Partant des circonstances rédactionnelles de Cahier d’un retour au pays natal, nous voudrions montrer dans cet article comment Aimé Césaire passe par tous les modes du carnet : carnet de notes ou de brouillon, cahier d’écriture et de doléances, carnet de voyage et de route. Si l’oeuvre est si achevée, c’est sans doute parce que le poète met en place un dispositif d’éléments antinomiques qui font dialoguer les principaux actants de l’histoire antillaise depuis la conquête, la traite, l’esclavage et la colonisation jusqu’aux temps modernes. Le « je » poétique a ceci de particulier qu’il entre, sort et pivote autour d’une dizaine d’instances de parole qui composent son moi, démultiplié en figures et discours relatant l’histoire de la civilisation antillaise. La visée serait de défaire la doxa et les stéréotypes convenus sur des êtres et des choses pour mettre en place un nouvel ordre du discours, plus proche de la vérité du poète-essayiste. Une véritable dialectique de la conscience se joue donc, dans Cahier d’un retour au pays natal, prise avec délectation dans ses propres mouvements et contradictions.
{"title":"Poétique du carnet dans Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire","authors":"Olga Hél-Bongo","doi":"10.7202/1057994AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057994AR","url":null,"abstract":"Partant des circonstances rédactionnelles de Cahier d’un retour au pays natal, nous voudrions montrer dans cet article comment Aimé Césaire passe par tous les modes du carnet : carnet de notes ou de brouillon, cahier d’écriture et de doléances, carnet de voyage et de route. Si l’oeuvre est si achevée, c’est sans doute parce que le poète met en place un dispositif d’éléments antinomiques qui font dialoguer les principaux actants de l’histoire antillaise depuis la conquête, la traite, l’esclavage et la colonisation jusqu’aux temps modernes. Le « je » poétique a ceci de particulier qu’il entre, sort et pivote autour d’une dizaine d’instances de parole qui composent son moi, démultiplié en figures et discours relatant l’histoire de la civilisation antillaise. La visée serait de défaire la doxa et les stéréotypes convenus sur des êtres et des choses pour mettre en place un nouvel ordre du discours, plus proche de la vérité du poète-essayiste. Une véritable dialectique de la conscience se joue donc, dans Cahier d’un retour au pays natal, prise avec délectation dans ses propres mouvements et contradictions.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.7202/1057994AR","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"48746827","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article examine la démarche poursuivie par Jean-Pierre Issenhuth dans ses carnets en s’inspirant de la notion d’enracinement définie par Simone Weil. La pratique du carnet d’Issenhuth prend d’abord forme à travers un adieu à la poésie, considérée comme un langage trop artificiel pour permettre un contact direct avec le dehors. À l’inverse, les carnets sont conçus pour favoriser les rapprochements avec la « réalité rugueuse ». Ils sont imperméables à l’intériorité et Issenhuth les utilise pour explorer son rapport d’identité avec la nature et les animaux. Cette appartenance au monde lui apparaît toutefois corrélative au travail, à l’action concrète, qu’il priorise avant tout. Ses carnets montrent ultimement qu’il est un lecteur actif, un lecteur qui écrit comme on construit une cabane, conjuguant de ce fait son activité littéraire avec son projet d’enracinement.
{"title":"L’enracinement de Jean-Pierre Issenhuth","authors":"Thomas Mainguy","doi":"10.7202/1057997AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057997AR","url":null,"abstract":"Cet article examine la démarche poursuivie par Jean-Pierre Issenhuth dans ses carnets en s’inspirant de la notion d’enracinement définie par Simone Weil. La pratique du carnet d’Issenhuth prend d’abord forme à travers un adieu à la poésie, considérée comme un langage trop artificiel pour permettre un contact direct avec le dehors. À l’inverse, les carnets sont conçus pour favoriser les rapprochements avec la « réalité rugueuse ». Ils sont imperméables à l’intériorité et Issenhuth les utilise pour explorer son rapport d’identité avec la nature et les animaux. Cette appartenance au monde lui apparaît toutefois corrélative au travail, à l’action concrète, qu’il priorise avant tout. Ses carnets montrent ultimement qu’il est un lecteur actif, un lecteur qui écrit comme on construit une cabane, conjuguant de ce fait son activité littéraire avec son projet d’enracinement.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151573","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cette note de recherche présente très brièvement les hypothèses et les résultats d’une thèse de littérature comparée et d’un livre consacrés à l’histoire du carnet de lecture (Carnets de lecture, généalogie d’une pratique littéraire, 2016). J’essaie d’y révéler les tensions très fortes qui existent entre une dimension auctoriale du carnet et sa dimension éditoriale, et de proposer plusieurs notions issues des sciences humaines et des études littéraires (« objet », « trace », « geste de lecture », « pratique », « représentation » et « posture ») qui nous permettent de comprendre le carnet comme un objet matériel et comme un objet mental.
