Cet article presente mon propre parcours de recherches qui m’a amene au probleme des rapports entre discours verbal et discours visuel. En 1994, j’ai analyse les paraphrases du recit evangelique d’Emmaus dans le poeme « Les voyageurs d’Emmaus » (1946) d’Alfonsas Nyka-Niliūnas ainsi que le tableau Le souper a Emmaus (1967) de Vincas Kisarauskas. Dans le poeme en question, la vie terrestre se revele comme l’horizon du Royaume de Dieu. Les semioticiens lithuaniens ont egalement publie plusieurs recherches portant sur les objets visuels. Gintautė Žemaitytė a fait, en 2011, une analyse de la dimension plastique et figurative de la campagne publicitaire du cafe « Lavazza ». Elle y voit un cas d’esthesis ou l’objet s’empare du sujet et l’assimile. Dans son livre intitule Litterature lithuanienne et publicite : la poesie de la societe des consommateurs (2014), Dainius Vaitiekūnas devoile les valeurs de la societe des consommateurs en analysant des discours verbaux (poesie, prose) et visuels (logos, marques). Edvardas Kavarskas, le designer qui a cree l’emballage d’une vodka lithuanienne de prestige, analyse, dans la revue Semiotika (www.semiotika.lt) (2016), les valeurs vehiculees par l’objet du point de vue semiotique. En analysant, dans la meme revue (2013), la carte du Grand-Duche de Lithuanie de 1613, Jovita Bružienė lie les figures visuelles de la carte avec les passages de caractere narratif entre des regimes spatiaux differents. On note d’un regard synoptique la composition plastique de la carte et les oppositions topologiques (rectangle/cercle, verticale/horizontale, centre/peripherie).Dans sa these intitulee Les Strategies du recit dans la peinture de Sarūnas Sauka (2013), Monika Saukaitė cherche a reconstruire dans le discours visuel le simulacre de l’enonciation qui integre l’enonciataire dans la structure du tableau.En analysant les discours visuels, les semioticiens lithuaniens se basent sur les travaux de Greimas, de Jean-Marie Floch et sur ceux de Youri Lotman. Cela explique l’attention qu’ils portent a la memoire de la culture. La semiotique visuelle est en Lithuanie un courant de recherche developpe parallelement a la semiotique litteraire.
{"title":"Le mot et l’image dans la sémiotique lithuanienne","authors":"Kęstutis Nastopka","doi":"10.4000/SIGNATA.2371","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2371","url":null,"abstract":"Cet article presente mon propre parcours de recherches qui m’a amene au probleme des rapports entre discours verbal et discours visuel. En 1994, j’ai analyse les paraphrases du recit evangelique d’Emmaus dans le poeme « Les voyageurs d’Emmaus » (1946) d’Alfonsas Nyka-Niliūnas ainsi que le tableau Le souper a Emmaus (1967) de Vincas Kisarauskas. Dans le poeme en question, la vie terrestre se revele comme l’horizon du Royaume de Dieu. Les semioticiens lithuaniens ont egalement publie plusieurs recherches portant sur les objets visuels. Gintautė Žemaitytė a fait, en 2011, une analyse de la dimension plastique et figurative de la campagne publicitaire du cafe « Lavazza ». Elle y voit un cas d’esthesis ou l’objet s’empare du sujet et l’assimile. Dans son livre intitule Litterature lithuanienne et publicite : la poesie de la societe des consommateurs (2014), Dainius Vaitiekūnas devoile les valeurs de la societe des consommateurs en analysant des discours verbaux (poesie, prose) et visuels (logos, marques). Edvardas Kavarskas, le designer qui a cree l’emballage d’une vodka lithuanienne de prestige, analyse, dans la revue Semiotika (www.semiotika.lt) (2016), les valeurs vehiculees par l’objet du point de vue semiotique. En analysant, dans la meme revue (2013), la carte du Grand-Duche de Lithuanie de 1613, Jovita Bružienė lie les figures visuelles de la carte avec les passages de caractere narratif entre des regimes spatiaux differents. On note d’un