Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.014
M. Chirica
Objectif
Les brûlures caustiques du tractus digestif supérieur constituent une urgence médicochirurgicale dont la gestion en urgence a fait l’objet d’évolutions significatives ces dernières années. La prise en charge est multidisciplinaire nécessitant l’intervention de réanimateurs, chirurgiens viscéraux, radiologues, gastro-entérologues et psychiatres. La plupart des ingestions sévères ont lieu dans un contexte d’autolyse. Les produits caustiques les plus souvent en cause sont les bases fortes, les acides et les oxydants. La tomodensitométrie permet une meilleure appréciation du caractère transmural de la nécrose caustique et a tendance de remplacer la fibroscopie œsogastrique dans cette indication. L’intégration de la tomodensitométrie dans l’algorithme thérapeutique a permis une meilleure sélection des candidats à la chirurgie ainsi qu’une amélioration de la survie et des résultats fonctionnels. La réalisation d’une endoscopie œsogastrique en urgence n’est pratiquement plus indiquée chez l’adulte, en dehors des cas exceptionnels de contre-indication à la réalisation de la TDM ou de son indisponibilité. Environ 10 % de patients nécessitent une chirurgie en urgence pour le traitement des lésions caustiques. L’intervention la plus souvent pratiquée est l’oesogastrectomie totale par stripping. Une gastrectomie totale avec esophagojejunostomie est réalisée en cas de nécrose gastrique isolée, alors qu’une œsophagectomie avec préservation gastrique n’est plus indiquée car il n’existe pas de nécrose isolée de l’œsophage. L’extension de la nécrose aux organes de voisinage (arbre trachéo-bronchique, duodénopancréas, côlon) a un pronostic sombre mais reste compatible avec la survie au prix de résections entendues. La morbidité globale des résections digestives dépasse 60 % et la mortalité est de 16 %. Une prise en charge psychiatrique est indispensable après toute ingestion volontaire de caustique.
{"title":"Prise en charge en urgence des lésions caustiques du tractus digestif supérieur","authors":"M. Chirica","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.014","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.014","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Les brûlures caustiques du tractus digestif supérieur constituent une urgence médicochirurgicale dont la gestion en urgence a fait l’objet d’évolutions significatives ces dernières années. La prise en charge est multidisciplinaire nécessitant l’intervention de réanimateurs, chirurgiens viscéraux, radiologues, gastro-entérologues et psychiatres. La plupart des ingestions sévères ont lieu dans un contexte d’autolyse. Les produits caustiques les plus souvent en cause sont les bases fortes, les acides et les oxydants. La tomodensitométrie permet une meilleure appréciation du caractère transmural de la nécrose caustique et a tendance de remplacer la fibroscopie œsogastrique dans cette indication. L’intégration de la tomodensitométrie dans l’algorithme thérapeutique a permis une meilleure sélection des candidats à la chirurgie ainsi qu’une amélioration de la survie et des résultats fonctionnels. La réalisation d’une endoscopie œsogastrique en urgence n’est pratiquement plus indiquée chez l’adulte, en dehors des cas exceptionnels de contre-indication à la réalisation de la TDM ou de son indisponibilité. Environ 10 % de patients nécessitent une chirurgie en urgence pour le traitement des lésions caustiques. L’intervention la plus souvent pratiquée est l’oesogastrectomie totale par stripping. Une gastrectomie totale avec esophagojejunostomie est réalisée en cas de nécrose gastrique isolée, alors qu’une œsophagectomie avec préservation gastrique n’est plus indiquée car il n’existe pas de nécrose isolée de l’œsophage. L’extension de la nécrose aux organes de voisinage (arbre trachéo-bronchique, duodénopancréas, côlon) a un pronostic sombre mais reste compatible avec la survie au prix de résections entendues. La morbidité globale des résections digestives dépasse 60 % et la mortalité est de 16 %. Une prise en charge psychiatrique est indispensable après toute ingestion volontaire de caustique.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S77-S78"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001756/pdfft?md5=9008bc7c2d4aa71e012af6f0cf48c0b8&pid=1-s2.0-S2352007824001756-main.pdf","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162480","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"OA","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.024
A. Cal, I. Brisset, M. Labadie
<div><h3>Objectif</h3><p>Le Toxicarb® (TC) est le seul adsorbant gastro-intestinal contenant du charbon activé, commercialisé en France. Il est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 5<!--> <!-->ans en raison de la dose de propylène glycol (PG) contenue dans le produit ; la dose limite fixée par l’Agence européenne du médicament étant de 50<!--> <!-->mg/kg, basée sur des études animales où les animaux sont exposés quotidiennement pendant 3 mois (NOAEL de 1000<!--> <!-->mg/kg chez la souris juvénile). Administré à la dose thérapeutique de 1<!--> <!-->g/kg, l’enfant reçoit 500 mg/kg de PG, soit 10 fois plus. Les effets attendus d’une intoxication par le PG sont des signes neurologiques marqués chez l’enfant, des troubles cardiocirculatoires ainsi qu’une acidose lactique. L’objectif de l’étude est de définir s’il existe des cas d’intoxication liés au PG contenu dans le TC administré à dose thérapeutique unique chez l’enfant de moins de 5<!--> <!-->ans à partir d’une série rétrospective des dossiers du centre antipoison (CAP) de Nouvelle-Aquitaine entre le 1<sup>er</sup> janvier 2019 et le 30 novembre 2023.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Extraction des dossiers du système d’information des CAP des enfants de moins de 5<!--> <!-->ans ayant reçu du TC dans la prise en charge d’une intoxication sur le département de la Gironde.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 56 dossiers ont été extraits. Le sexe ratio était de 0,9, l’âge médian de 2,6<!--> <!-->ans, et le poids médian de 14<!--> <!-->kg. Quarante-sept enfants n’avaient aucun antécédent, et aucun n’avait de traitement. Toutes les intoxications correspondaient à une circonstance accidentelle (par défaut de perception du risque). Les agents responsables étaient majoritairement des médicaments : 19 du système cardiovasculaire, 7 benzodiazépines et apparentés, 3 antipsychotiques, 3 antidépresseurs, 1 opiacé, 6 anti-inflammatoires non stéroïdien, 1 antivitamine K, 2 antidiabétiques oraux, 2 anticancéreux oraux, et 9 autres médicaments (colchicine, triptan, hormones thyroïdiennes…). Parmi les autres agents, étaient retrouvés 3 dossiers d’ingestion de cannabis et 4 autres produits : liquide de e-cigarette contenant de la nicotine, liquide de diffuseur parfumé, psilocybine et datura). Certains enfants avaient ingéré plusieurs agents de classes différentes. Parmi tous les enfants ayant reçu du TC à la posologie de 1<!--> <!-->g/kg, 51 sur 56 n’ont présenté aucun symptôme imputable au TC après sa prise. Parmi ces 51 enfants, 7 avaient, avant l’administration du TC, des symptômes en lien avec l’intoxication ; aucun nouveau symptôme n’est apparu pendant la surveillance avec une disparition progressive des premiers signes. Cinq patients ont présenté des symptômes après l’ingestion du TC ; 2 ont vomi 1 heure après la prise du TC prescrit pour l’ingestion accidentelle d’un comprimé d’abémaciclib pour l’un et l’ingestion de 2 comprimés de tadalafil 20 mg sans autre manifestation pour l’autre. Un enfant
