L’imaginaire occidental a souvent dépeint les îles comme des endroits paradisiaques, voire des utopies. Or, on constate que les récits contemporains des îles, c’est-à-dire écrits par des auteurs eux-mêmes habitants des îles, placent la violence, les inégalités sociales, les enjeux climatiques et les problématiques de l’exil au cœur de leurs dispositifs narratifs. Les quartiers d’« Eden Ouest » et de « Gaza » dans le roman du Martiniquais Alfred Alexandre (Les Villes assassines, 2011), et dans celui de la Mauricienne Nathacha Appanah (Tropique de la violence, 2015) inscrivent ces thématiques au cœur de représentation spatiale. De l’utopie, serions-nous passés à la dystopie ? Cet article examine la pertinence de ces catégories conceptuelles pour aborder certains tropes de la littérature insulaire francophone, en l’associant notamment à la notion en vogue d’« effondrement » et de contre-exotisme, s’attachant en particulier à la représentation du quartier insalubre et au thème de l’immigration clandestine.
在西方的想象中,岛屿经常被描绘成天堂,甚至是乌托邦。然而,我们可以看到,当代的岛屿叙事,也就是说,作者自己是岛屿居民,将暴力、社会不平等、气候问题和流亡问题置于其叙事机制的核心。阿尔弗雷德·亚历山大(Alfred Alexandre)的小说《杀戮城市》(Les Villes assassines, 2011)和毛里求斯人纳沙查·阿帕纳(Nathacha Appanah, Tropique de la violence, 2015)中的“伊甸园西部”和“加沙”社区将这些主题置于空间表现的核心。我们会从乌托邦走向反乌托邦吗?本文探讨了这些概念类别在处理法语岛屿文学中的某些比喻时的相关性,特别是将其与“崩溃”和反异国情调的流行概念联系起来,特别关注不健康社区的表现和非法移民的主题。
{"title":"Violence et effondrement dans la fiction insulaire francophone contemporaine : l’île comme dystopie ? (Alfred Alexandre, Les Villes assassines ; Nathacha Appanah, Tropique de la violence)","authors":"J. Neau","doi":"10.31743/ql.13321","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13321","url":null,"abstract":"L’imaginaire occidental a souvent dépeint les îles comme des endroits paradisiaques, voire des utopies. Or, on constate que les récits contemporains des îles, c’est-à-dire écrits par des auteurs eux-mêmes habitants des îles, placent la violence, les inégalités sociales, les enjeux climatiques et les problématiques de l’exil au cœur de leurs dispositifs narratifs. Les quartiers d’« Eden Ouest » et de « Gaza » dans le roman du Martiniquais Alfred Alexandre (Les Villes assassines, 2011), et dans celui de la Mauricienne Nathacha Appanah (Tropique de la violence, 2015) inscrivent ces thématiques au cœur de représentation spatiale. De l’utopie, serions-nous passés à la dystopie ? Cet article examine la pertinence de ces catégories conceptuelles pour aborder certains tropes de la littérature insulaire francophone, en l’associant notamment à la notion en vogue d’« effondrement » et de contre-exotisme, s’attachant en particulier à la représentation du quartier insalubre et au thème de l’immigration clandestine.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"44493143","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Durant le premier XIXe siècle, la contredanse, constituée de déplacements et d’interactions entre tous les danseurs n’importe leur place de départ, abolit les contraintes d’une société divisée en classes. Dans Édouard (1825), Claire de Duras compare le moment des contredanses, pendant un bal parisien de l’Ancien Régime, à une échappée vers l’Angleterre, où l’ascension sociale semble réalisable. De plus, la danse crée un espace où l’héroïne peut franchir les barrières entravant les membres de son sexe et empêchant le mariage par amour. George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840), contraste la possibilité de l’amour entre des personnages de classes différentes lors des contredanses avec l’impossibilité de ces unions dans la vie quotidienne. En établissant un non-lieu, les contredanses de ces romans produisent des moments éphémères où l’égalité et la liberté règnent, pourtant, hors de la danse, les hiérarchies sociales demeurent rigides.