regard synoptique la composition plastique de la carte et les oppositions topologiques (rectangle/cercle, verticale/horizontale, centre/peripherie).Dans sa these intitulee Les Strategies du recit dans la peinture de Sarūnas Sauka (2013), Monika Saukaitė cherche a reconstruire dans le discours visuel le simulacre de l’enonciation qui integre l’enonciataire dans la structure du tableau.En analysant les discours visuels, les semioticiens lithuaniens se basent sur les travaux de Greimas, de Jean-Marie Floch et sur ceux de Youri Lotman. Cela explique l’attention qu’ils portent a la memoire de la culture. La semiotique visuelle est en Lithuanie un courant de recherche developpe parallelement a la semiotique litteraire.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"22 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"73467557","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Parmi les transformations impulsees par les evolutions du numerique, la relation au temps et, en l'occurrence, les representations du temps qui en decoulent, constitue un corpus specifique d’une grande diversite. Les temporalites visuelles qui se deploient dans ce contexte, du signe a l’objet jusqu’aux environnements visuels ont pour particularite d’etre affranchies des contraintes du temps physique. Elles materialisent la transposition, ou le detournement de certains instruments de mesure du temps allant meme jusqu’a faire emerger des formes singulieres de temporalite. De fait, le temps numerique est un temps maitrise, virtuel et sans espace tangible, voire meme un temps immediat, le « temps-reel », ou percu comme tel, dans les usages de reseaux sociaux et de dispositifs d’information. Il s’agit d’un temps modelise ou a modeliser pour experimenter la navigation par l’orientation dans les ressources numerisees et/ou les contenus informationnels eux-memes au travers des bases de donnees. C’est aussi, en definitive, une succession d’indices sur les modes de perceptions et de representations contemporaines du temps.La navigation dans la temporalite des ressources extraites, par exemple, de bases de donnees museales ou historiques, ou dans les productions d’information comme les blogs ou murs de publications, a propulse l’emergence de dispositifs de visualisation varies : historique de navigation, timeline ou frise chronologique, Wayback Machine,… ou le temps fait l’objet de modelisations et d’experimentations interactives. L’observation de ce corpus specifique en une grammaire dynamique de signes iconiques et plastiques de la temporalite, a pour objectif d’identifier les proprietes generiques, les indices et les affordances de ces dispositifs, scenographiant par le visuel, le cadre perceptif et cognitif de l’experience du temps numerique. Dans le numerique la temporalite est comme suspendue. Il n’y a pas de trop tot ou de trop tard mais il y a surtout le moment de l’action. Fortement reliee a l’experience interactive, l’immediatete en tant que repere temporel du present de l’action, requiert une mediation, voire meme, est directement perceptible parce qu’elle se traduit par une mediation visuelle. Parallelement, le temps voue a l’irreversibilite s’ouvre neanmoins a la reversibilite lorsqu’il s’inscrit dans la temporalite numerique. Au moyen du mode operatoire emprunte a la segmentation des Unites Semiotiques Temporelles, il s’agira d’observer, a partir d’un corpus reparti en quatre volets thematiques, le deroulement de l’experience visuelle interactive du temps et de faire ressortir les aspects les plus significatifs des evolutions de la representation du temps. Cet essai de typologie vient ainsi questionner les formes et visualisations de la temporalite interactive, comment l’utilisation de ces dispositifs renvoie a un nouveau rapport au temps, et par la meme, a d’autres formes d’acces aux connaissances.