{"title":"Toxicarb® et propylène glycol en pédiatrie, une contre-indication avant 5 ans : étude de la balance bénéfice-risque sur 4 ans en Gironde à partir des dossiers du centre antipoison de Nouvelle-Aquitaine","authors":"A. Cal, I. Brisset, M. Labadie","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.024","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.024","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Le Toxicarb® (TC) est le seul adsorbant gastro-intestinal contenant du charbon activé, commercialisé en France. Il est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 5<!--> <!-->ans en raison de la dose de propylène glycol (PG) contenue dans le produit ; la dose limite fixée par l’Agence européenne du médicament étant de 50<!--> <!-->mg/kg, basée sur des études animales où les animaux sont exposés quotidiennement pendant 3 mois (NOAEL de 1000<!--> <!-->mg/kg chez la souris juvénile). Administré à la dose thérapeutique de 1<!--> <!-->g/kg, l’enfant reçoit 500 mg/kg de PG, soit 10 fois plus. Les effets attendus d’une intoxication par le PG sont des signes neurologiques marqués chez l’enfant, des troubles cardiocirculatoires ainsi qu’une acidose lactique. L’objectif de l’étude est de définir s’il existe des cas d’intoxication liés au PG contenu dans le TC administré à dose thérapeutique unique chez l’enfant de moins de 5<!--> <!-->ans à partir d’une série rétrospective des dossiers du centre antipoison (CAP) de Nouvelle-Aquitaine entre le 1<sup>er</sup> janvier 2019 et le 30 novembre 2023.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Extraction des dossiers du système d’information des CAP des enfants de moins de 5<!--> <!-->ans ayant reçu du TC dans la prise en charge d’une intoxication sur le département de la Gironde.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 56 dossiers ont été extraits. Le sexe ratio était de 0,9, l’âge médian de 2,6<!--> <!-->ans, et le poids médian de 14<!--> <!-->kg. Quarante-sept enfants n’avaient aucun antécédent, et aucun n’avait de traitement. Toutes les intoxications correspondaient à une circonstance accidentelle (par défaut de perception du risque). Les agents responsables étaient majoritairement des médicaments : 19 du système cardiovasculaire, 7 benzodiazépines et apparentés, 3 antipsychotiques, 3 antidépresseurs, 1 opiacé, 6 anti-inflammatoires non stéroïdien, 1 antivitamine K, 2 antidiabétiques oraux, 2 anticancéreux oraux, et 9 autres médicaments (colchicine, triptan, hormones thyroïdiennes…). Parmi les autres agents, étaient retrouvés 3 dossiers d’ingestion de cannabis et 4 autres produits : liquide de e-cigarette contenant de la nicotine, liquide de diffuseur parfumé, psilocybine et datura). Certains enfants avaient ingéré plusieurs agents de classes différentes. Parmi tous les enfants ayant reçu du TC à la posologie de 1<!--> <!-->g/kg, 51 sur 56 n’ont présenté aucun symptôme imputable au TC après sa prise. Parmi ces 51 enfants, 7 avaient, avant l’administration du TC, des symptômes en lien avec l’intoxication ; aucun nouveau symptôme n’est apparu pendant la surveillance avec une disparition progressive des premiers signes. Cinq patients ont présenté des symptômes après l’ingestion du TC ; 2 ont vomi 1 heure après la prise du TC prescrit pour l’ingestion accidentelle d’un comprimé d’abémaciclib pour l’un et l’ingestion de 2 comprimés de tadalafil 20 mg sans autre manifestation pour l’autre. Un enfant","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S83"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162483","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.017
S. Voicu
<div><h3>Objectif</h3><p>La toxicité cardiaque directe liée aux toxiques en tant que toxique lésionnel est difficile à définir et identifier. La toxicité cardiaque est détectée par des marqueurs biologiques, ECG et échocardiographie.</p></div><div><h3>Troponine</h3><p>Utilisée comme marque de lésion ou nécrose. En absence d’infarctus par occlusion coronaire type athérosclérose ou spasme les mécanismes sont – (1) inadéquation apport/consommation d’O<sub>2</sub> typiquement état de choc, intoxication par monoxyde de carbone typiquement infarctus du myocarde type 2 <span><span>[1]</span></span>, (2) myocardite de stress (Takotsubo).</p></div><div><h3>BNP</h3><p>Augmentation du BNP de façon non spécifique par la dysfonction myocardique et augmentation des pressions de remplissage. Le BNP peut alerter sur une insuffisance cardiaque préexistante ou l’apparition d’une baisse de contractilité cardiaque induite par le toxique.</p></div><div><h3>Lactate</h3><p>Marqueur d’hypoxie tissulaire et activation du métabolisme anaérobie. Lactate élevé proportionnel à la mortalité mais exception les convulsions, exception les toxiques qui augmentent le métabolisme cellulaire en dehors du bas débit – agonistes adrénergiques et sérotoninergiques et cas particulier des bétabloquants – inhibition de la glycolyse anaérobie et diminution du lactate avec sous-estimation de la gravité <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Saturation veineuse en O<sub>2</sub> mesurée dans l’oreillette droite</h3><p>Marqueur d’adéquation entre l’apport et les besoins en O<sub>2</sub> – si ≥ 70 % probablement apport adéquat ou alors incapacité d’extraction (choc septique). Saturation<!--> <!--><<!--> <!-->70 % signe un apport d’O<sub>2</sub> aux tissus probablement inadéquat, nécessitant une augmentation par soit le débit cardiaque et/ou transfusion et/ou amélioration de l’hématose si oxygénation pulmonaire non optimale.</p></div><div><h3>Quand demander des dosages de marqueurs biologiques</h3><p>Lactate dès que possible si toxique cardiovasculaire. Troponine et BNP – pas de recommandation ni données spécifiques. SvO<sub>2</sub> – en réanimation, en cas d’état de choc.</p></div><div><h3>Marqueurs non biologiques</h3><p>Electrocardiographie– élargissement des QRS avec un aspect particulier de bloc droit <em>Brugada-like</em> par inhibition de canaux de sodium due aux stabilisateurs de membrane. Aspects atypiques de QRS larges, tachycardie ventriculaire. Elargissement des QRS type bloc droit ou gauche par l’effet bétabloquant ou inhibiteur calcique. Bloc atrioventriculaire ou bloc sino atrial par effet bétabloquant, inhibiteur calcique plus rarement stabilisateur de membrane.</p><p>Echocardiographies – fraction d’éjection du ventricule gauche inférieure à 50 % est un signe d’atteinte cardiaque associée au pronostic et utilisée comme critère de mise en place d’assistance circulatoire dans la littérature <span><span>[3]</span></span>.</p><p>Quand demander un ECG – toute intoxication
{"title":"Les marqueurs de toxicité cardiaque biologiques (troponine, lactates…) et non biologiques","authors":"S. Voicu","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.017","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.017","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>La toxicité cardiaque directe liée aux toxiques en tant que toxique lésionnel est difficile à définir et identifier. La toxicité cardiaque est détectée par des marqueurs biologiques, ECG et échocardiographie.</p></div><div><h3>Troponine</h3><p>Utilisée comme marque de lésion ou nécrose. En absence d’infarctus par occlusion coronaire type athérosclérose ou spasme les mécanismes sont – (1) inadéquation apport/consommation d’O<sub>2</sub> typiquement état de choc, intoxication par monoxyde de carbone typiquement infarctus du myocarde type 2 <span><span>[1]</span></span>, (2) myocardite de stress (Takotsubo).</p></div><div><h3>BNP</h3><p>Augmentation du BNP de façon non spécifique par la dysfonction myocardique et augmentation des pressions de remplissage. Le BNP peut alerter sur une insuffisance cardiaque préexistante ou l’apparition d’une baisse de contractilité cardiaque induite par le toxique.</p></div><div><h3>Lactate</h3><p>Marqueur d’hypoxie tissulaire et activation du métabolisme anaérobie. Lactate élevé proportionnel à la mortalité mais exception les convulsions, exception les toxiques qui augmentent le métabolisme cellulaire en dehors du bas débit – agonistes adrénergiques et sérotoninergiques et cas particulier des bétabloquants – inhibition de la glycolyse anaérobie et diminution du lactate avec sous-estimation de la gravité <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Saturation veineuse en O<sub>2</sub> mesurée dans l’oreillette droite</h3><p>Marqueur d’adéquation entre l’apport et les besoins en O<sub>2</sub> – si ≥ 70 % probablement apport adéquat ou alors incapacité d’extraction (choc septique). Saturation<!