在19世纪的第一个世纪,反舞蹈由所有舞者之间的运动和互动组成,无论他们的出发地点如何,消除了阶级社会的限制。在《埃杜阿尔》(1825年)中,克莱尔·德·杜拉斯(Claire de Duras)将旧政权巴黎舞会上的反舞蹈时刻比作逃到英国,在那里社会崛起似乎是可行的。此外,舞蹈创造了一个空间,女主人公可以跨越阻碍其性别成员的障碍,阻止爱情婚姻。乔治·桑德(George Sand)在《环法自行车赛的同伴》(1840年)中对比了在反舞蹈中不同阶级角色之间的爱情可能性与日常生活中不可能的结合。通过建立一个非场所,这些小说中的反舞蹈产生了平等和自由盛行的短暂时刻,但在舞蹈之外,社会等级仍然僵化。
{"title":"« Comme si nous étions à la contredanse » : chorégraphies utopiques chez Claire de Duras et George Sand","authors":"T. Nunn","doi":"10.31743/ql.13311","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13311","url":null,"abstract":"Durant le premier XIXe siècle, la contredanse, constituée de déplacements et d’interactions entre tous les danseurs n’importe leur place de départ, abolit les contraintes d’une société divisée en classes. Dans Édouard (1825), Claire de Duras compare le moment des contredanses, pendant un bal parisien de l’Ancien Régime, à une échappée vers l’Angleterre, où l’ascension sociale semble réalisable. De plus, la danse crée un espace où l’héroïne peut franchir les barrières entravant les membres de son sexe et empêchant le mariage par amour. George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840), contraste la possibilité de l’amour entre des personnages de classes différentes lors des contredanses avec l’impossibilité de ces unions dans la vie quotidienne. En établissant un non-lieu, les contredanses de ces romans produisent des moments éphémères où l’égalité et la liberté règnent, pourtant, hors de la danse, les hiérarchies sociales demeurent rigides.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47045403","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Alors qu’au siècle précédent fleurissent les textes montrant des sociétés utopiques, Urfé reprend ce thème qu’il adapte à un univers pastoral dans L’Astrée. Cependant, plutôt que de se contenter d’en démontrer la supériorité, il représente la fragilité qu’il y a dans tout projet utopique : dès lors qu’elle est incapable de survivre longtemps aux assauts du réel, à quoi peut bien servir une utopie ? La société idéale qui nous était proposée au début du roman s’effrite peu à peu pour se briser sous nos yeux. Entre critique de l’écriture utopique et regard paternel porté sur des personnages voués à souffrir de cette rencontre contre-nature avec l’extérieur, L’Astrée nous donne à voir comment le plus beau des pots de terre est inévitablement condamné à se confronter au pot de fer de la réalité. Le roman met alors en scène la beauté de cette brutale rencontre.
{"title":"La trop fragile utopie de L’Astrée : une variation du pot de terre contre le pot de fer","authors":"Pauline Philipps","doi":"10.31743/ql.13308","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13308","url":null,"abstract":"Alors qu’au siècle précédent fleurissent les textes montrant des sociétés utopiques, Urfé reprend ce thème qu’il adapte à un univers pastoral dans L’Astrée. Cependant, plutôt que de se contenter d’en démontrer la supériorité, il représente la fragilité qu’il y a dans tout projet utopique : dès lors qu’elle est incapable de survivre longtemps aux assauts du réel, à quoi peut bien servir une utopie ? La société idéale qui nous était proposée au début du roman s’effrite peu à peu pour se briser sous nos yeux. Entre critique de l’écriture utopique et regard paternel porté sur des personnages voués à souffrir de cette rencontre contre-nature avec l’extérieur, L’Astrée nous donne à voir comment le plus beau des pots de terre est inévitablement condamné à se confronter au pot de fer de la réalité. Le roman met alors en scène la beauté de cette brutale rencontre.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"49003292","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le principe de complémentarité, venu de la physique quantique, se rapproche de la réciprocité entre l’approche clinique et sa contrepartie pathétique chez Michel Houellebecq. Quant au questionnement utopique, ce principe peut être utilisé comme un pivot pour étudier l’ambiguïté de l’écriture utopique de l’auteur. En considérant ce principe physique comme point de départ, nous essaierons d’abord d’analyser les divers univers utopiques ou dystopiques chez Houellebecq, surtout à travers la relation entre l’individu et la société. Ensuite, en pénétrant dans l’espace houellebecquien, nous étudierons la représentation des non-lieux et des espaces traditionnellement utopiques sous sa plume, en fonction de la dichotomie entre le clinique et le pathétique. Enfin, au sens narratif, nous envisagerons la coexistence d’un récit idéologique et d’un récit utopique chez Houellebecq ; les frontières entre la voix de l’auteur, celle du narrateur et celle des personnages s’estompent. La sphère de la fiction et celle du réalisme se superposent.
