Sylvain Celle, Thomas Chevallier, Vianney Schlegel
À partir du cas de la coopérative de consommation l’Union de Lille et en étudiant plus généralement la coopération socialiste dans le nord de la France, cet article porte sur les pratiques de discrétion, d’occultation et de mise au secret des enjeux de financement des activités politiques partisanes au tournant du XX e siècle. En revenant sur les débats relatifs au rôle que doivent jouer les coopératives dans la lutte politique et dans l’avènement du socialisme, l’étude souligne les stratégies de publicisation et de discrétion mobilisées par les dirigeants coopératifs quant au principe de subventionnement systématique des partis politiques. Au-delà de ces enjeux, le dépouillement des archives de l’Union de Lille montre que certaines décisions mettant en péril le modèle économique coopératif sont cachées aux sociétaires, tandis que les stratégies d’alliance de classe ou avec la franc-maçonnerie font l’objet de représentations ambivalentes, en oscillant entre opposition idéologique et acceptation tacite ou pragmatique au nom des besoins de financement de la lutte politique. Finalement, l’ensemble des débats et des pratiques analysés peuvent être rapportés aux processus de structuration et de professionnalisation de la vie politique française : la constitution d’une culture du secret autour des enjeux de financement du champ politique traduit bien son autonomisation et la sélectivité croissante dans l’accès à ses positions les plus hautes.
{"title":"Financements occultés. Sur les usages socialistes de la coopération dans le Nord au tournant du XX e siècle","authors":"Sylvain Celle, Thomas Chevallier, Vianney Schlegel","doi":"10.3917/pox.138.0127","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0127","url":null,"abstract":"À partir du cas de la coopérative de consommation l’Union de Lille et en étudiant plus généralement la coopération socialiste dans le nord de la France, cet article porte sur les pratiques de discrétion, d’occultation et de mise au secret des enjeux de financement des activités politiques partisanes au tournant du XX e siècle. En revenant sur les débats relatifs au rôle que doivent jouer les coopératives dans la lutte politique et dans l’avènement du socialisme, l’étude souligne les stratégies de publicisation et de discrétion mobilisées par les dirigeants coopératifs quant au principe de subventionnement systématique des partis politiques. Au-delà de ces enjeux, le dépouillement des archives de l’Union de Lille montre que certaines décisions mettant en péril le modèle économique coopératif sont cachées aux sociétaires, tandis que les stratégies d’alliance de classe ou avec la franc-maçonnerie font l’objet de représentations ambivalentes, en oscillant entre opposition idéologique et acceptation tacite ou pragmatique au nom des besoins de financement de la lutte politique. Finalement, l’ensemble des débats et des pratiques analysés peuvent être rapportés aux processus de structuration et de professionnalisation de la vie politique française : la constitution d’une culture du secret autour des enjeux de financement du champ politique traduit bien son autonomisation et la sélectivité croissante dans l’accès à ses positions les plus hautes.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"24 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951788","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
À partir d’une sociologie visuelle des professions de foi issues d’une même commune depuis 1947 (17 scrutins, 99 professions de foi), cet article met en évidence la façon dont l’« apolitisme graphique » constaté lors des élections municipales de 2020 n’a finalement rien d’inédit. Ce travail sur un temps long et un échantillon localisé - qui permet d’opérer un croisement entre dimension graphique/rhétorique des professions de foi et environnement sociopolitique - montre combien la discrétion partisane est loin d’être synonyme de pratiques officieuses ou informelles. Elle s’insère plutôt dans un mouvement de redéfinition graphique du politique ayant pris une importance significative depuis les années 1990. Au gré des relégations ou des effacements des marqueurs les plus politiques (car les plus politiquement clivants), les professions de foi nous laissent ainsi entrevoir une évolution significative de l’espace politique et du lien partisan.
