seul l’essor des mouvements féministes semble constituer un bouleversement assez fort pour contribuer à l’énonciation d’un savoir féminin ; sa prise en compte, dans cet exemple provincial, en fait la démonstration.","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"15 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132498427","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Claudia Franziska Brühwiler, Out of a Gray Fog: Ayn Rand’s Europe , Londres, Lexington Books, 2021, 316 p.","authors":"Dominique Ottavi","doi":"10.3917/etsoc.177.0265","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0265","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"47 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131785192","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Rédiger une thèse en sciences sociales durant la Belle Époque : le cas des étudiantes de l’Université Nouvelle de Bruxelles","authors":"Margot Elmer","doi":"10.3917/etsoc.177.0193","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0193","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"27 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128761966","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Jacqueline Carroy, Marc Renneville, Mourir d’amour, autopsie d’un imaginaire criminel , Paris, La Découverte, 2022.","authors":"D. Ottavi","doi":"10.3917/etsoc.177.0270","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0270","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"67 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131654035","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Avec un premier article publié en 1849 et un dernier ouvrage sorti en 1911, l’œuvre de Clarisse Coignet se caractérise par sa remarquable longévité et par son éclectisme. Clarisse Coignet écrit en effet des textes à dimension philosophique, notamment lorsqu’elle évolue dans les réseaux de La morale indépendante sous le Second Empire, des manuels scolaires de morale, lorsque la Troisième République pose les premières pierres de son chantier scolaire, mais également des ouvrages d’histoire et des essais sur des sujets de société. Il s’agit ici d’analyser la manière dont cette femme, dépourvue de diplômes et de formation universitaires, se fraie un chemin dans les sciences humaines, et en particulier dans la philosophie, avec un tropisme fort vers ce qu’on commence à appeler à la fin du xix e siècle la « science de l’éducation ». Comment se forme-t-elle aux humanités ? Sur quels réseaux s’appuie-t-elle pour se faire reconnaître dans le milieu intellectuel ? Par quels moyens détournés réussit-elle à faire carrière en philosophie, ou, plus justement, « en marge » de la philosophie, avant de devenir une figure de la science de l’éducation émergente ?
{"title":"« Une revanche sur le dédain philosophique si souvent montré à mon sexe » : Clarisse Coignet, philosophe, moraliste et figure de la science de l’éducation (1823-1918)","authors":"M. Fabre","doi":"10.3917/etsoc.177.0031","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0031","url":null,"abstract":"Avec un premier article publié en 1849 et un dernier ouvrage sorti en 1911, l’œuvre de Clarisse Coignet se caractérise par sa remarquable longévité et par son éclectisme. Clarisse Coignet écrit en effet des textes à dimension philosophique, notamment lorsqu’elle évolue dans les réseaux de La morale indépendante sous le Second Empire, des manuels scolaires de morale, lorsque la Troisième République pose les premières pierres de son chantier scolaire, mais également des ouvrages d’histoire et des essais sur des sujets de société. Il s’agit ici d’analyser la manière dont cette femme, dépourvue de diplômes et de formation universitaires, se fraie un chemin dans les sciences humaines, et en particulier dans la philosophie, avec un tropisme fort vers ce qu’on commence à appeler à la fin du xix e siècle la « science de l’éducation ». Comment se forme-t-elle aux humanités ? Sur quels réseaux s’appuie-t-elle pour se faire reconnaître dans le milieu intellectuel ? Par quels moyens détournés réussit-elle à faire carrière en philosophie, ou, plus justement, « en marge » de la philosophie, avant de devenir une figure de la science de l’éducation émergente ?","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"42 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"121585546","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Exception au sein du monde savant au xix e siècle, l’école de Le Play, du nom de son fondateur, inventeur d’une science des sociétés, est ouverte à l’adhésion de femmes. Parmi les adhérentes qui rejoignent la Société d’économie sociale ou les Unions de la paix sociale, on peut distinguer deux grandes catégories : les unes trouvent dans la science sociale un étayage à une carrière sociale déjà conséquente, les autres un moyen d’affirmer leur intérêt et leur compétence pour un domaine de connaissance où les femmes étaient absentes. Leur contribution consiste moins en un apport théorique à la science sociale qu’en sa diffusion dans la société et son application pratique.