{"title":"Du principe de complémentarité : l’ambiguïté de l’écriture utopique chez Michel Houellebecq","authors":"Xinying Liu","doi":"10.31743/ql.13318","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13318","url":null,"abstract":"Le principe de complémentarité, venu de la physique quantique, se rapproche de la réciprocité entre l’approche clinique et sa contrepartie pathétique chez Michel Houellebecq. Quant au questionnement utopique, ce principe peut être utilisé comme un pivot pour étudier l’ambiguïté de l’écriture utopique de l’auteur. En considérant ce principe physique comme point de départ, nous essaierons d’abord d’analyser les divers univers utopiques ou dystopiques chez Houellebecq, surtout à travers la relation entre l’individu et la société. Ensuite, en pénétrant dans l’espace houellebecquien, nous étudierons la représentation des non-lieux et des espaces traditionnellement utopiques sous sa plume, en fonction de la dichotomie entre le clinique et le pathétique. Enfin, au sens narratif, nous envisagerons la coexistence d’un récit idéologique et d’un récit utopique chez Houellebecq ; les frontières entre la voix de l’auteur, celle du narrateur et celle des personnages s’estompent. La sphère de la fiction et celle du réalisme se superposent.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45724309","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le monde tel qu’il sera en l’an 3000, écrit par Émile Souvestre en 1845, est volontiers considéré comme la première dystopie française. Il inaugure en effet cette pratique qui consiste à projeter dans le futur une situation contemporaine exacerbée de manière à lui donner valeur d’alarme. Or, ce voyage dans le temps participe d’une tradition qui voit utopies et dystopies s’interpeller et se poser en interlocutrices des sciences sociales et politiques. Le monde tel qu’il sera… peut ainsi être appréhendé comme une réponse aux constructions doctrinales qui manifestent une foi inébranlable en l’avenir. Car, comme Saint-Simon, Souvestre considère que le progrès technique ne peut mener à l’avènement de la cité idéale que s’il est conjugué à un progrès moral, auquel il entend contribuer en montrant à ses contemporains les conséquences désastreuses à long terme de la doxa providentialiste qui domine ce milieu du XIXe siècle.
埃米尔·苏维斯特(Émile Souvestre)于1845年撰写的《3000年的世界》(Le monde qu'il sera en l'An 3000)被广泛认为是法国第一部反乌托邦。事实上,他开创了这一做法,包括预测未来加剧的当代局势,使其具有警钟的价值。然而,这段时间之旅是乌托邦和反乌托邦作为社会和政治科学对话者相互挑战和摆姿势的传统的一部分。因此,未来的世界……可以被视为对教义结构的回应,这些教义结构表明了对未来的坚定信念。因为,与圣西蒙一样,苏维斯特认为,技术进步只有与道德进步相结合,才能导致理想城市的到来,他打算通过向同时代人展示19世纪中期盛行的天意主义doxa的灾难性长期后果来为道德进步做出贡献。
{"title":"Le monde tel qu’il sera en l’an 3000 d’Émile Souvestre : un miroir des peurs suscitées par le capitalisme industriel","authors":"Nicolas Mary","doi":"10.31743/ql.13312","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13312","url":null,"abstract":"Le monde tel qu’il sera en l’an 3000, écrit par Émile Souvestre en 1845, est volontiers considéré comme la première dystopie française. Il inaugure en effet cette pratique qui consiste à projeter dans le futur une situation contemporaine exacerbée de manière à lui donner valeur d’alarme. Or, ce voyage dans le temps participe d’une tradition qui voit utopies et dystopies s’interpeller et se poser en interlocutrices des sciences sociales et politiques. Le monde tel qu’il sera… peut ainsi être appréhendé comme une réponse aux constructions doctrinales qui manifestent une foi inébranlable en l’avenir. Car, comme Saint-Simon, Souvestre considère que le progrès technique ne peut mener à l’avènement de la cité idéale que s’il est conjugué à un progrès moral, auquel il entend contribuer en montrant à ses contemporains les conséquences désastreuses à long terme de la doxa providentialiste qui domine ce milieu du XIXe siècle.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45776244","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans les dernières années du XIXe siècle, l’écrivain belge Camille Lemonnier publie trois romans, L’Île vierge, Adam et Ève, et Au cœur frais de la forêt, qui véhiculent le rêve de voir l’humanité libérée du carcan imposé par une société qui asservit l’homme et la femme et dénature leur instinct. Le Belge Georges Eekhoud publie en 1912 Les Libertins d’Anvers, qui retrace l’histoire des hérésies chrétiennes à Anvers du XIIe siècle jusqu’à leur répression par la Réforme protestante et la Contre-réforme. Nourris par les mêmes préoccupations identitaires, Lemonnier et Eekhoud proposent des modèles de communautés utopiques qui s’inspirent à la fois du paganisme et de l’évangélisme chrétien. Les deux écrivains font l’apologie de la charité et du respect du prochain et de la nature. Toutefois, ils diffèrent dans l’intérêt qu’ils accordent au couple et à la famille comme fondement social, Lemonnier appliquant les leçons du naturisme, tandis qu’Eekhoud se situe davantage dans un courant de la pensée anarchiste représenté notamment par Charles Fourier, Raoul Vaneigem et Michel Onfray.
