A JeroenGoethe ecrivit l’histoire de Stella deux fois : en 1775, a l’âge de vingt-six ans, juste apres Les Souffrances du jeune Werther, qui l’avaient rendu celebre et, ensuite, trente-ans apres. En termes de registre, de denouements, de positionnement ideologique et de reception, la difference entre ces deux petites creations est substantielle. Meme si, apparemment, elles sont tres proches.Dans Stella sous forme de « comedie », le protagoniste masculin, Fernando, qui quitte son epouse et son enfant pour une jeune femme, et ensuite aussi celle-la, car dans l’inquietude existentielle qui le pousse a choisir la liberte a tout prix, il finit par retourner et jurer amour et fidelite a toutes les deux, a toutes les trois, enfant inclus. Decidement un happy end total et un reve voire une utopie qui se fait realite : l’utopie scandaleuse d’une acceptation romantique - faite de l’amour plus devoue et absolu -, et joyeuse de la bigamie. Or, cet elan, cela va sans dire, compromit le sort de cette piece. Goethe, en 1775, papillonnant en amour lui aussi, etait le meneur de l’avant-garde de la litterature allemande : Stella « nait entre ses travaux d’avocat, ses fiancailles avec Lili Schonemann, la quasi-rupture de ces fiancailles, de longs voyages et une vie sociale animee1 ». La mise en scene de Stella a Hambourg par une troupe bien connue fait grand bruit, des representations sont interdites, l’influent pasteur protestant Goeze obtient l’interdiction de la piece. Quelle est la cause du
{"title":" Un, deux, trois, Stella Wolfgang Goethe et Marlen Haushofer sous la même étoile","authors":"Rosanna Gangemi","doi":"10.58282/colloques.6205","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6205","url":null,"abstract":"A JeroenGoethe ecrivit l’histoire de Stella deux fois : en 1775, a l’âge de vingt-six ans, juste apres Les Souffrances du jeune Werther, qui l’avaient rendu celebre et, ensuite, trente-ans apres. En termes de registre, de denouements, de positionnement ideologique et de reception, la difference entre ces deux petites creations est substantielle. Meme si, apparemment, elles sont tres proches.Dans Stella sous forme de « comedie », le protagoniste masculin, Fernando, qui quitte son epouse et son enfant pour une jeune femme, et ensuite aussi celle-la, car dans l’inquietude existentielle qui le pousse a choisir la liberte a tout prix, il finit par retourner et jurer amour et fidelite a toutes les deux, a toutes les trois, enfant inclus. Decidement un happy end total et un reve voire une utopie qui se fait realite : l’utopie scandaleuse d’une acceptation romantique - faite de l’amour plus devoue et absolu -, et joyeuse de la bigamie. Or, cet elan, cela va sans dire, compromit le sort de cette piece. Goethe, en 1775, papillonnant en amour lui aussi, etait le meneur de l’avant-garde de la litterature allemande : Stella « nait entre ses travaux d’avocat, ses fiancailles avec Lili Schonemann, la quasi-rupture de ces fiancailles, de longs voyages et une vie sociale animee1 ». La mise en scene de Stella a Hambourg par une troupe bien connue fait grand bruit, des representations sont interdites, l’influent pasteur protestant Goeze obtient l’interdiction de la piece. Quelle est la cause du","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132503216","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les jardins, les paysages et tout element naturel jouent, dans la Nouvelle Heloise de Rousseau, Die Leiden des jungenWerthers de Goethe et Ultime lettere di Jacopo Ortis de Foscolo, un role majeur comme dans la plupart des productions litteraires du tournant des Lumieres. Le paysage, notamment, est appele a symboliser les etats d’âme du personnage et a devenir, selon la formule de Michel Baridon : « le receptacle des emotions de l’homme sensible1 ». Or, si nous avons choisi de porter notre attention sur le paysage hivernal et sur son caractere menacant et mortifere, c’est qu’il semble etre appele a symboliser, dans le cadre du roman epistolaire, ce qu’etait, dans la litterature classique, le renversement du locus amœnus : c’est-a-dire un locus horridus. Dans un premier temps, nous expliciterons la pertinence de l’usage de ces termes traditionnels dans les romans epistolaires du dix-huitieme siecle et, ensuite, nous nous concentrerons sur la representation des paysages hivernaux. Nous montrerons que ceux-ci sont sujets a une sublimation et qu’ils symbolisent aussi la composante narcissique de la passion amoureuse du personnage et sa « volonte d’interioriser l’autre, d’introjecter ce qui est dehors, de le detruire d’abord pour le spiritualiser ou le sublimer ensuite2 ». Fonction dramatique du paysage estival et du paysage hivernal Dans la litterature medievale et la litterature classique le locus amœnus et le locus horridus sont des lieux qui transposent le domaine physique et