--> <!--><<!--> <!-->70 % signe un apport d’O<sub>2</sub> aux tissus probablement inadéquat, nécessitant une augmentation par soit le débit cardiaque et/ou transfusion et/ou amélioration de l’hématose si oxygénation pulmonaire non optimale.</p></div><div><h3>Quand demander des dosages de marqueurs biologiques</h3><p>Lactate dès que possible si toxique cardiovasculaire. Troponine et BNP – pas de recommandation ni données spécifiques. SvO<sub>2</sub> – en réanimation, en cas d’état de choc.</p></div><div><h3>Marqueurs non biologiques</h3><p>Electrocardiographie– élargissement des QRS avec un aspect particulier de bloc droit <em>Brugada-like</em> par inhibition de canaux de sodium due aux stabilisateurs de membrane. Aspects atypiques de QRS larges, tachycardie ventriculaire. Elargissement des QRS type bloc droit ou gauche par l’effet bétabloquant ou inhibiteur calcique. Bloc atrioventriculaire ou bloc sino atrial par effet bétabloquant, inhibiteur calcique plus rarement stabilisateur de membrane.</p><p>Echocardiographies – fraction d’éjection du ventricule gauche inférieure à 50 % est un signe d’atteinte cardiaque associée au pronostic et utilisée comme critère de mise en place d’assistance circulatoire dans la littérature <span><span>[3]</span></span>.</p><p>Quand demander un ECG – toute intoxication ","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S79"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162484","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.030
A. Douvinet, J. Lecot, M. Deguigne, French PCC Research Group , G. Le Roux, M. Cellier
<div><h3>Objectif</h3><p>La xylazine, sédatif à usage vétérinaire, est de plus en plus utilisée de façon détournée aux Etats-Unis, comme produit de coupe du fentanyl ou en association avec l’héroïne et la cocaïne (« <em>speedball</em> ») afin d’en potentialiser et prolonger la durée des effets <span><span>[1]</span></span>. En France cet usage détourné est peu connu ce qui explique que les centres antipoison français sont peu appelés pour cette problématique. L’objectif de cette étude est de décrire la gravité des cas d’intoxication à la xylazine en France.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Dans le cadre d’une étude rétrospective et descriptive, les cas d’intoxication à la xylazine ont été extraits à partir de la Base Nationale des Cas d’Intoxication (BNCI), recensés par les centres antipoison français, du 01/01/2002 au 07/09/2023 exclus. Les cas comportant un nombre trop important de données manquantes ont été exclus.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 22 cas ont été inclus dont 12 correspondaient à une intoxication accidentelle (54,5 %) et 10 une exposition volontaire type tentative de suicide (TS) (45,5 %). Sur les 22 cas, 9 patients avaient une gravité moyenne à forte dont 2 cas d’intoxication accidentelle et 7 cas de TS. Parmi les 10 TS, 7 concernaient la voie injectable (sous-cutanée SC ou intramusculaire IM), 2 la voie orale, et 1 cas comprenait les 2 voies (patient qui s’est injecté en sous-cutané et a bu de la xylazine). Les doses de xylazine injectées dans le cadre de TS vont de 12 à 1000<!--> <!-->mg en IM (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4, médiane : 140<!--> <!-->mg) et 20 à 500<!--> <!-->mg en SC (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4, médiane : 40<!--> <!-->mg). Concernant les mono-intoxications par TS (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6), les symptômes sont apparus dans un délai de moins de 3<!--> <!-->h (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6 cas). Tous les patients ayant eu une mono-intoxication (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6) ont présenté une somnolence et une majorité des patients a été bradycarde (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4) dans un délai de 2<!--> <!-->h. Un cas de nécrose cutanée avec un début de lymphangite est apparu une dizaine de jours après l’injection volontaire de xylazine en SC et prise PO. Parmi ces 6 patients, 5 ont été transférés en réanimation dont 2 ont été intubés, avec une durée médiane d’hospitalisation en réanimation de 1 jour (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5 patients, min : 1j, max : 3j). Seuls 3 ont nécessité l’injection d’atropine.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Selon la littérature, les doses supposées toxiques injectées de xylazine varient de 40 à 2400<!--> <!-->mg (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->43 patients) ce qui est similaire avec les doses retrouvées dans les cas de notre étude <span><span>[1]</span></span>. Les symptômes présents s’expliquent par le mécanisme d’action de la molécule étant agoniste des récepteurs adrénergiques α2 sur les récepteurs présynaptiques. Ce qui entraîne une sédation, une myorelaxatio
{"title":"Intoxication à la xylazine en France : une série de cas sur 20 ans","authors":"A. Douvinet, J. Lecot, M. Deguigne, French PCC Research Group , G. Le Roux, M. Cellier","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.030","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.030","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>La xylazine, sédatif à usage vétérinaire, est de plus en plus utilisée de façon détournée aux Etats-Unis, comme produit de coupe du fentanyl ou en association avec l’héroïne et la cocaïne (« <em>speedball</em> ») afin d’en potentialiser et prolonger la durée des effets <span><span>[1]</span></span>. En France cet usage détourné est peu connu ce qui explique que les centres antipoison français sont peu appelés pour cette problématique. L’objectif de cette étude est de décrire la gravité des cas d’intoxication à la xylazine en France.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Dans le cadre d’une étude rétrospective et descriptive, les cas d’intoxication à la xylazine ont été extraits à partir de la Base Nationale des Cas d’Intoxication (BNCI), recensés par les centres antipoison français, du 01/01/2002 au 07/09/2023 exclus. Les cas comportant un nombre trop important de données manquantes ont été exclus.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 22 cas ont été inclus dont 12 correspondaient à une intoxication accidentelle (54,5 %) et 10 une exposition volontaire type tentative de suicide (TS) (45,5 %). Sur les 22 cas, 9 patients avaient une gravité moyenne à forte dont 2 cas d’intoxication accidentelle et 7 cas de TS. Parmi les 10 TS, 7 concernaient la voie injectable (sous-cutanée SC ou intramusculaire IM), 2 la voie orale, et 1 cas comprenait les 2 voies (patient qui s’est injecté en sous-cutané et a bu de la xylazine). Les doses de xylazine injectées dans le cadre de TS vont de 12 à 1000<!--> <!-->mg en IM (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4, médiane : 140<!--> <!-->mg) et 20 à 500<!--> <!-->mg en SC (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4, médiane : 40<!--> <!-->mg). Concernant les mono-intoxications par TS (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6), les symptômes sont apparus dans un délai de moins de 3<!--> <!-->h (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6 cas). Tous les patients ayant eu une mono-intoxication (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6) ont présenté une somnolence et une majorité des patients a été bradycarde (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4) dans un délai de 2<!--> <!-->h. Un cas de nécrose cutanée avec un début de lymphangite est apparu une dizaine de jours après l’injection volontaire de xylazine en SC et prise PO. Parmi ces 6 patients, 5 ont été transférés en réanimation dont 2 ont été intubés, avec une durée médiane d’hospitalisation en réanimation de 1 jour (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5 patients, min : 1j, max : 3j). Seuls 3 ont nécessité l’injection d’atropine.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Selon la littérature, les doses supposées toxiques injectées de xylazine varient de 40 à 2400<!--> <!-->mg (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->43 patients) ce qui est similaire avec les doses retrouvées dans les cas de notre étude <span><span>[1]</span></span>. Les symptômes présents s’expliquent par le mécanisme d’action de la molécule étant agoniste des récepteurs adrénergiques α2 sur les récepteurs présynaptiques. Ce qui entraîne une sédation, une myorelaxatio","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S87"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162755","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.033