在19世纪的最后几年,比利时作家卡米尔·莱蒙尼尔(Camille Lemonnier)出版了三部小说《处女》、《亚当与夏娃》和《森林之心》(Au cœur frais de la forêt),这三部小说传达了一个梦想,即看到人类摆脱奴役男人和女人并扭曲他们本能的社会强加的束缚。1912年,比利时人乔治·埃克胡德(Georges Eekhoud)出版了《安特卫普的自由人》(Les Libertins d‘Antwerp),追溯了12世纪安特卫浦基督教异端的历史,直到他们被新教改革和反改革镇压。在同样的身份关注的推动下,Lemonnier和Eekhoud提出了受异教和基督教福音主义启发的乌托邦社区模式。两位作家都赞扬慈善和尊重邻居和自然。然而,他们对夫妻和家庭作为社会基础的兴趣不同,莱蒙尼尔应用了自然主义的教训,而埃克胡德更倾向于以查尔斯·傅立叶、拉乌尔·瓦内格姆和米歇尔·昂弗雷为代表的无政府主义思想。
{"title":"Deux visions du bonheur selon la nature chez Camille Lemonnier et Georges Eekhoud","authors":"P. Chavasse","doi":"10.31743/ql.13313","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13313","url":null,"abstract":"Dans les dernières années du XIXe siècle, l’écrivain belge Camille Lemonnier publie trois romans, L’Île vierge, Adam et Ève, et Au cœur frais de la forêt, qui véhiculent le rêve de voir l’humanité libérée du carcan imposé par une société qui asservit l’homme et la femme et dénature leur instinct. Le Belge Georges Eekhoud publie en 1912 Les Libertins d’Anvers, qui retrace l’histoire des hérésies chrétiennes à Anvers du XIIe siècle jusqu’à leur répression par la Réforme protestante et la Contre-réforme. Nourris par les mêmes préoccupations identitaires, Lemonnier et Eekhoud proposent des modèles de communautés utopiques qui s’inspirent à la fois du paganisme et de l’évangélisme chrétien. Les deux écrivains font l’apologie de la charité et du respect du prochain et de la nature. Toutefois, ils diffèrent dans l’intérêt qu’ils accordent au couple et à la famille comme fondement social, Lemonnier appliquant les leçons du naturisme, tandis qu’Eekhoud se situe davantage dans un courant de la pensée anarchiste représenté notamment par Charles Fourier, Raoul Vaneigem et Michel Onfray.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"48748088","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Souvent perçu comme le fruit de spéculations empiriques, le sanatorium, destiné dans la première moitié du XXe siècle à la prise en charge des tuberculeux, se présente de prime abord comme une utopie thérapeutique émanant du corps médical. Dans ce lieu clos s’exerce en effet l’autorité du docteur, dont les préconisations ont valeur d’injonctions. Pourtant, deux romans, Les « Heures de silence », de l’écrivain suisse Robert de Traz (1884-1951) et Siloé, de Paul Gadenne (1907-1956), auteur français qui fut lui-même un habitué des établissements de soins, mettent en scène un renversement. Dans ces œuvres, l’unité de lieu sanatoriale devient en effet un artifice commode pour questionner le monde des bien-portants à trois niveaux : l’ego, la relation aux autres et le rapport à l’espace naturel. Parce que la « condition tuberculeuse » pondère les différences entre les individus, elle remet en cause le primat de la santé et esquisse paradoxalement un mode de vie équilibré, fondé sur l’expérience idiorythmique de l’alternance entre solitude, vie sociale et immanence.
