L’article examine les « compositions » de Tchernikhov en liant sa recherche constante de nouvelles formes a la capacite de convertir les « fantaisies » en representations. Contrairement a Aristote, qui concoit la mimesis comme l’equivalent de l’entreprise artistique, Tchernikhov percoit ses « compositions » comme des actes de depassement de la mimesis par la phantasia. Les illustrations visionnaires de ses Fantaisies architecturales expriment son intention de remplacer les mots par des images graphiques. Son approche est fondee sur la croyance que la puissance de l’imagination permet a la langue graphique, qui est par ailleurs internationale, de fonctionner comme un precurseur du progres. L’objectif de l’article est d’elucider comment Tchernikhov traite la tension entre imagination et realite et d’examiner dans quelle mesure sa production graphique parvient a surmonter la mimesis a travers la phantasia. La reponse a ces questions pourrait nous aider a expliquer pourquoi Tchernikhov a souvent ete juge comme inclassable et a evaluer a quel point sa demarche reflete les polarites entre les rationalistes et les constructivistes. L’opposition entre « composition » et « construction » permet de mieux comprendre le positionnement a la fois singulier et fondamental de Tchernikov par rapport au constructivisme. L’article met en evidence le fait que le role essentiel de la phantasia pour Tchernikhov decoule de la valorisation de la « composition » plutot que la « construction ».
{"title":"Fantaisies architecturales chez Iakov Tchernikhov : surpasser la mimèsis à travers la phantasia comme agent du progrès","authors":"Marianna Charitonidou","doi":"10.3917/nre.027.0131","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.027.0131","url":null,"abstract":"L’article examine les « compositions » de Tchernikhov en liant sa recherche constante de nouvelles formes a la capacite de convertir les « fantaisies » en representations. Contrairement a Aristote, qui concoit la mimesis comme l’equivalent de l’entreprise artistique, Tchernikhov percoit ses « compositions » comme des actes de depassement de la mimesis par la phantasia. Les illustrations visionnaires de ses Fantaisies architecturales expriment son intention de remplacer les mots par des images graphiques. Son approche est fondee sur la croyance que la puissance de l’imagination permet a la langue graphique, qui est par ailleurs internationale, de fonctionner comme un precurseur du progres. L’objectif de l’article est d’elucider comment Tchernikhov traite la tension entre imagination et realite et d’examiner dans quelle mesure sa production graphique parvient a surmonter la mimesis a travers la phantasia. La reponse a ces questions pourrait nous aider a expliquer pourquoi Tchernikhov a souvent ete juge comme inclassable et a evaluer a quel point sa demarche reflete les polarites entre les rationalistes et les constructivistes. L’opposition entre « composition » et « construction » permet de mieux comprendre le positionnement a la fois singulier et fondamental de Tchernikov par rapport au constructivisme. L’article met en evidence le fait que le role essentiel de la phantasia pour Tchernikhov decoule de la valorisation de la « composition » plutot que la « construction ».","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"11 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-06-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"121555050","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’objet de l’article est d’interroger le statut d’une œuvre d’art a partir du probleme de l’interpretation pose initialement par Arthur Danto. Une œuvre d’art demande-t-elle necessairement a etre interpretee ? L’argumentation se deploie a une double echelle. A une echelle ontologique, l’enjeu est de savoir sous quelles conditions un objet appartient a la classe des œuvres d’art. A une echelle denotative, l’enjeu est de savoir si toute representation artistique requiert un travail interpretatif. L’auteur defend une theorie de l’interpretation restreinte, d’inspiration pragmatiste, en vertu de laquelle l’interpretation, comme activite suspensive et reflexive, n’intervient que lorsque le rapport au sens est trouble, confus, problematique. Ainsi une œuvre d’art n’est soumise a interpretation que lorsque son statut ontologique ne va pas de soi et lorsque son potentiel de denotation contrarie notre rapport familier au sens.