C. Chevallier , A. Daveluy , H. Peyrière , V. Ferey , C. Victorri-Vigneau , S. Cherki , A. Boucher
<div><h3>Objectif</h3><p>Décrire les propriétés pharmacotoxicologiques des nitazènes, nouveaux opioïdes de synthèse, ainsi que les conséquences sanitaires rapportées notamment en France.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Analyse de la littérature médico-scientifique relative à ces composés, ainsi que des données du réseau français d’addictovigilance, colligées jusqu’au 31/12/2023 (sans borne inférieure).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Les nitazènes sont des opioïdes synthétisés à la fin des années 50 comme de potentiels médicaments antalgiques mais sans développement ni commercialisation ultérieurs. Agonistes sélectifs et affins des récepteurs μ, ils sont nettement plus puissants que la morphine avec une équianalagésie chez l’animal sans équivoque : morphine (1)<!--> <!--><<!--> <!-->métonitazène (100)<!--> <!--><<!--> <!-->protonitazène (200)<!--> <!--><<!--> <!-->isotonitazène (500)<!--> <!--><<!--> <!-->étonitazène (1000). Ce sont de puissants dépresseurs respiratoires induisant bradypnée profonde et hypoventilation marquée. Ils ont émergé sur le marché des drogues en 2019 en Europe et en 2021 en France avec 1 cas isolé, avant 2 clusters d’intoxications en Occitanie <span><span>[1]</span></span> et sur l’île de la Réunion <span><span>[2]</span></span> en 2023. Sur la période d’étude, on a dénombré 12 notifications d’addictovigilance, concernant toutes des hommes d’âge médian 39<!--> <!-->ans [20–42]. Dans certains cas, le recours à l’analyse de produits via SINTES a permis d’identifier le nitazène concerné dans le produit consommé, voire d’orienter les analyses toxicologiques dans les fluides biologiques. Les molécules déclarées et/ou identifiées étaient isotonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4), protonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), métonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1), protonitazépyne (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et nitazène non mieux précisé (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4). Dix notifications concernaient une intoxication aiguë avec syndrome opioïde typique et sévère. La quasi-totalité des patients ont décrit une exposition à ces opioïdes à leur insu, pensant notamment consommer de l’héroïne ou de la <em>chimique.</em> L’évolution était favorable dans tous les cas, après administration de naloxone et/ou hospitalisation avec traitement symptomatique. Les 2 derniers dossiers rapportaient respectivement un décès (sujet retrouvé décédé, constatations autopsiques compatibles avec un décès toxique et isotonitazène seule substance d’intérêt toxicologique identifiée en post-mortem) et un trouble de l’usage à divers opioïdes dont du métonitazène. Les divers autres signaux étaient relatifs à la circulation de métonitazène et d’isotonitazène sur le territoire national.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les nitazènes sont des opioïdes au profil pharmacotoxicologique inquiétant et à risque élevé d’overdose sévère. Leur circulation sous des présentations variées complique leur détection et accroit le risque de con
{"title":"Les nitazènes : pharmacotoxicologie et données du réseau français d’addictovigilance","authors":"C. Chevallier , A. Daveluy , H. Peyrière , V. Ferey , C. Victorri-Vigneau , S. Cherki , A. Boucher","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.033","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.033","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Décrire les propriétés pharmacotoxicologiques des nitazènes, nouveaux opioïdes de synthèse, ainsi que les conséquences sanitaires rapportées notamment en France.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Analyse de la littérature médico-scientifique relative à ces composés, ainsi que des données du réseau français d’addictovigilance, colligées jusqu’au 31/12/2023 (sans borne inférieure).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Les nitazènes sont des opioïdes synthétisés à la fin des années 50 comme de potentiels médicaments antalgiques mais sans développement ni commercialisation ultérieurs. Agonistes sélectifs et affins des récepteurs μ, ils sont nettement plus puissants que la morphine avec une équianalagésie chez l’animal sans équivoque : morphine (1)<!--> <!--><<!--> <!-->métonitazène (100)<!--> <!--><<!--> <!-->protonitazène (200)<!--> <!--><<!--> <!-->isotonitazène (500)<!--> <!--><<!--> <!-->étonitazène (1000). Ce sont de puissants dépresseurs respiratoires induisant bradypnée profonde et hypoventilation marquée. Ils ont émergé sur le marché des drogues en 2019 en Europe et en 2021 en France avec 1 cas isolé, avant 2 clusters d’intoxications en Occitanie <span><span>[1]</span></span> et sur l’île de la Réunion <span><span>[2]</span></span> en 2023. Sur la période d’étude, on a dénombré 12 notifications d’addictovigilance, concernant toutes des hommes d’âge médian 39<!--> <!-->ans [20–42]. Dans certains cas, le recours à l’analyse de produits via SINTES a permis d’identifier le nitazène concerné dans le produit consommé, voire d’orienter les analyses toxicologiques dans les fluides biologiques. Les molécules déclarées et/ou identifiées étaient isotonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4), protonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), métonitazène (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1), protonitazépyne (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et nitazène non mieux précisé (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4). Dix notifications concernaient une intoxication aiguë avec syndrome opioïde typique et sévère. La quasi-totalité des patients ont décrit une exposition à ces opioïdes à leur insu, pensant notamment consommer de l’héroïne ou de la <em>chimique.</em> L’évolution était favorable dans tous les cas, après administration de naloxone et/ou hospitalisation avec traitement symptomatique. Les 2 derniers dossiers rapportaient respectivement un décès (sujet retrouvé décédé, constatations autopsiques compatibles avec un décès toxique et isotonitazène seule substance d’intérêt toxicologique identifiée en post-mortem) et un trouble de l’usage à divers opioïdes dont du métonitazène. Les divers autres signaux étaient relatifs à la circulation de métonitazène et d’isotonitazène sur le territoire national.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les nitazènes sont des opioïdes au profil pharmacotoxicologique inquiétant et à risque élevé d’overdose sévère. Leur circulation sous des présentations variées complique leur détection et accroit le risque de con","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S89"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162760","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.036
M. Evrard , E. Bayle , D. Vodovar , E. Puskarczyk
