La mémoire occupe une place privilégiée dans l’œuvre de Claude Simon. À travers Les Géorgiques, L ’Acacia et Le Jardin des plantes, notre but, dans le présent article, est de montrer qu’il n’a pas cherché à rédiger une « autofiction » ou un « roman historique », mais à écrire une autobiographie littéraire. Son objectif ultime n’était pas de « retrouver le temps perdu », mais d’inscrire « le temps perdu » dans la littérature. Il résulte de cette étude que la nouvelle forme de l’autobiographie initiée par Claude Simon se démarque entièrement de l’autobiographie classique. Elle est écrite par le recours inlassable de l’écrivain à des stimuli, c’est-à-dire par le questionnement de textes écrits par des personnes, qui se sont trouvées dans des situations similaires. Elle est une auto-sensorio-graphie : l’écriture s’appuie essentiellement sur la description de la sensation et non des faits rapportés. Elle est par ailleurs une auto-thanato-graphie, puisque la mort y est le personnage central.
{"title":"Mémoire et autobiographie dans l’œuvre de Claude Simon","authors":"Mokhtar Belarbi","doi":"10.31743/ql.14872","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14872","url":null,"abstract":"La mémoire occupe une place privilégiée dans l’œuvre de Claude Simon. À travers Les Géorgiques, L ’Acacia et Le Jardin des plantes, notre but, dans le présent article, est de montrer qu’il n’a pas cherché à rédiger une « autofiction » ou un « roman historique », mais à écrire une autobiographie littéraire. Son objectif ultime n’était pas de « retrouver le temps perdu », mais d’inscrire « le temps perdu » dans la littérature. Il résulte de cette étude que la nouvelle forme de l’autobiographie initiée par Claude Simon se démarque entièrement de l’autobiographie classique. Elle est écrite par le recours inlassable de l’écrivain à des stimuli, c’est-à-dire par le questionnement de textes écrits par des personnes, qui se sont trouvées dans des situations similaires. Elle est une auto-sensorio-graphie : l’écriture s’appuie essentiellement sur la description de la sensation et non des faits rapportés. Elle est par ailleurs une auto-thanato-graphie, puisque la mort y est le personnage central.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"49000511","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La rédaction des Mémoires de Voltaire est à peu près contemporaine de celle de Candide ou l’Optimisme, conte philosophique paru en 1759. De ce fait, les Mémoires occupent une place centrale dans l’œuvre de l’écrivain. Composés d’une suite d’anecdotes et d’événements d’apparence triviale, ils retracent sur quelques dizaines de pages vingt-cinq années de la vie de celui qui, installé depuis 1755 à Genève, avait côtoyé les principaux acteurs du siècle des Lumières. En étudiant les procédés littéraires mis en œuvre par le mémorialiste, l’auteur de l’article cherche à établir le lien entre ces derniers et la représentation de l’histoire. Ensuite, il compare cette représentation avec celle, non-linéaire, qui apparaît dans l’œuvre historique de l’écrivain. Finalement, il démontre leurs similitudes malgré la différence des moyens stylistiques employés par le Voltaire historien et le Voltaire mémorialiste qui recourt constamment au grotesque.
{"title":"La grande histoire au prisme de la petite histoire dans les Mémoires de Voltaire","authors":"S. Fiszer","doi":"10.31743/ql.14861","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14861","url":null,"abstract":"La rédaction des Mémoires de Voltaire est à peu près contemporaine de celle de Candide ou l’Optimisme, conte philosophique paru en 1759. De ce fait, les Mémoires occupent une place centrale dans l’œuvre de l’écrivain. Composés d’une suite d’anecdotes et d’événements d’apparence triviale, ils retracent sur quelques dizaines de pages vingt-cinq années de la vie de celui qui, installé depuis 1755 à Genève, avait côtoyé les principaux acteurs du siècle des Lumières. En étudiant les procédés littéraires mis en œuvre par le mémorialiste, l’auteur de l’article cherche à établir le lien entre ces derniers et la représentation de l’histoire. Ensuite, il compare cette représentation avec celle, non-linéaire, qui apparaît dans l’œuvre historique de l’écrivain. Finalement, il démontre leurs similitudes malgré la différence des moyens stylistiques employés par le Voltaire historien et le Voltaire mémorialiste qui recourt constamment au grotesque.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"43615807","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
C’est un topique des écrits de Patrick Modiano que de partir sur les traces d’existences disparues. Mettant en scène un personnage qui tente de se ressaisir de son propre passé menacé par l’oubli, Chevreuse se comprend comme une variation sur thème. Il est toutefois singulier que la modalité de cette quête mémorielle soit introspective. Aussi s’agit-il d’explorer la manière dont la narration élabore une tension entre l’apparente lâcheté de l’intrigue qui se fait mimétique de l’expérience même de remémoration, et la tentative d’élaborer par l’écriture un réseau permettant aux souvenirs de faire sens les uns par rapport aux autres. Dans cette perspective, nous étudierons les deux valences de l’écriture qui embrasse les circonvolutions d’une mémoire lacunaire autant qu’elle se mue en instrument herméneutique ; puis nous montrerons qu’en dernière instance, cet ars memoriae se dote d’une poétique du rêve et de l’imagination afin de dépasser cette ambivalence et de procéder à la recréation mentale d’un monde disparu.
