Dans l’œuvre huysmansienne, en particulier celle de la transition entre sa phase décadente, marquée par Là-bas (1891), et la période du naturalisme mystique, dont le fruit le plus mûr reste La Cathédrale (1898), il est possible de retracer la transformation complète et profonde du traitement de la vanitas. Le présent article propose une analyse de trois étapes de cette évolution. Il part de la vanitas macabre de Là-bas, proche de l’esthétique de Félicien Rops, auquel Huysmans s’intéresse dans les années 1880, et du motif de la tentation de saint Antoine dans les arts de la fin du Moyen-Âge et du début de Renaissance. Ensuite, il examine l’approche huysmansienne à la Crucifixion de Cassel et au retable d’Issenheim de Matthias Grünewald, qui constitue un passage entre l’esthétique de la danse macabre et celle du naturalisme mystique. Finalement, il étudie le legs des ekphraseis de Grünewald : l’apologie de la vie et un regard nouveau sur la vanitas dans La Cathédrale.
{"title":"Entre la danse macabre et l’apologie de la vie, ou les vanités selon Joris-Karl Huysmans","authors":"Zofia Litwinowicz","doi":"10.31743/QL.3486","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/QL.3486","url":null,"abstract":"Dans l’œuvre huysmansienne, en particulier celle de la transition entre sa phase décadente, marquée par Là-bas (1891), et la période du naturalisme mystique, dont le fruit le plus mûr reste La Cathédrale (1898), il est possible de retracer la transformation complète et profonde du traitement de la vanitas. Le présent article propose une analyse de trois étapes de cette évolution. Il part de la vanitas macabre de Là-bas, proche de l’esthétique de Félicien Rops, auquel Huysmans s’intéresse dans les années 1880, et du motif de la tentation de saint Antoine dans les arts de la fin du Moyen-Âge et du début de Renaissance. Ensuite, il examine l’approche huysmansienne à la Crucifixion de Cassel et au retable d’Issenheim de Matthias Grünewald, qui constitue un passage entre l’esthétique de la danse macabre et celle du naturalisme mystique. Finalement, il étudie le legs des ekphraseis de Grünewald : l’apologie de la vie et un regard nouveau sur la vanitas dans La Cathédrale.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45045079","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le thème de la vanité occupe une place de choix dans Le Tramway de Claude Simon. Dans ce texte, il a adopté une nouvelle conception de la vanité. Certes, l’auteur a toujours évoqué des thèmes intimement associés à la vanité, tels que le thème de la mort, le thème de la mélancolie, le thème de la guerre, etc., mais la finitude a toujours été pour lui une phase cruciale pour le retour au primordial et à l’origine, pour le commencement d’un nouveau cycle de la vie. Dans Le Tramway, la vanité du monde est présentée d’une manière tragique. Il n’y a aucune référence à la primordialité ni au retour cyclique des choses. L’auteur insiste sur l’actualisation, dans la mémoire, du temps de la mort. Un nombre important de métaphores et de symboles mettent en exergue ce thème de la mort ; c’est comme si l’auteur lançait au lecteur un memento mori de la part de quelqu’un sur le point de vivre cette expérience funeste qui est irrémédiable et définitive. C’est ce qui confère au texte une dimension tragique et humaine indéniable.
{"title":"Le Tramway de Claude Simon : une vanité postmoderne ?","authors":"Mokhtar Belarbi","doi":"10.31743/QL.3491","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/QL.3491","url":null,"abstract":"Le thème de la vanité occupe une place de choix dans Le Tramway de Claude Simon. Dans ce texte, il a adopté une nouvelle conception de la vanité. Certes, l’auteur a toujours évoqué des thèmes intimement associés à la vanité, tels que le thème de la mort, le thème de la mélancolie, le thème de la guerre, etc., mais la finitude a toujours été pour lui une phase cruciale pour le retour au primordial et à l’origine, pour le commencement d’un nouveau cycle de la vie. Dans Le Tramway, la vanité du monde est présentée d’une manière tragique. Il n’y a aucune référence à la primordialité ni au retour cyclique des choses. L’auteur insiste sur l’actualisation, dans la mémoire, du temps de la mort. Un nombre important de métaphores et de symboles mettent en exergue ce thème de la mort ; c’est comme si l’auteur lançait au lecteur un memento mori de la part de quelqu’un sur le point de vivre cette expérience funeste qui est irrémédiable et définitive. C’est ce qui confère au texte une dimension tragique et humaine indéniable.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"48498077","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article analyse la notion polysémique de vanité dans la pensée et dans l’œuvre de Mallarmé. Le concept dévoile les paradoxes de la création mallarméenne : le poète jugé obscur et accusé de vanité, était déchiré entre le rêve de gloire et l’autodévalorisation. C’est dans l’Art auto-réflexif par excellence qu’il projetait sa satisfaction d’artiste et trouvait un sens de la vie. Mais ayant vécu une crise spirituelle et découvert la vanité du langage, Mallarmé a choisi de prolonger une illusion de la littérature en trouvant dans le Néant les ressources de sa poésie. À force de « creuser le vers », il construit donc une poétique de la vanité qui reste synonyme d’inanité ou de vide où le sens des mots est relayé par la sonorité du langage. En plus, tout en luttant contre la stérilité poétique, à travers l’écriture des Vanités, Mallarmé s’immerge dans la mort afin de créer un « tombeau idéal » pour son fils disparu.
