Pub Date : 2021-03-19DOI: 10.14428/EMULATIONS.037.03
Damiano de Facci
À travers les cas de deux associations caritatives de la ville de Sfax, en Tunisie, l’analyse se focalise sur trois instruments d’action – le livre comptable, l’organigramme et la base des données des bénéficiaires –, afin de mettre au jour les tensions et les ambiguïtés des dynamiques de mise en forme bureaucratique de l’action associative. Ces tensions et ambiguïtés montrent que la définition des instruments d’action associative ouvre davantage de marges de manœuvre pour les responsables des associations. Dans ce cadre, la conformité des procédures de l’association aux normes imposées par l’État, qui lui assure la légitimité de son action, semble moins le résultat d’une réelle volonté de collaboration avec l’État qu’une appropriation des logiques étatistes de la part des responsables des associations. Ces responsables jouent un rôle grandissant, en devenant à la fois des managers de la charité et les garants du fonctionnement de la chaîne sectorielle. La mise en forme bureaucratique de l’action associative se révèle ainsi être un processus de passage des associations de la fonction d’intermédiation idéologique et clientéliste à une forme de gouvernement personnalisée, fondée sur les responsables-managers des associations.
{"title":"La mise en forme bureaucratique de l’action associative en Tunisie","authors":"Damiano de Facci","doi":"10.14428/EMULATIONS.037.03","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.037.03","url":null,"abstract":"À travers les cas de deux associations caritatives de la ville de Sfax, en Tunisie, l’analyse se focalise sur trois instruments d’action – le livre comptable, l’organigramme et la base des données des bénéficiaires –, afin de mettre au jour les tensions et les ambiguïtés des dynamiques de mise en forme bureaucratique de l’action associative. Ces tensions et ambiguïtés montrent que la définition des instruments d’action associative ouvre davantage de marges de manœuvre pour les responsables des associations. Dans ce cadre, la conformité des procédures de l’association aux normes imposées par l’État, qui lui assure la légitimité de son action, semble moins le résultat d’une réelle volonté de collaboration avec l’État qu’une appropriation des logiques étatistes de la part des responsables des associations. Ces responsables jouent un rôle grandissant, en devenant à la fois des managers de la charité et les garants du fonctionnement de la chaîne sectorielle. La mise en forme bureaucratique de l’action associative se révèle ainsi être un processus de passage des associations de la fonction d’intermédiation idéologique et clientéliste à une forme de gouvernement personnalisée, fondée sur les responsables-managers des associations.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130878432","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2021-03-19DOI: 10.14428/EMULATIONS.037.05
K. Fall
Cet article est une analyse du processus de bureaucratisation des pratiques associatives en milieu rural. Il propose une étude de cas de l’association bambourang-ba dans la commune d’Adéane du département de Ziguinchor (Sénégal). À première vue, bambourang-ba apparaît comme une structure autonome constituée d’acteurs locaux qui nouent un partenariat avec l’ONG ChildFund et la fédération dimbaya. Toutefois, les données révèlent une dynamique d’organisation et de gestion insufflée par le haut et qui répond à une exigence de contrôle de l’ONG et son partenaire local. Cette dyna- mique de bureaucratisation se complexifie au fur et à mesure que les activités de l’ONG (le parrainage) s’étendent dans le département de Ziguinchor. Elle est coachée par des agents de terrain qui mobilisent des ressources variées et encadrent son appropriation par les dirigeants de l’association. Enfin, l’article propose une analyse de l’intermédia- tion et des dynamiques de bureaucratisation autour du parrainage des enfants.