在卢梭的《新埃洛伊丝》、歌德的《jungenWerthers》中的《Die Leiden》和福斯科罗的《Ultime lettere di Jacopo Ortis》中,花园、风景和所有的自然元素都扮演着重要的角色,就像在《光的转折点》的大多数文学作品中一样。特别是,风景被要求象征人物的精神状态,用米歇尔·巴里登的话来说,它已经成为“敏感的人情感的容器”。现在,如果我们选择把注意力集中在冬天的风景及其威胁和痛苦的性格上,那是因为在书信体小说的背景下,它似乎被要求象征着,在古典文学中,乳腺轨迹的逆转:也就是说,一个可怕的轨迹。首先,我们将解释这些传统术语在19世纪书信体小说中使用的相关性,然后,我们将集中讨论冬季风景的表现。我们将表明,这些都是升华的主题,它们也象征着角色的爱的激情的自恋成分,以及他“渴望内化他人,内化外在的东西,首先摧毁它,然后将其精神化或升华”。在中世纪和古典文学中,夏季景观和冬季景观的戏剧性作用,amenous和horridus的轨迹是将物理和情感领域调换的地方
{"title":"Un paradigme de l’âme. Symbolique et esthétique du paysage hivernal dans La Nouvelle Héloïse, Werther et Ortis","authors":"C. Ricci","doi":"10.58282/colloques.6194","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6194","url":null,"abstract":"Les jardins, les paysages et tout element naturel jouent, dans la Nouvelle Heloise de Rousseau, Die Leiden des jungenWerthers de Goethe et Ultime lettere di Jacopo Ortis de Foscolo, un role majeur comme dans la plupart des productions litteraires du tournant des Lumieres. Le paysage, notamment, est appele a symboliser les etats d’âme du personnage et a devenir, selon la formule de Michel Baridon : « le receptacle des emotions de l’homme sensible1 ». Or, si nous avons choisi de porter notre attention sur le paysage hivernal et sur son caractere menacant et mortifere, c’est qu’il semble etre appele a symboliser, dans le cadre du roman epistolaire, ce qu’etait, dans la litterature classique, le renversement du locus amœnus : c’est-a-dire un locus horridus. Dans un premier temps, nous expliciterons la pertinence de l’usage de ces termes traditionnels dans les romans epistolaires du dix-huitieme siecle et, ensuite, nous nous concentrerons sur la representation des paysages hivernaux. Nous montrerons que ceux-ci sont sujets a une sublimation et qu’ils symbolisent aussi la composante narcissique de la passion amoureuse du personnage et sa « volonte d’interioriser l’autre, d’introjecter ce qui est dehors, de le detruire d’abord pour le spiritualiser ou le sublimer ensuite2 ». Fonction dramatique du paysage estival et du paysage hivernal Dans la litterature medievale et la litterature classique le locus amœnus et le locus horridus sont des lieux qui transposent le domaine physique et","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"7 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124319851","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Adorno a contribue a faire accepter dans le champ critique la notion labile de « tact », qu’il a instituee en categorie dialectique dans un passage des Minima Moralia, « Zur Dialektik des Takts1 ». Dans ce texte, Adorno fait correspondre au tact un moment historique particulier, le temps de Goethe, entre l’absolutisme d’Ancien regime et l’emancipation moderne : le tact bien compris serait une qualite specifique de l’homme goetheen, face a la dereliction des rapports sociaux traditionnels au moment de l’avenement d’une societe individualiste et liberale. Il y aurait eu chez Goethe une lucidite extraordinaire a reconnaitre la perte et a anticiper le pire, lucidite l’ayant conduit a accepter la necessite de renoncer au bonheur du vivre ensemble d’autrefois, pour permettre le sauvetage (precaire) d’une forme de vie en societe. Les hommes du debut du XXe siecle, pour Adorno, ne connaissent plus du tact qu’une forme appauvrie, la « politesse du cœur » des manuels de savoir-vivre. En evoquant le « tact goetheen », Adorno ne semble que reprendre un topos critique deja etabli, qu’il etoffe en y introduisant un mouvement dialectique et une perspective historique. Dans un texte anterieur et plus confidentiel, Adorno convoquait en effet deja ce « tact goetheen », en mauvaise part cette fois. Il s’insurgeait, dans une lettre adressee de Vienne a Siegfried Kracauer en mars 1925, contre les reproches et l’ironie autoritaire de son ami et mentor :[...] der Vorwurf der Voreiligkeit, den Du of