<div><h3>Objectif</h3><p>L’éthylène glycol (EGL) [CAS : 107-21-1] est un polyalcool principalement utilisé comme antigel dans les liquides de refroidissement pour moteurs thermiques et dans les dégivrants de pare-brise. Au 24 mai 2024, la base nationale des produits et compositions (BNPC) du système d’information des centres antipoison (SICAP) comporte 914 produits commerciaux qui en contiennent avec parfois des concentrations de plus de 90 %. Le fomépizole (4-méthylpyrazole) est l’antidote de première intention des intoxications par EGL. Nos objectifs, à partir d’une revue de la littérature comparée à un état des lieux de la pratique clinique, sont de répondre aux questions suivantes : à partir de quelle dose supposée ingérée d’EGL doit-on craindre une intoxication, comment et quand la traiter ?</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Dans PubMed, recherche des articles avec les mots-clés « <em>fomepizole, ethylene glycol, poisoning</em> », publiés entre 2009 et 2024. Dans SICAP, extraction de tous les cas d’exposition par voie orale, entre 2019 et 2023, à des liquides de refroidissement ou à des produits antigel contenant la substance « éthylène glycol », pour lesquels les centres antipoison de Nancy et de Paris étaient les référents. Relecture critique, synthèse des cas.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>L’analyse bibliographique identifiait 98 références, dont seulement 24 articles traitaient spécifiquement de l’utilisation du fomépizole après exposition à l’EGL. Les publications pédiatriques étaient très rares (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5). En termes d’indication du fomépizole, toutes les publications suivaient les recommandations de l’<em>American Academy of Clinical Toxicology</em>, basées uniquement sur des critères paracliniques. En termes de modalités d’administration du fomépizole, toutes suivaient le protocole de Barceloux et al. (1999), visant un objectif de concentration plasmatique en EGL inférieure à 20<!--> <!-->mg/dL (0,2<!--> <!-->g/L) en fin de traitement. Dans SICAP, 131 cas ont été identifiés. Seuls 81 précisaient une dose supposée ingérée, dont 27 de manière quantitative avec le poids du patient (20,6 %). Parmi ces 27 cas, 14 n’ont présenté aucun symptôme (EGL<!--> <!-->=<!--> <!-->0,04<!--> <!-->mL/kg – 0,97<!--> <!-->mL/kg, médiane<!--> <!-->=<!--> <!-->0,145<!--> <!-->mL/kg ; s<!--> <!-->=<!--> <!-->0,25). Parmi les 13 cas restants, 8 étaient des intoxications accidentelles avec des symptômes indicatifs d’une intoxication aux glycols de gravité variée. Pour 4 de ces 13 cas, un traitement antidotique avait été préconisé (EGL<!--> <!-->=<!--> <!-->1,7.10<sup>-7</sup>mL/kg – 3,75<!--> <!-->mL/kg, médiane 0,58<!--> <!-->mL/kg ; s<!--> <!-->=<!--> <!-->1,75), et parmi ceux-ci, 3 cas (75 %) étaient des intoxications volontaires. Un seul décès a été retrouvé, dans un contexte de suicide avec prise en charge retardée et détresse vitale à l’admission. À l’admission, le dosage en EGL était de 620<!--> <!-->mg/L ; aucune précision sur
{"title":"Intoxications par l’éthylène glycol : point sur les recommandations de traitement par fomépizole, analyse des cas des centres antipoison de Nancy et Paris entre 2019 et 2023","authors":"M. Evrard , E. Bayle , D. Vodovar , E. Puskarczyk","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.036","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.036","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>L’éthylène glycol (EGL) [CAS : 107-21-1] est un polyalcool principalement utilisé comme antigel dans les liquides de refroidissement pour moteurs thermiques et dans les dégivrants de pare-brise. Au 24 mai 2024, la base nationale des produits et compositions (BNPC) du système d’information des centres antipoison (SICAP) comporte 914 produits commerciaux qui en contiennent avec parfois des concentrations de plus de 90 %. Le fomépizole (4-méthylpyrazole) est l’antidote de première intention des intoxications par EGL. Nos objectifs, à partir d’une revue de la littérature comparée à un état des lieux de la pratique clinique, sont de répondre aux questions suivantes : à partir de quelle dose supposée ingérée d’EGL doit-on craindre une intoxication, comment et quand la traiter ?</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Dans PubMed, recherche des articles avec les mots-clés « <em>fomepizole, ethylene glycol, poisoning</em> », publiés entre 2009 et 2024. Dans SICAP, extraction de tous les cas d’exposition par voie orale, entre 2019 et 2023, à des liquides de refroidissement ou à des produits antigel contenant la substance « éthylène glycol », pour lesquels les centres antipoison de Nancy et de Paris étaient les référents. Relecture critique, synthèse des cas.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>L’analyse bibliographique identifiait 98 références, dont seulement 24 articles traitaient spécifiquement de l’utilisation du fomépizole après exposition à l’EGL. Les publications pédiatriques étaient très rares (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5). En termes d’indication du fomépizole, toutes les publications suivaient les recommandations de l’<em>American Academy of Clinical Toxicology</em>, basées uniquement sur des critères paracliniques. En termes de modalités d’administration du fomépizole, toutes suivaient le protocole de Barceloux et al. (1999), visant un objectif de concentration plasmatique en EGL inférieure à 20<!--> <!-->mg/dL (0,2<!--> <!-->g/L) en fin de traitement. Dans SICAP, 131 cas ont été identifiés. Seuls 81 précisaient une dose supposée ingérée, dont 27 de manière quantitative avec le poids du patient (20,6 %). Parmi ces 27 cas, 14 n’ont présenté aucun symptôme (EGL<!--> <!-->=<!--> <!-->0,04<!--> <!-->mL/kg – 0,97<!--> <!-->mL/kg, médiane<!--> <!-->=<!--> <!-->0,145<!--> <!-->mL/kg ; s<!--> <!-->=<!--> <!-->0,25). Parmi les 13 cas restants, 8 étaient des intoxications accidentelles avec des symptômes indicatifs d’une intoxication aux glycols de gravité variée. Pour 4 de ces 13 cas, un traitement antidotique avait été préconisé (EGL<!--> <!-->=<!--> <!-->1,7.10<sup>-7</sup>mL/kg – 3,75<!--> <!-->mL/kg, médiane 0,58<!--> <!-->mL/kg ; s<!--> <!-->=<!--> <!-->1,75), et parmi ceux-ci, 3 cas (75 %) étaient des intoxications volontaires. Un seul décès a été retrouvé, dans un contexte de suicide avec prise en charge retardée et détresse vitale à l’admission. À l’admission, le dosage en EGL était de 620<!--> <!-->mg/L ; aucune précision sur ","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S91"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824001975/pdfft?md5=00634447a5e9c017269f31ba73c248d1&pid=1-s2.0-S2352007824001975-main.pdf","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142161574","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"OA","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.037
C. Tournoud , S. Sinno-Tellier , S. Michel
<div><h3>Objectif</h3><p>L’ornithogale des Pyrénées ou <em>Ornithogalum pyrenaicum</em> ou <em>Loncomelos pyrenaicus</em> (L.) Hrouda ou « asperge des bois » est une plante sauvage réputée comestible de la famille des <em>Asparagaceae</em>. Cependant, depuis plusieurs années les Centres antipoison et de toxico-vigilance (CAPTV) décrivent des cas de personnes symptomatiques après consommation de ces plantes. Pour caractériser ce signal, un partenariat a été réalisé entre le CHRU de Nancy (CAPTV pour le recueil des cas) et l’université Paris Cité (pour l’analyse des plantes) et a bénéficié du soutien financier de l’Anses dans le cadre d’une Convention de recherche et développement (2022-CRD-02).</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Étude descriptive des cas colligés par les CAPTV en 2022 et 2023. Développement de méthodes analytiques pour établir des profils de substances présentes dans la plante, en se basant sur des échantillons commerciaux. Comparaison des résultats analytiques de lots d’asperges des bois du commerce provenant de différentes régions avec ceux des plantes impliquées dans les cas rapportés aux CAPTV.