{"title":"Être du parti sans en avoir l’air. Une sociologie visuelle de l’affiliation partisane au prisme des professions de foi d’une commune du Var (1947-2020)","authors":"Jérémie Moualek","doi":"10.3917/pox.138.0099","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0099","url":null,"abstract":"À partir d’une sociologie visuelle des professions de foi issues d’une même commune depuis 1947 (17 scrutins, 99 professions de foi), cet article met en évidence la façon dont l’« apolitisme graphique » constaté lors des élections municipales de 2020 n’a finalement rien d’inédit. Ce travail sur un temps long et un échantillon localisé - qui permet d’opérer un croisement entre dimension graphique/rhétorique des professions de foi et environnement sociopolitique - montre combien la discrétion partisane est loin d’être synonyme de pratiques officieuses ou informelles. Elle s’insère plutôt dans un mouvement de redéfinition graphique du politique ayant pris une importance significative depuis les années 1990. Au gré des relégations ou des effacements des marqueurs les plus politiques (car les plus politiquement clivants), les professions de foi nous laissent ainsi entrevoir une évolution significative de l’espace politique et du lien partisan.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"18 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951780","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les partis politiques européens font face à une lente érosion de leur socle électoral et militant. Pour tenter d’échapper à ce déclin et, en particulier, à la démonétisation du label partisan, plusieurs organisations politiques nées après la crise de 2008 (Mouvement 5 Étoiles, Podemos, La République en marche, la France insoumise) s’autodéfinissent comme des « mouvements ». Ce vocable indigène trouve un certain écho du côté de la science politique, où s’est récemment diffusé le concept de « parti-mouvement ». Plutôt que d’utiliser ce concept comme catégorie analytique à même d’éclairer sociologiquement le phénomène France insoumise (FI), cet article propose d’étudier les usages militants de la notion de « mouvement ». À travers le cas particulier de la FI, il s’agit de participer à une réflexion plus générale sur la discrétion partisane et sur la façon dont certaines formations, en s’ajustant à la « crise des partis », contribuent à cette crise tout en reconduisant des logiques partisanes non présentées comme telles. Les usages du « mouvement » analysés ici ne sont pas uniquement langagiers ; il s’agit également d’aspects pratiques (règles d’adhésion, répertoire d’action, fonctionnement interne, utilisation du financement public, ancrage territorial, etc.), les deux dimensions – discursives et matérielles – étant étroitement imbriquées. Enfin, il importe de restituer ces usages dans leur contexte socio-politique et d’interroger leur historicité.
欧洲各政党的选举和政治基础正在慢慢被侵蚀。为了避免这种衰落,特别是党派标签的废钞化,2008年危机后诞生的几个政治组织(movimento 5 etoiles, Podemos, la republique en marche, la France insoumise)将自己定义为“运动”。这个本土术语在政治科学中得到了一定的呼应,“党派运动”的概念最近在政治科学中传播开来。本文建议研究“运动”这一概念的激进使用,而不是将其作为一个分析范畴,能够从社会学上阐明“法国反叛”现象。if各地的具体情况,这是参与一项更全面的思考,如何酌定派性和某些政党的训练,以适应危机«»,促成了这次危机,同时延长各党派提出的非逻辑等。这里分析的“运动”的使用不仅仅是语言上的;它们还涉及实际方面(成员规则、行动清单、内部运作、公共资金的使用、领土锚定等),这两个方面——话语和物质——是紧密相连的。最后,重要的是在其社会政治背景下恢复这些用法,并质疑它们的历史真实性。
{"title":"La France insoumise, un « mouvement » qui n’en a que le nom ? Effacement symbolique et transformations pratiques de la forme partisane","authors":"Manuel Cervera-Marzal","doi":"10.3917/pox.138.0045","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0045","url":null,"abstract":"Les partis politiques européens font face à une lente érosion de leur socle électoral et militant. Pour tenter d’échapper à ce déclin et, en particulier, à la démonétisation du label partisan, plusieurs organisations politiques nées après la crise de 2008 (Mouvement 5 Étoiles, Podemos, La République en marche, la France insoumise) s’autodéfinissent comme des « mouvements ». Ce vocable indigène trouve un certain écho du côté de la science politique, où s’est récemment diffusé le concept de « parti-mouvement ». Plutôt que d’utiliser ce concept comme catégorie analytique à même d’éclairer sociologiquement le phénomène France insoumise (FI), cet article propose d’étudier les usages militants de