Nous nous proposons ici de rendre compte des « mises en scene » des evolutions intimes et societales de la figure de l’« homme noir » – topos litteraire majeur et recurrent dans l’oeuvre d’Henry Bauchau –, a travers lesquelles il retrace et analyse les sentiments et les comportements ambigus qui ont caracterise et marque sa generation aux prises avec les drames engendres par la Deuxieme Guerre mondiale, les contraintes blessantes d’une societe aux valeurs etanches, l’esperance d’une vie equilibree et l’affirmation du mal absolu.
{"title":"Dualité épistémologique de la figure de l’« homme noir » dans l’oeuvre d’Henry Bauchau","authors":"E. Surmonte","doi":"10.7202/1071487ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1071487ar","url":null,"abstract":"Nous nous proposons ici de rendre compte des « mises en scene » des evolutions intimes et societales de la figure de l’« homme noir » – topos litteraire majeur et recurrent dans l’oeuvre d’Henry Bauchau –, a travers lesquelles il retrace et analyse les sentiments et les comportements ambigus qui ont caracterise et marque sa generation aux prises avec les drames engendres par la Deuxieme Guerre mondiale, les contraintes blessantes d’une societe aux valeurs etanches, l’esperance d’une vie equilibree et l’affirmation du mal absolu.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"80845236","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
On connait le role exerce par Jeanne Lapointe dans la valorisation des textes d’Anne Hebert. La professeure de litterature de l’Universite Laval signe, en 1954 et 1961, des articles importants sur la poesie de cette auteure dans la revue Cite libre. Et c’est Jeanne Lapointe qui demande a Pierre Emmanuel un texte de presentation pour Le Tombeau des rois. En plus de signer une note explicative au Dialogue sur la traduction, Lapointe aura preside aux echanges de ce dialogue entre Anne Hebert et Frank Scott. Nous rendrons compte de son projet de publier un choix de poemes des Songes en equilibre, projet auquel l’auteure s’est montree un temps receptive. Mais la contribution de Lapointe ne s’arrete pas a sa lecture attentive de l’oeuvre et aux reseaux de sociabilite qu’elle developpe. Dans la nouvelle « Shannon », publiee en 1960, se profile, sous les traits du personnage de Claire, la presence de l’amie. D’autres interventions privees et publiques d’Hebert ou de Lapointe nous renseignent sur les dates, voire sur le sens de certaines oeuvres. Nous en examinerons les differentes facettes pour offrir un portrait complet de l’apport de Jeanne Lapointe a l’oeuvre d’Anne Hebert.
{"title":"Jeanne Lapointe et Anne Hébert : une longue amitié","authors":"N. Watteyne","doi":"10.7202/1065515ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1065515ar","url":null,"abstract":"On connait le role exerce par Jeanne Lapointe dans la valorisation des textes d’Anne Hebert. La professeure de litterature de l’Universite Laval signe, en 1954 et 1961, des articles importants sur la poesie de cette auteure dans la revue Cite libre. Et c’est Jeanne Lapointe qui demande a Pierre Emmanuel un texte de presentation pour Le Tombeau des rois. En plus de signer une note explicative au Dialogue sur la traduction, Lapointe aura preside aux echanges de ce dialogue entre Anne Hebert et Frank Scott. Nous rendrons compte de son projet de publier un choix de poemes des Songes en equilibre, projet auquel l’auteure s’est montree un temps receptive. Mais la contribution de Lapointe ne s’arrete pas a sa lecture attentive de l’oeuvre et aux reseaux de sociabilite qu’elle developpe. Dans la nouvelle « Shannon », publiee en 1960, se profile, sous les traits du personnage de Claire, la presence de l’amie. D’autres interventions privees et publiques d’Hebert ou de Lapointe nous renseignent sur les dates, voire sur le sens de certaines oeuvres. Nous en examinerons les differentes facettes pour offrir un portrait complet de l’apport de Jeanne Lapointe a l’oeuvre d’Anne Hebert.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"86651538","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les Notes de chevet (v. 1000) ont servi de source d’inspiration, au Japon comme ailleurs, pour permettre une écriture fragmentaire et discontinue, moyen d’expression spontané pour une écriture de l’intime. Pourtant, ce texte attribué à Sei Shônagon est avant tout le reflet d’une activité intellectuelle collective. Cet article présente et commente plusieurs extraits de l’oeuvre pour étayer cette affirmation.