{"title":"Mallarmé et les paradoxes de la vanité","authors":"Anna Opiela-Mrozik","doi":"10.31743/QL.3485","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/QL.3485","url":null,"abstract":"L’article analyse la notion polysémique de vanité dans la pensée et dans l’œuvre de Mallarmé. Le concept dévoile les paradoxes de la création mallarméenne : le poète jugé obscur et accusé de vanité, était déchiré entre le rêve de gloire et l’autodévalorisation. C’est dans l’Art auto-réflexif par excellence qu’il projetait sa satisfaction d’artiste et trouvait un sens de la vie. Mais ayant vécu une crise spirituelle et découvert la vanité du langage, Mallarmé a choisi de prolonger une illusion de la littérature en trouvant dans le Néant les ressources de sa poésie. À force de « creuser le vers », il construit donc une poétique de la vanité qui reste synonyme d’inanité ou de vide où le sens des mots est relayé par la sonorité du langage. En plus, tout en luttant contre la stérilité poétique, à travers l’écriture des Vanités, Mallarmé s’immerge dans la mort afin de créer un « tombeau idéal » pour son fils disparu.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41774080","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Emblématique du temps qui passe, le sablier est un élément iconique majeur des tableaux de Vanités. Il est aussi, au XVIIe siècle, l’objet qui figure sur la chaire du pasteur protestant qui, dans le temps imparti de l’écoulement du sable, doit exhorter le fidèle à faire bon usage de son temps de mortel, pour aspirer au temps éternel. Le discours théologique et moral des prédicateurs rentre en collision avec les incises récurrentes dans les sermons sur le peu de temps qu’il reste encore au prédicateur pour achever son sermon, signalant ainsi que si la vie humaine n’est que vanité ; le discours qui le porte doit aussi s’en garder, en évitant toute parole creuse ou enflée, et rester dans les limites fixées par le sablier.
{"title":"Le sablier, la vanité et le sermon protestant français au XVIIe siècle","authors":"Christabelle Thouin-Dieuaide","doi":"10.31743/QL.3472","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/QL.3472","url":null,"abstract":"Emblématique du temps qui passe, le sablier est un élément iconique majeur des tableaux de Vanités. Il est aussi, au XVIIe siècle, l’objet qui figure sur la chaire du pasteur protestant qui, dans le temps imparti de l’écoulement du sable, doit exhorter le fidèle à faire bon usage de son temps de mortel, pour aspirer au temps éternel. Le discours théologique et moral des prédicateurs rentre en collision avec les incises récurrentes dans les sermons sur le peu de temps qu’il reste encore au prédicateur pour achever son sermon, signalant ainsi que si la vie humaine n’est que vanité ; le discours qui le porte doit aussi s’en garder, en évitant toute parole creuse ou enflée, et rester dans les limites fixées par le sablier.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"46230620","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’œuvre de Marguerite Duras est une profonde réflexion sur la vanité de la condition humaine. Ses ouvrages présentent l’individu qui se rend compte de l’impossibilité à vivre dans un monde privé de sens et hostile où tous les efforts pour changer le cours des événements ou d’améliorer son sort se révèlent insignifiants. Ainsi, ils expriment la vanité de toute action humaine, de tout engagement par rapport à une fatalité cruelle des êtres humains. Cet état de choses, résulte, semble-t-il, d’un lien inséparable de la vie et de la mort, inscrit dans la nature humaine. Les textes durassiens reflètent la fin d’un tel monde ainsi que les avatars absurdes d’un malheur inévitable. De façon dramatique, l’auteure démontre le tragique existentiel lié, en particulier, à l’injustice, au désespoir, à la souffrance. Impuissants, égarés dans un univers incertain, les personnages durassiens se soumettent passivement à un destin inexorable.