la notion de « mouvement ». À travers le cas particulier de la FI, il s’agit de participer à une réflexion plus générale sur la discrétion partisane et sur la façon dont certaines formations, en s’ajustant à la « crise des partis », contribuent à cette crise tout en reconduisant des logiques partisanes non présentées comme telles. Les usages du « mouvement » analysés ici ne sont pas uniquement langagiers ; il s’agit également d’aspects pratiques (règles d’adhésion, répertoire d’action, fonctionnement interne, utilisation du financement public, ancrage territorial, etc.), les deux dimensions – discursives et matérielles – étant étroitement imbriquées. Enfin, il importe de restituer ces usages dans leur contexte socio-politique et d’interroger leur historicité.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"58 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951779","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article interroge les stratégies plus ou moins discrètes d’ancrage social d’un parti dominant. Il analyse la manière dont les femmes issues du milieu de l’AKP en Turquie contribuent au gouvernement via leur engagement dans l’action sociale, domaine crucial pour la popularité de ce parti. À partir d’une enquête dans la ville de Gaziantep entre 2018 et 2021, l’article montre que l’action sociale est un secteur largement délégué, au niveau local, à des femmes militantes, bénévoles ou professionnelles, dont une partie est liée à l’AKP. L’étude des phénomènes de multipositionnement , de désengagement et de reconversion des femmes entre le parti, les institutions publiques et leurs partenaires révèle que les trajectoires féminines peuvent relever de formes discrètes de patronage. Dans l’ensemble, le débordement des logiques militantes contribue dans le contexte de domination de l’AKP à la partisanisation de l’action publique locale. Des répertoires d’action partisans ont été importés dans des dispositifs qui constituent des interfaces entre les pouvoirs publics et certains groupes sociaux privilégiés de l’électorat de l’AKP. C’est ainsi un cas particulièrement intéressant pour explorer la manière dont la discrétion partisane peut être mobilisée par un parti dominant, et le rôle des femmes dans cette stratégie d’ancrage et de contrôle social.
{"title":"Quitter le parti pour mieux le servir : trajectoires de reconversion des militantes de l’AKP et partisanisation du secteur de l’aide sociale","authors":"Prunelle Aymé","doi":"10.3917/pox.138.0183","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0183","url":null,"abstract":"Cet article interroge les stratégies plus ou moins discrètes d’ancrage social d’un parti dominant. Il analyse la manière dont les femmes issues du milieu de l’AKP en Turquie contribuent au gouvernement via leur engagement dans l’action sociale, domaine crucial pour la popularité de ce parti. À partir d’une enquête dans la ville de Gaziantep entre 2018 et 2021, l’article montre que l’action sociale est un secteur largement délégué, au niveau local, à des femmes militantes, bénévoles ou professionnelles, dont une partie est liée à l’AKP. L’étude des phénomènes de multipositionnement , de désengagement et de reconversion des femmes entre le parti, les institutions publiques et leurs partenaires révèle que les trajectoires féminines peuvent relever de formes discrètes de patronage. Dans l’ensemble, le débordement des logiques militantes contribue dans le contexte de domination de l’AKP à la partisanisation de l’action publique locale. Des répertoires d’action partisans ont été importés dans des dispositifs qui constituent des interfaces entre les pouvoirs publics et certains groupes sociaux privilégiés de l’électorat de l’AKP. C’est ainsi un cas particulièrement intéressant pour explorer la manière dont la discrétion partisane peut être mobilisée par un parti dominant, et le rôle des femmes dans cette stratégie d’ancrage et de contrôle social.