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Sur la période d’étude, 8 dossiers ou repas collectifs de 2 à 5 convives ont été colligés, correspondant à 20 personnes exposées dont 12 symptomatiques. Les cas étaient répartis dans le nord-est de la France et la région Nouvelle Aquitaine. Dans 6 dossiers, il s’agissait d’une cueillette personnelle ou par un tiers, et dans 2 dossiers d’un achat sur les marchés. Le temps de cuisson était compris entre 4 et 20<!--> <!-->minutes. Le sex-ratio des exposés était égal à 1, la moyenne d’âge à 54<!--> <!-->ans (âge médian 55<!--> <!-->ans). Aucune personne n’avait d’allergie alimentaire, 14 avaient mangé ces plantes les années précédentes sans complication sauf dans un cas. Le délai moyen de survenue de symptômes était de 3<!--> <!-->h. Les symptômes présentés par les personnes étaient essentiellement ORL, à type de dysphagie intense (8 cas), sensation d’œdème pharyngé (6 cas), douleur oropharyngée (4 cas), œdème buccal ou des lèvres (4 cas), dysphonie (2 cas), hypersialorrhéee (1 cas) ; plus rarement digestifs ou cutanés. 8 patients ont bénéficié d’une consultation médicale et ont reçu des antihistaminiques et 4 des corticoïdes. Un cas d’œdème de Quincke était observé ayant nécessité, en plus, une oxygénothérapie, des aérosols de terbutaline et d’adrénaline.</p><p>L’examen microscopique des plantes (trois échantillons du commerce et un échantillon de plantes associées à au moins un cas symptomatique) après lyophilisation a montré une très grande richesse en mucilages ainsi qu’en raphides d’oxalate de calcium. L’analyse phytochimique a été réalisée par plusieurs techniques chromatographiques : CCM (chromatographie sur couche mince), CLHP (chromatographie liquide à haute performance), CPG (chromatographie en phase gazeuse). Cette analyse a permis de mettre en évidence la présence de sucres, d’acides gras, ainsi
{"title":"Loncomelos pyrenaicus ou asperges des bois : to eat or not to eat","authors":"C. Tournoud , S. Sinno-Tellier , S. Michel","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.037","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.037","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>L’ornithogale des Pyrénées ou <em>Ornithogalum pyrenaicum</em> ou <em>Loncomelos pyrenaicus</em> (L.) Hrouda ou « asperge des bois » est une plante sauvage réputée comestible de la famille des <em>Asparagaceae</em>. Cependant, depuis plusieurs années les Centres antipoison et de toxico-vigilance (CAPTV) décrivent des cas de personnes symptomatiques après consommation de ces plantes. Pour caractériser ce signal, un partenariat a été réalisé entre le CHRU de Nancy (CAPTV pour le recueil des cas) et l’université Paris Cité (pour l’analyse des plantes) et a bénéficié du soutien financier de l’Anses dans le cadre d’une Convention de recherche et développement (2022-CRD-02).</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Étude descriptive des cas colligés par les CAPTV en 2022 et 2023. Développement de méthodes analytiques pour établir des profils de substances présentes dans la plante, en se basant sur des échantillons commerciaux. Comparaison des résultats analytiques de lots d’asperges des bois du commerce provenant de différentes régions avec ceux des plantes impliquées dans les cas rapportés aux CAPTV.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Sur la période d’étude, 8 dossiers ou repas collectifs de 2 à 5 convives ont été colligés, correspondant à 20 personnes exposées dont 12 symptomatiques. Les cas étaient répartis dans le nord-est de la France et la région Nouvelle Aquitaine. Dans 6 dossiers, il s’agissait d’une cueillette personnelle ou par un tiers, et dans 2 dossiers d’un achat sur les marchés. Le temps de cuisson était compris entre 4 et 20<!--> <!-->minutes. Le sex-ratio des exposés était égal à 1, la moyenne d’âge à 54<!--> <!-->ans (âge médian 55<!--> <!-->ans). Aucune personne n’avait d’allergie alimentaire, 14 avaient mangé ces plantes les années précédentes sans complication sauf dans un cas. Le délai moyen de survenue de symptômes était de 3<!--> <!-->h. Les symptômes présentés par les personnes étaient essentiellement ORL, à type de dysphagie intense (8 cas), sensation d’œdème pharyngé (6 cas), douleur oropharyngée (4 cas), œdème buccal ou des lèvres (4 cas), dysphonie (2 cas), hypersialorrhéee (1 cas) ; plus rarement digestifs ou cutanés. 8 patients ont bénéficié d’une consultation médicale et ont reçu des antihistaminiques et 4 des corticoïdes. Un cas d’œdème de Quincke était observé ayant nécessité, en plus, une oxygénothérapie, des aérosols de terbutaline et d’adrénaline.</p><p>L’examen microscopique des plantes (trois échantillons du commerce et un échantillon de plantes associées à au moins un cas symptomatique) après lyophilisation a montré une très grande richesse en mucilages ainsi qu’en raphides d’oxalate de calcium. L’analyse phytochimique a été réalisée par plusieurs techniques chromatographiques : CCM (chromatographie sur couche mince), CLHP (chromatographie liquide à haute performance), CPG (chromatographie en phase gazeuse). Cette analyse a permis de mettre en évidence la présence de sucres, d’acides gras, ainsi ","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S91-S92"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142161575","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.038
R. Magny , B. Bardeche-Trystram , B. Mégarbane , L. Labat , P. Houzé
<div><h3>Objectif</h3><p>Confirmer une intoxication volontaire pauci-symptomatique à la poudre de noix de muscade.</p></div><div><h3>Historique du cas</h3><p>Un homme de 35<!--> <!-->ans dépressif traité par mirtazapine (15<!--> <!-->mg/j) et escitalopram (20<!--> <!-->mg/j) se présente spontanément aux urgences suite à la consommation volontaire, la veille, d’une quantité inconnue d’alcool et de 50 à 100<!--> <!-->g de poudre de noix de muscade. À l’admission, le patient est conscient (Glasgow 15) mais se sent « étrange » et se plaint de vertiges et d’hallucinations. Le reste du bilan clinicobiologique est sans particularité. Après avis du Centre antipoison de Paris, le patient est admis en réanimation médicale et toxicologique (RMT) pour surveillance. L’évolution rapidement favorable permet la sortie du patient après 24<!--> <!-->heures d’hospitalisation. Des prélèvements de sang et d’urines de l’admission en RMT sont transmis au laboratoire de toxicologie pour confirmer une exposition à la poudre de noix de muscade.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Un bilan toxicologique d’urgence est réalisé sur plasma et urines par méthodes immunochimiques et enzymatiques (Alinity™, Abbott), complété par un screening et une quantification par LC-HR/MS (Q Exactive Focus™, Thermo Scientific) en mode ciblé et non ciblé. L’analyse urinaire, après déconjugaison, a été complétée par un screening en chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Seul de l’éthylglucuronide urinaire à 0,15<!--> <!-->mg/L est retrouvé dans le premier bilan. Les screenings ciblés plasmatique et urinaire ont identifié de l’escitalopram, de la mirtazapine et leurs métabolites déméthylés. Les concentrations plasmatiques des antidépresseurs étaient en zone thérapeutiques. Le screening non ciblé a identifié des métabolites de phases I et II du safrole, de la myristicine et de l’élémicine, dérivés de l’allylcatéchol, composants de la noix de muscade. Dans les urines, la desmethyl-élémicine a pu être identifiée ainsi que les formes glucuro- et sulfoconjugées de l’hydroxy-safrole, de l’hydroxy-myristicine et de la desmethyl-élémicine. La présence de certains de ces différents composés a été confirmée en GC-MS. Dans le plasma, seuls des dérivés conjugués de l’hydroxy-myristicine et de la desmethyl-élémicine ont été identifiés.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les dérivés de l’allylcatéchol sont responsables des manifestations cliniques qui habituellement perdurent entre 3 et 8<!--> <!-->heures post-ingestion <span><span>[1]</span></span>. Les effets centraux décrits, dont les vertiges, hallucinations, confusion, sont en lien avec une activité <em>amphétamine-like</em> de métabolites de la myristicine et de l’élémicine tandis que les troubles cardiaques sont liés aux propriétés IMAO de la myristicine <span><span>[2]</span></span>. Chez notre patient, seuls des troubles centraux ont été observés, en accord avec la détection de métabolit