{"title":"La vanité et le tragique existentiel dans l’œuvre durassienne","authors":"Anna Ledwina","doi":"10.31743/ql.3487","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/ql.3487","url":null,"abstract":"L’œuvre de Marguerite Duras est une profonde réflexion sur la vanité de la condition humaine. Ses ouvrages présentent l’individu qui se rend compte de l’impossibilité à vivre dans un monde privé de sens et hostile où tous les efforts pour changer le cours des événements ou d’améliorer son sort se révèlent insignifiants. Ainsi, ils expriment la vanité de toute action humaine, de tout engagement par rapport à une fatalité cruelle des êtres humains. Cet état de choses, résulte, semble-t-il, d’un lien inséparable de la vie et de la mort, inscrit dans la nature humaine. \u0000Les textes durassiens reflètent la fin d’un tel monde ainsi que les avatars absurdes d’un malheur inévitable. De façon dramatique, l’auteure démontre le tragique existentiel lié, en particulier, à l’injustice, au désespoir, à la souffrance. Impuissants, égarés dans un univers incertain, les personnages durassiens se soumettent passivement à un destin inexorable.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41985224","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La vanité, dans sa représentation la plus générale, nous invite à arrêter quelques instants notre course en avant, à mettre de côté nos divers agissements et à nous interroger sur notre destinée. La littérature, la peinture se focalisent souvent sur la fragilité de la vie. Elle est comparée à un souffle, à une vapeur qui paraît pour peu de temps. Les biens terrestres, les plaisirs mondains paraissent vains et éphémères et la quête incessante de l’homme toute aussi illusoire. Raoul Danaho, dans son roman Chaque heure blesse, publié en 1968, évoque l’histoire d’un jeune homme qui cherche sa propre identité et sa propre place dans le monde. Albert, cet homme originaire de Cayenne, s’est retrouvé à Paris, mais il n’y trouve pas la tranquillité souhaitée. La vie ne présente aucun attrait à ses yeux. Il doit « s’efforcer de vivre ». Il se sent vide, incapable de fusionner avec le monde environnant et l’écriture de Danaho devient par là même fragmentaire comme pour « réfléchir » la vanité de l’existence. Albert cherchera -t-il « vainement » à « poursuivre sa route », « ce tâtonnement dans le noir, cette marche aveugle dans la nuit » ou la rhétorique de la vanité se distendra-t-elle donc pour lui permettre de trouver une voie salutaire ? La Rochefoucauld énonçait avec une certaine acuité les propos suivants, renvoyant l’homme à lui-même, à ses semblables et au prisme réfléchissant: « Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre» (1664, 390). Nous sommes en droit de nous demander si la lumière parviendra à atteindre et à irradier le cœur humain.
{"title":"La vanité ou le miroir des faux-semblants dans Chaque heure blesse de Raoul Danaho","authors":"Mylène Danglades","doi":"10.31743/QL.3489","DOIUrl":"https://doi.org/10.31743/QL.3489","url":null,"abstract":"La vanité, dans sa représentation la plus générale, nous invite à arrêter quelques instants notre course en avant, à mettre de côté nos divers agissements et à nous interroger sur notre destinée. La littérature, la peinture se focalisent souvent sur la fragilité de la vie. Elle est comparée à un souffle, à une vapeur qui paraît pour peu de temps. Les biens terrestres, les plaisirs mondains paraissent vains et éphémères et la quête incessante de l’homme toute aussi illusoire. Raoul Danaho, dans son roman Chaque heure blesse, publié en 1968, évoque l’histoire d’un jeune homme qui cherche sa propre identité et sa propre place dans le monde. Albert, cet homme originaire de Cayenne, s’est retrouvé à Paris, mais il n’y trouve pas la tranquillité souhaitée. La vie ne présente aucun attrait à ses yeux. Il doit « s’efforcer de vivre ». Il se sent vide, incapable de fusionner avec le monde environnant et l’écriture de Danaho devient par là même fragmentaire comme pour « réfléchir » la vanité de l’existence. Albert cherchera -t-il « vainement » à « poursuivre sa route », « ce tâtonnement dans le noir, cette marche aveugle dans la nuit » ou la rhétorique de la vanité se distendra-t-elle donc pour lui permettre de trouver une voie salutaire ? La Rochefoucauld énonçait avec une certaine acuité les propos suivants, renvoyant l’homme à lui-même, à ses semblables et au prisme réfléchissant: « Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre» (1664, 390). Nous sommes en droit de nous demander si la lumière parviendra à atteindre et à irradier le cœur humain.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2018-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47588105","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}