Scudery revendique un lien particulier avec Sapho. Cependant, d’autres poetesses grecques apparaissent egalement dans son œuvre. Ces modeles antiques, a travers leur pluralite, servent de point d’ancrage pour le developpement d’une pensee forte et coherente sur l’ecriture et sur le style preconise, notamment pour les femmes. Toutefois, ils subissent un affadissement sensible en passant des Femmes illustres ou les Harangues heroiques (1642) a « L’Histoire de Sapho » (1649-1653, dans l’Artamene ou le Grand Cyrus) puis a la Clelie (1654-1660). Cet affadissement fonctionne comme un symptome du desenchantement grandissant de Scudery, bien qu’elle ne renonce pas a une mise en valeur du role que les femmes doivent jouer dans le domaine litteraire.
{"title":"Promenades désenchantées en « mer Dangereuse » : Madeleine de Scudéry, Sapho et Erinne aux prises avec le monde","authors":"A. Debrosse","doi":"10.4000/EPISTEME.464","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.464","url":null,"abstract":"Scudery revendique un lien particulier avec Sapho. Cependant, d’autres poetesses grecques apparaissent egalement dans son œuvre. Ces modeles antiques, a travers leur pluralite, servent de point d’ancrage pour le developpement d’une pensee forte et coherente sur l’ecriture et sur le style preconise, notamment pour les femmes. Toutefois, ils subissent un affadissement sensible en passant des Femmes illustres ou les Harangues heroiques (1642) a « L’Histoire de Sapho » (1649-1653, dans l’Artamene ou le Grand Cyrus) puis a la Clelie (1654-1660). Cet affadissement fonctionne comme un symptome du desenchantement grandissant de Scudery, bien qu’elle ne renonce pas a une mise en valeur du role que les femmes doivent jouer dans le domaine litteraire.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110046","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article considere la representation litteraire des curieux dans les livres de caracteres anglais du XVIIe siecle en tant qu’elle reflete et contribue a une perception changeante de la notion de curiosite au cours du siecle. En effet, le passage du topos biblique de la vanite de toutes choses a la description de comportements vains donne lieu a une rehabilitation partielle de la curiosite dans les livres de caracteres. En demontrant que les caracteres de curieux ne sont pas tous atteints de vanite intellectuelle, les livres de caracteres permettent a la curiosite d’echapper en partie a l’ombre portee de la vanite. Cet article analyse la maniere dont les livres de caracteres, par leur visee d’exploration des comportements humains et par la forme a la fois breve et elaboree qu’ils donnent a cette exploration, revendiquent un droit a la curiosite comme desir d’apprendre mais aussi comme objet rare.
{"title":"« He onely reades those charactars, where time hath eaten out the letters »: du vain compilateur au fin collectionneur","authors":"Claire Labarbe","doi":"10.4000/EPISTEME.466","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.466","url":null,"abstract":"Cet article considere la representation litteraire des curieux dans les livres de caracteres anglais du XVIIe siecle en tant qu’elle reflete et contribue a une perception changeante de la notion de curiosite au cours du siecle. En effet, le passage du topos biblique de la vanite de toutes choses a la description de comportements vains donne lieu a une rehabilitation partielle de la curiosite dans les livres de caracteres. En demontrant que les caracteres de curieux ne sont pas tous atteints de vanite intellectuelle, les livres de caracteres permettent a la curiosite d’echapper en partie a l’ombre portee de la vanite. Cet article analyse la maniere dont les livres de caracteres, par leur visee d’exploration des comportements humains et par la forme a la fois breve et elaboree qu’ils donnent a cette exploration, revendiquent un droit a la curiosite comme desir d’apprendre mais aussi comme objet rare.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110162","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans cet article, nous essayons de montrer que Robert Burton et Tomaso Garzoni ont ecrit des textes encyclopediques dans lesquels la vanite de la libido sciendi est mise en scene de diverses manieres. Les structures cumulatives de l’Anatomy of Melancholy et d’Il Teatro de’ vari e diversi cervelli mondani tendent a decomposer le texte savant, qui devient confus et plein de contradictions. L’ironie et les anecdotes plaisantes deconstruisent le projet didactique des traites, tandis que l’analogie entre l’auteur et les hommes qu’il etudie revele les limites de l’autorite du savant. La metaphore theâtrale, qui assimile l’auteur a un acteur ou le texte a un spectacle, suggere la vanite du savoir deploye par le traite. Toutefois, les textes ne demontrent pas l’illegitimite de la curiosite : ils suggerent plutot les limites de l’entreprise, des lors que son objet est la nature humaine, dans sa variete et sa finitude.