{"title":"Apport de l’analyse toxicologique dans un cas d’exposition à la poudre de noix de muscade","authors":"R. Magny , B. Bardeche-Trystram , B. Mégarbane , L. Labat , P. Houzé","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.038","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.038","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Confirmer une intoxication volontaire pauci-symptomatique à la poudre de noix de muscade.</p></div><div><h3>Historique du cas</h3><p>Un homme de 35<!--> <!-->ans dépressif traité par mirtazapine (15<!--> <!-->mg/j) et escitalopram (20<!--> <!-->mg/j) se présente spontanément aux urgences suite à la consommation volontaire, la veille, d’une quantité inconnue d’alcool et de 50 à 100<!--> <!-->g de poudre de noix de muscade. À l’admission, le patient est conscient (Glasgow 15) mais se sent « étrange » et se plaint de vertiges et d’hallucinations. Le reste du bilan clinicobiologique est sans particularité. Après avis du Centre antipoison de Paris, le patient est admis en réanimation médicale et toxicologique (RMT) pour surveillance. L’évolution rapidement favorable permet la sortie du patient après 24<!--> <!-->heures d’hospitalisation. Des prélèvements de sang et d’urines de l’admission en RMT sont transmis au laboratoire de toxicologie pour confirmer une exposition à la poudre de noix de muscade.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Un bilan toxicologique d’urgence est réalisé sur plasma et urines par méthodes immunochimiques et enzymatiques (Alinity™, Abbott), complété par un screening et une quantification par LC-HR/MS (Q Exactive Focus™, Thermo Scientific) en mode ciblé et non ciblé. L’analyse urinaire, après déconjugaison, a été complétée par un screening en chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Seul de l’éthylglucuronide urinaire à 0,15<!--> <!-->mg/L est retrouvé dans le premier bilan. Les screenings ciblés plasmatique et urinaire ont identifié de l’escitalopram, de la mirtazapine et leurs métabolites déméthylés. Les concentrations plasmatiques des antidépresseurs étaient en zone thérapeutiques. Le screening non ciblé a identifié des métabolites de phases I et II du safrole, de la myristicine et de l’élémicine, dérivés de l’allylcatéchol, composants de la noix de muscade. Dans les urines, la desmethyl-élémicine a pu être identifiée ainsi que les formes glucuro- et sulfoconjugées de l’hydroxy-safrole, de l’hydroxy-myristicine et de la desmethyl-élémicine. La présence de certains de ces différents composés a été confirmée en GC-MS. Dans le plasma, seuls des dérivés conjugués de l’hydroxy-myristicine et de la desmethyl-élémicine ont été identifiés.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les dérivés de l’allylcatéchol sont responsables des manifestations cliniques qui habituellement perdurent entre 3 et 8<!--> <!-->heures post-ingestion <span><span>[1]</span></span>. Les effets centraux décrits, dont les vertiges, hallucinations, confusion, sont en lien avec une activité <em>amphétamine-like</em> de métabolites de la myristicine et de l’élémicine tandis que les troubles cardiaques sont liés aux propriétés IMAO de la myristicine <span><span>[2]</span></span>. Chez notre patient, seuls des troubles centraux ont été observés, en accord avec la détection de métabolit","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S92-S93"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142161576","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.005
C. Chevallier , M. Evrard , A.M. Pouget , French PCC Research group , L. Dufayet
<div><h3>Contexte</h3><p>L’usage détourné du protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) non médical à visée récréative a pris de l’ampleur en France depuis 2018 notamment chez des usagers jeunes <span><span>[1]</span></span>. La loi du 1<sup>er</sup> juin 2021 a été adoptée pour lutter contre cet usage détourné : la vente de N<sub>2</sub>O est depuis interdite aux mineurs <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Objectif</h3><p>Étudier l’impact de cette loi sur la prévalence des intoxications au N<sub>2</sub>O chez les mineurs au travers des données des Centres AntiPoison (CAP-TV) français et réaliser une analyse descriptive des complications observées chez les mineurs.</p></div><div><h3>Méthodologie</h3><p>Étude rétrospective des cas d’intoxication par le N<sub>2</sub>O en France à partir du système d’information des CAP-TV (SICAP) dans un contexte d’usage détourné à visée récréative chez les mineurs et les majeurs sur deux périodes distinctes autour de la promulgation de la loi : (1) 01/01/2019–31/05/2021 et (2) 01/06/2021–31/10/2023. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel GraphPad Prism 10, des corrélations de Spearman, des tests de Fischer de Mann Whitney ont été utilisés en fonction de l’échantillon et des variables étudiées. Le <em>Poison Severity Score</em> (PSS) a été utilisé pour évaluer la gravité des cas <span><span>[3]</span></span>.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 990 cas d’expositions volontaires au N<sub>2</sub>O ont été recensés sur la période d’étude. L’âge médian était de 21,0<!--> <!-->ans [2,18][18,7 ;24,2], le sex-ratio de 1,3 et 17,2 % des cas concernaient des mineurs (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->185). Le PSS était à 0 dans 2 % des cas, à 1 dans 49 % des cas, à 2 dans 40 % et à 3 dans 9 % des cas, aucun décès n’était rapporté, la médiane était à 1, la moyenne à 1,5. Avant la loi, on notait une augmentation du nombre de cas au cours du temps chez les majeurs et chez les mineurs (Rho de Spearman à 0,87 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et 0,60 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) respectivement), augmentation qui n’était pas retrouvée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,50 et <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,76). Si la proportion de mineurs était moins importante après la loi (19,6 versus 15,9 %), cette différence n’était pas statistiquement significative (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,17). Chez les mineurs, nous n’observions pas de différence entre les deux périodes pour l’âge médian (16,3 versus 16,1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,32) ou le PSS (1 versus 1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,07). La proportion de filles était significativement plus élevée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01). Cette différence liée au sexe n’était pas observée chez les majeurs (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,59). On ne notait pas de différence de gravité des cas en fonction du sexe. Cette gravité est moyenne ou forte dans 49 % des cas et des troubles neurologiques sont décrits chez 91 m