{"title":"Chevreuse de Patrick Modiano, ou la quête mémorielle d’un passé insaisissable","authors":"Marie Vergnol","doi":"10.31743/ql.14881","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14881","url":null,"abstract":"C’est un topique des écrits de Patrick Modiano que de partir sur les traces d’existences disparues. Mettant en scène un personnage qui tente de se ressaisir de son propre passé menacé par l’oubli, Chevreuse se comprend comme une variation sur thème. Il est toutefois singulier que la modalité de cette quête mémorielle soit introspective. Aussi s’agit-il d’explorer la manière dont la narration élabore une tension entre l’apparente lâcheté de l’intrigue qui se fait mimétique de l’expérience même de remémoration, et la tentative d’élaborer par l’écriture un réseau permettant aux souvenirs de faire sens les uns par rapport aux autres. Dans cette perspective, nous étudierons les deux valences de l’écriture qui embrasse les circonvolutions d’une mémoire lacunaire autant qu’elle se mue en instrument herméneutique ; puis nous montrerons qu’en dernière instance, cet ars memoriae se dote d’une poétique du rêve et de l’imagination afin de dépasser cette ambivalence et de procéder à la recréation mentale d’un monde disparu.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41531338","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’objectif de l’article est de questionner, dans une approche comparative, le lien entre la mémoire et l’espace dans les récits autobiographiques et testimoniaux d’Anna Langfus, Bruno Durocher et Piotr Rawicz. Dans leurs textes, l’espace s’érige en un des moyens de faire travailler la mémoire et aborder le passé. Il s’agit d’un côté d’une dimension extérieure, dépendante des décisions épistémiques du sujet parlant. Avec ses frontières bien délimitées, l’espace prend soit la forme d’un refuge, d’un « chez moi », soit, au contraire, il devient hostile et menaçant. La deuxième dimension n’opère ni frontières, ni topologies, mais résulte de la découverte de l’animalité de l’homme. Poussée à l’extrême, elle aboutit à une symbiose parfaite ou à une « indiscernabilité » entre le sujet et le lieu. Ainsi, combinant les approches autobiographiques/testimoniales et les perspectives spatiales/territoriales, l’article démontre-t-il le caractère spatial de l’expérience humaine et de la mémoire.
{"title":"Auto/bio/géo/graphies : les enjeux spatiaux de la mémoire dans les récits autobiographiques et testimoniaux du temps de la guerre chez Durocher, Langfus, Rawicz","authors":"Jadwiga Bodzińska-Bobkowska","doi":"10.31743/ql.14869","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14869","url":null,"abstract":"L’objectif de l’article est de questionner, dans une approche comparative, le lien entre la mémoire et l’espace dans les récits autobiographiques et testimoniaux d’Anna Langfus, Bruno Durocher et Piotr Rawicz. Dans leurs textes, l’espace s’érige en un des moyens de faire travailler la mémoire et aborder le passé. Il s’agit d’un côté d’une dimension extérieure, dépendante des décisions épistémiques du sujet parlant. Avec ses frontières bien délimitées, l’espace prend soit la forme d’un refuge, d’un « chez moi », soit, au contraire, il devient hostile et menaçant. La deuxième dimension n’opère ni frontières, ni topologies, mais résulte de la découverte de l’animalité de l’homme. Poussée à l’extrême, elle aboutit à une symbiose parfaite ou à une « indiscernabilité » entre le sujet et le lieu. Ainsi, combinant les approches autobiographiques/testimoniales et les perspectives spatiales/territoriales, l’article démontre-t-il le caractère spatial de l’expérience humaine et de la mémoire.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45652557","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article propose une traversée de l’œuvre romanesque des Goncourt sous l’angle des représentations et de l’écriture de la mémoire, notion cardinale de leur œuvre et de leur vie, comme en témoignent aussi bien le Journal que leur passion pour la collection. Paradoxalement, les personnages se souviennent relativement peu dans leurs romans. Cependant, bien que discrète, la mémoire se déploie à des moments stratégiques du récit. Il s’agit ici de mettre au jour un véritable art romanesque du « revenez-y », lequel se déplie en différentes variations comme autant d’explorations psychologiques, narratives et esthétiques de la mémoire. L’article explore ainsi les représentations tantôt pathologiques tantôt réparatrices de la mémoire à travers la nostalgie et la mélancolie des personnages mais aussi les enjeux de l’articulation entre mémoire, rêve et oubli dans la création goncourtienne. Enfin, il s’agit de dégager le travail de corporalisation de la mémoire à l’œuvre chez les Goncourt, notamment par l’intermédiaire des personnages du monde du spectacle : acteurs et actrices, mimes et acrobates.