{"title":"Art et interprétation","authors":"J. Michel","doi":"10.3917/nre.027.0099","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.027.0099","url":null,"abstract":"L’objet de l’article est d’interroger le statut d’une œuvre d’art a partir du probleme de l’interpretation pose initialement par Arthur Danto. Une œuvre d’art demande-t-elle necessairement a etre interpretee ? L’argumentation se deploie a une double echelle. A une echelle ontologique, l’enjeu est de savoir sous quelles conditions un objet appartient a la classe des œuvres d’art. A une echelle denotative, l’enjeu est de savoir si toute representation artistique requiert un travail interpretatif. L’auteur defend une theorie de l’interpretation restreinte, d’inspiration pragmatiste, en vertu de laquelle l’interpretation, comme activite suspensive et reflexive, n’intervient que lorsque le rapport au sens est trouble, confus, problematique. Ainsi une œuvre d’art n’est soumise a interpretation que lorsque son statut ontologique ne va pas de soi et lorsque son potentiel de denotation contrarie notre rapport familier au sens.","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"6 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-06-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"134390994","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’idee de l’article est de mettre en exergue l’approche critique et materialiste de Benjamin a travers sa lecture de Proust. Benjamin dispose d’une serie de concepts plus ou moins definis qui permettent d’etablir une critique transversale des œuvres choisies dans l’histoire. La rememoration et la presentification, la peinture et la photographie, l’aura et l’experience du choc faconnent une volonte qui produit de facon artificielle l’experience de la duree. Or, la reussite de cette entreprise artistique depend egalement de l’evolution historique des moyens techniques qui sont a son service.
{"title":"L’expérience du temps retrouvé(e). Benjamin lecteur de Proust","authors":"Sylvia Kratochvil","doi":"10.3917/nre.027.0021","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.027.0021","url":null,"abstract":"L’idee de l’article est de mettre en exergue l’approche critique et materialiste de Benjamin a travers sa lecture de Proust. Benjamin dispose d’une serie de concepts plus ou moins definis qui permettent d’etablir une critique transversale des œuvres choisies dans l’histoire. La rememoration et la presentification, la peinture et la photographie, l’aura et l’experience du choc faconnent une volonte qui produit de facon artificielle l’experience de la duree. Or, la reussite de cette entreprise artistique depend egalement de l’evolution historique des moyens techniques qui sont a son service.","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-06-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123628675","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans la deuxieme moitie des annees 1980 s’est developpee, dans l’ensemble du champ de la culture, une veritable esthetique de la betise. Quelques jeunes critiques d’art se sont alors empares du phenomene et ont tente de le theoriser, entre 1994 et 1998, dans les revues les plus lues de l’epoque : Flash Art International, Artpress, Frieze. L’etude de ce corpus d’articles (signes par Joshua Decter, Eric Troncy, Jon Savage, Andrew Hulktrans et Jean-Yves Jouannais) temoigne a la fois des mutations de la critique d’art de l’epoque et de l’enjeu que represente alors l’art deliberement bete. On remarquera que la critique d’art se fait alors critique culturelle : elle regarde peu les œuvres, reduites au statut d’illustrations et d’arguments visuels. On s’interrogera egalement sur la place que les revues d’art contemporain ont accordee a la culture populaire mediatique la plus regressive du temps. Beavis & Butt-Head, Melrose Place ou encore Alerte a Malibu ont ete ainsi disseques dans les colonnes d’Artforum ou de Flash Art. Alors que les œuvres d’art estampillees « art contemporain » donnaient lieu a des analyses etonnamment sommaires, ce sont les series televisees et les dessins animes qui ont conduit aux analyses les plus stimulantes. Elles l’ont fait en recourant au paradigme de la meta-criticalite cher au modernisme, conferant aux œuvres les plus regressives le statut d’image speculaire, a la fois duplice et critique, de la culture de la betise qui les generait. Pointe alors le paradoxe suivant : alternant entre l’enthousiasme forcene et la deploration, la critique d’art des annees 1990 a intellectualise l’anti-intellectualisme le plus radical.