阿多诺帮助使“机智”这个不稳定的概念在批判领域被接受,他在Minima Moralia的一段“Zur Dialektik des Takts1”中作为辩证范畴建立了这个概念。本文中,阿多诺实际上等于机智的特殊历史时刻,歌德、时间前regime专制主义与现代解放:机智的理解将一个人权的具体质量goetheen传统社会,面对舆论报告了个人主义和社会中的l’avenement时,如果。歌德以一种非凡的清醒认识到损失并预见到最坏的情况,这种清醒使他接受了放弃过去生活在一起的幸福的必要性,以便挽救一种(不稳定的)社会生活形式。在阿多诺看来,20世纪初的人只知道一种可怜的机智,即礼仪手册中的“心灵的礼貌”。在唤起歌德的《机智》时,阿多诺似乎只是在重复他已经确立的批判路线,并通过引入辩证运动和历史视角来充实它。在之前的一篇更私密的文章中,阿多诺实际上已经在错误的地方引用了歌德的“机智”。1925年3月,他在维也纳写给齐格弗里德·克劳尔(Siegfried Kracauer)的一封信中,对他的朋友和导师的指责和威权讽刺提出了抗议:他的父亲是一名律师,母亲是一名律师。
{"title":"Le « tact goethéen » : un mythe critique ?","authors":"C. Barral","doi":"10.58282/colloques.6207","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6207","url":null,"abstract":"Adorno a contribue a faire accepter dans le champ critique la notion labile de « tact », qu’il a instituee en categorie dialectique dans un passage des Minima Moralia, « Zur Dialektik des Takts1 ». Dans ce texte, Adorno fait correspondre au tact un moment historique particulier, le temps de Goethe, entre l’absolutisme d’Ancien regime et l’emancipation moderne : le tact bien compris serait une qualite specifique de l’homme goetheen, face a la dereliction des rapports sociaux traditionnels au moment de l’avenement d’une societe individualiste et liberale. Il y aurait eu chez Goethe une lucidite extraordinaire a reconnaitre la perte et a anticiper le pire, lucidite l’ayant conduit a accepter la necessite de renoncer au bonheur du vivre ensemble d’autrefois, pour permettre le sauvetage (precaire) d’une forme de vie en societe. Les hommes du debut du XXe siecle, pour Adorno, ne connaissent plus du tact qu’une forme appauvrie, la « politesse du cœur » des manuels de savoir-vivre. En evoquant le « tact goetheen », Adorno ne semble que reprendre un topos critique deja etabli, qu’il etoffe en y introduisant un mouvement dialectique et une perspective historique. Dans un texte anterieur et plus confidentiel, Adorno convoquait en effet deja ce « tact goetheen », en mauvaise part cette fois. Il s’insurgeait, dans une lettre adressee de Vienne a Siegfried Kracauer en mars 1925, contre les reproches et l’ironie autoritaire de son ami et mentor :[...] der Vorwurf der Voreiligkeit, den Du of","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"32 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"133074418","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Il s’agit ici d’examiner les echos du poeme de 1797, « La Fiancee de Corinthe » (« Die Braut von Korinth »), dans les litteratures europeennes du dix-neuvieme siecle1. Quelles filiations directes ou indirectes peut-on trouver dans les nombreux textes reprenant les themes de la morte amoureuse, du vampirisme et du conflit entre christianisme et paganisme ? Comment Goethe opere-t-il la mediation entre un motif ancien et un imaginaire moderne ? Ce sont les deux questions principales auxquelles nous tenterons d’apporter une reponse.1797 est parfois appelee l’annee des ballades, car Goethe et Schiller se distraient de leurs œuvres plus consequentes en composant ces courts poemes narratifs qu’ils s’echangent et dont ils partagent la lecture critique2. « Die Braut von Korinth », dont les sources sont complexes3, fut mal recu par certains de leurs compatriotes, et le poeme a ete porte a l’attention du public francophone par Germaine de Stael dans son De l’Allemagne, en 1813. Meme l’admiratrice du sage de Weimar a du mal a cacher son embarras critique devant cette œuvre dont le cote « gothique » choque sa part latine :Goethe s’est essaye aussi dans ces sujets qui effraient a la fois les enfants et les hommes ; mais il y a mis des vues profondes, et qui donnent pour long-temps a penser : Je vais tâcher de rendre compte de celle de ses poesies de revenants,laFiancee de Corinthe, qui a le plus de reputation en Allemagne. Je ne voudrais assurement defendreen aucune maniere ni le but de c
这里的目的是研究1797年的诗《科林斯的Fiancee》(Die Braut von Korinth)在19世纪欧洲文学中的回声。在许多以爱情死亡、吸血鬼主义和基督教与异教冲突为主题的文本中,我们可以找到哪些直接或间接的联系?歌德是如何在古老的主题和现代的想象之间进行调解的?这是我们将试图回答的两个主要问题。1797年有时被称为叙事诗年,因为歌德和席勒通过创作简短的叙事诗来分散他们对更有意义的作品的注意力,他们交换了这些叙事诗,并分享了对它们的批判性解读。《Die Braut von Korinth》的来源很复杂,但在他们的一些同胞中并不受欢迎,这首诗是由杰曼·德·斯塔尔在1813年的《son de l ' allemagne》中引起法语公众注意的。即使是魏玛智者的崇尚者也很难掩饰她对这部作品的批评尴尬,因为它的“哥特式”风格与它的拉丁部分相冲突:歌德也尝试了那些让孩子和男人都害怕的主题;但他有深刻的见解,让人思考了很长一段时间:我将试着解释他的《归来者》中的一首诗,《哥林多的诗篇》,这首诗在德国最著名。我当然不会以任何方式为c的目的辩护。