{"title":"L’art du « revenez-y ». Variations sur la mémoire chez les Goncourt","authors":"Marie-Astrid Charlier","doi":"10.31743/ql.14864","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14864","url":null,"abstract":"Cet article propose une traversée de l’œuvre romanesque des Goncourt sous l’angle des représentations et de l’écriture de la mémoire, notion cardinale de leur œuvre et de leur vie, comme en témoignent aussi bien le Journal que leur passion pour la collection. Paradoxalement, les personnages se souviennent relativement peu dans leurs romans. Cependant, bien que discrète, la mémoire se déploie à des moments stratégiques du récit. Il s’agit ici de mettre au jour un véritable art romanesque du « revenez-y », lequel se déplie en différentes variations comme autant d’explorations psychologiques, narratives et esthétiques de la mémoire. L’article explore ainsi les représentations tantôt pathologiques tantôt réparatrices de la mémoire à travers la nostalgie et la mélancolie des personnages mais aussi les enjeux de l’articulation entre mémoire, rêve et oubli dans la création goncourtienne. Enfin, il s’agit de dégager le travail de corporalisation de la mémoire à l’œuvre chez les Goncourt, notamment par l’intermédiaire des personnages du monde du spectacle : acteurs et actrices, mimes et acrobates.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41766361","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le propos de cet article est de relever, dans une approche comparative, la versatilité du rôle des objets de collection dans le processus de remémoration chez les collectionneurs de certains romans de Pascal Quignard. L’analyse du discours mémoriel des collectionneurs relève deux aspects : un rapport différent à la valeur de l’objet (muséal ou intime) et le pouvoir de déclencher des émotions. Le discours balance entre une évocation impersonnelle, qui met l’accent sur l’importance matérielle, la dimension testimoniale et esthétique des objets d’art d’époques anciennes et une description passionnée et subjective de petits objets banals, mais chargés de significations psychologiques. L’article démontre que se rapporter excessivement aux objets-temps/trace en vertu de leur valeur documentaire ou commémorative débouchera sur un échec de la démarche mémorielle. Paradoxalement, le collectionneur reste toujours à la recherche de la mémoire perdue, malgré l’excès de preuves matérielles qu’il détient.
{"title":"Les collectionneurs chez Pascal Quignard – s’accrocher obstinément au passé","authors":"Andreea-Maria Preda","doi":"10.31743/ql.14873","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14873","url":null,"abstract":"Le propos de cet article est de relever, dans une approche comparative, la versatilité du rôle des objets de collection dans le processus de remémoration chez les collectionneurs de certains romans de Pascal Quignard. L’analyse du discours mémoriel des collectionneurs relève deux aspects : un rapport différent à la valeur de l’objet (muséal ou intime) et le pouvoir de déclencher des émotions. Le discours balance entre une évocation impersonnelle, qui met l’accent sur l’importance matérielle, la dimension testimoniale et esthétique des objets d’art d’époques anciennes et une description passionnée et subjective de petits objets banals, mais chargés de significations psychologiques. L’article démontre que se rapporter excessivement aux objets-temps/trace en vertu de leur valeur documentaire ou commémorative débouchera sur un échec de la démarche mémorielle. Paradoxalement, le collectionneur reste toujours à la recherche de la mémoire perdue, malgré l’excès de preuves matérielles qu’il détient.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"44984834","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Plus de quarante ans après la fin du régime Khmer rouge, le poids du génocide pèse encore sur la diaspora franco-cambodgienne. Confronté au silence des aînés qui refusent de parler du passé génocidaire, Jean-Baptiste Phou recourt au théâtre parlé khmer pour donner la parole à quatre femmes cambodgiennes et mettre en scène leur parcours. Dans cet essai nous proposons de lire Cambodge, me voici à la lumière de la post-mémoire de Marianne Hirsch. Le croisement des axes de désir des protagonistes et la création d’un espace familial, féminin et maternel nous permettront d'analyser la formation de la mémoire diasporique des femmes et les modalités de sa transmission intra- et intergénérationnelle à travers deux couples, sororal et mère-fille. Nous postulons que le choix du casting et la mise en scène des deux versions française et khmère de la pièce transforment l’espace scénique en un lieu de partage mémoriel dans lequel se révèle le rôle de réparatrice et de passeuse culturelle attribué aux femmes.