{"title":"Enjeux et dynamiques de bureaucratisation des pratiques associatives en milieu rural","authors":"K. Fall","doi":"10.14428/EMULATIONS.037.05","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.037.05","url":null,"abstract":"Cet article est une analyse du processus de bureaucratisation des pratiques associatives en milieu rural. Il propose une étude de cas de l’association bambourang-ba dans la commune d’Adéane du département de Ziguinchor (Sénégal). À première vue, bambourang-ba apparaît comme une structure autonome constituée d’acteurs locaux qui nouent un partenariat avec l’ONG ChildFund et la fédération dimbaya. Toutefois, les données révèlent une dynamique d’organisation et de gestion insufflée par le haut et qui répond à une exigence de contrôle de l’ONG et son partenaire local. Cette dyna- mique de bureaucratisation se complexifie au fur et à mesure que les activités de l’ONG (le parrainage) s’étendent dans le département de Ziguinchor. Elle est coachée par des agents de terrain qui mobilisent des ressources variées et encadrent son appropriation par les dirigeants de l’association. Enfin, l’article propose une analyse de l’intermédia- tion et des dynamiques de bureaucratisation autour du parrainage des enfants.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"18 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"121969418","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2021-03-19DOI: 10.14428/EMULATIONS.037.04
Issouf Binaté
Basé sur un travail de terrain commencé en 2008, ce texte aborde la stratégie managériale adoptée par des jeunes, réunis au sein d’une structure bureaucratique – l’Union des talibés de Matié Boiké Samassi (UTMBS) –, pour encadrer et accompagner une entreprise religieuse initiée par des aînés sociaux au nord de la Côte d’Ivoire. Ce projet, parti du village de Kélindjan, est une rencontre annuelle organisée par un cheikh qadiri – Matié Boiké Samassi – et ses talibés pour accomplir des actes de dévotions au prophète Muhammad à l’occasion du Maouloud. Timides au départ, ces célébrations, avec la réputation de son initiateur pour les bienfaits de sa baraka, ont commencé à avoir de la visibilité sociale suite à l’implication des jeunes. Dans un contexte de retour à la normalité, à la fin de la décennie de crise militaro-politique qu’a connue le pays, ces moments de retrouvailles ont revêtu de nouvelles formes et propulsé le Maouloud (y compris ses rituels) au-delà de cette région.
{"title":"L’UTMBS à l’épreuve des célébrations du Maouloud","authors":"Issouf Binaté","doi":"10.14428/EMULATIONS.037.04","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.037.04","url":null,"abstract":"Basé sur un travail de terrain commencé en 2008, ce texte aborde la stratégie managériale adoptée par des jeunes, réunis au sein d’une structure bureaucratique – l’Union des talibés de Matié Boiké Samassi (UTMBS) –, pour encadrer et accompagner une entreprise religieuse initiée par des aînés sociaux au nord de la Côte d’Ivoire. Ce projet, parti du village de Kélindjan, est une rencontre annuelle organisée par un cheikh qadiri – Matié Boiké Samassi – et ses talibés pour accomplir des actes de dévotions au prophète Muhammad à l’occasion du Maouloud. Timides au départ, ces célébrations, avec la réputation de son initiateur pour les bienfaits de sa baraka, ont commencé à avoir de la visibilité sociale suite à l’implication des jeunes. Dans un contexte de retour à la normalité, à la fin de la décennie de crise militaro-politique qu’a connue le pays, ces moments de retrouvailles ont revêtu de nouvelles formes et propulsé le Maouloud (y compris ses rituels) au-delà de cette région.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"32 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-19","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130591888","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2021-01-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.INTERVIEWS.04
M. Morelle, Céline Mavrot
Émulations reçoit Marie Morelle, spécialiste du phénomène carcéral au Cameroun et à Madagascar. Cet entretien est l’occasion d’aborder des questions de régulation politique des inégalités sociales et de circula-tion internationale des modèles punitifs, mais aussi d’interdisciplinarité et de décentrement du regard Nord-Sud dans la production des analyses scientifiques. Marie Morelle est maitresse de conférences, HDR en Géographie, à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR Prodig). Elle est actuellement détachée à l’IRD au Cameroun et en accueil à la Fondation Paul Ango Ela. Ses travaux articulent géographie politique et géographie urbaine à partir d’entrées empiriques telles que la prison et la police, l’informalité économique et politique en Europe (France) et en Afrique (Cameroun). Elle est l’autrice notamment de La rue des enfants, les enfants des rues (CNRS Editions, 2007), Yaoundé carcérale, Géographie d’une ville et de sa prison (ENS éditions, 2019). Elle a dirigé avec Frédéric Le Marcis et Julia Hornberger l’ouvrage collectif Confinement, Punishment and Prisons in Africa (Routledge, sous presse), issu du programme « Économie de la peine et de la prison en Afrique » (ANR, 2015-2019).