在这篇文章中,我们试图展示罗伯特·伯顿和托马索·加尔佐尼写了百科全书式的文本,在这些文本中,科学力比多的虚荣以各种方式呈现出来。《忧郁的anatomy of Melancholy》和《il Teatro de ' vari e diversi cervelli mondani》的累积结构倾向于分解学术文本,使其变得混乱和矛盾。讽刺和有趣的轶事解构了论文的教学计划,而作者和他所研究的人之间的类比揭示了学者权威的局限性。戏剧隐喻将作者等同于演员,或将文本等同于奇观,暗示了知识的虚荣心。然而,这些文本并没有显示好奇心的文盲,而是暗示了企业的局限性,因为它的对象是人性的多样性和有限性。
{"title":"Curiosité et vanité chez le sujet anthropologue de la première modernité (Robert Burton, Tomazo Garzoni)","authors":"Anne Teulade","doi":"10.4000/episteme.467","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/episteme.467","url":null,"abstract":"Dans cet article, nous essayons de montrer que Robert Burton et Tomaso Garzoni ont ecrit des textes encyclopediques dans lesquels la vanite de la libido sciendi est mise en scene de diverses manieres. Les structures cumulatives de l’Anatomy of Melancholy et d’Il Teatro de’ vari e diversi cervelli mondani tendent a decomposer le texte savant, qui devient confus et plein de contradictions. L’ironie et les anecdotes plaisantes deconstruisent le projet didactique des traites, tandis que l’analogie entre l’auteur et les hommes qu’il etudie revele les limites de l’autorite du savant. La metaphore theâtrale, qui assimile l’auteur a un acteur ou le texte a un spectacle, suggere la vanite du savoir deploye par le traite. Toutefois, les textes ne demontrent pas l’illegitimite de la curiosite : ils suggerent plutot les limites de l’entreprise, des lors que son objet est la nature humaine, dans sa variete et sa finitude.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110456","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
A premiere vue, tout devrait opposer curiosite et vanite. L’une, dynamique, la curiosite, que rien a priori ne devrait borner, repond au desir irrepressible de savoir, la libido sciendi en son sens large, cedant au gout de l’etrange, du different, de l’objet singulier a l’origine des collections et des cabinets de curiosites, voire des accumulations « maniaques », comme la bibliotheque imaginaire de Thomas Browne, Museum Clausum (1683), ou des voyages en quete d’inconnu, meme sous les aspects...
乍一看,一切都应该是好奇和虚荣。curiosite、动态之一,绝不应仅将先验repond渴望知识,是性欲,sciendi在其广义的滋味时,cedant l’etrange奇特物体的新书》,起初curiosites事务所和收藏,甚至出现了囤积«»,如同梦幻书房里狂Clausum Thomas Browne博物馆(1683年),或者找未知的旅行,甚至在方方面面...