{"title":"Cambodge, me voici : trauma, post-mémoire et construction d’un espace culturel féminin dans le théâtre parlé de Jean-Baptiste Phou","authors":"Tess Do, Da Zhang","doi":"10.31743/ql.14880","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14880","url":null,"abstract":"Plus de quarante ans après la fin du régime Khmer rouge, le poids du génocide pèse encore sur la diaspora franco-cambodgienne. Confronté au silence des aînés qui refusent de parler du passé génocidaire, Jean-Baptiste Phou recourt au théâtre parlé khmer pour donner la parole à quatre femmes cambodgiennes et mettre en scène leur parcours. Dans cet essai nous proposons de lire Cambodge, me voici à la lumière de la post-mémoire de Marianne Hirsch. Le croisement des axes de désir des protagonistes et la création d’un espace familial, féminin et maternel nous permettront d'analyser la formation de la mémoire diasporique des femmes et les modalités de sa transmission intra- et intergénérationnelle à travers deux couples, sororal et mère-fille. Nous postulons que le choix du casting et la mise en scène des deux versions française et khmère de la pièce transforment l’espace scénique en un lieu de partage mémoriel dans lequel se révèle le rôle de réparatrice et de passeuse culturelle attribué aux femmes.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47895272","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article se propose de dévoiler l’importance de la mémoire dans la pratique poétique de Léopold Sédar Senghor. Il s’agit de montrer qu’en explorant la mémoire millénaire de l’Afrique, Senghor donne un fondement ontologique à sa race et déboulonne les clichés minimalistes forgés par les puissances coloniales au gré de leurs perspectives transversales. Cependant, il importe d’affirmer que la plongée dans la mémoire est aussi la démarche esthétique que privilégie le poète pour mettre au jour le ferment d’une utopie panhumaniste. Le mythique « Royaume d’Enfance » qu’il découvre par l’intercession de la mémoire est le lieu d’une symbiose aujourd’hui perdue et qu’il s’agit de restaurer au bénéfice de l’éthique unitaire. Il n’en reste pas moins vrai que l’errance dans le règne de la mémoire culmine dans la création de l’instant originel. En d’autres termes, si l’expérience poétique se transforme en expérience spirituelle, c’est que l’enjeu ultime, pour le poète, est de retrouver Dieu.
{"title":"La fouille dans la mémoire comme réaction aux fracas de l’Histoire dans la poésie de Léopold Sédar Senghor","authors":"Jalal Ourya","doi":"10.31743/ql.14866","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14866","url":null,"abstract":"Cet article se propose de dévoiler l’importance de la mémoire dans la pratique poétique de Léopold Sédar Senghor. Il s’agit de montrer qu’en explorant la mémoire millénaire de l’Afrique, Senghor donne un fondement ontologique à sa race et déboulonne les clichés minimalistes forgés par les puissances coloniales au gré de leurs perspectives transversales. Cependant, il importe d’affirmer que la plongée dans la mémoire est aussi la démarche esthétique que privilégie le poète pour mettre au jour le ferment d’une utopie panhumaniste. Le mythique « Royaume d’Enfance » qu’il découvre par l’intercession de la mémoire est le lieu d’une symbiose aujourd’hui perdue et qu’il s’agit de restaurer au bénéfice de l’éthique unitaire. Il n’en reste pas moins vrai que l’errance dans le règne de la mémoire culmine dans la création de l’instant originel. En d’autres termes, si l’expérience poétique se transforme en expérience spirituelle, c’est que l’enjeu ultime, pour le poète, est de retrouver Dieu.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45258911","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Connaisseur de la psychologie humaine, Maupassant va plus loin encore : il se lance dans l’exploration de l’inconscient en s’interrogeant sur des zones obscures du psychisme. Le conte « Sauvée » inscrit ce questionnement au cœur de la représentation de la mémoire sensorielle involontaire. Le récit mettant en intrigue le ressouvenir sensuel, sollicité à des fins de séduction manipulatrice, l’effet anecdotique de l’aventure rocambolesque masque des niveaux de complexité du sens dépassant la légèreté de l’anecdote. Cet article examine la façon dont le texte travaille les scènes de ressouvenir qui s’articulent en interrelation entre la sphère des sens, le sensoriel et le sensuel, le comportement impulsif, les facteurs socioculturels et l’actualité scientifique, formant un réseau complexe dont les modalités de l’écriture maupassantienne approfondissent le sens.