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"60 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951791","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La littérature sur les partis politiques est dominée par la question de leur perte de légitimité et d’ancrage social. Sans nier le discrédit dont ils sont l’objet et qui se traduit notamment par l’émergence de nouvelles formes d’entreprises électorales, cet article introductif plaide pour un glissement de la question du discrédit vers celle de la discrétion, glissement qui permet à la fois d’éviter de considérer le discrédit comme un phénomène nouveau et univoque et de concevoir les partis comme passifs à son égard. La question de la discrétion partisane permet d’abord d’interroger la façon dont les responsables et les militants de ces nouvelles entreprises politiques mais aussi des partis installés s’arrangent avec les formes contemporaines de discrédit assez radical qu’ils co-produisent ou qu’ils subissent. Elle permet aussi, en s’interrogeant sur les formes prises par la discrétion partisane hier et aujourd’hui, de souligner que les stratégies discrètes caractérisent également une grande variété de situations (risques de répression, désarmement de la critique adverse, affichages modulés en fonction de compromis sociaux…) et concernent souvent des territoires où la domination des partis est bien établie. Recontextualisée, la discrétion n’apparaît pas seulement comme la forme standard de la politique « professionnelle » contemporaine, mais comme un ensemble de tactiques et de stratégies qui résultent de la tension qui traverse tout parti, pris entre son ou ses dedans et ses dehors.
{"title":"Du discrédit des partis à la discrétion partisane","authors":"Ivan Sainsaulieu, Frédéric Sawicki, Julien Talpin","doi":"10.3917/pox.138.0007","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0007","url":null,"abstract":"La littérature sur les partis politiques est dominée par la question de leur perte de légitimité et d’ancrage social. Sans nier le discrédit dont ils sont l’objet et qui se traduit notamment par l’émergence de nouvelles formes d’entreprises électorales, cet article introductif plaide pour un glissement de la question du discrédit vers celle de la discrétion, glissement qui permet à la fois d’éviter de considérer le discrédit comme un phénomène nouveau et univoque et de concevoir les partis comme passifs à son égard. La question de la discrétion partisane permet d’abord d’interroger la façon dont les responsables et les militants de ces nouvelles entreprises politiques mais aussi des partis installés s’arrangent avec les formes contemporaines de discrédit assez radical qu’ils co-produisent ou qu’ils subissent. Elle permet aussi, en s’interrogeant sur les formes prises par la discrétion partisane hier et aujourd’hui, de souligner que les stratégies discrètes caractérisent également une grande variété de situations (risques de répression, désarmement de la critique adverse, affichages modulés en fonction de compromis sociaux…) et concernent souvent des territoires où la domination des partis est bien établie. Recontextualisée, la discrétion n’apparaît pas seulement comme la forme standard de la politique « professionnelle » contemporaine, mais comme un ensemble de tactiques et de stratégies qui résultent de la tension qui traverse tout parti, pris entre son ou ses dedans et ses dehors.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"41 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135901837","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article analyse la manière dont La République En Marche a mis en avant ou/et occulté l’étiquette de ses candidats aux élections municipales de 2020. Les candidats du parti présidentiel cherchent à occulter leur appartenance partisane, coûteuse politiquement, mais ne peuvent se soustraire à une forme de visibilité partisane. Dans la première phase de la campagne, le processus de sélection des candidats confère une forte publicité à leur affiliation politique. Faute de structures locales et pour contrôler le processus, LREM a en effet décidé de procéder à la distribution des investitures de manière très centralisée en la confiant à une commission nationale. Les candidats « marcheurs » ont par ailleurs été fortement rappelés à l’ordre de leur identité partidaire, notamment par leurs adversaires. Les candidats sont tiraillés dans leurs communes entre des injonctions et contraintes contradictoires. Entre affirmation et invisibilité partisanes, la direction nationale, tout comme les têtes de listes, cherchent ainsi à construire un optimum territorial de discrétion partisane.
