Resume :L’usage contemporain de l’expression « quand même » en français est aujourd’hui largement démocratisé et se rencontre dans tous discours de l’espace public. Le TLF indique bien que c’est Balzac qui a popularisé l’expression dans son sens adverbial, alors que la locution est originellement une conjonction de subordination qui introduit une concession (paraphrasable par « même si... »). Devenue une véritable « formule » dans notre pratique quotidienne de la langue, l’expression est en réalité issue d’un sociolecte particulier, celui de l’aristocratie légitimiste de la Monarchie de Juillet, suite au basculement de régime de 1830 : elle renvoie à l’adhésion molle et peu enthousiaste du groupe des ultras au nouveau roi. C’est dans un texte de fiction, chez Balzac qui utilise pour la première fois ce terme en 1833 dans L’Illustre Gaudissart, que le sens se popularise et qu’une très grande variété d’emplois contribue à asseoir le sens de cette expression que nous employons aujourd’hui dans le sens de « en dépit des circonstances ».
{"title":"Vive Balzac quand même ! Sur la postérité d’une locution conjonctive","authors":"J. Alliet","doi":"10.58282/lht.3848","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3848","url":null,"abstract":"Resume :L’usage contemporain de l’expression « quand même » en français est aujourd’hui largement démocratisé et se rencontre dans tous discours de l’espace public. Le TLF indique bien que c’est Balzac qui a popularisé l’expression dans son sens adverbial, alors que la locution est originellement une conjonction de subordination qui introduit une concession (paraphrasable par « même si... »). Devenue une véritable « formule » dans notre pratique quotidienne de la langue, l’expression est en réalité issue d’un sociolecte particulier, celui de l’aristocratie légitimiste de la Monarchie de Juillet, suite au basculement de régime de 1830 : elle renvoie à l’adhésion molle et peu enthousiaste du groupe des ultras au nouveau roi. C’est dans un texte de fiction, chez Balzac qui utilise pour la première fois ce terme en 1833 dans L’Illustre Gaudissart, que le sens se popularise et qu’une très grande variété d’emplois contribue à asseoir le sens de cette expression que nous employons aujourd’hui dans le sens de « en dépit des circonstances ».","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"5 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174843","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Cette formule, premier vers du célèbre songe d’Athalie, a fait l’objet de plusieurs réappropriations, depuis le champ du romanesque jusqu’à celui du politique. Activant l’imaginaire de l’épouvante, elle a été le support de parodies, voire de parodies de parodies.
{"title":"« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit… » : poétiser le cauchemar","authors":"Charline Granger","doi":"10.58282/lht.3914","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3914","url":null,"abstract":"Resume :Cette formule, premier vers du célèbre songe d’Athalie, a fait l’objet de plusieurs réappropriations, depuis le champ du romanesque jusqu’à celui du politique. Activant l’imaginaire de l’épouvante, elle a été le support de parodies, voire de parodies de parodies.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"71 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174047","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Nous nous intéressons à deux formules du discours académique dont on peut dresser l’acte de naissance : « pacte autobiographique » (Lejeune, 1973) et « illusion biographique » (Bourdieu, 1986). Nous analysons leurs conditions d’émergence, respectivement dans le domaine de la critique littéraire et des sciences sociales, et leurs espaces de circulation. Le degré respectif de figement de chacune des expressions, les opérations de définition, de reformulation, de réfutation ou de contestation effectuées par divers locuteurs, ou encore les polémiques autour de ces expressions, constituent dans notre analyse autant de moyens de repérer la fortune des deux formules et la manière dont celles-ci structurent certains débats intellectuels.