{"title":"« Postérités de ‘La Fiancée de Corinthe’ (‘Die Braut von Korinth’) : Goethe et l’imaginaire de la morte amoureuse","authors":"M. Viegnes","doi":"10.58282/colloques.6192","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6192","url":null,"abstract":"Il s’agit ici d’examiner les echos du poeme de 1797, « La Fiancee de Corinthe » (« Die Braut von Korinth »), dans les litteratures europeennes du dix-neuvieme siecle1. Quelles filiations directes ou indirectes peut-on trouver dans les nombreux textes reprenant les themes de la morte amoureuse, du vampirisme et du conflit entre christianisme et paganisme ? Comment Goethe opere-t-il la mediation entre un motif ancien et un imaginaire moderne ? Ce sont les deux questions principales auxquelles nous tenterons d’apporter une reponse.1797 est parfois appelee l’annee des ballades, car Goethe et Schiller se distraient de leurs œuvres plus consequentes en composant ces courts poemes narratifs qu’ils s’echangent et dont ils partagent la lecture critique2. « Die Braut von Korinth », dont les sources sont complexes3, fut mal recu par certains de leurs compatriotes, et le poeme a ete porte a l’attention du public francophone par Germaine de Stael dans son De l’Allemagne, en 1813. Meme l’admiratrice du sage de Weimar a du mal a cacher son embarras critique devant cette œuvre dont le cote « gothique » choque sa part latine :Goethe s’est essaye aussi dans ces sujets qui effraient a la fois les enfants et les hommes ; mais il y a mis des vues profondes, et qui donnent pour long-temps a penser : Je vais tâcher de rendre compte de celle de ses poesies de revenants,laFiancee de Corinthe, qui a le plus de reputation en Allemagne. Je ne voudrais assurement defendreen aucune maniere ni le but de c","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"79 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115330841","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
On connait bien le Faust I, le Faust II, parfois l’Urfaust de Goethe, le premier fragment qu’il publie en 1790 ou son apparition litteraire antecedente, L’Histoire du Dr Faustus de Marlowe (1587). On a pu croiser le Petit Faust (operette de Herve, 1869), voire Le Tout petit Faust (un des premiers films de marionnettes et des premiers Faust cinematographiques d’Emile Cohl, 1910), et meme le « Faust et demi » (dans la traduction du titre par Philipe Safavi d’un roman de Zelazny). On connait moins le Faust III, figure discrete, disseminee dans des œuvres litteraires du XXe siecle et dans leurs ecrits preparatoires. Le nom contient pourtant une certaine rondeur : il a une familiarite et une disponibilite evidentes pour la fiction, tant l’on s’est accoutume aux ecritures de la serie et a la fin de la mort des personnages, a leurs re-vies infinies. Vischer, Valery, Pessoa, Kazantzakis, Aragon, Salvador Novo et plus recemment Marc Petit ont songe a lui donner forme, dans des œuvres tantot mineures, tantot majeures, tantot breves, tantot inachevees et ambitieuses, souvent toutes diverses. Mais que serait un Faust III ? Que viendrait-il enoncer ? Ce qui semble au depart une notation commode, un raccourci analogue a ceux des « Faust I » et « Faust II » pour designer respectivement « Faust Premiere Partie », « Faust Seconde partie » – recupere l’ambiguite de ce transfert du numero de livre a la construction plurielle de son protagoniste et la complique de la question de l’heritage litte
{"title":" Faust III : Post Faust/Post Goethe/Post Europe","authors":"Julia Peslier","doi":"10.58282/colloques.6210","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6210","url":null,"abstract":"On connait bien le Faust I, le Faust II, parfois l’Urfaust de Goethe, le premier fragment qu’il publie en 1790 ou son apparition litteraire antecedente, L’Histoire du Dr Faustus de Marlowe (1587). On a pu croiser le Petit Faust (operette de Herve, 1869), voire Le Tout petit Faust (un des premiers films de marionnettes et des premiers Faust cinematographiques d’Emile Cohl, 1910), et meme le « Faust et demi » (dans la traduction du titre par Philipe Safavi d’un roman de Zelazny). On connait moins le Faust III, figure discrete, disseminee dans des œuvres litteraires du XXe siecle et dans leurs ecrits preparatoires. Le nom contient pourtant une certaine rondeur : il a une familiarite et une disponibilite evidentes pour la fiction, tant l’on s’est accoutume aux ecritures de la serie et a la fin de la mort des personnages, a leurs re-vies infinies. Vischer, Valery, Pessoa, Kazantzakis, Aragon, Salvador Novo et plus recemment Marc Petit ont songe a lui donner forme, dans des œuvres tantot mineures, tantot majeures, tantot breves, tantot inachevees et ambitieuses, souvent toutes diverses. Mais que serait un Faust III ? Que viendrait-il enoncer ? Ce qui semble au