{"title":"La République En Marche et les élections municipales de 2020 : entre affirmation et invisibilité partisanes","authors":"Rémi Lefebvre","doi":"10.3917/pox.138.0019","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0019","url":null,"abstract":"L’article analyse la manière dont La République En Marche a mis en avant ou/et occulté l’étiquette de ses candidats aux élections municipales de 2020. Les candidats du parti présidentiel cherchent à occulter leur appartenance partisane, coûteuse politiquement, mais ne peuvent se soustraire à une forme de visibilité partisane. Dans la première phase de la campagne, le processus de sélection des candidats confère une forte publicité à leur affiliation politique. Faute de structures locales et pour contrôler le processus, LREM a en effet décidé de procéder à la distribution des investitures de manière très centralisée en la confiant à une commission nationale. Les candidats « marcheurs » ont par ailleurs été fortement rappelés à l’ordre de leur identité partidaire, notamment par leurs adversaires. Les candidats sont tiraillés dans leurs communes entre des injonctions et contraintes contradictoires. Entre affirmation et invisibilité partisanes, la direction nationale, tout comme les têtes de listes, cherchent ainsi à construire un optimum territorial de discrétion partisane.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951783","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article porte sur la forme politique peu stabilisée que constituent les « listes citoyennes », étudiée à partir d’une ethnographie longue de la campagne électorale menée par la liste Strasbourg Écologiste & Citoyenne en 2020. Il s’intéresse aux usages de cette forme politique indéterminée et à la façon dont elle permet des modalités différentes de discrétion pour les partis qui composent pour partie cette liste. En particulier, l’étiquette « citoyenne » permet à cette liste issue d’une alliance entre Europe Écologie-Les Verts et d’autres partis ou collectifs militants locaux de se présenter comme une liste de renouvellement. Les dispositifs participatifs que la liste met en œuvre lui permettent de donner des gages publics de sa « citoyenneté » tout en constituant des outils efficaces pour augmenter le périmètre de son ancrage social. En s‘arrêtant sur les stratégies électorales déployées en direction des fractions populaires et aisées de l’électorat, l’article montre que la forme plastique de « liste citoyenne » s’apparente à un répertoire de pratiques variées que ces entreprises politiques ajustent aux publics auxquels elles s’adressent.
{"title":"La « liste citoyenne » comme entreprise de discrétion. Enquête sur la campagne des municipales de la liste « Strasbourg Écologiste & Citoyenne »","authors":"Marie Acabo","doi":"10.3917/pox.138.0071","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0071","url":null,"abstract":"Cet article porte sur la forme politique peu stabilisée que constituent les « listes citoyennes », étudiée à partir d’une ethnographie longue de la campagne électorale menée par la liste Strasbourg Écologiste & Citoyenne en 2020. Il s’intéresse aux usages de cette forme politique indéterminée et à la façon dont elle permet des modalités différentes de discrétion pour les partis qui composent pour partie cette liste. En particulier, l’étiquette « citoyenne » permet à cette liste issue d’une alliance entre Europe Écologie-Les Verts et d’autres partis ou collectifs militants locaux de se présenter comme une liste de renouvellement. Les dispositifs participatifs que la liste met en œuvre lui permettent de donner des gages publics de sa « citoyenneté » tout en constituant des outils efficaces pour augmenter le périmètre de son ancrage social. En s‘arrêtant sur les stratégies électorales déployées en direction des fractions populaires et aisées de l’électorat, l’article montre que la forme plastique de « liste citoyenne » s’apparente à un répertoire de pratiques variées que ces entreprises politiques ajustent aux publics auxquels elles s’adressent.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"58 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951770","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Partant du suivi ethnographique d’une mobilisation paysanne dans le Tropique de Cochabamba (Bolivie), l’article interroge les formes d’attachement des cultivateurs de coca au Mouvement vers le socialisme ( Movimiento al socialismo , MAS). En plaçant la discrétion des arrangements autour de cette culture controversée au cœur des relations entre le parti, sa branche syndicale et les populations paysannes de la région, il montre les continuités existantes entre « l’action collective au village » et les formes plus exceptionnelles de mobilisation « dans la rue ». En s’inspirant des travaux de Thomas Clay Arnold, l’article propose de conceptualiser ce continuum et l’attachement partisan qui en découle en termes d’économie morale. Celle-ci tourne autour du « bien social » de la coca, fédérant les collectivités villageoises autour du parti autant qu’il trouble leur rapport au politique et à la légalité.