{"title":"« Pacte autobiographique » et « illusion biographique » : deux formules structurantes des discours académiques","authors":"A. Krieg-Planque, Françoise Simonet-Tenant","doi":"10.58282/lht.3751","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3751","url":null,"abstract":"Resume :Nous nous intéressons à deux formules du discours académique dont on peut dresser l’acte de naissance : « pacte autobiographique » (Lejeune, 1973) et « illusion biographique » (Bourdieu, 1986). Nous analysons leurs conditions d’émergence, respectivement dans le domaine de la critique littéraire et des sciences sociales, et leurs espaces de circulation. Le degré respectif de figement de chacune des expressions, les opérations de définition, de reformulation, de réfutation ou de contestation effectuées par divers locuteurs, ou encore les polémiques autour de ces expressions, constituent dans notre analyse autant de moyens de repérer la fortune des deux formules et la manière dont celles-ci structurent certains débats intellectuels.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"239 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174186","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :« [Corneille] peint les hommes comme ils devraient être, [Racine] les peint tels qu’ils sont. » La formule de La Bruyère, lieu commun depuis trois siècles, est un poncif incontournable, y compris pour qui entend s’en démarquer. Son incroyable postérité interroge cependant. Car, d’une part, son originalité toute relative ne semblait pas la prédestiner à un tel succès ; d’autre part, ce propos de La Bruyère n’a cessé d’être contesté parallèlement à ses reprises successives à travers l’histoire. Les raisons d’un tel succès tiennent peut-être moins à la pertinence et à la précision de la thèse elle-même qu’à sa forme et à sa généralité, qui en font un canevas étonnamment souple, capable d’embrasser les enjeux axiologiques et les stratégies rhétoriques les plus variées.
{"title":"Corneille vs Racine, selon La Bruyère : du lieu commun au mème","authors":"Tsolag Paloyan","doi":"10.58282/lht.3775","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3775","url":null,"abstract":"Resume :« [Corneille] peint les hommes comme ils devraient être, [Racine] les peint tels qu’ils sont. » La formule de La Bruyère, lieu commun depuis trois siècles, est un poncif incontournable, y compris pour qui entend s’en démarquer. Son incroyable postérité interroge cependant. Car, d’une part, son originalité toute relative ne semblait pas la prédestiner à un tel succès ; d’autre part, ce propos de La Bruyère n’a cessé d’être contesté parallèlement à ses reprises successives à travers l’histoire. Les raisons d’un tel succès tiennent peut-être moins à la pertinence et à la précision de la thèse elle-même qu’à sa forme et à sa généralité, qui en font un canevas étonnamment souple, capable d’embrasser les enjeux axiologiques et les stratégies rhétoriques les plus variées.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"312 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139172697","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Cet article offre un survol de l’évolution des emplois de la plus célèbre formule de Térence (« Homo sum… »). Devenue « devise des Lumières », comme l’a montré Michel Delon, la formule avait déjà connu une longue histoire d’interprétations auparavant. À partir du xve siècle, ce vers de Térence est étroitement lié à l’idée même de l’humanisme renaissant. En cela, les interprétations du vers ne cessent d’osciller entre la faillibilité de l’homme et sa perfectibilité. Commençant par une étude précise de cette formule chez les commentateurs renaissants du xve et les lexicographes du xvie siècle, l’article poursuit la lignée d’interprétations aux siècles suivants.
{"title":"L’Humanisme en formule. Itinéraires de l’Homo sum de Térence du xve au xixe siècle","authors":"Thomas A. Murphy","doi":"10.58282/lht.3882","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3882","url":null,"abstract":"Resume :Cet article offre un survol de l’évolution des emplois de la plus célèbre formule de Térence (« Homo sum… »). Devenue « devise des Lumières », comme l’a montré Michel Delon, la formule avait déjà connu une longue histoire d’interprétations auparavant. À partir du xve siècle, ce vers de Térence est étroitement lié à l’idée même de l’humanisme renaissant. En cela, les interprétations du vers ne cessent d’osciller entre la faillibilité de l’homme et sa perfectibilité. Commençant par une étude précise de cette formule chez les commentateurs renaissants du xve et les lexicographes du xvie siècle, l’article poursuit la lignée d’interprétations aux siècles suivants.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"254 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174156","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :À partir d’un exemple de « petite phrase » chantée pendant la Fronde (contre le Prince de Condé), cet article traite de la circulation de contenus médiatiques versifiés au milieu du xviie siècle. La spécificité de l’énonciation chantée suggère que ces formules ont pu servir de lien pour un groupe social oppressé (en l’occurrence la population parisienne assiégée, en 1649). Pour rendre compte de la nébuleuse de discours imprimés, manuscrits, oraux par laquelle se construit le discours d’actualité, le concept d’intertextualité s’avère moins adapté que celui d’interdiscursivité. La question de la littérarité du genre de discours qu’est la chanson est aussi posée, qui dépend des usages qui en furent faits au cours de l’histoire.