depart une notation commode, un raccourci analogue a ceux des « Faust I » et « Faust II » pour designer respectivement « Faust Premiere Partie », « Faust Seconde partie » – recupere l’ambiguite de ce transfert du numero de livre a la construction plurielle de son protagoniste et la complique de la question de l’heritage litte","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"96 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130228989","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le parcours que nous allons suivre se deroule entre Venise et l’Orient dalmate, en suivant un itineraire a la fois reel et fantasme, voire mythifie, qui relie deux imaginaires en resonance, celui de Goethe et celui de Madame de Stael. Avant d’arriver a leur rencontre « ideale », bien avant leur premiere rencontre reelle a Weimar en 1803, il nous faut remonter aux annees 1770, et nous deplacer a Venise, au point de contact entre l’Europe et l’Orient.Goethe, Madame de Stael et la decouverte des Balkans.En 1774 l’abbe Alberto Fortis, geographe et naturaliste qui avait explore la cote et l’arriere-pays dalmates, publie chez Alvise Milocco une relation de voyage. Traduit en francais et en anglais quatre ans plus tard, son Viaggio in Dalmazia est destine a avoir un role capital dans la decouverte et dans la diffusion de la connaissance – a cette epoque-la presque inexistante en Europe – du monde balkanique. Son deuxieme chapitre « Sur les mœurs et usages des Morlaques, appeles Montenegrins », s’attache a ce qu’il definit, dans sa dedicace au comte de Bute, comme une « apologie » de cette « nation ». Fortis se propose en effet de raconter « sincerement ce [qu’il a] observe de ses mœurs et de ses usages » et de rendre ainsi justice a un peuple communement percu, a partir de Voltaire, comme « feroce [et] inhumain1 ». Par-dela le souci de demonter les prejuges sur ce peuple et d’en eclairer les mœurs, ce chapitre a un merite litteraire : faire connaitre un chant populaire ecrit dans un
我们将沿着威尼斯和达尔马提亚东部之间的路线,沿着一条既真实又幻想的路线,甚至是神话的路线,这条路线将歌德和斯塔尔夫人这两个想象的共鸣联系在一起。在他们“理想”的会面之前,早在1803年他们第一次真正的会面在魏玛之前,我们必须回到18世纪70年代,并搬到威尼斯,欧洲和东方的接触点。歌德,斯塔尔夫人和巴尔干半岛的发现。1774年,地理学家和博物学家阿贝·阿尔贝托·富通(abbe Alberto Fortis)在阿尔维塞·米洛科(Alvise Milocco)的指导下,对达尔马提亚海岸和内陆进行了探索。四年后,他的《达尔马齐亚之旅》被翻译成法语和英语,注定要在发现和传播巴尔干世界的知识方面发挥重要作用——这在当时的欧洲几乎不存在。他的第二章“关于摩拉基人的习俗和习俗,称为黑山人”,坚持他在献给布特伯爵的献词中所定义的“对这个“国家”的“道歉”。事实上,富通打算“诚实地讲述[他]观察到的关于他的道德和习俗的事情”,从而为伏尔泰之后被普遍认为是“野蛮和不人道”的民族伸张正义。除了试图消除对这些人的偏见和阐明他们的习俗之外,这一章还有一个文学上的优点:让人们知道一首用英语写的流行歌曲
{"title":"Goethe, Madame de Staël et Venise. Autour du Voyage en Italie et de Corinne","authors":"M. Campanini","doi":"10.58282/colloques.6198","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6198","url":null,"abstract":"Le parcours que nous allons suivre se deroule entre Venise et l’Orient dalmate, en suivant un itineraire a la fois reel et fantasme, voire mythifie, qui relie deux imaginaires en resonance, celui de Goethe et celui de Madame de Stael. Avant d’arriver a leur rencontre « ideale », bien avant leur premiere rencontre reelle a Weimar en 1803, il nous faut remonter aux annees 1770, et nous deplacer a Venise, au point de contact entre l’Europe et l’Orient.Goethe, Madame de Stael et la decouverte des Balkans.En 1774 l’abbe Alberto Fortis, geographe et naturaliste qui avait explore la cote et l’arriere-pays dalmates, publie chez Alvise Milocco une relation de voyage. Traduit en francais et en anglais quatre ans plus tard, son Viaggio in Dalmazia est destine a avoir un role capital dans la decouverte et dans la diffusion de la connaissance – a cette epoque-la presque inexistante en Europe – du monde balkanique. Son deuxieme chapitre « Sur les mœurs et usages des Morlaques, appeles Montenegrins », s’attache a ce qu’il definit, dans sa dedicace au comte de Bute, comme une « apologie » de cette « nation ». Fortis se propose en effet de raconter « sincerement ce [qu’il a] observe de ses mœurs et de ses usages » et de rendre ainsi justice a un peuple communement percu, a partir de Voltaire, comme « feroce [et] inhumain1 ». Par-dela le souci de demonter les prejuges sur ce peuple et d’en eclairer les mœurs, ce chapitre a un merite litteraire : faire connaitre un chant populaire ecrit dans un","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125343145","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’interet que Blanchot porte a Goethe s’inscrit dans le contexte plus large de ses reflexions sur le romantisme, qui ont fait