本研究笔记简要介绍了一篇比较文学论文和一本致力于阅读书历史的书(Carnets de lecture, genealogie d ' une pratique litteraire, 2016)的假设和结果。试透露那里auctoriale维度之间存在着非常紧张的日记和其背景的编辑,并提出几个概念层面的人文科学和文学的研究对象(«»,«»、«痕迹的姿态读»、«»、«»和«»姿势表演实践),使我们能够理解日记作为一个设备对象和一个心理题材。
{"title":"Le carnet du lettré : objet matériel, objet mental","authors":"Andrei Minzetanu","doi":"10.7202/1057986AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057986AR","url":null,"abstract":"Cette note de recherche présente très brièvement les hypothèses et les résultats d’une thèse de littérature comparée et d’un livre consacrés à l’histoire du carnet de lecture (Carnets de lecture, généalogie d’une pratique littéraire, 2016). J’essaie d’y révéler les tensions très fortes qui existent entre une dimension auctoriale du carnet et sa dimension éditoriale, et de proposer plusieurs notions issues des sciences humaines et des études littéraires (« objet », « trace », « geste de lecture », « pratique », « représentation » et « posture ») qui nous permettent de comprendre le carnet comme un objet matériel et comme un objet mental.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151835","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Depuis Le Sourire d’Anton ou l’adieu au roman (2001), André Major a fait du carnet sa forme de prédilection, le fil conducteur de sa vie et de son écriture. Cet article vise à suivre ce fil à partir du « désir d’impersonnalité » auquel le personnage de carnettiste s’identifie au fur et à mesure qu’il prend conscience de lui-même. Dans un premier sens, ce désir d’impersonnalité le conduit à simplement témoigner le plus exactement possible de ce qui l’entoure, de ce qu’il voit, de ce qu’il lit. Mais ce faisant, le carnettiste découvre une paradoxale radicalité dans sa manière en apparence si modérée de se tenir en retrait du monde. Il revendique alors le rôle de déserteur et obéit à ce qui peut sembler une forme de trahison en donnant à celle-ci un sens à la fois moral et littéraire : il s’agit de déserter le monde pour écrire, mais aussi de déserter l’écriture pour vivre. C’est en restant fidèle à ce nécessaire va-etvient que l’écriture du carnettiste trouve sa raison d’être et sa plus grande justesse.
{"title":"Le fil du carnet chez André Major","authors":"M. Biron","doi":"10.7202/1057996AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057996AR","url":null,"abstract":"Depuis Le Sourire d’Anton ou l’adieu au roman (2001), André Major a fait du carnet sa forme de prédilection, le fil conducteur de sa vie et de son écriture. Cet article vise à suivre ce fil à partir du « désir d’impersonnalité » auquel le personnage de carnettiste s’identifie au fur et à mesure qu’il prend conscience de lui-même. Dans un premier sens, ce désir d’impersonnalité le conduit à simplement témoigner le plus exactement possible de ce qui l’entoure, de ce qu’il voit, de ce qu’il lit. Mais ce faisant, le carnettiste découvre une paradoxale radicalité dans sa manière en apparence si modérée de se tenir en retrait du monde. Il revendique alors le rôle de déserteur et obéit à ce qui peut sembler une forme de trahison en donnant à celle-ci un sens à la fois moral et littéraire : il s’agit de déserter le monde pour écrire, mais aussi de déserter l’écriture pour vivre. C’est en restant fidèle à ce nécessaire va-etvient que l’écriture du carnettiste trouve sa raison d’être et sa plus grande justesse.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-03-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151971","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans cet article, nous proposons une lecture de deux romans francais de l’extreme contemporain, Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal (2010) et L’Homme des haies de Jean-Loup Trassard (2012). Ces auteurs presentent des personnages qui vivent, en marge ou tout a fait hors d’un environnement humain, une interaction particuliere avec les regnes animal ou vegetal. Nous preterons attention a la facon dont les romanciers argumentent en faveur d’une sympathie pour ceux qui vivent des experiences authentiques dans la nature – que le progres industriel et les problemes ecologiques risquent de rendre bientot impossibles. Nous aborderons aussi le travail d’ecriture qui accompagne les descriptions et les prises de position des auteurs etudies et tiendrons compte de la facon dont ils jouent avec les conventions du roman realiste (Trassard) et de l’epopee (Kerangal).