{"title":"Éléments d’analyse figurative, thématique et axiologique des représentations et visualisations numériques de la temporalité","authors":"S. Pittalis","doi":"10.4000/SIGNATA.2350","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2350","url":null,"abstract":"Parmi les transformations impulsees par les evolutions du numerique, la relation au temps et, en l'occurrence, les representations du temps qui en decoulent, constitue un corpus specifique d’une grande diversite. Les temporalites visuelles qui se deploient dans ce contexte, du signe a l’objet jusqu’aux environnements visuels ont pour particularite d’etre affranchies des contraintes du temps physique. Elles materialisent la transposition, ou le detournement de certains instruments de mesure du temps allant meme jusqu’a faire emerger des formes singulieres de temporalite. De fait, le temps numerique est un temps maitrise, virtuel et sans espace tangible, voire meme un temps immediat, le « temps-reel », ou percu comme tel, dans les usages de reseaux sociaux et de dispositifs d’information. Il s’agit d’un temps modelise ou a modeliser pour experimenter la navigation par l’orientation dans les ressources numerisees et/ou les contenus informationnels eux-memes au travers des bases de donnees. C’est aussi, en definitive, une succession d’indices sur les modes de perceptions et de representations contemporaines du temps.La navigation dans la temporalite des ressources extraites, par exemple, de bases de donnees museales ou historiques, ou dans les productions d’information comme les blogs ou murs de publications, a propulse l’emergence de dispositifs de visualisation varies : historique de navigation, timeline ou frise chronologique, Wayback Machine,… ou le temps fait l’objet de modelisations et d’experimentations interactives. L’observation de ce corpus specifique en une grammaire dynamique de signes iconiques et plastiques de la temporalite, a pour objectif d’identifier les proprietes generiques, les indices et les affordances de ces dispositifs, scenographiant par le visuel, le cadre perceptif et cognitif de l’experience du temps numerique. Dans le numerique la temporalite est comme suspendue. Il n’y a pas de trop tot ou de trop tard mais il y a surtout le moment de l’action. Fortement reliee a l’experience interactive, l’immediatete en tant que repere temporel du present de l’action, requiert une mediation, voire meme, est directement perceptible parce qu’elle se traduit par une mediation visuelle. Parallelement, le temps voue a l’irreversibilite s’ouvre neanmoins a la reversibilite lorsqu’il s’inscrit dans la temporalite numerique. Au moyen du mode operatoire emprunte a la segmentation des Unites Semiotiques Temporelles, il s’agira d’observer, a partir d’un corpus reparti en quatre volets thematiques, le deroulement de l’experience visuelle interactive du temps et de faire ressortir les aspects les plus significatifs des evolutions de la representation du temps. Cet essai de typologie vient ainsi questionner les formes et visualisations de la temporalite interactive, comment l’utilisation de ces dispositifs renvoie a un nouveau rapport au temps, et par la meme, a d’autres formes d’acces aux connaissances.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"42 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"78836572","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le propos de cet article concerne ces œuvres, en l’occurrence le celebre tableau de Rembrandt, La Lecon d’anatomie du Docteur Tulp, qui associent fonction esthetique et fonction documentaire, l’une et l’autre de ces fonctions pouvant etre plus ou moins actualisees ou virtualisees a la faveur d’une contextualisation particuliere (lieu d’exposition), mais surtout en raison de la posture adoptee par le spectateur, disponible a recevoir sur le mode du « ce qui apparait » et d’une lecture reflexive ce que l’œuvre lui propose ou, au contraire, plus enclin a projeter sur le mode du « ce que je vois » pour une lecture transitive les competences encyclopediques qu’il detient. Ainsi, l’article confronte deux lectures qui relevent de deux demarches differentes, celle de Masquelet et Bouchet d’un cote, tous deux medecins, et celle de Sebald de l’autre dans Les Anneaux de Saturne. Les medecins trouvent dans l’image ce que leur competence medicale permet d’y reconnaitre, qui releve de la fonction documentaire. Sebald est plus attire par le traitement du cadavre, par la composition, par les details picturaux ou plastiques, par le « visible esthetique » pour une lecture reflexive au detriment d’un « visible commun » pour une lecture transitive.