l’objet d’un colloque a Oxford en 2009. On a pu ainsi mesurer la place qu’occupent dans L’Entretien infini (1969) le romantisme d’Iena, l’Athenaeum, les freres Schlegel, Novalis, Schleiermacher, l’ecriture fragmentaire, et l’importance que ce livre a eu pour Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy lorsqu’ils ont ecrit L’Absolu litteraire. Theorie de la litterature du romantisme allemand (1978). Dans leur substantielle introduction aux actes du colloque, les deux organisateurs, John McKeane et Hannes Opelz, soulignent l’interet jamais dementi de Blanchot, des les annees 1940, non seulement pour des romantiques marginaux comme Holderlin et Jean-Paul mais aussi « Hamann, Goethe, Schiller, Tieck, Wackenroder, Hoffmann, Brentano, Solger, Arnim, Heine, Morike, Waiblinger, etc.1», auxquels ils ajoutent « Kant, Lessing, Herder, Fichte, Hegel, Schelling or Nietzsche2 », ainsi que le surrealisme et Valery. Si aucune contribution ne porte sur Blanchot et Goethe, ils notent cependant qu’il represente pour Blanchot « an early and fairly constant ‒ if discret ‒ point of reference3 » et mentionnent plusieurs occurrences glanees dans son œuvre critique depuis les annees 1930 jusqu’aux annees 1980. Dans les annees 1920, Blanchot avait suivi des etudes d’allemand et de philosophie a l’Universite Kaiser-Wilhelm a Strasbourg. Levinas, qu’il rencontre au meme moment, lu
{"title":"Le Goethe de Blanchot","authors":"Jérémie Majorel","doi":"10.58282/colloques.6203","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6203","url":null,"abstract":"L’interet que Blanchot porte a Goethe s’inscrit dans le contexte plus large de ses reflexions sur le romantisme, qui ont fait l’objet d’un colloque a Oxford en 2009. On a pu ainsi mesurer la place qu’occupent dans L’Entretien infini (1969) le romantisme d’Iena, l’Athenaeum, les freres Schlegel, Novalis, Schleiermacher, l’ecriture fragmentaire, et l’importance que ce livre a eu pour Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy lorsqu’ils ont ecrit L’Absolu litteraire. Theorie de la litterature du romantisme allemand (1978). Dans leur substantielle introduction aux actes du colloque, les deux organisateurs, John McKeane et Hannes Opelz, soulignent l’interet jamais dementi de Blanchot, des les annees 1940, non seulement pour des romantiques marginaux comme Holderlin et Jean-Paul mais aussi « Hamann, Goethe, Schiller, Tieck, Wackenroder, Hoffmann, Brentano, Solger, Arnim, Heine, Morike, Waiblinger, etc.1», auxquels ils ajoutent « Kant, Lessing, Herder, Fichte, Hegel, Schelling or Nietzsche2 », ainsi que le surrealisme et Valery. Si aucune contribution ne porte sur Blanchot et Goethe, ils notent cependant qu’il represente pour Blanchot « an early and fairly constant ‒ if discret ‒ point of reference3 » et mentionnent plusieurs occurrences glanees dans son œuvre critique depuis les annees 1930 jusqu’aux annees 1980. Dans les annees 1920, Blanchot avait suivi des etudes d’allemand et de philosophie a l’Universite Kaiser-Wilhelm a Strasbourg. Levinas, qu’il rencontre au meme moment, lu","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"2 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128436091","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Vouloir commenter le pacte diabolique chez Goethe et Balzac nous impose, vu l’ampleur du sujet, de tracer un cadre historique et thematique ou situer les deux createurs et leurs œuvres. A commencer par le constat certes banal mais neanmoins incontournable qu’un demi-siecle s’insere entre la naissance du premier (1749) et celle du second (1799) ; ce qui signifie que chacun grandit et murit dans un environnement specifie non seulement par ses determinations culturelles et geographiques mais aussi par son inscription dans une spectaculaire evolution politique. Goethe a tout loisir de s’impregner des valeurs longtemps incontestees d’un Ancien Regime a l’allemande. Aussi juge-t-il que, pendant ses premieres annees de formation, la production intellectuelle et artistique de ses compatriotes, peu inventive a son gout, n’a pu que beneficier de l’omnipresent modele francais. Ce n’est qu’a partir de son sejour strasbourgeois, sa rencontre avec Herder, la decouverte des œuvres de Lessing et de Shakespeare, suivie d’une reaction de defiance a l’egard de l’esprit voltairien, qu’il entrevoit les prolegomenes d’une poesie nationale de langue allemande1. Quand la Revolution francaise eclate, Goethe a quarante ans. Au service du duc de Saxe-Weimar, il assiste a la bataille de Valmy, evenement qu’il estime avoir inaugure « une nouvelle epoque dans l’histoire du monde2», et apprend que, le lendemain de la canonnade, Louis XVI est destitue et la Republique proclamee (le 21 septembre 1792). Il su