{"title":"Intoxications par le protoxyde d’azote non médical chez les mineurs : analyses des données des Centres AntiPoison français entre 2019 et 2023","authors":"C. Chevallier , M. Evrard , A.M. Pouget , French PCC Research group , L. Dufayet","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.005","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.005","url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>L’usage détourné du protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) non médical à visée récréative a pris de l’ampleur en France depuis 2018 notamment chez des usagers jeunes <span><span>[1]</span></span>. La loi du 1<sup>er</sup> juin 2021 a été adoptée pour lutter contre cet usage détourné : la vente de N<sub>2</sub>O est depuis interdite aux mineurs <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Objectif</h3><p>Étudier l’impact de cette loi sur la prévalence des intoxications au N<sub>2</sub>O chez les mineurs au travers des données des Centres AntiPoison (CAP-TV) français et réaliser une analyse descriptive des complications observées chez les mineurs.</p></div><div><h3>Méthodologie</h3><p>Étude rétrospective des cas d’intoxication par le N<sub>2</sub>O en France à partir du système d’information des CAP-TV (SICAP) dans un contexte d’usage détourné à visée récréative chez les mineurs et les majeurs sur deux périodes distinctes autour de la promulgation de la loi : (1) 01/01/2019–31/05/2021 et (2) 01/06/2021–31/10/2023. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel GraphPad Prism 10, des corrélations de Spearman, des tests de Fischer de Mann Whitney ont été utilisés en fonction de l’échantillon et des variables étudiées. Le <em>Poison Severity Score</em> (PSS) a été utilisé pour évaluer la gravité des cas <span><span>[3]</span></span>.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 990 cas d’expositions volontaires au N<sub>2</sub>O ont été recensés sur la période d’étude. L’âge médian était de 21,0<!--> <!-->ans [2,18][18,7 ;24,2], le sex-ratio de 1,3 et 17,2 % des cas concernaient des mineurs (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->185). Le PSS était à 0 dans 2 % des cas, à 1 dans 49 % des cas, à 2 dans 40 % et à 3 dans 9 % des cas, aucun décès n’était rapporté, la médiane était à 1, la moyenne à 1,5. Avant la loi, on notait une augmentation du nombre de cas au cours du temps chez les majeurs et chez les mineurs (Rho de Spearman à 0,87 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et 0,60 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) respectivement), augmentation qui n’était pas retrouvée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,50 et <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,76). Si la proportion de mineurs était moins importante après la loi (19,6 versus 15,9 %), cette différence n’était pas statistiquement significative (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,17). Chez les mineurs, nous n’observions pas de différence entre les deux périodes pour l’âge médian (16,3 versus 16,1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,32) ou le PSS (1 versus 1, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,07). La proportion de filles était significativement plus élevée après la loi (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01). Cette différence liée au sexe n’était pas observée chez les majeurs (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,59). On ne notait pas de différence de gravité des cas en fonction du sexe. Cette gravité est moyenne ou forte dans 49 % des cas et des troubles neurologiques sont décrits chez 91 m","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S72"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162320","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-09-10DOI: 10.1016/j.toxac.2024.08.019
D. Vodovar
Objectif
En France, le paracétamol est impliqué dans environ un tiers des tentatives de suicide impliquant des médicaments [1]. L’intoxication aiguë par le paracétamol nécessite un bilan hépatique (ASAT et ALAT), un bilan d’hémostase (TP ou INR), et une paracétamolémie à partir de la quatrième heures après l’ingestion [2]. L’ingestion aiguë massive de paracétamol peut être suspectée devant une dose supposée ingérée > 25 à 30 g chez l’adulte ou une paracétamolémie extrapolée à la quatrième heure > 250 mg/L [3]. Bien que rare, ce type d’intoxication nécessite la surveillance répétée de la paracétamolémie et la mesure de biomarqueurs additionnels. La mesure de la paracétamolémie n’est généralement pas répétée et guide l’administration précoce de N-acétylcystéine, l’antidote [2]. Pour les intoxications massives, la paracétamolémie doit être répétée pour détecter une absorption prolongée ou une élimination retardée, étant donné l’élimination rénale du paracétamol et de son métabolite actif. La créatinine doit par conséquent être mesurée de manière répétée, d’autant plus qu’il existe un risque d’insuffisance rénale aiguë [3]. Deux autres éléments doivent également être mesurés, le lactate et la réserve alcaline. En effet les intoxications massives par paracétamol peuvent entraîner deux types d’acidose métabolique à trou anionique augmenté liée à l’augmentation du lactate [4]. La première est précoce (dans les cinq heures suivant l’ingestion) et précède l’hépatotoxicité. Elle est souvent associée à des troubles de conscience, et est liée au blocage mitochondrial des complexes I et II de la chaîne respiratoire mitochondrial par le N-acétyl-p-benzoquinone imine (NAPQI). La seconde est tardive, associée à l’hépatotoxicité et à la défaillance multiviscérale. Enfin, d’autres biomarqueurs tels que la procalcitonine ou les adduits du paracétamol pourraient être pertinents pour détecter et prédire la gravité des intoxications massives par paracétamol.
目标在法国,大约三分之一的企图服药自杀事件都与扑热息痛有关[1]。急性扑热息痛中毒需要进行肝脏检查(AST 和 ALAT)、止血检查(PT 或 INR)以及摄入扑热息痛四小时后的血液检测[2]。如果成人的推测摄入剂量为 25 至 30 克,或推断四小时后的扑热息痛浓度为 250 毫克/升,则可能怀疑急性大量摄入扑热息痛[3]。这种中毒虽然罕见,但需要反复监测扑热息痛水平并测量其他生物标志物。对乙酰氨基酚水平的测量一般不重复进行,而是作为早期服用解毒剂 N-乙酰半胱氨酸的指导[2]。在大量中毒的情况下,鉴于对乙酰氨基酚及其活性代谢物经肾脏排出,应重复测量对乙酰氨基酚水平,以检测吸收延长或排出延迟的情况。因此,应反复测量肌酐,尤其是因为存在急性肾衰竭的风险[3]。还需要测量另外两个元素:乳酸和碱性储备。大量扑热息痛中毒可导致两种类型的代谢性酸中毒,阴离子间隙增加与乳酸增加有关[4]。第一种是早期酸中毒(摄入后 5 小时内),发生在肝中毒之前。它通常与意识障碍有关,并与 N-乙酰对苯醌亚胺(NAPQI)阻断线粒体呼吸链复合物 I 和 II 有关。其次是晚期,与肝毒性和多器官衰竭有关。最后,其他生物标志物,如降钙素原或扑热息痛加合物,也可用于检测和预测大量扑热息痛中毒的严重程度。
{"title":"Place de la paracétamolémie et des biomarqueurs au cours des intoxications massives et/ou graves par paracétamol","authors":"D. Vodovar","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.019","DOIUrl":"10.1016/j.toxac.2024.08.019","url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>En France, le paracétamol est impliqué dans environ un tiers des tentatives de suicide impliquant des médicaments <span><span>[1]</span></span>. L’intoxication aiguë par le paracétamol nécessite un bilan hépatique (ASAT et ALAT), un bilan d’hémostase (TP ou INR), et une paracétamolémie à partir de la quatrième heures après l’ingestion <span><span>[2]</span></span>. L’ingestion aiguë massive de paracétamol peut être suspectée devant une dose supposée ingérée<!--> <!-->><!--> <!-->25 à 30<!--> <!-->g chez l’adulte ou une paracétamolémie extrapolée à la quatrième heure<!--> <!-->><!--> <!-->250<!--> <!-->mg/L <span><span>[3]</span></span>. Bien que rare, ce type d’intoxication nécessite la surveillance répétée de la paracétamolémie et la mesure de biomarqueurs additionnels. La mesure de la paracétamolémie n’est généralement pas répétée et guide l’administration précoce de N-acétylcystéine, l’antidote <span><span>[2]</span></span>. Pour les intoxications massives, la paracétamolémie doit être répétée pour détecter une absorption prolongée ou une élimination retardée, étant donné l’élimination rénale du paracétamol et de son métabolite actif. La créatinine doit par conséquent être mesurée de manière répétée, d’autant plus qu’il existe un risque d’insuffisance rénale aiguë <span><span>[3]</span></span>. Deux autres éléments doivent également être mesurés, le lactate et la réserve alcaline. En effet les intoxications massives par paracétamol peuvent entraîner deux types d’acidose métabolique à trou anionique augmenté liée à l’augmentation du lactate <span><span>[4]</span></span>. La première est précoce (dans les cinq heures suivant l’ingestion) et précède l’hépatotoxicité. Elle est souvent associée à des troubles de conscience, et est liée au blocage mitochondrial des complexes I et II de la chaîne respiratoire mitochondrial par le N-acétyl-p-benzoquinone imine (NAPQI). La seconde est tardive, associée à l’hépatotoxicité et à la défaillance multiviscérale. Enfin, d’autres biomarqueurs tels que la procalcitonine ou les adduits du paracétamol pourraient être pertinents pour détecter et prédire la gravité des intoxications massives par paracétamol.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S80"},"PeriodicalIF":1.8,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"142162324","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}