{"title":"Plaire, instruire et émouvoir : le rôle du lecteur dans la définition de la visée de l’œuvre d’art","authors":"O. L. Guern","doi":"10.4000/SIGNATA.2321","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2321","url":null,"abstract":"Le propos de cet article concerne ces œuvres, en l’occurrence le celebre tableau de Rembrandt, La Lecon d’anatomie du Docteur Tulp, qui associent fonction esthetique et fonction documentaire, l’une et l’autre de ces fonctions pouvant etre plus ou moins actualisees ou virtualisees a la faveur d’une contextualisation particuliere (lieu d’exposition), mais surtout en raison de la posture adoptee par le spectateur, disponible a recevoir sur le mode du « ce qui apparait » et d’une lecture reflexive ce que l’œuvre lui propose ou, au contraire, plus enclin a projeter sur le mode du « ce que je vois » pour une lecture transitive les competences encyclopediques qu’il detient. Ainsi, l’article confronte deux lectures qui relevent de deux demarches differentes, celle de Masquelet et Bouchet d’un cote, tous deux medecins, et celle de Sebald de l’autre dans Les Anneaux de Saturne. Les medecins trouvent dans l’image ce que leur competence medicale permet d’y reconnaitre, qui releve de la fonction documentaire. Sebald est plus attire par le traitement du cadavre, par la composition, par les details picturaux ou plastiques, par le « visible esthetique » pour une lecture reflexive au detriment d’un « visible commun » pour une lecture transitive.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"108 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"79196142","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
This issue explores the complexity of the relationship between vision, image and knowledge. Vision is examined critically both as a perceptive action that shapes the activity of knowledge — particularly in the context of scientific experimentation — and as one of the activities that regulates the accuracy of scientific production and results. It therefore serves not only as an element for establishing knowledge but also as an instrument for verifying / validating knowledge (Edeline, Allamel-R...
{"title":"Image and Knowledge","authors":"Mary Dondero","doi":"10.4000/signata.2492","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/signata.2492","url":null,"abstract":"This issue explores the complexity of the relationship between vision, image and knowledge. Vision is examined critically both as a perceptive action that shapes the activity of knowledge — particularly in the context of scientific experimentation — and as one of the activities that regulates the accuracy of scientific production and results. It therefore serves not only as an element for establishing knowledge but also as an instrument for verifying / validating knowledge (Edeline, Allamel-R...","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"277 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"75925159","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les philosophes de toutes les convictions semblent etre d’accord pour considerer, comme allant de soi, qu’il ne peut pas y avoir d’assertion dans les images et, encore moins, dans la realite visuelle en tant que telle. Il est vrai que l’ecole de Greimas postule la presence des enonces narratifs a la base de toute sorte de semiose, mais si l’on s’explique longuement sur la narrativite, on ne parle guere du statut d’enonce en tant qu’enonce, qui est presuppose dans la discussion sur l’existence de valeurs. Ceci vaut d’ailleurs aussi pour le structuralisme francais en general, qui n’a pas hesite a etendre la notion d’enonce au-dela de la langue, sans problematiser le procede. Le psychologue Rudolf Arnheim fait un plaidoyer pour la pensee visuelle, mais il ne mentionne jamais l’idee de propositions visuelles ; et quand, dans la psychologie cognitive, on s’empresse de reconnaitre un « code iconique » dans la memoire, a cote du « code verbal », c’est precisement pour se debarrasser de la structure propositionnelle. D’autre part, du point de vue de Peirce, qui a recemment ete vigoureusement defendu et etendu par Frederik Stjernfelt, le monde entier de notre experience est perfuse de propositions et meme d’arguments. Ici, nous allons tenter d’explorer les conditions dans lesquelles les images, et meme les situations perceptives, peuvent comporter des propositions — et meme des propositions enoncees. Les images contiennent des propositions au sens formel d’attribuer une propriete a un objet, mais elles le font en mettant l’accent sur la propriete dans la totalite de l’objet, non pas en ajoutant cette propriete a l’objet. Les images peuvent le faire parce qu’elles disposent d’un point de vue et d’un cadre. L’acte d’attention peut certes en tenir lieu, mais seulement d’une maniere ephemere. Les vitrines des magasins ainsi que les installations, au sens artistique, peuvent fonctionner comme des propositions, parce qu’elles offrent des cadres, et peut-etre meme des standards de comparaison. Les images, cependant, ont au moins deux avantages supplementaires : 1) elles sont necessairement a la fois semblables et differentes de ce qu’elles representent, et cette difference implique une sorte de proposition au sujet de l’objet represente (ceci est la transformation homogene selon le Groupe µ ; 2) contrairement a la realite perceptive, les images peuvent etre reduites a l’essentiel, a ce stade, bien que la reduction doive s’effectuer par une division dans de plus gros morceaux que dans le langage verbal (cela implique quelques-unes des transformations heterogenes selon le Groupe µ). Les images scientifiques, les panneaux de signalisation et d’autres images utilisees principalement pour transmettre des informations sont de ce dernier type. Il semble etre beaucoup plus difficile, cependant, de trouver un equivalent a la structure de l’argument dans les images, et encore moins dans la realite visuelle.