在这篇文章中,我们建议阅读两部极端当代的法国小说,Maylis de Kerangal的《出生的桥》(2010)和Jean-Loup Trassard的《树篱的人》(2012)。这些作者描绘的人物生活在人类环境的边缘或完全之外,与动物或植物王国有着特殊的互动。我们将注意小说家为同情那些在自然中有真实体验的人而争论的方式——工业进步和生态问题可能很快就会使这种体验变得不可能。我们还将讨论伴随被研究作者的描述和立场的写作工作,并考虑他们如何玩弄现实主义小说(Trassard)和史诗(Kerangal)的惯例。
{"title":"Proximité avec la nature et jeu des genres littéraires : L’Homme des haies de Jean-Loup Trassard et Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal","authors":"Sara Buekens","doi":"10.7202/1061857AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1061857AR","url":null,"abstract":"Dans cet article, nous proposons une lecture de deux romans francais de l’extreme contemporain, Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal (2010) et L’Homme des haies de Jean-Loup Trassard (2012). Ces auteurs presentent des personnages qui vivent, en marge ou tout a fait hors d’un environnement humain, une interaction particuliere avec les regnes animal ou vegetal. Nous preterons attention a la facon dont les romanciers argumentent en faveur d’une sympathie pour ceux qui vivent des experiences authentiques dans la nature – que le progres industriel et les problemes ecologiques risquent de rendre bientot impossibles. Nous aborderons aussi le travail d’ecriture qui accompagne les descriptions et les prises de position des auteurs etudies et tiendrons compte de la facon dont ils jouent avec les conventions du roman realiste (Trassard) et de l’epopee (Kerangal).","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71158227","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Guimaraes Rosa qualifie d’« autobiographie irrationnelle » son roman Grande Sertao : Veredas (1956) – le heros Riobaldo est un barde/poete qui se soumet a un pacte faustien pour prendre le dessus sur Hermogene (le signe arbitraire) et recevoir enfin Otacilia (le prix litteraire) ; toutefois, cela se conclut au prix de la perte de Diadorim (Deodoron, cadeau de Dieu : l’âme). Parallelement, dans un registre poetique proche de l’oraliture holographique, Guimaraes Rosa affirme avoir ecrit son chef-d’oeuvre en etat de possession. Et alors qu’il ajourne, par superstition avouee et revendiquee, son entree a l’Academie bresilienne des lettres pendant quatre ans, il meurt mysterieusement trois jours apres la ceremonie. Enigme ou mise en scene ? Par le biais d’indices factuels plantes avec soin sur les sentiers interpretatifs, et suivant a la ligne un scenario tout a fait inedit dans l’histoire universelle de la litterature, le romancier compose en menus details une autobiographie irreductible a une version qui serait definitivement encadree par l’impression graphique : cette autobiographie ne se concoit que dans l’espace poetique de l’oraliture (dans ses manifestations sociales collectives et gregaires, au-dela de l’univers de la lettre imprimee). Dans le but de transformer en legende vivante sa propre existence et afin de se soustraire a l’incompletude hasardeuse de la condition humaine (ainsi qu’aux limitations reductrices qui marquent l’avenement du texte ecrit), Rosa raconte une vie (la sienne), sous pretexte d’une « mort annoncee », par l’intermediaire d’une textualite qui s’accomplit exclusivement dans l’imaginaire de ses lecteurs.