{"title":"En quête des mystères de la mémoire sensorielle : manipuler la mémoire affective. Le cas de « Sauvée » de Guy de Maupassant","authors":"Larissa Sloutsky","doi":"10.31743/ql.14865","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14865","url":null,"abstract":"Connaisseur de la psychologie humaine, Maupassant va plus loin encore : il se lance dans l’exploration de l’inconscient en s’interrogeant sur des zones obscures du psychisme. Le conte « Sauvée » inscrit ce questionnement au cœur de la représentation de la mémoire sensorielle involontaire. Le récit mettant en intrigue le ressouvenir sensuel, sollicité à des fins de séduction manipulatrice, l’effet anecdotique de l’aventure rocambolesque masque des niveaux de complexité du sens dépassant la légèreté de l’anecdote. Cet article examine la façon dont le texte travaille les scènes de ressouvenir qui s’articulent en interrelation entre la sphère des sens, le sensoriel et le sensuel, le comportement impulsif, les facteurs socioculturels et l’actualité scientifique, formant un réseau complexe dont les modalités de l’écriture maupassantienne approfondissent le sens.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"44899943","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article se propose de lire Lieux, projet inachevé de Georges Perec publié posthumément en 2022, en tant qu’œuvre charnière dans l’évolution des réflexions de Perec sur la mémoire, considérée comme travail et comme appel au partage. Dans un premier moment, l’étude esquissera brièvement une histoire du projet pour saisir les enjeux de sa rédaction, comprendre les possibles raisons de son abandon final et répondre aux questions de légitimé au sujet de sa récente publication posthume en double version, papier et électronique. Ensuite, dans le sillon de l’étude de Philippe Lejeune La mémoire et l’oblique, l’article proposera une lecture de Lieux focalisée sur les approches de la mémoire à l’œuvre dans ce texte. L’approche expérimentale de Perec vis-à-vis de la matière autobiographique, se heurtant aux questionnements, aux tâtonnements, aux incertitudes de l’auteur, se reflète dans une écriture hybride, errante, préfigurant les notions de multiple, de potentiel, d’appel aux autres qui caractériseront les projets successifs de l’auteur.
{"title":"La mémoire au travail dans Lieux de Georges Perec","authors":"Mariano D'Ambrosio","doi":"10.31743/ql.14871","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.14871","url":null,"abstract":"Cet article se propose de lire Lieux, projet inachevé de Georges Perec publié posthumément en 2022, en tant qu’œuvre charnière dans l’évolution des réflexions de Perec sur la mémoire, considérée comme travail et comme appel au partage. Dans un premier moment, l’étude esquissera brièvement une histoire du projet pour saisir les enjeux de sa rédaction, comprendre les possibles raisons de son abandon final et répondre aux questions de légitimé au sujet de sa récente publication posthume en double version, papier et électronique. Ensuite, dans le sillon de l’étude de Philippe Lejeune La mémoire et l’oblique, l’article proposera une lecture de Lieux focalisée sur les approches de la mémoire à l’œuvre dans ce texte. L’approche expérimentale de Perec vis-à-vis de la matière autobiographique, se heurtant aux questionnements, aux tâtonnements, aux incertitudes de l’auteur, se reflète dans une écriture hybride, errante, préfigurant les notions de multiple, de potentiel, d’appel aux autres qui caractériseront les projets successifs de l’auteur.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41386154","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}