{"title":"On the feasibility of pictorial statements","authors":"G. Sonesson","doi":"10.4000/SIGNATA.2281","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2281","url":null,"abstract":"Les philosophes de toutes les convictions semblent etre d’accord pour considerer, comme allant de soi, qu’il ne peut pas y avoir d’assertion dans les images et, encore moins, dans la realite visuelle en tant que telle. Il est vrai que l’ecole de Greimas postule la presence des enonces narratifs a la base de toute sorte de semiose, mais si l’on s’explique longuement sur la narrativite, on ne parle guere du statut d’enonce en tant qu’enonce, qui est presuppose dans la discussion sur l’existence de valeurs. Ceci vaut d’ailleurs aussi pour le structuralisme francais en general, qui n’a pas hesite a etendre la notion d’enonce au-dela de la langue, sans problematiser le procede. Le psychologue Rudolf Arnheim fait un plaidoyer pour la pensee visuelle, mais il ne mentionne jamais l’idee de propositions visuelles ; et quand, dans la psychologie cognitive, on s’empresse de reconnaitre un « code iconique » dans la memoire, a cote du « code verbal », c’est precisement pour se debarrasser de la structure propositionnelle. D’autre part, du point de vue de Peirce, qui a recemment ete vigoureusement defendu et etendu par Frederik Stjernfelt, le monde entier de notre experience est perfuse de propositions et meme d’arguments. Ici, nous allons tenter d’explorer les conditions dans lesquelles les images, et meme les situations perceptives, peuvent comporter des propositions — et meme des propositions enoncees. Les images contiennent des propositions au sens formel d’attribuer une propriete a un objet, mais elles le font en mettant l’accent sur la propriete dans la totalite de l’objet, non pas en ajoutant cette propriete a l’objet. Les images peuvent le faire parce qu’elles disposent d’un point de vue et d’un cadre. L’acte d’attention peut certes en tenir lieu, mais seulement d’une maniere ephemere. Les vitrines des magasins ainsi que les installations, au sens artistique, peuvent fonctionner comme des propositions, parce qu’elles offrent des cadres, et peut-etre meme des standards de comparaison. Les images, cependant, ont au moins deux avantages supplementaires : 1) elles sont necessairement a la fois semblables et differentes de ce qu’elles representent, et cette difference implique une sorte de proposition au sujet de l’objet represente (ceci est la transformation homogene selon le Groupe µ ; 2) contrairement a la realite perceptive, les images peuvent etre reduites a l’essentiel, a ce stade, bien que la reduction doive s’effectuer par une division dans de plus gros morceaux que dans le langage verbal (cela implique quelques-unes des transformations heterogenes selon le Groupe µ). Les images scientifiques, les panneaux de signalisation et d’autres images utilisees principalement pour transmettre des informations sont de ce dernier type. Il semble etre beaucoup plus difficile, cependant, de trouver un equivalent a la structure de l’argument dans les images, et encore moins dans la realite visuelle.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"6 4","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"72594483","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Ce numero explore la complexite des rapports entre vision, image et connaissance. La vision est questionnee en tant qu’action perceptive qui configure l’activite de savoir notamment dans le cadre de l’experimentation scientifique, ainsi que comme une des activites regulatrices de la justesse des productions et des resultats scientifiques — elle sert donc non seulement comme element d’instauration de la connaissance mais aussi comme instrument de verification / validation de la connaissance (E...