{"title":"La formule dans la chanson d’actualité au xviie siècle : figement linguistique et politisation du vers","authors":"Karine Abiven","doi":"10.58282/lht.3895","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3895","url":null,"abstract":"Resume :À partir d’un exemple de « petite phrase » chantée pendant la Fronde (contre le Prince de Condé), cet article traite de la circulation de contenus médiatiques versifiés au milieu du xviie siècle. La spécificité de l’énonciation chantée suggère que ces formules ont pu servir de lien pour un groupe social oppressé (en l’occurrence la population parisienne assiégée, en 1649). Pour rendre compte de la nébuleuse de discours imprimés, manuscrits, oraux par laquelle se construit le discours d’actualité, le concept d’intertextualité s’avère moins adapté que celui d’interdiscursivité. La question de la littérarité du genre de discours qu’est la chanson est aussi posée, qui dépend des usages qui en furent faits au cours de l’histoire.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"33 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139175831","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Le présent article se propose d’observer les caractéristiques et les fonctions des formules rapportées en grand nombre dans Les Années d’Annie Ernaux. Dans une œuvre qui aborde moins l’histoire événementielle que celle des discours et comportements mettant en forme l’existence des sujets, ces énoncés toujours plus ou moins figés et, partant, citables, permettent de construire un regard critique sur la part collective de toute expérience individuelle. Interprétées synchroniquement par rapport aux systèmes symboliques au sein desquels elles prennent sens et comprises diachroniquement à partir de la mutation des hyperénonciateurs qui en garantissent la validité, les formules constituent pour Annie Ernaux le matériau d’une lecture sociologique des rapports de pouvoirs et de domination qui traversent et informent la vie des individus. Pourtant, au-delà de leur fonction critique et ironique, ces énoncés servent également dans l’œuvre un projet plus étroitement mémoriel dans la mesure où, en dépit de leur itérabilité, ils sont paradoxalement traités comme des indices de ce qui a été.
{"title":"Nous n’avons que des formules et elles ne sont pas à nous : devenir (des) formules dans Les Années d’Annie Ernaux","authors":"Benoît Monginot","doi":"10.58282/lht.3823","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3823","url":null,"abstract":"Resume :Le présent article se propose d’observer les caractéristiques et les fonctions des formules rapportées en grand nombre dans Les Années d’Annie Ernaux. Dans une œuvre qui aborde moins l’histoire événementielle que celle des discours et comportements mettant en forme l’existence des sujets, ces énoncés toujours plus ou moins figés et, partant, citables, permettent de construire un regard critique sur la part collective de toute expérience individuelle. Interprétées synchroniquement par rapport aux systèmes symboliques au sein desquels elles prennent sens et comprises diachroniquement à partir de la mutation des hyperénonciateurs qui en garantissent la validité, les formules constituent pour Annie Ernaux le matériau d’une lecture sociologique des rapports de pouvoirs et de domination qui traversent et informent la vie des individus. Pourtant, au-delà de leur fonction critique et ironique, ces énoncés servent également dans l’œuvre un projet plus étroitement mémoriel dans la mesure où, en dépit de leur itérabilité, ils sont paradoxalement traités comme des indices de ce qui a été.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"99 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139173048","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :De toutes les formules que le théâtre de Molière nous a léguées, le mot de Géronte dans Les Fourberies de Scapin est sans doute celui qui a connu le plus beau destin : « Qu’allait-il faire dans cette galère ? » Comment expliquer cette popularité très tôt acquise ? Petite croisière littéraire à la poursuite de cette imaginaire galère.