在20世纪80年代后半期,一种真正的愚蠢美学在整个文化领域发展起来。1994年至1998年间,一些年轻的艺术评论家在当时最受欢迎的杂志《Flash Art International》、《Artpress》和《Frieze》上抓住了这一现象,并试图将其理论化。对这一系列文章(由Joshua Decter, Eric Troncy, Jon Savage, Andrew Hulktrans和Jean-Yves Jouannais签名)的研究表明,当时艺术批评的变化和刻意的bete艺术所代表的挑战。值得注意的是,艺术批评变成了文化批评:它很少关注作品,沦为插图和视觉论证的地位。我们还将质疑当代艺术杂志对当代最倒退的流行媒体文化的重视程度。Beavis & Butt-Head, Melrose Place和Alerte a Malibu都在artforum或Flash Art的专栏中进行了讨论。虽然被贴上“当代艺术”标签的艺术作品引发了令人惊讶的简短分析,但电视连续剧和卡通片引发了最具挑战性的分析。他们通过使用现代主义所珍视的元批评范式来做到这一点,赋予最倒退的作品一种幽灵形象的地位,一种既重复又批判的形象,一种产生它们的愚蠢文化。然后指出了以下悖论:20世纪90年代的艺术批评在强烈的热情和哀叹之间交替,将最激进的反智主义智能化了。
{"title":"Critiques d’« art bête » dans les années 1990","authors":"Morgan Labar","doi":"10.3917/nre.027.0039","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.027.0039","url":null,"abstract":"Dans la deuxieme moitie des annees 1980 s’est developpee, dans l’ensemble du champ de la culture, une veritable esthetique de la betise. Quelques jeunes critiques d’art se sont alors empares du phenomene et ont tente de le theoriser, entre 1994 et 1998, dans les revues les plus lues de l’epoque : Flash Art International, Artpress, Frieze. L’etude de ce corpus d’articles (signes par Joshua Decter, Eric Troncy, Jon Savage, Andrew Hulktrans et Jean-Yves Jouannais) temoigne a la fois des mutations de la critique d’art de l’epoque et de l’enjeu que represente alors l’art deliberement bete. On remarquera que la critique d’art se fait alors critique culturelle : elle regarde peu les œuvres, reduites au statut d’illustrations et d’arguments visuels. On s’interrogera egalement sur la place que les revues d’art contemporain ont accordee a la culture populaire mediatique la plus regressive du temps. Beavis & Butt-Head, Melrose Place ou encore Alerte a Malibu ont ete ainsi disseques dans les colonnes d’Artforum ou de Flash Art. Alors que les œuvres d’art estampillees « art contemporain » donnaient lieu a des analyses etonnamment sommaires, ce sont les series televisees et les dessins animes qui ont conduit aux analyses les plus stimulantes. Elles l’ont fait en recourant au paradigme de la meta-criticalite cher au modernisme, conferant aux œuvres les plus regressives le statut d’image speculaire, a la fois duplice et critique, de la culture de la betise qui les generait. Pointe alors le paradoxe suivant : alternant entre l’enthousiasme forcene et la deploration, la critique d’art des annees 1990 a intellectualise l’anti-intellectualisme le plus radical.","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"4 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-06-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"121753716","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La convenance de l’ornement : une question éthique ?","authors":"E. D. Stefano, C. Talon-Hugon","doi":"10.3917/NRE.023.0087","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/NRE.023.0087","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"23 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114929339","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"L’ornement dans les essais de Jean d’Udine","authors":"Marion Sergent","doi":"10.3917/nre.023.0069","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.023.0069","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"14 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124783090","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"L’héritage de John Ruskin et William Morris dans les conférences américaines d’Oscar Wilde","authors":"Alexandre Bies","doi":"10.3917/nre.023.0031","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/nre.023.0031","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":424414,"journal":{"name":"Nouvelle revue d’esthétique","volume":"26 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-09-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"133494564","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}