{"title":"De Goethe à Balzac : mythes et mitages du pacte","authors":"A. Vanoncini","doi":"10.58282/colloques.6201","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6201","url":null,"abstract":"Vouloir commenter le pacte diabolique chez Goethe et Balzac nous impose, vu l’ampleur du sujet, de tracer un cadre historique et thematique ou situer les deux createurs et leurs œuvres. A commencer par le constat certes banal mais neanmoins incontournable qu’un demi-siecle s’insere entre la naissance du premier (1749) et celle du second (1799) ; ce qui signifie que chacun grandit et murit dans un environnement specifie non seulement par ses determinations culturelles et geographiques mais aussi par son inscription dans une spectaculaire evolution politique. Goethe a tout loisir de s’impregner des valeurs longtemps incontestees d’un Ancien Regime a l’allemande. Aussi juge-t-il que, pendant ses premieres annees de formation, la production intellectuelle et artistique de ses compatriotes, peu inventive a son gout, n’a pu que beneficier de l’omnipresent modele francais. Ce n’est qu’a partir de son sejour strasbourgeois, sa rencontre avec Herder, la decouverte des œuvres de Lessing et de Shakespeare, suivie d’une reaction de defiance a l’egard de l’esprit voltairien, qu’il entrevoit les prolegomenes d’une poesie nationale de langue allemande1. Quand la Revolution francaise eclate, Goethe a quarante ans. Au service du duc de Saxe-Weimar, il assiste a la bataille de Valmy, evenement qu’il estime avoir inaugure « une nouvelle epoque dans l’histoire du monde2», et apprend que, le lendemain de la canonnade, Louis XVI est destitue et la Republique proclamee (le 21 septembre 1792). Il su","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125833306","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Goethe n’est pas connu comme l’auteur d’un « voyage a Cythere » ; c’est pourtant ce que suggere Nerval en inserant, dans son Voyage en Orient, un rapprochement entre une scene du second Faust et l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna (Venise, Alde, 1499) livre emblematique de la Renaissance venitienne et œuvre fondatrice de ce qui deviendra le « mythe de Cythere1 » : Polyphile ecrivait et (…) rejoignait en esprit la douce Polia aux saintes demeures de Cytheree (…) comme le heros d’un poeme plus moderne et non moins sublime, ils franchissaient dans leur double reve l’immensite de l’espace et des temps ; la mer Adriatique et la sombre Thessalie ou l’esprit du monde ancien s’eteignit aux champs de Pharsale ! Les fontaines commencaient a sourdre dans leurs grottes, les rivieres redevenaient fleuves, les sommets arides des monts se couronnaient de bois sacres ; le Penee inondait de nouveau ses greves alterees et partout s’entendait le travail sourd des Cabires et des Dactyles reconstruisant pour eux le fantome d’un univers (…) ainsi la sainte aspiration de deux âmes pures rendait pour un instant au monde ses forces dechues et les esprits gardiens de son antique fecondite2. Le parallele prend le sens d’une glose commune aux trois ouvrages et appelle une enquete sur les sources de l’œuvre goetheenne. La parente entre les œuvres tient-elle au « synchretisme » nervalien – un euphemisme pour dire que l’auteur confond passe et present, fantasme et realite – ou bien est-elle en
{"title":"La Barque aux faisans : Goethe, Nerval et Colonna. Du ‘Voyage à Cythère’ au Faust II","authors":"G. Polizzi","doi":"10.58282/colloques.6200","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6200","url":null,"abstract":"Goethe n’est pas connu comme l’auteur d’un « voyage a Cythere » ; c’est pourtant ce que suggere Nerval en inserant, dans son Voyage en Orient, un rapprochement entre une scene du second Faust et l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna (Venise, Alde, 1499) livre emblematique de la Renaissance venitienne et œuvre fondatrice de ce qui deviendra le « mythe de Cythere1 » : Polyphile ecrivait et (…) rejoignait en esprit la douce Polia aux saintes demeures de Cytheree (…) comme le heros d’un poeme plus moderne et non moins sublime, ils franchissaient dans leur double reve l’immensite de l’espace et des temps ; la