{"title":"Des liasses de papier dont on fit un « oreiller » : le registre de l’écriture de Sei Shônagon","authors":"Évelyne Lesigne-Audoly","doi":"10.7202/1057988AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057988AR","url":null,"abstract":"Les Notes de chevet (v. 1000) ont servi de source d’inspiration, au Japon comme ailleurs, pour permettre une écriture fragmentaire et discontinue, moyen d’expression spontané pour une écriture de l’intime. Pourtant, ce texte attribué à Sei Shônagon est avant tout le reflet d’une activité intellectuelle collective. Cet article présente et commente plusieurs extraits de l’oeuvre pour étayer cette affirmation.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151848","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La présente recherche vise à observer les témoignages antiques pouvant être rapprochés de la pratique moderne des carnets, et particulièrement les Pensées de Marc Aurèle, dans leur rapport aux notes (hypomnemata / commentarii), aux comptes rendus philosophiques découlant de la meditatio et aux lettres. La comparaison avec les processus à l’oeuvre dans la correspondance de Marc Aurèle avec Fronton permet de saisir tous les refus sociaux et culturels qu’implique le choix d’écrire les Pensées.
{"title":"Les discours pour soi et sur soi dans l’Antiquité : les pratiques de l’intime dans les Pensées et les lettres de Marc Aurèle et chez quelques prédécesseurs","authors":"P. Fleury","doi":"10.7202/1057987AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057987AR","url":null,"abstract":"La présente recherche vise à observer les témoignages antiques pouvant être rapprochés de la pratique moderne des carnets, et particulièrement les Pensées de Marc Aurèle, dans leur rapport aux notes (hypomnemata / commentarii), aux comptes rendus philosophiques découlant de la meditatio et aux lettres. La comparaison avec les processus à l’oeuvre dans la correspondance de Marc Aurèle avec Fronton permet de saisir tous les refus sociaux et culturels qu’implique le choix d’écrire les Pensées.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"48584480","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’écrivain belge Henry Bauchau utilisait le cahier pour ses manuscrits comme pour ses journaux personnels. À partir du moment où il décide de publier ses journaux, il commence à décorer les couvertures de ses cahiers avec des photographies, des reproductions d’oeuvres d’art, etc., afin de créer une matière d’archive unique. Cette pratique éclaire le processus créateur aussi bien que la façon dont Bauchau s’est construit une posture d’écrivain, en veillant à orienter ses lecteurs aussi bien que ses exégètes.
{"title":"Des fenêtres sur l’infini ? Usages du cahier dans la construction de la posture chez Henry Bauchau","authors":"Christophe Meurée","doi":"10.7202/1057993AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057993AR","url":null,"abstract":"L’écrivain belge Henry Bauchau utilisait le cahier pour ses manuscrits comme pour ses journaux personnels. À partir du moment où il décide de publier ses journaux, il commence à décorer les couvertures de ses cahiers avec des photographies, des reproductions d’oeuvres d’art, etc., afin de créer une matière d’archive unique. Cette pratique éclaire le processus créateur aussi bien que la façon dont Bauchau s’est construit une posture d’écrivain, en veillant à orienter ses lecteurs aussi bien que ses exégètes.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151858","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Consacré au premier livre de Peter Handke à se présenter tel le fruit d’une écriture journalière et discontinue, cet article vise d’abord à en montrer la singularité par rapport au genre même du carnet et aux pratiques littéraires en général. Le Poids du monde constitue en effet un ouvrage où doit s’inventer une nouvelle façon de percevoir, d’écrire, voire de faire oeuvre, puisqu’il semble que ce soit dans un en deçà de la littérature que doive désormais s’élaborer la nouvelle écriture que revendique Handke. Dans cette perspective, j’entends ici retracer les linéaments d’un tel programme marqué par une défiance systématique vis-à-vis des formes et des réflexes littéraires institués, au sein de l’oeuvre surtout, et dégager les traits généraux de son exécution. Je serai, du même coup, conduit à envisager le rapport au lecteur qu’instaure le carnet-journal, puisqu’une nouvelle littérature implique nécessairement une transformation de l’expérience de lecture de celui qui la reçoit.