{"title":"Image et connaissance","authors":"Maria Giulia Dondero","doi":"10.4000/signata.2479","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/signata.2479","url":null,"abstract":"Ce numero explore la complexite des rapports entre vision, image et connaissance. La vision est questionnee en tant qu’action perceptive qui configure l’activite de savoir notamment dans le cadre de l’experimentation scientifique, ainsi que comme une des activites regulatrices de la justesse des productions et des resultats scientifiques — elle sert donc non seulement comme element d’instauration de la connaissance mais aussi comme instrument de verification / validation de la connaissance (E...","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"75 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"80597469","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Nous cherchons a repondre a la question : comment lire une image en tenant compte de ce que l’on suppose etre sa dynamique interne ? Cette intention s’oppose a une lecture de l’image qui serait en quelque sorte « a plat », sans reference ni a la profondeur de son enonciation, ni aux tensions et aux intentions qui l’habitent, ni a l’infinite des reminiscences qu’elle peut susciter.
{"title":"Dynamiques des images","authors":"Jean-françois Bordron","doi":"10.4000/SIGNATA.2267","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2267","url":null,"abstract":"Nous cherchons a repondre a la question : comment lire une image en tenant compte de ce que l’on suppose etre sa dynamique interne ? Cette intention s’oppose a une lecture de l’image qui serait en quelque sorte « a plat », sans reference ni a la profondeur de son enonciation, ni aux tensions et aux intentions qui l’habitent, ni a l’infinite des reminiscences qu’elle peut susciter.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"263 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"77765107","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Qu’il existe un lien entre vision et connaissance ne peut etre nie. Cependant ce lien est loin d’etre direct, et peut s’exercer dans les deux directions. Pour preciser cette liaison il convient d’abord d’etablir une distinction entre information et connaissance. Ensuite il faut examiner ce qui, dans la perception visuelle, revient veritablement au stimulus, et ce qui resulte d’une elaboration peripherique. Enfin il faut se demander comment peut s’operer, a partir d’une saisie visuelle globale, une transposition dans un langage chronosyntaxique.Ces prealables etant poses, on pourra analyser une serie d’exemples, tires des domaines les plus divers, et illustrant le role du visuel dans la decouverte scientifique, technique ou mathematique, dans la pratique didactique, et enfin dans l’imagination symbolique ou poetique.
{"title":"De l’œil au cerveau … et retour","authors":"F. Édeline","doi":"10.4000/SIGNATA.2393","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2393","url":null,"abstract":"Qu’il existe un lien entre vision et connaissance ne peut etre nie. Cependant ce lien est loin d’etre direct, et peut s’exercer dans les deux directions. Pour preciser cette liaison il convient d’abord d’etablir une distinction entre information et connaissance. Ensuite il faut examiner ce qui, dans la perception visuelle, revient veritablement au stimulus, et ce qui resulte d’une elaboration peripherique. Enfin il faut se demander comment peut s’operer, a partir d’une saisie visuelle globale, une transposition dans un langage chronosyntaxique.Ces prealables etant poses, on pourra analyser une serie d’exemples, tires des domaines les plus divers, et illustrant le role du visuel dans la decouverte scientifique, technique ou mathematique, dans la pratique didactique, et enfin dans l’imagination symbolique ou poetique.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"27 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"85195501","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Parmi la multitude d’objets couramment appeles « trophees » se trouve un type de monument lie aux rituels guerriers des Grecs de l’epoque classique. Constitue d’une panoplie de fantassin de l’armee vaincue dressee sur un pieu, il etait originairement destine a marquer la victoire par son installation bien visible sur le champ de bataille juste apres que l’une des armees en presence avait acquis la maitrise du terrain. Present dans l’iconographie des le ve siecle avant J-C., le tropaion est aussi evoque par des historiens, philosophes et poetes qui, toutefois, ne livrent que peu d’informations a son sujet. L’une des donnees qui ressort des textes concerne son statut iconique se trouve chez Euripide et : le trophee d’armes y est designe comme « idole de Zeus tropaios ». Mais en quel sens ce monument qui, visuellement, ressemble a un soldat du camp des vaincus, peut-il « representer » la divinite de la victoire ? La solution de cette enigme est a trouver du cote d’une reflexion sur la representation non pas par ressemblance visuelle mais par le lien de propriete entre l’image en tant qu’offrande et son destinataire.