{"title":"Raconter sa mort, puis la vivre : « autobiographie irrationnelle » chez João Guimarães Rosa","authors":"Marcelo Marinho","doi":"10.7202/1061863AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1061863AR","url":null,"abstract":"Guimaraes Rosa qualifie d’« autobiographie irrationnelle » son roman Grande Sertao : Veredas (1956) – le heros Riobaldo est un barde/poete qui se soumet a un pacte faustien pour prendre le dessus sur Hermogene (le signe arbitraire) et recevoir enfin Otacilia (le prix litteraire) ; toutefois, cela se conclut au prix de la perte de Diadorim (Deodoron, cadeau de Dieu : l’âme). Parallelement, dans un registre poetique proche de l’oraliture holographique, Guimaraes Rosa affirme avoir ecrit son chef-d’oeuvre en etat de possession. Et alors qu’il ajourne, par superstition avouee et revendiquee, son entree a l’Academie bresilienne des lettres pendant quatre ans, il meurt mysterieusement trois jours apres la ceremonie. Enigme ou mise en scene ? Par le biais d’indices factuels plantes avec soin sur les sentiers interpretatifs, et suivant a la ligne un scenario tout a fait inedit dans l’histoire universelle de la litterature, le romancier compose en menus details une autobiographie irreductible a une version qui serait definitivement encadree par l’impression graphique : cette autobiographie ne se concoit que dans l’espace poetique de l’oraliture (dans ses manifestations sociales collectives et gregaires, au-dela de l’univers de la lettre imprimee). Dans le but de transformer en legende vivante sa propre existence et afin de se soustraire a l’incompletude hasardeuse de la condition humaine (ainsi qu’aux limitations reductrices qui marquent l’avenement du texte ecrit), Rosa raconte une vie (la sienne), sous pretexte d’une « mort annoncee », par l’intermediaire d’une textualite qui s’accomplit exclusivement dans l’imaginaire de ses lecteurs.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71158409","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article analyse l’ecopolitique mise de l’avant dans Bleuets et abricots (2016) de la poete innue Natasha Kanape Fontaine. Cette oeuvre constitue un point d’entree remarquable pour comprendre la dimension poetique et politique de l’engagement environnemental de l’auteure, qui s’exprime d’une part a travers une identification forte entre une femme autochtone et un territoire qu’elle revendique comme sien, et d’autre part par l’inscription du territoire comme un Autre avec qui une relation tendre est engagee. Cette relation prend tour a tour les contours d’un rapport de parente, d’un rapport maternel et d’un rapport amoureux. Enracinee dans son territoire, la locutrice parvient a articuler sa lutte decoloniale en presentant les femmes et les territoires autochtones comme survivant(e)s et, ultimement, indestructibles.
{"title":"Bleuets et abricots : la femme-territoire de Natasha Kanapé Fontaine","authors":"J. Papillon","doi":"10.7202/1061861AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1061861AR","url":null,"abstract":"Cet article analyse l’ecopolitique mise de l’avant dans Bleuets et abricots (2016) de la poete innue Natasha Kanape Fontaine. Cette oeuvre constitue un point d’entree remarquable pour comprendre la dimension poetique et politique de l’engagement environnemental de l’auteure, qui s’exprime d’une part a travers une identification forte entre une femme autochtone et un territoire qu’elle revendique comme sien, et d’autre part par l’inscription du territoire comme un Autre avec qui une relation tendre est engagee. Cette relation prend tour a tour les contours d’un rapport de parente, d’un rapport maternel et d’un rapport amoureux. Enracinee dans son territoire, la locutrice parvient a articuler sa lutte decoloniale en presentant les femmes et les territoires autochtones comme survivant(e)s et, ultimement, indestructibles.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71158487","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La terre deserte et vide de Moi qui n’ai pas connu les hommes (Jacqueline Harpman, 1995) et l’ile grise, nommee « Choir », du roman du meme nom (Eric Chevillard, 2010) sont des lieux dont les racines ont ete coupees net et dont ces romans de la solitude se servent pour interroger la relation presente du lecteur a son environnement. La nature s’y livre a l’homme de maniere brute et austere : le corps se fait soudain present, pesant et grave, ultime lieu et ultime morceau de nature au sein de ces paysages devastes. Les survivants font ainsi l’experience de la perte totale – et contrainte – de distance avec la nature ; cette perte de distance est mise en recit a travers le motif de la chute (physique et symbolique) de l’humanite apres une catastrophe. Cet article interroge donc la nature de la relation entre un environnement devaste et le corps y survivant.
{"title":"Chute et éveil du corps dans les dystopies : Moi qui n’ai pas connu les hommes de Jacqueline Harpman et Choir d’Éric Chevillard","authors":"Laurence Pagacz","doi":"10.7202/1061858AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1061858AR","url":null,"abstract":"La terre deserte et vide de Moi qui n’ai pas connu les hommes (Jacqueline Harpman, 1995) et l’ile grise, nommee « Choir », du roman du meme nom (Eric Chevillard, 2010) sont des lieux dont les racines ont ete coupees net et dont ces romans de la solitude se servent pour interroger la relation presente du lecteur a son environnement. La nature s’y livre a l’homme de maniere brute et austere : le corps se fait soudain present, pesant et grave, ultime lieu et ultime morceau de nature au sein de ces paysages devastes. Les survivants font ainsi l’experience de la perte totale – et contrainte – de distance avec la nature ; cette perte de distance est mise en recit a travers le motif de la chute (physique et symbolique) de l’humanite apres une catastrophe. Cet article interroge donc la nature de la relation entre un environnement devaste et le corps y survivant.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71158244","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Envisageant la possibilité d’une transposition de la pratique du carnet d’écrivain en contexte numérique, cet article examine les enjeux du support sur les écritures littéraires telles qu’elles apparaissent dans des blogues et des sites d’écrivains. La réévaluation du rôle joué par la publication (autonome et médiée) des textes sur le statut d’écrivain et sur leur lectorat conduit à définir la fonction d’implémentation des oeuvres (notion empruntée à Nelson Goodman) comme une clé interprétative de la publication numérique.