{"title":"Quand la science sociale s’ouvrait aux « dames » : les femmes affiliées à l’école de Le Play (1874-1918)","authors":"A. Savoye","doi":"10.3917/etsoc.177.0093","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0093","url":null,"abstract":"Exception au sein du monde savant au xix e siècle, l’école de Le Play, du nom de son fondateur, inventeur d’une science des sociétés, est ouverte à l’adhésion de femmes. Parmi les adhérentes qui rejoignent la Société d’économie sociale ou les Unions de la paix sociale, on peut distinguer deux grandes catégories : les unes trouvent dans la science sociale un étayage à une carrière sociale déjà conséquente, les autres un moyen d’affirmer leur intérêt et leur compétence pour un domaine de connaissance où les femmes étaient absentes. Leur contribution consiste moins en un apport théorique à la science sociale qu’en sa diffusion dans la société et son application pratique.","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130284519","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"De la soupe au café. L’invention du régime moderne de consommation de café en milieu populaire parisien au xix e siècle","authors":"Matthieu Brejon de Lavergnée","doi":"10.3917/etsoc.177.0235","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0235","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"38 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"121543947","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article retrace le parcours philosophique de la Fontenaysienne Anne-Marie Grauvogel (1868-1948), alors que cette discipline lui est interdite d’accès à double titre, en tant que femme, et parce qu’elle est issue de l’ordre primaire. Ses titres universitaires ne lui permettent pas d’accéder à une carrière philosophique dans le secondaire ou le supérieur, encore proscrite pour les femmes au tournant du xx e siècle, ni ne la légitiment dans d’éventuelles velléités scientifiques. Mais d’un autre côté, sa maîtrise de la philosophie lui permet d’enseigner dans le supérieur la science de l’éducation, et d’être reconnue comme ayant les qualités morales pour occuper la plus haute fonction de l’ordre primaire féminin, directrice de l’École normale supérieure primaire (ENS) de Fontenay-aux-Roses entre 1917 et 1935. Peut-on dès lors faire figurer cette femme comme une des pionnières en philosophie, alors qu’elle est restée à la marge de l’institution philosophique, milieu élitiste exclusivement masculin en cette première moitié du xx e siècle ?
{"title":"Anne-Marie Grauvogel (1868-1948), une Fontenaysienne parmi les pionnières en philosophie ?","authors":"Louise Ferté","doi":"10.3917/etsoc.177.0139","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0139","url":null,"abstract":"Cet article retrace le parcours philosophique de la Fontenaysienne Anne-Marie Grauvogel (1868-1948), alors que cette discipline lui est interdite d’accès à double titre, en tant que femme, et parce qu’elle est issue de l’ordre primaire. Ses titres universitaires ne lui permettent pas d’accéder à une carrière philosophique dans le secondaire ou le supérieur, encore proscrite pour les femmes au tournant du xx e siècle, ni ne la légitiment dans d’éventuelles velléités scientifiques. Mais d’un autre côté, sa maîtrise de la philosophie lui permet d’enseigner dans le supérieur la science de l’éducation, et d’être reconnue comme ayant les qualités morales pour occuper la plus haute fonction de l’ordre primaire féminin, directrice de l’École normale supérieure primaire (ENS) de Fontenay-aux-Roses entre 1917 et 1935. Peut-on dès lors faire figurer cette femme comme une des pionnières en philosophie, alors qu’elle est restée à la marge de l’institution philosophique, milieu élitiste exclusivement masculin en cette première moitié du xx e siècle ?","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"101 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"134381252","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Annabelle Bonnet, La Barbe ne fait pas le philosophe. Les femmes et la philosophie en France (1880-1949) , Paris, CNRS Éditions, 2022, 329 p.","authors":"Louise Ferté","doi":"10.3917/etsoc.177.0259","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/etsoc.177.0259","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":159394,"journal":{"name":"Les Études Sociales","volume":"12 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-07-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123888502","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
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