mer Adriatique et la sombre Thessalie ou l’esprit du monde ancien s’eteignit aux champs de Pharsale ! Les fontaines commencaient a sourdre dans leurs grottes, les rivieres redevenaient fleuves, les sommets arides des monts se couronnaient de bois sacres ; le Penee inondait de nouveau ses greves alterees et partout s’entendait le travail sourd des Cabires et des Dactyles reconstruisant pour eux le fantome d’un univers (…) ainsi la sainte aspiration de deux âmes pures rendait pour un instant au monde ses forces dechues et les esprits gardiens de son antique fecondite2. Le parallele prend le sens d’une glose commune aux trois ouvrages et appelle une enquete sur les sources de l’œuvre goetheenne. La parente entre les œuvres tient-elle au « synchretisme » nervalien – un euphemisme pour dire que l’auteur confond passe et present, fantasme et realite – ou bien est-elle en","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130752172","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
« Ich aber habe mich mit der Geognosie befreundet, versanlasst durch den Flotzbergbau », ecrivit Goethe. On prejuge que les vocables de « Geognosie », d’« Oryctognosie », de « Mineralogie » designent des disciplines scientifiques. Si les deux premieres paraissent bien hermetiques aux yeux de nos contemporains, la troisieme evoque pour chacun d’entre nous la connaissance des mineraux, ces composes chimiques generalement cristallises qui, s’ordonnancant en compagnie d’autres de nature differente, constituent notre geosphere. Encore une voie d’egarement, car au siecle des Lumieres, un savant qui se disait mineralogiste etait a la fois connaisseur des roches et des terrains, ingenieur des mines et specialiste des savoir-faire les plus subtils de la metallurgie. Ce fut le cas d’Antoine Grimoald Monnet (1734-1817) dont j’etudiai les merveilleux ecrits1. Cette mineralogie etait alors en quelque sorte la mere des sciences de la Terre, a une epoque ou le mot « geologie » n’etait encore que rarement balbutie. Quant a l’oryctognosie, le substantif heberge un mot grec qui signifie « tire de la terre, mineral » : la discipline embrasse l’ensemble des sciences de la Terre ! Geognosie, popularise par un Werner dont nous evoquerons plus loin le rayonnement, designe a peu pres la meme chose… en attendant que la geologie2, au courant du XIXe siecle, ne viennent tout doucement la supplanter.Lorsque j’entrepris cette enquete sur Goethe, c’etait un peu par provocation… Emballe par les relations d
{"title":"Johann Wolfgang von Goethe et la minéralogie : une passion totale","authors":"P. Fluck","doi":"10.58282/colloques.6105","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6105","url":null,"abstract":"« Ich aber habe mich mit der Geognosie befreundet, versanlasst durch den Flotzbergbau », ecrivit Goethe. On prejuge que les vocables de « Geognosie », d’« Oryctognosie », de « Mineralogie » designent des disciplines scientifiques. Si les deux premieres paraissent bien hermetiques aux yeux de nos contemporains, la troisieme evoque pour chacun d’entre nous la connaissance des mineraux, ces composes chimiques generalement cristallises qui, s’ordonnancant en compagnie d’autres de nature differente, constituent notre geosphere. Encore une voie d’egarement, car au siecle des Lumieres, un savant qui se disait mineralogiste etait a la fois connaisseur des roches et des terrains, ingenieur des mines et specialiste des savoir-faire les plus subtils de la metallurgie. Ce fut le cas d’Antoine Grimoald Monnet (1734-1817) dont j’etudiai les merveilleux ecrits1. Cette mineralogie etait alors en quelque sorte la mere des sciences de la Terre, a une epoque ou le mot « geologie » n’etait encore que rarement balbutie. Quant a l’oryctognosie, le substantif heberge un mot grec qui signifie « tire de la terre, mineral » : la discipline embrasse l’ensemble des sciences de la Terre ! Geognosie, popularise par un Werner dont nous evoquerons plus loin le rayonnement, designe a peu pres la meme chose… en attendant que la geologie2, au courant du XIXe siecle, ne viennent tout doucement la supplanter.Lorsque j’entrepris cette enquete sur Goethe, c’etait un peu par provocation… Emballe par les relations d","PeriodicalId":367232,"journal":{"name":"Goethe, le mythe et la science. Regards croisés dans les littératures européennes","volume":"38 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"120912975","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}