{"title":"Donner la réplique : « Qu’allait-il faire dans cette galère ? »","authors":"M. Escola","doi":"10.58282/lht.3786","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3786","url":null,"abstract":"Resume :De toutes les formules que le théâtre de Molière nous a léguées, le mot de Géronte dans Les Fourberies de Scapin est sans doute celui qui a connu le plus beau destin : « Qu’allait-il faire dans cette galère ? » Comment expliquer cette popularité très tôt acquise ? Petite croisière littéraire à la poursuite de cette imaginaire galère.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"49 3","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139173177","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Dans les évocations des accords de Munich, une scène est omniprésente : Édouard Daladier, au Bourget, devant la foule en joie, lâchant « Les cons ! ». Cette réaction s’est imposée comme une formule, peu figée dans son ton, ainsi que dans ses lieux, statuts et destinataires. Lorsque ce rude commentaire est rapproché d’une source précise, c’est uniquement aux dernières lignes du Sursis de Sartre. Cet article établit que d’autres mots et d’autres circonstances circulèrent sur ce moment avant la publication du Sursis, et après. Mais, c’est la scène du roman qui s’est imposée dans les mémoires. Cette contribution interroge aussi le succès de cette version.
{"title":"Le Sursis et « Les cons ! » : investigations sur une formule rugueuse attribuée à Daladier","authors":"Laurent Broche","doi":"10.58282/lht.3759","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3759","url":null,"abstract":"Resume :Dans les évocations des accords de Munich, une scène est omniprésente : Édouard Daladier, au Bourget, devant la foule en joie, lâchant « Les cons ! ». Cette réaction s’est imposée comme une formule, peu figée dans son ton, ainsi que dans ses lieux, statuts et destinataires. Lorsque ce rude commentaire est rapproché d’une source précise, c’est uniquement aux dernières lignes du Sursis de Sartre. Cet article établit que d’autres mots et d’autres circonstances circulèrent sur ce moment avant la publication du Sursis, et après. Mais, c’est la scène du roman qui s’est imposée dans les mémoires. Cette contribution interroge aussi le succès de cette version.","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"23 10","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174226","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Resume :Le mélodrame théâtral, qui connaît ses plus grands succès au début du xixe siècle en France, a la réputation de faire couler abondamment les larmes d’un public populaire ému par le spectacle de l’innocence persécutée. C’est à ce dispositif que le poète Alfred de Musset fait allusion quand il défend « le mélodrame où Margot a pleuré », estimant que la sincérité des émotions et la simplicité de la langue utilisée l’emportent sur les passions grandiloquentes célébrées par la poésie savante. La formule « faire pleurer Margot » qui en découle est plutôt péjorative dans le langage courant et désigne une œuvre aux effets faciles ; il convient de rappeler néanmoins que le « mélo » est réhabilité par la critique littéraire et artistique comme un moyen de faire entrer la sensibilité dans la perception de l’expérience théâtrale (Eco, Brooks, Przybos, Bourget).
摘要:戏剧情节剧在十九世纪初的法国获得了最大的成功,它以让受迫害的无辜者感动得热泪盈眶而闻名。诗人阿尔弗雷德-德-缪塞(Alfred de Musset)在为 "玛戈尔流泪的情节剧 "辩护时,正是提到了这一手法,他认为情感的真挚和语言的质朴胜过了博学诗歌所颂扬的宏大激情。因此,"让玛戈尔哭泣 "在日常用语中颇具贬义,指的是一部效果平淡的作品;不过,应该记住的是,"情节剧 "已被文学和艺术评论家恢复,成为一种将敏感性带入戏剧体验感知的手段(埃科、布鲁克斯、普日博斯、布尔歇)。
{"title":"« Faire pleurer Margot » : critique des larmes","authors":"Florence Fix","doi":"10.58282/lht.3940","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.3940","url":null,"abstract":"Resume :Le mélodrame théâtral, qui connaît ses plus grands succès au début du xixe siècle en France, a la réputation de faire couler abondamment les larmes d’un public populaire ému par le spectacle de l’innocence persécutée. C’est à ce dispositif que le poète Alfred de Musset fait allusion quand il défend « le mélodrame où Margot a pleuré », estimant que la sincérité des émotions et la simplicité de la langue utilisée l’emportent sur les passions grandiloquentes célébrées par la poésie savante. La formule « faire pleurer Margot » qui en découle est plutôt péjorative dans le langage courant et désigne une œuvre aux effets faciles ; il convient de rappeler néanmoins que le « mélo » est réhabilité par la critique littéraire et artistique comme un moyen de faire entrer la sensibilité dans la perception de l’expérience théâtrale (Eco, Brooks, Przybos, Bourget).","PeriodicalId":506497,"journal":{"name":"Fabula-Lht : La Littérature en formules","volume":"59 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139174989","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}