疗养院通常被视为经验推测的结果,在20世纪上半叶,疗养院旨在治疗结核病患者,乍一看,它是一个来自医学界的治疗乌托邦。在这个封闭的地方,医生行使权力,他的建议具有禁令的价值。然而,瑞士作家罗伯特·德·特拉兹(Robert de Traz,1884-1951)和法国作家保罗·加登(Paul Gadenne,1907-1956)的两部小说《沉默的时刻》(Les Heures de Silence)描绘了一场逆转。在这些作品中,疗养院的统一确实成为一种方便的手段,在三个层面上质疑健康世界:自我、与他人的关系以及与自然空间的关系。因为“结核病状况”权衡了个体之间的差异,它挑战了健康的首要地位,矛盾的是,它勾勒出了一种平衡的生活方式,基于孤独、社会生活和内在之间交替的特殊体验。
{"title":"Une « Babel » moderne dans les cimes : cité sanatoriale et utopie thérapeutique dans Les « Heures de silence » de Robert de Traz et dans Siloé de Paul Gadenne","authors":"Claire Augereau","doi":"10.31743/ql.13315","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13315","url":null,"abstract":"Souvent perçu comme le fruit de spéculations empiriques, le sanatorium, destiné dans la première moitié du XXe siècle à la prise en charge des tuberculeux, se présente de prime abord comme une utopie thérapeutique émanant du corps médical. Dans ce lieu clos s’exerce en effet l’autorité du docteur, dont les préconisations ont valeur d’injonctions. Pourtant, deux romans, Les « Heures de silence », de l’écrivain suisse Robert de Traz (1884-1951) et Siloé, de Paul Gadenne (1907-1956), auteur français qui fut lui-même un habitué des établissements de soins, mettent en scène un renversement. Dans ces œuvres, l’unité de lieu sanatoriale devient en effet un artifice commode pour questionner le monde des bien-portants à trois niveaux : l’ego, la relation aux autres et le rapport à l’espace naturel. Parce que la « condition tuberculeuse » pondère les différences entre les individus, elle remet en cause le primat de la santé et esquisse paradoxalement un mode de vie équilibré, fondé sur l’expérience idiorythmique de l’alternance entre solitude, vie sociale et immanence.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47596085","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les personnages de Michel Houellebecq et Jean-Philippe Toussaint finissent, dans leur grande majorité, par s’extraire d’un monde social et géographique dont ils peinent à supporter les règles et les limites. Dans ce contexte désenchanté, le retrait vers des îles se présente comme une solution légitime. Si elles apparaissent dans un premier temps comme des alternatives aux affres de la métropole, Lanzarote et l’île d’Elbe représentent moins des utopies décrivant des sociétés idéales que des non-lieux relégués à une acceptation étymologique du terme : le lieu de nulle part ou qui n’est en aucun lieu. Les deux auteurs ne cessent ainsi de jouer avec les codes de l’utopie insulaire, en les déchargeant de l’histoire et des références littéraires qui lui sont habituellement associées. L’article se propose d’analyser les effets et les manifestations des anti-utopies insulaires de Houellebecq et Toussaint, dans un monde dont on a mesuré les limites et la finitude des ressources.
{"title":"Les anti-utopies insulaires de Michel Houellebecq et Jean-Philippe Toussaint","authors":"Clémentin Rachet","doi":"10.31743/ql.13319","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.13319","url":null,"abstract":"Les personnages de Michel Houellebecq et Jean-Philippe Toussaint finissent, dans leur grande majorité, par s’extraire d’un monde social et géographique dont ils peinent à supporter les règles et les limites. Dans ce contexte désenchanté, le retrait vers des îles se présente comme une solution légitime. Si elles apparaissent dans un premier temps comme des alternatives aux affres de la métropole, Lanzarote et l’île d’Elbe représentent moins des utopies décrivant des sociétés idéales que des non-lieux relégués à une acceptation étymologique du terme : le lieu de nulle part ou qui n’est en aucun lieu. Les deux auteurs ne cessent ainsi de jouer avec les codes de l’utopie insulaire, en les déchargeant de l’histoire et des références littéraires qui lui sont habituellement associées. L’article se propose d’analyser les effets et les manifestations des anti-utopies insulaires de Houellebecq et Toussaint, dans un monde dont on a mesuré les limites et la finitude des ressources.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"46903663","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Entre 1871 et 1872, le dessinateur Paul Hadol publie dans l ’hebdomadaire satirique Le Charivari onze portraits-charges formant une série intitulée La Mythologie politique. Cet article rappelle d'abord comment celle-ci s'inscrit dans une tradition préexistante de parodie iconographique de l'Antiquité qui naît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant d'être acclimatée en France à partir de la monarchie de Juillet.On interroge ensuite les critères de sélection biographique des célébrités caricaturées et la cohérence thématique possible de la série à partir de la typologie des filtres mythologiques – le cycle de Troie, les divinités olympiennes, les héros, les monstres. Enfin, l'analyse plus spécifiquement sémiotique des caricatures met en évidence la reprise du procédé associant grosse-tête et légende versifiée aux deux séries du Panthéon charivarique (1838-1841 et 1866-1867), la dimension de rébus politique, et le jeu de citations artistiques, littéraires voire musicales. L'épilogue montre que la portée de la série peut s'envisager d'un point de vue politique et artistique mais aussi intellectuel dans le rapport au temps qu'elle questionne.