emulations欢迎喀麦隆和马达加斯加监狱现象专家Marie Morelle。这次采访是一个讨论社会不平等的政治监管和惩罚性模式的国际流通问题的机会,也是一个跨学科的机会,在科学分析的产生中南北视角的分散。Marie Morelle是universite Paris 1 pantheon Sorbonne (UMR Prodig)的HDR地理学讲师。她目前被借调到喀麦隆的ird,并在保罗·安戈·埃拉基金会接受培训。他的作品从监狱和警察、欧洲(法国)和非洲(喀麦隆)的经济和政治非正式性等经验输入中阐明了政治和城市地理。她是《街头儿童》、《街头儿童》(CNRS Editions, 2007)、yaounde carcerale、《城市地理及其监狱》(ENS Editions, 2019)的作者。她与frederic Le Marcis和Julia Hornberger一起指导了《非洲的监禁、惩罚和监狱》(Routledge,正在出版中),这是《非洲的惩罚和监狱经济学》(ANR, 2015-2019)项目的一部分。
{"title":"Prisons en Afrique. Manifestation spatiale du pouvoir et ordre négocié","authors":"M. Morelle, Céline Mavrot","doi":"10.14428/EMULATIONS.INTERVIEWS.04","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.INTERVIEWS.04","url":null,"abstract":"Émulations reçoit Marie Morelle, spécialiste du phénomène carcéral au Cameroun et à Madagascar. Cet entretien est l’occasion d’aborder des questions de régulation politique des inégalités sociales et de circula-tion internationale des modèles punitifs, mais aussi d’interdisciplinarité et de décentrement du regard Nord-Sud dans la production des analyses scientifiques. \u0000Marie Morelle est maitresse de conférences, HDR en Géographie, à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR Prodig). Elle est actuellement détachée à l’IRD au Cameroun et en accueil à la Fondation Paul Ango Ela. Ses travaux articulent géographie politique et géographie urbaine à partir d’entrées empiriques telles que la prison et la police, l’informalité économique et politique en Europe (France) et en Afrique (Cameroun). Elle est l’autrice notamment de La rue des enfants, les enfants des rues (CNRS Editions, 2007), Yaoundé carcérale, Géographie d’une ville et de sa prison (ENS éditions, 2019). Elle a dirigé avec Frédéric Le Marcis et Julia Hornberger l’ouvrage collectif Confinement, Punishment and Prisons in Africa (Routledge, sous presse), issu du programme « Économie de la peine et de la prison en Afrique » (ANR, 2015-2019).","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124350713","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.11
Benoît Carini-Belloni, Arthur Vuattoux
Ce jour-là, devant des milliers de téléspectateurs, après des témoignages concernant les enfants atteints du VIH, après des chansons destinées à montrer l’unité du monde artis- tique contre l’épidémie de VIH/Sida en France, la voix d’une association représentant les minorités sexuelles s’invite dans le récit trop lisse de la maladie et de son traitement politique. Le militant d’Act Up-Paris rappelle alors que le Sida, ce ne sont pas seulement des enfants, des Français qu’il faudrait aider, mais aussi des étrangers malades expul- sés, des prisonniers maltraités, des usagers de drogues, des travailleuses et travailleurs du sexe... L’épisode a fait l’objet de débats, y compris au sein du monde associatif : fal- lait-il dire les choses aussi clairement face à des spectateurs peu informés, au risque de perdre des donateurs par absence d’empathie envers les minorités ? Fallait-il au contraire « jouer le jeu » du spectacle, et se contenter de n’évoquer que des exemples de malades nationaux, hétérosexuels, en visibilisant davantage les enfants malades que les usagers de drogues ou les prisonniers ? Quelle que soit la position adoptée concernant un tel épisode, un constat s’impose : des minorités (hommes homosexuels, travailleurs et travailleuses du sexe et femmes hétérosexuelles étrangères notamment) étaient encore discriminées face à la maladie, par leur orientation sexuelle ou leur situation administrative, quinze ans après le début de l’épidémie. Aujourd’hui encore, les mêmes minorités demeurent toujours discriminées, comme le montre Charlotte Pézeril dans son article, qui fait écho à d’autres travaux récents
{"title":"Déjouer l’invisibilisation des discriminations","authors":"Benoît Carini-Belloni, Arthur Vuattoux","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.11","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.11","url":null,"abstract":"Ce jour-là, devant des milliers de téléspectateurs, après des témoignages concernant les enfants atteints du VIH, après des chansons destinées à montrer l’unité du monde artis- tique contre l’épidémie de VIH/Sida en France, la voix d’une association représentant les minorités sexuelles s’invite dans le récit trop lisse de la maladie et de son traitement politique. Le militant d’Act Up-Paris rappelle alors que le Sida, ce