{"title":"Créer une forme de l’informe : Le Poids du monde de Peter Handke","authors":"R. Dion","doi":"10.7202/1057995AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057995AR","url":null,"abstract":"Consacré au premier livre de Peter Handke à se présenter tel le fruit d’une écriture journalière et discontinue, cet article vise d’abord à en montrer la singularité par rapport au genre même du carnet et aux pratiques littéraires en général. Le Poids du monde constitue en effet un ouvrage où doit s’inventer une nouvelle façon de percevoir, d’écrire, voire de faire oeuvre, puisqu’il semble que ce soit dans un en deçà de la littérature que doive désormais s’élaborer la nouvelle écriture que revendique Handke. Dans cette perspective, j’entends ici retracer les linéaments d’un tel programme marqué par une défiance systématique vis-à-vis des formes et des réflexes littéraires institués, au sein de l’oeuvre surtout, et dégager les traits généraux de son exécution. Je serai, du même coup, conduit à envisager le rapport au lecteur qu’instaure le carnet-journal, puisqu’une nouvelle littérature implique nécessairement une transformation de l’expérience de lecture de celui qui la reçoit.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151929","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
DesEssaisde Montaigne, nous n’avons pas les carnets ; n’y a-t-il pas cependant une certaine fécondité théorique à essayer de lire lesEssaiseux-mêmes comme des carnets ? Une telle lecture, qui emprunte à la théorie des textes possibles son coup de force herméneutique tout en s’appuyant sur la théorie du carnettisme littéraire contemporain, met en évidence dans le constant travail d’annotation et de griffonnage de Montaigne une inversion inattendue : dans lesEssais, le carnet vient après le livre, et non pas avant. Cette hypothèse, qui s’inscrit dans une poétique du support matériel plutôt que de la forme, permet également d’examiner l’enjeu moral de ce griffonnage carnettiste.
{"title":"Montaigne carnettiste","authors":"Laurent Gerbier, I. Langlet","doi":"10.7202/1057989ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057989ar","url":null,"abstract":"DesEssaisde Montaigne, nous n’avons pas les carnets ; n’y a-t-il pas cependant une certaine fécondité théorique à essayer de lire lesEssaiseux-mêmes comme des carnets ? Une telle lecture, qui emprunte à la théorie des textes possibles son coup de force herméneutique tout en s’appuyant sur la théorie du carnettisme littéraire contemporain, met en évidence dans le constant travail d’annotation et de griffonnage de Montaigne une inversion inattendue : dans lesEssais, le carnet vient après le livre, et non pas avant. Cette hypothèse, qui s’inscrit dans une poétique du support matériel plutôt que de la forme, permet également d’examiner l’enjeu moral de ce griffonnage carnettiste.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151988","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les carnets d’Henri Thomas développent une poétique singulière et se révèlent supports d’écriture privilégiés chez celui qui fit de la traversée de l’espace sous toutes ses formes un mode d’être-au-monde particulier. Immédiates, succinctes, frappantes, fusées poétiques destinées à éclairer leur auteur sur lui-même, les notes carnettistes d’Henri Thomas sont autant d’autobiographèmes cherchant à devenir expression quintessenciée de toute expérience de vie. L’étude des carnets manuscrits de cet auteur encore trop méconnu permet d’entrer plus avant non seulement dans les mystères de la création littéraire, mais aussi dans le processus qui mène le manuscrit à la publication.