{"title":"La Mythologie politique de Paul Hadol : des figures du pouvoir à l’épreuve des mythes grecs dans la caricature au début de la Troisième République (1871-1872)","authors":"Sylvain Nicolle","doi":"10.31743/ql.11534","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.11534","url":null,"abstract":"Entre 1871 et 1872, le dessinateur Paul Hadol publie dans l ’hebdomadaire satirique Le Charivari onze portraits-charges formant une série intitulée La Mythologie politique. Cet article rappelle d'abord comment celle-ci s'inscrit dans une tradition préexistante de parodie iconographique de l'Antiquité qui naît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant d'être acclimatée en France à partir de la monarchie de Juillet.On interroge ensuite les critères de sélection biographique des célébrités caricaturées et la cohérence thématique possible de la série à partir de la typologie des filtres mythologiques – le cycle de Troie, les divinités olympiennes, les héros, les monstres. Enfin, l'analyse plus spécifiquement sémiotique des caricatures met en évidence la reprise du procédé associant grosse-tête et légende versifiée aux deux séries du Panthéon charivarique (1838-1841 et 1866-1867), la dimension de rébus politique, et le jeu de citations artistiques, littéraires voire musicales. L'épilogue montre que la portée de la série peut s'envisager d'un point de vue politique et artistique mais aussi intellectuel dans le rapport au temps qu'elle questionne.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"46841616","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les premiers albums du dessinateur Jean Bruller proposent une caricature sociale originale par la combinaison du texte et de l’image. Si La danse des vivants (1932-1938) aspire à illustrer la comédie humaine du XXe siècle par la caricature de mœurs et un ton universaliste, Visions intimes et rassurantes de la guerre (1936) s’ancre dans la période de l’entre-deux-guerres pour développer une critique sociale fortement influencée par les menaces de guerre. Cet article propose une analyse approfondie de l’esthétique de ces deux ouvrages brulleriens, marqués par un humour particulièrement mordant et ironique et par un certain arrière-goût pessimiste. Cette approche analytique se nourrira de même du dialogue entre l'œuvre et la pensée de l’artiste, ainsi que du dialogue entre sa production et le contexte historico-social.
Jean Bruller的第一张专辑通过文字和图像的结合提出了一种原始的社会漫画。如果吸活人的舞蹈(1932-1938)说明喜剧漫画,是二十世纪人类的道德普遍主义和语气,亲密的幻象和放心的战争》(1936),扎根在两次世界大战之间的时期来制定一个社会批判深受战争威胁。本文对这两本书的美学进行了深入的分析,这两本书的特点是特别尖锐和讽刺的幽默和一些悲观的回味。这种分析方法也将从艺术家的作品和思想之间的对话,以及他的作品和社会历史背景之间的对话中得到滋养。
{"title":"La caricature sociale dans les albums de Jean Bruller : une Comédie humaine de l’entre-deux-guerres","authors":"María de los Ángeles Hernández Gómez","doi":"10.31743/ql.11541","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.11541","url":null,"abstract":"Les premiers albums du dessinateur Jean Bruller proposent une caricature sociale originale par la combinaison du texte et de l’image. Si La danse des vivants (1932-1938) aspire à illustrer la comédie humaine du XXe siècle par la caricature de mœurs et un ton universaliste, Visions intimes et rassurantes de la guerre (1936) s’ancre dans la période de l’entre-deux-guerres pour développer une critique sociale fortement influencée par les menaces de guerre. Cet article propose une analyse approfondie de l’esthétique de ces deux ouvrages brulleriens, marqués par un humour particulièrement mordant et ironique et par un certain arrière-goût pessimiste. Cette approche analytique se nourrira de même du dialogue entre l'œuvre et la pensée de l’artiste, ainsi que du dialogue entre sa production et le contexte historico-social.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"69856944","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}