ne sont pas seulement des enfants, des Français qu’il faudrait aider, mais aussi des étrangers malades expul- sés, des prisonniers maltraités, des usagers de drogues, des travailleuses et travailleurs du sexe... L’épisode a fait l’objet de débats, y compris au sein du monde associatif : fal- lait-il dire les choses aussi clairement face à des spectateurs peu informés, au risque de perdre des donateurs par absence d’empathie envers les minorités ? Fallait-il au contraire « jouer le jeu » du spectacle, et se contenter de n’évoquer que des exemples de malades nationaux, hétérosexuels, en visibilisant davantage les enfants malades que les usagers de drogues ou les prisonniers ? Quelle que soit la position adoptée concernant un tel épisode, un constat s’impose : des minorités (hommes homosexuels, travailleurs et travailleuses du sexe et femmes hétérosexuelles étrangères notamment) étaient encore discriminées face à la maladie, par leur orientation sexuelle ou leur situation administrative, quinze ans après le début de l’épidémie. Aujourd’hui encore, les mêmes minorités demeurent toujours discriminées, comme le montre Charlotte Pézeril dans son article, qui fait écho à d’autres travaux récents","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"601 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"133339171","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.03
P. Perrenoud
Dans les pays à hauts revenus, les inégalités sociales de santé autour de la naissance se traduisent en une morbi-mortalité plus élevée des femmes immigrantes. À partir d’une enquête ethnographique réalisée auprès de sages-femmes indépendantes en Suisse romande, cet article analyse la situation et le suivi de femmes immigrantes aux prises avec de la détresse sociale impliquant pauvreté, solitude ou violence. Ces situations requièrent une collaboration inter/intraprofessionnelle, parfois difficile à mettre en place selon les sages-femmes. L’article aborde les écueils de collaboration décrits à partir d’une perspective de sociologie des professions et montre comment les tensions inter/intraprofessionnelles interfèrent avec la circulation des informations et la réponse aux besoins des femmes concernées.
{"title":"Détresses sociales autour de la naissance","authors":"P. Perrenoud","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.03","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.03","url":null,"abstract":"Dans les pays à hauts revenus, les inégalités sociales de santé autour de la naissance se traduisent en une morbi-mortalité plus élevée des femmes immigrantes. À partir d’une enquête ethnographique réalisée auprès de sages-femmes indépendantes en Suisse romande, cet article analyse la situation et le suivi de femmes immigrantes aux prises avec de la détresse sociale impliquant pauvreté, solitude ou violence. Ces situations requièrent une collaboration inter/intraprofessionnelle, parfois difficile à mettre en place selon les sages-femmes. L’article aborde les écueils de collaboration décrits à partir d’une perspective de sociologie des professions et montre comment les tensions inter/intraprofessionnelles interfèrent avec la circulation des informations et la réponse aux besoins des femmes concernées.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"84 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115723357","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.08
Déborah Ridel
En partant de l’analyse du travail de l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO), cet article se saisit de la question des traitements différenciés des patients à l’accueil des urgences hospitalières. Basée sur une enquête ethnographique réalisée à l’accueil des urgences d’un centre hospitalier du nord de la France, l’étude montre que le travail de l’IAO est comparable à celui d’un gate-keeper confronté de plein fouet à la difficulté d’exercer correctement sa fonction. S’inscrivant dans une relation de guichet, les IAO doivent jongler entre leurs propres représentations et les injonctions managériales et politiques telles de réelles street-level bureaucrats. Alors qu’une nouvelle gestion du tri des patients apparaît comme une solution de désengorgement des urgences, les contraintes organisationnelles liées à sa mise en place entraînent de nombreux effets pervers qui ont pour conséquence de fabriquer des inégalités dans la prise en charge des patients.