本文从对热带科恰班巴(玻利维亚)农民动员的人种学监测入手,探讨了古柯种植者与社会主义运动(Movimiento al socialismo, MAS)的联系方式。置于随意安排,围绕这项有争议的文化关系的核心,党与工会和其分支的农民百姓之间的区域,这表明现有的连续性«»和村集体行动的形式较为特殊的«街头动员»。本文从托马斯·克莱·阿诺德的著作中汲取灵感,从道德经济学的角度对这一连续体及其产生的党派依恋进行概念化。它围绕着古柯的“社会利益”展开,将村庄社区团结在该党周围,同时扰乱了他们与政治和法律的关系。
{"title":"Prendre parti pour la coca. De l’action collective au village à la mobilisation en faveur du MAS","authors":"Romain Busnel","doi":"10.3917/pox.138.0205","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0205","url":null,"abstract":"Partant du suivi ethnographique d’une mobilisation paysanne dans le Tropique de Cochabamba (Bolivie), l’article interroge les formes d’attachement des cultivateurs de coca au Mouvement vers le socialisme ( Movimiento al socialismo , MAS). En plaçant la discrétion des arrangements autour de cette culture controversée au cœur des relations entre le parti, sa branche syndicale et les populations paysannes de la région, il montre les continuités existantes entre « l’action collective au village » et les formes plus exceptionnelles de mobilisation « dans la rue ». En s’inspirant des travaux de Thomas Clay Arnold, l’article propose de conceptualiser ce continuum et l’attachement partisan qui en découle en termes d’économie morale. Celle-ci tourne autour du « bien social » de la coca, fédérant les collectivités villageoises autour du parti autant qu’il trouble leur rapport au politique et à la légalité.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"1015 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951906","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Comment, dans le répertoire tactique identitaire, scandalisation et discrétion se combinent-elles ? Et surtout, pourquoi ? En mobilisant des entretiens avec des militants, des observations et une analyse des archives du mouvement et de revues de presse, cet article montre que, si Génération identitaire est connue pour sa stratégie de scandalisation, celle-ci masque effectivement une stratégie discrète. Elle repose sur un morcellement organisationnel qui permet à l’organisation de disparaître dans certaines situations. Cette stratégie apparaît comme un moyen de gérer le stigmate extrême droitier, facilitant les recrutements et protégeant le mouvement. À partir de cette étude de cas, cet article contribue à une compréhension de ce qu’est la discrétion (en) politique, tout en éclairant l’hybridation des répertoires d’action des mouvements sociaux contemporains.
{"title":"« La disparition » : les usages de la discrétion dans l’agir de Génération identitaire","authors":"Marion Jacquet-Vaillant","doi":"10.3917/pox.138.0153","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/pox.138.0153","url":null,"abstract":"Comment, dans le répertoire tactique identitaire, scandalisation et discrétion se combinent-elles ? Et surtout, pourquoi ? En mobilisant des entretiens avec des militants, des observations et une analyse des archives du mouvement et de revues de presse, cet article montre que, si Génération identitaire est connue pour sa stratégie de scandalisation, celle-ci masque effectivement une stratégie discrète. Elle repose sur un morcellement organisationnel qui permet à l’organisation de disparaître dans certaines situations. Cette stratégie apparaît comme un moyen de gérer le stigmate extrême droitier, facilitant les recrutements et protégeant le mouvement. À partir de cette étude de cas, cet article contribue à une compréhension de ce qu’est la discrétion (en) politique, tout en éclairant l’hybridation des répertoires d’action des mouvements sociaux contemporains.","PeriodicalId":45578,"journal":{"name":"Politix","volume":"271 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-02-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"135951771","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}