Évaluer la proportion de cas de suspicion de soumission chimique impliquant du GHB via un bilan toxicologique adapté pour toute personne majeure se présentant comme victime d’une soumission chimique de moins de 10 heures, à l’UMJ de l’Hôtel-Dieu ou dans les services d’urgence de l’Hôtel-Dieu et de Cochin.
Inclusion des personnes majeures s’étant présentée à l’UMJ de l’Hôtel-Dieu ou aux urgences de l’Hôtel-Dieu et de Cochin, pour des faits suspectés de suspicion de soumission chimique. Un test urinaire de dépistage rapide par immuno-chromatographie (Multidrug et GHB, Drugscreen, Nal Von Miden®) était réalisé. Des prélèvements sanguins et urinaires supplémentaires étaient adressés au laboratoire de toxicologie de Lariboisière pour un bilan toxicologique adapté à la soumission chimique et comprenant entre autres un « screening » ciblé par méthode chromatographie liquide haute performance couplée à de la spectrométrie de masse haute résolution (LCMS/HR). Cette étude a reçu l’aval du Comité d’éthique de la recherche AP–HP Centre, et est enregistré sous le numéro IRB #00011928 et est inscrite au registre général des traitements de l’AP–HP.
Au total, 49 personnes ont actuellement été incluses dans l’étude. Le délai moyen d’inclusion était de 6,42 heures. Le sex ratio était de 0,36. L’âge médian était de 24,2 ans. Une consommation volontaire d’alcool était rapportée dans 82 % des cas. Une consommation volontaire d’autre substance psychoactive (SPA) était rapportée dans 30 % des cas. Six cas étaient positifs au GHB dans les urines (moyenne : 563 mg/L ; SD : 427,6 mg/L), trois étaient également positifs dans le sang (moyenne : 25,5 mg/L ; SD : 38,7 mg/L). Parmi ces six patients, cinq ne rapportaient pas de consommation volontaire de GHB, soit 10,2 % des patients inclus (quatre hommes et une femme). Trois de ces patients déclaraient la prise volontaire de SPA dans un contexte de chemsex, sans prise volontaire de GHB associée. Par ailleurs, d’autres SPA non déclarées étaient également retrouvées chez sept autres patients, notamment des benzodiazépines et des substances non médicamenteuses, laissant supposer des soumissions chimiques vraisemblables.
Le GHB est souvent incriminé dans les suspicions de soumission chimique, sans que sa présence ne soit documentée analytiquement, souvent en raison de délais d’inclusion trop longs [1]. Ce travail a permis de mettre en évidence une proportion non négligeable de soumission chimique vraisemblable au GHB, souvent dans un contexte initial de chemsex. Des études complémentaires en partenariat avec des services d’urgences sont nécessaires afin de mieux appréhender ce phénomène.
Mieux dépister, déclarer en toxico-vigilance et prendre en charge une HTA sévère induite par une consommation chronique de réglisse car pathologie émergeante sous-diagnostiquée, sous-déclarée et mal connue des cliniciens [1].
Étude monocentrique rétrospective de 5 cas graves d’intoxication chronique à la réglisse, collectés entre le 04/08/2022 et le 21/01/2024, en soins intensifs de Néphrologie. Les paramètres étudiés : nature de réglisse consommée, dose ingérée, durée d’exposition, âge, sexe, signes cliniques (pression artérielle, signes neurologiques, digestifs, autres) et biologiques (kaliémie, bicarbonatémie, ionogramme urinaire, réninémie, aldostéronémie, taux sérique d’acide glycyrrhétique).
La réglisse était consommée sous forme d’antésite, bonbons, rouleaux, pastis sans alcool. La durée d’exposition va de 8 mois à plus de 40 ans (Figure 1).
Dans notre série, les résultats des dosages sanguins d’acide glycyrrhétique par LC/MS tandem vont d’une détection résiduelle < 1ng/mL à 49 ng/mL sur prise d’antésite. Les valeurs les plus élevées sont retrouvées chez 2 patients cirrhotiques (49 et 21 ng/mL) avec risque majoré de bioaccumulation de l’acide glycyrrhétique [1]. On observe 2 cas avec une cinétique décroissante rapide du taux d’acide glycyrrhétique après arrêt de la consommation de réglisse, et 2 patients avec une pathologie surrénalienne non sécrétante, sans lien établi avec la prise réglisse.