{"title":"La fabrique des inégalités aux urgences","authors":"Déborah Ridel","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.08","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.08","url":null,"abstract":"En partant de l’analyse du travail de l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO), cet article se saisit de la question des traitements différenciés des patients à l’accueil des urgences hospitalières. Basée sur une enquête ethnographique réalisée à l’accueil des urgences d’un centre hospitalier du nord de la France, l’étude montre que le travail de l’IAO est comparable à celui d’un gate-keeper confronté de plein fouet à la difficulté d’exercer correctement sa fonction. S’inscrivant dans une relation de guichet, les IAO doivent jongler entre leurs propres représentations et les injonctions managériales et politiques telles de réelles street-level bureaucrats. Alors qu’une nouvelle gestion du tri des patients apparaît comme une solution de désengorgement des urgences, les contraintes organisationnelles liées à sa mise en place entraînent de nombreux effets pervers qui ont pour conséquence de fabriquer des inégalités dans la prise en charge des patients.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"39 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123678231","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.05
Leslie Fonquerne
En France, le taux de prévalence contraceptive reste élevé depuis la diffusion des différentes méthodes médicalisées dès les années 1970, dont la pilule représente l’essor. Mais fin 2012, les pilules de troisième et quatrième générations font l’objet d’un scandale médiatique, sanitaire et politique dû à un sur-risque sanitaire qui leur est associé, engendrant une désaffection de la contraception orale dans son ensemble. Malgré une baisse significative de son taux d’usage, la pilule reste cependant la méthode la plus utilisée. Pour autant, cela ne signifie pas que toutes les usagères bénéficient d’un choix contraceptif libre et éclairé. Centré sur les pratiques des professionnel·le·s de santé, cet article propose de rendre compte de l’impact de différentes approches de soin en matière d’inégalités d’accès à l’information et à la prescription de contraception et d’en saisir les spécificités selon les catégorisations de patientes qu’opèrent les praticien·ne·s.
{"title":"À qui faire avaler la pilule ?","authors":"Leslie Fonquerne","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.05","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.05","url":null,"abstract":"En France, le taux de prévalence contraceptive reste élevé depuis la diffusion des différentes méthodes médicalisées dès les années 1970, dont la pilule représente l’essor. Mais fin 2012, les pilules de troisième et quatrième générations font l’objet d’un scandale médiatique, sanitaire et politique dû à un sur-risque sanitaire qui leur est associé, engendrant une désaffection de la contraception orale dans son ensemble. Malgré une baisse significative de son taux d’usage, la pilule reste cependant la méthode la plus utilisée. Pour autant, cela ne signifie pas que toutes les usagères bénéficient d’un choix contraceptif libre et éclairé. Centré sur les pratiques des professionnel·le·s de santé, cet article propose de rendre compte de l’impact de différentes approches de soin en matière d’inégalités d’accès à l’information et à la prescription de contraception et d’en saisir les spécificités selon les catégorisations de patientes qu’opèrent les praticien·ne·s.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"42 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130770430","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.07
Charlotte Pezeril
Malgré les progrès thérapeutiques dans la lutte contre le VIH/sida, les discriminations à l’égard des personnes séropositives semblent perdurer. Afin de les objectiver dans le contexte de la Belgique, nous avons mené une enquête sur les plaintes déposées à Unia, le Centre belge pour l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Dans un premier temps, nous montrons comment les effets de ces discriminations sont largement sous-estimés, y compris sur la santé et par les victimes elles-mêmes. Nous analysons, dans un second temps, la tension entre l’importance de l’intersectionnalité de la sérophobie avec l’homophobie, le racisme et le sexisme et les difficultés, voire les incapacités, à la saisir du point de vue des requérant·e·s et encore davantage du point de vue des institutions. Enfin, nous soulignons à quel point l’intersectionnalité permet d’identifier les groupes les plus vulnérables et comment la sérophobie en arrive à concerner les membres de ces groupes qui ne vivent pas avec le VIH, tout en étant identifiés comme tels.