{"title":"Tropaion. Réflexions sur la texture symbolique du trophée d’armes comme image au service du faire-savoir triomphal","authors":"Thierry Lenain","doi":"10.4000/SIGNATA.2327","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2327","url":null,"abstract":"Parmi la multitude d’objets couramment appeles « trophees » se trouve un type de monument lie aux rituels guerriers des Grecs de l’epoque classique. Constitue d’une panoplie de fantassin de l’armee vaincue dressee sur un pieu, il etait originairement destine a marquer la victoire par son installation bien visible sur le champ de bataille juste apres que l’une des armees en presence avait acquis la maitrise du terrain. Present dans l’iconographie des le ve siecle avant J-C., le tropaion est aussi evoque par des historiens, philosophes et poetes qui, toutefois, ne livrent que peu d’informations a son sujet. L’une des donnees qui ressort des textes concerne son statut iconique se trouve chez Euripide et : le trophee d’armes y est designe comme « idole de Zeus tropaios ». Mais en quel sens ce monument qui, visuellement, ressemble a un soldat du camp des vaincus, peut-il « representer » la divinite de la victoire ? La solution de cette enigme est a trouver du cote d’une reflexion sur la representation non pas par ressemblance visuelle mais par le lien de propriete entre l’image en tant qu’offrande et son destinataire.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"66 5 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"76034254","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les images produites par les chercheurs dans leurs laboratoires ou par les illustrateurs sur des supports divers doivent satisfaire un certain nombre d’exigences en vue d’etre integrees dans les publications scientifiques. Au premier chef, on trouve celle d’etre considerees comme « objectives ». Mais qu’entend-on par-la ? Contrairement a ce que l’on pourrait croire de prime abord, la meta-norme que constitue l’objectivite est souvent assez mal definie. Ma contribution a la reflexion sur ce point se declinera de la maniere suivante : dans un premier temps, je tenterai de determiner quelles sont les modalites objectivantes qui conditionnent la presence des images au sein des publications scientifiques. Dans un second temps, je m'attacherai a montrer comment la semiotique visuelle permet de fournir un eclairage irremplacable quant aux procedures a l’œuvre dans la production des images qui satisfont le requisit de l’objectivite. L’ensemble de mon analyse reposera sur des donnees empiriques collectees au cours d’enquetes de terrain determinees. Celles-ci ont eu pour cadre differents domaines : la physique des surfaces et la chirurgie.
{"title":"Quel est l’apport de la sémiotique visuelle à la réflexion sur « l’objectivité » des images scientifiques ?","authors":"Catherine Allamel-Raffin","doi":"10.4000/SIGNATA.2294","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.2294","url":null,"abstract":"Les images produites par les chercheurs dans leurs laboratoires ou par les illustrateurs sur des supports divers doivent satisfaire un certain nombre d’exigences en vue d’etre integrees dans les publications scientifiques. Au premier chef, on trouve celle d’etre considerees comme « objectives ». Mais qu’entend-on par-la ? Contrairement a ce que l’on pourrait croire de prime abord, la meta-norme que constitue l’objectivite est souvent assez mal definie. Ma contribution a la reflexion sur ce point se declinera de la maniere suivante : dans un premier temps, je tenterai de determiner quelles sont les modalites objectivantes qui conditionnent la presence des images au sein des publications scientifiques. Dans un second temps, je m'attacherai a montrer comment la semiotique visuelle permet de fournir un eclairage irremplacable quant aux procedures a l’œuvre dans la production des images qui satisfont le requisit de l’objectivite. L’ensemble de mon analyse reposera sur des donnees empiriques collectees au cours d’enquetes de terrain determinees. Celles-ci ont eu pour cadre differents domaines : la physique des surfaces et la chirurgie.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"132 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"75023306","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}