Le pseudo-hyperaldostéronisme lié à l’intoxication par la réglisse est un tableau clinico-biologique qui associe HTA sévère, céphalées, grande asthénie, fatigabilité musculaire, pseudo-paralysie, hypokaliémie profonde et alcalose métabolique. L’ionogramme urinaire montre généralement une fuite de potassium, mais inconstante si déshydratation, diarrhée ou diurétique. L’absence d’arguments pour un hyperaldostéronisme ou un hypercorticisme élimine les diagnostics différentiels. L’arrêt de la consommation de réglisse est indispensable pour obtenir la guérison des patients, le pronostic vital pouvant être engagé initialement sur les conséquences de l’hypokaliémie (arythmies, voire arrêt cardio-respiratoire) et de l’HTA sévère (AVC) [2].
La consommation quotidienne de réglisse peut conduire à une triade : HTA sévère, hypokaliémie, alcalose métabolique [1]. Le diagnostic doit-être évoqué dès l’admission pour effectuer un dosage toxicologique et conduire ensuite à une déclaration de toxico-vigilance au centre antipoison.
Toxiques cardiotropes – nombreux, seront discutés les inhibiteurs de canaux de calcium, béta-bloquants, antagonistes de canaux de sodium.
Spécifique pour chacune des classes, selon les récepteurs et canaux transmembranaire inactivés.
3 sous classes dont les phenylalkylamines (vérapamil) et benzothiazépines (diltiazem) ont un effet cardiaque type inotrope négatif et bradycardisant. Ces molécules se fixent à l’intérieur du pore du canal de calcium type L. Dihydropyridines (amlodipine, nicardipine) à effet essentiellement vasodilatateur et se fixent à l’extérieur du pore du canal de calcium. Le vérapamil à des concentrations toxiques est également bloqueur de canaux de sodium.
Effet bradycardisant et inotrope négatif par inhibition compétitive du récepteur béta-1 adrénergique. Certains bétabloquants comme propranolol, acébutolol à des concentrations toxiques sont bloqueurs de canaux de sodium.
Classe I de la classification antiarythmiques de Vaughan Williams et la classification contemporaine revue élargie [1]. Nombreuses molécules avec effet stabilisant de membrane d’autres classes thérapeutiques comme antidépresseurs polycycliques, cocaïne, IRSS. Le blocage des canaux de sodium a un effet inotrope négatif et pro arythmogène favorisant la tachycardie ventriculaire et la fibrillation ventriculaire.
Insuline eu glycémique, sels de calcium, catécholamines, et avec efficacité plus discutable – bleu de méthylène, émulsions lipidiques.
Atropine, glucagon, catécholamines à effet prédominant béta-1 (inotrope positif), insuline eu glycémique, épuration extrarénale pour bétabloquants dialysables (aténolol, sotalol, nadolol), émulsions lipidiques.
Sels de sodium, lidocaïne ou phénytoïne pour classes Ia et Ic, émulsions lipidiques. Assistance circulatoire ECLS si réfractaire au traitement médical [2].
Guidelines récentes sur la prise en charge des intoxications par des produits cardiotropes [3]. Étude randomisée chez les sujets sains évaluant l’efficacité du glucagon [4].
Les brûlures oculaires représentent 11 à 22 % des traumatismes oculaires. Elles peuvent être de différentes natures (thermiques, chimiques ou par radiation). Les formes sévères peuvent mener à la cécité ou à la perte du globe oculaire.
Un rinçage abondant de la surface oculaire doit être réalisé le plus rapidement possible après une exposition à un caustique, et son efficacité est contrôlée par une mesure du pH au niveau de la conjonctive avec une bandelette urinaire.
L’examen à l’ophtalmoscope ou à la lampe à fente après instillation d’une goutte de fluorescéine est systématique pour stadifier la brûlure, notamment en cas de signes d’alarme (baisse d’acuité, blépharospasme, altération de la transparence cornéenne). Une coloration à la fluoréscéine ou une perte de transparence cornéenne doivent motiver un avis ophtalmologique rapide. Une tomographie par cohérence optique est réalisée en cas d’atteinte cornéenne pour évaluer un remaniement stromal ou pour évaluer une atteinte de la chambre antérieure et du segment postérieur dans les cas les plus sévères. En cas de traumatisme facial ou de projection métallique, un scanner du massif facial et de l’orbite est réalisé à la recherche de fractures ou de corps étrangers métalliques.
La prise en charge initiale dépend de la sévérité de l’atteinte initiale, et peut inclure des collyres/pommades lubrifiantes, des cycloplégiques, des corticoïdes locaux, de la vitamine C et de la doxycycline. Les cas sévères peuvent requérir une prise en charge chirurgicale pour parer les tissus nécrotiques, réaliser une greffe de membrane amniotique.