{"title":"De l’invisibilité au déni de l’intersectionnalité","authors":"Charlotte Pezeril","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.07","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.07","url":null,"abstract":"Malgré les progrès thérapeutiques dans la lutte contre le VIH/sida, les discriminations à l’égard des personnes séropositives semblent perdurer. Afin de les objectiver dans le contexte de la Belgique, nous avons mené une enquête sur les plaintes déposées à Unia, le Centre belge pour l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Dans un premier temps, nous montrons comment les effets de ces discriminations sont largement sous-estimés, y compris sur la santé et par les victimes elles-mêmes. Nous analysons, dans un second temps, la tension entre l’importance de l’intersectionnalité de la sérophobie avec l’homophobie, le racisme et le sexisme et les difficultés, voire les incapacités, à la saisir du point de vue des requérant·e·s et encore davantage du point de vue des institutions. Enfin, nous soulignons à quel point l’intersectionnalité permet d’identifier les groupes les plus vulnérables et comment la sérophobie en arrive à concerner les membres de ces groupes qui ne vivent pas avec le VIH, tout en étant identifiés comme tels.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"19 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115339711","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2020-12-30DOI: 10.14428/EMULATIONS.03536.10
Louise Virole
Afin de lutter contre les inégalités sociales de santé que connaissent les femmes enceintes étrangères, les politiques de santé périnatale françaises ont légitimé la mise en place de dispositifs médico-sociaux dédiés à ce public. L’article interroge les effets de ces prises en charge spécifiques sur les parcours de soins de femmes enceintes primo-arrivantes. L’enquête ethnographique menée au sein de plusieurs de ces disposi- tifs dédiés révèle que les leviers d’action qu’ils mobilisent améliorent significativement l’accès primaire et secondaire aux soins des femmes qui y sont incluses. En outre, la qualité du suivi est particulièrement appréciée par les usagères en comparaison avec le suivi obstétrique de leur pays d’origine. Néanmoins, le caractère marginal et opaque des dispositifs soulève de nombreux enjeux.
{"title":"Dispositifs dédiés, effets ambivalents","authors":"Louise Virole","doi":"10.14428/EMULATIONS.03536.10","DOIUrl":"https://doi.org/10.14428/EMULATIONS.03536.10","url":null,"abstract":"Afin de lutter contre les inégalités sociales de santé que connaissent les femmes enceintes étrangères, les politiques de santé périnatale françaises ont légitimé la mise en place de dispositifs médico-sociaux dédiés à ce public. L’article interroge les effets de ces prises en charge spécifiques sur les parcours de soins de femmes enceintes primo-arrivantes. L’enquête ethnographique menée au sein de plusieurs de ces disposi- tifs dédiés révèle que les leviers d’action qu’ils mobilisent améliorent significativement l’accès primaire et secondaire aux soins des femmes qui y sont incluses. En outre, la qualité du suivi est particulièrement appréciée par les usagères en comparaison avec le suivi obstétrique de leur pays d’origine. Néanmoins, le caractère marginal et opaque des dispositifs soulève de nombreux enjeux.","PeriodicalId":192990,"journal":{"name":"Emulations - Revue de sciences sociales","volume":"os-39 39 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127779545","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}