{"title":"Les « écritures confuses » d’Henri Thomas : perspectives poétique, générique, génétique","authors":"S. Hébert","doi":"10.7202/1057992AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057992AR","url":null,"abstract":"Les carnets d’Henri Thomas développent une poétique singulière et se révèlent supports d’écriture privilégiés chez celui qui fit de la traversée de l’espace sous toutes ses formes un mode d’être-au-monde particulier. Immédiates, succinctes, frappantes, fusées poétiques destinées à éclairer leur auteur sur lui-même, les notes carnettistes d’Henri Thomas sont autant d’autobiographèmes cherchant à devenir expression quintessenciée de toute expérience de vie. L’étude des carnets manuscrits de cet auteur encore trop méconnu permet d’entrer plus avant non seulement dans les mystères de la création littéraire, mais aussi dans le processus qui mène le manuscrit à la publication.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151782","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
« Quel est mon art ? », se demande Joubert, ne sachant exactement ce qu’il est en train de faire en griffonnant sur le papier des pensées se changeant sans avertissement en petits dessins (des fleurs, sa femme en robe et à chapeau, des personnages de Villeneuve, des épis de maïs, son billard où il aime entendre les boules s’entrechoquer, etc.). Sans trop s’en douter, mais en pressentant néanmoins quelques conséquences de son geste, Joubert invente une nouvelle manière d’écrire, sinon l’écriture elle-même, au sens où elle se distinguera quelques décennies plus tard, avec le romantisme plus précisément, des belles-lettres héritées de l’Ancien Régime, c’est-à-dire de l’éloquence, de la belle parole, des règles du bien dire, en un mot de la rhétorique classique.
{"title":"Des tessons éparpillés","authors":"Étienne Beaulieu","doi":"10.7202/1057990AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057990AR","url":null,"abstract":"« Quel est mon art ? », se demande Joubert, ne sachant exactement ce qu’il est en train de faire en griffonnant sur le papier des pensées se changeant sans avertissement en petits dessins (des fleurs, sa femme en robe et à chapeau, des personnages de Villeneuve, des épis de maïs, son billard où il aime entendre les boules s’entrechoquer, etc.). Sans trop s’en douter, mais en pressentant néanmoins quelques conséquences de son geste, Joubert invente une nouvelle manière d’écrire, sinon l’écriture elle-même, au sens où elle se distinguera quelques décennies plus tard, avec le romantisme plus précisément, des belles-lettres héritées de l’Ancien Régime, c’est-à-dire de l’éloquence, de la belle parole, des règles du bien dire, en un mot de la rhétorique classique.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151879","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Durant toute sa vie d’écrivain, mais de façon de plus en plus exclusive au fil du temps, Julien Gracq a pratiqué ce qu’il appelle une « littérature fragmentaire », composée de notes et de « notules », de cahiers et de souvenirs, de textes critiques et d’essais brefs, publiés sous la forme de carnets (même s’il ne recourt que très rarement à ce terme). Si cette écriture du fragment s’oppose, chez Gracq, à l’effort et à la dynamique de continuité qui caractérisent, à ses yeux et dans sa pratique, l’écriture romanesque, elle est aussi une façon de rendre une certaine mesure du monde, qui est aussi bien une manière de l’habiter. La préférence de Gracq pour les lieux clos et abrités, pour les instants hors du temps, pour ce qui se suffit à soi-même, pour ce qui n’est pas suspendu à une suite, trouve dans l’écriture du fragment une forme d’expression non seulement privilégiée, mais aussi la plus adéquate possible.
{"title":"Les carnets de Julien Gracq : « la promenade entre toutes préférée »","authors":"I. Daunais","doi":"10.7202/1057991AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057991AR","url":null,"abstract":"Durant toute sa vie d’écrivain, mais de façon de plus en plus exclusive au fil du temps, Julien Gracq a pratiqué ce qu’il appelle une « littérature fragmentaire », composée de notes et de « notules », de cahiers et de souvenirs, de textes critiques et d’essais brefs, publiés sous la forme de carnets (même s’il ne recourt que très rarement à ce terme). Si cette écriture du fragment s’oppose, chez Gracq, à l’effort et à la dynamique de continuité qui caractérisent, à ses yeux et dans sa pratique, l’écriture romanesque, elle est aussi une façon de rendre une certaine mesure du monde, qui est aussi bien une manière de l’habiter. La préférence de Gracq pour les lieux clos et abrités, pour les instants hors du temps, pour ce qui se suffit à soi-même, pour ce qui n’est pas suspendu à une suite, trouve dans l’écriture du fragment une forme d’expression non seulement privilégiée, mais aussi la plus adéquate possible.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47734546","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}