{"title":"Penser les carnets numériques d’écrivain : écritures médiatisées et réinvestissement de l’idée de publication","authors":"R. Audet","doi":"10.7202/1057998AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1057998AR","url":null,"abstract":"Envisageant la possibilité d’une transposition de la pratique du carnet d’écrivain en contexte numérique, cet article examine les enjeux du support sur les écritures littéraires telles qu’elles apparaissent dans des blogues et des sites d’écrivains. La réévaluation du rôle joué par la publication (autonome et médiée) des textes sur le statut d’écrivain et sur leur lectorat conduit à définir la fonction d’implémentation des oeuvres (notion empruntée à Nelson Goodman) comme une clé interprétative de la publication numérique.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151640","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La Carte des feux (Les Herbes rouges, 2015) de Rene Lapierre est un recueil de poemes qui donne a voir un monde post-apocalyptique ou l’incurie humaine et la violence des catastrophes naturelles ont partie liee. Cet article propose une lecture de ce recueil a la croisee de deux approches theoriques, soit l’ecopoetique et l’imaginaire de la fin, afin d’etudier comment, en dehors de tout cadre narratif, cette oeuvre « raconte » a sa facon la fin d’un monde, par-dela les siecles et les continents. Analysant tant le systeme enonciatif que les questions ethiques et hermeneutiques qu’elle souleve, la presente reflexion met en lumiere comment l’etat de crise permanent condamne au chaos toute possibilite de relation, que ce soit dans le reel (les interactions des differents etres vivants et composants d’un milieu) ou dans le langage (la coherence du poeme, la logique du recueil). Ce recueil suggere ainsi que lorsque les relations ecologiques ne sont plus, il ne reste plus qu’un systeme cynique et energivore qui tourne a vide ne menant qu’a la destruction.
雷内·拉皮埃尔(Rene Lapierre)的《火的地图》(the map of fire, Les Herbes rouge, 2015)是一本诗集,揭示了一个后世界末日的世界,其中人类的疏忽和自然灾害的暴力是其中的一部分。本文建议在两种理论方法的十字路口阅读这本书,即生态诗学和末日想象,以研究这部作品如何在任何叙事框架之外,以自己的方式“讲述”一个跨越世纪和大陆的世界末日。分析hermeneutiques enonciatif体系和伦理问题都和她提出本正在卢米埃尔的反思,如何在危机国家常驻在混乱中谴责任何有关系,无论是在真实活(不同生灵的交互组件和一个中间语言(中)或简编》的诗,逻辑的一致性)。因此,这本书表明,当生态关系不复存在时,只剩下一个愤世嫉俗和精力充沛的系统,它空手而去,只会导致破坏。
{"title":"Imaginaire de la catastrophe. Une lecture écopoétique de La Carte des feux de René Lapierre","authors":"Élise Lepage","doi":"10.7202/1061862AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1061862AR","url":null,"abstract":"La Carte des feux (Les Herbes rouges, 2015) de Rene Lapierre est un recueil de poemes qui donne a voir un monde post-apocalyptique ou l’incurie humaine et la violence des catastrophes naturelles ont partie liee. Cet article propose une lecture de ce recueil a la croisee de deux approches theoriques, soit l’ecopoetique et l’imaginaire de la fin, afin d’etudier comment, en dehors de tout cadre narratif, cette oeuvre « raconte » a sa facon la fin d’un monde, par-dela les siecles et les continents. Analysant tant le systeme enonciatif que les questions ethiques et hermeneutiques qu’elle souleve, la presente reflexion met en lumiere comment l’etat de crise permanent condamne au chaos toute possibilite de relation, que ce soit dans le reel (les interactions des differents etres vivants et composants d’un milieu) ou dans le langage (la coherence du poeme, la logique du recueil). Ce recueil suggere ainsi que lorsque les relations ecologiques ne sont plus, il ne reste plus qu’un systeme cynique et energivore qui tourne a vide ne menant qu’a la destruction.","PeriodicalId":42253,"journal":{"name":"ETUDES LITTERAIRES","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71158508","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}