{"title":"Avant-propos. Curiosité(s) et Vanité(s) dans les Îles britanniques et en Europe (XVIe-XVIIe siècles)","authors":"G. Venet, L. Cottegnies, Sandrine Parageau","doi":"10.4000/episteme.469","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/episteme.469","url":null,"abstract":"A premiere vue, tout devrait opposer curiosite et vanite. L’une, dynamique, la curiosite, que rien a priori ne devrait borner, repond au desir irrepressible de savoir, la libido sciendi en son sens large, cedant au gout de l’etrange, du different, de l’objet singulier a l’origine des collections et des cabinets de curiosites, voire des accumulations « maniaques », comme la bibliotheque imaginaire de Thomas Browne, Museum Clausum (1683), ou des voyages en quete d’inconnu, meme sous les aspects...","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"27 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110006","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet essai s’interesse au nom du theâtre de Shakespeare, le « Globe », a la lumiere des debats entre globalisation et cette veritable experience du monde que de recents philosophes ont appelee mondialisation. Quelle signification donner aux mots, quand les acteurs baptisaient leur espace de jeu theâtre du monde ? Contrairement a ceux qui, comme les organisateurs de l’exposition « Shakespeare metteur en scene du monde » au British Museum en 2012, s’imaginent que ce nom est synonyme de fierte anglaise face aux multiples entreprises de conquete et d’exploration, un symbole de fausse universalite qui temoignerait de la domination mondiale de la culture anglo-americaine, ou meme de la BBC, cet essai montre que pour le dramaturge la rotondite materielle de « ce grand globe » [The Tempest, 4, 1, 149] etait l’indice de la specificite de l’Angleterre, caracterisee par son retard et sa dependance vis a vis d’« un monde ailleurs » [Coriolanus, 3, 3, 139] et son conformisme.
{"title":"The Curiosity of Nations: Shakespeare Thinks of the World","authors":"Richard Wilson","doi":"10.4000/episteme.600","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/episteme.600","url":null,"abstract":"Cet essai s’interesse au nom du theâtre de Shakespeare, le « Globe », a la lumiere des debats entre globalisation et cette veritable experience du monde que de recents philosophes ont appelee mondialisation. Quelle signification donner aux mots, quand les acteurs baptisaient leur espace de jeu theâtre du monde ? Contrairement a ceux qui, comme les organisateurs de l’exposition « Shakespeare metteur en scene du monde » au British Museum en 2012, s’imaginent que ce nom est synonyme de fierte anglaise face aux multiples entreprises de conquete et d’exploration, un symbole de fausse universalite qui temoignerait de la domination mondiale de la culture anglo-americaine, ou meme de la BBC, cet essai montre que pour le dramaturge la rotondite materielle de « ce grand globe » [The Tempest, 4, 1, 149] etait l’indice de la specificite de l’Angleterre, caracterisee par son retard et sa dependance vis a vis d’« un monde ailleurs » [Coriolanus, 3, 3, 139] et son conformisme.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"15 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110501","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Depuis la decouverte d’un exemplaire du premier in-folio de Shakespeare, en novembre dernier, dans la bibliotheque d’agglomeration de Saint-Omer, l’attention des specialistes s’est focalisee sur l’identite du mysterieux Nevill, dont le nom defie tout lecteur qui ouvre le volume. Son identification, pense-t-on, permettra de dater au moins certaines des annotations dans le volume. L’ouvrage, quoi qu’il en soit, possede d’autres marques distinctives, potentiellement des marques de possesseurs, qui sont peut-etre moins visibles a premiere vue. A neuf reprises les lettres P et S sont poinconnees a l’encre dans l’ouvrage, tantot sur la meme page, tantot sur deux pages consecutives. De telles initiales ou lettres poinconnees a la main sont inhabituelles. Le placement des marques est aussi etrange, bien qu’on puisse distinguer un schema regulier, ainsi que nous sommes en mesure de le montrer. La presence des lettres PS pose de nombreuses questions. Pourquoi marquer un livre a intervalles aussi reguliers ? Ce court article propose une identification pour Nevill, et entend decrire le phenomene du marquage, ainsi que d’autres annotations dans l’in-folio. Il offre aussi plusieurs hypotheses pour tenter d’expliquer la presence des marques.
{"title":"More Mysteries about the Saint-Omer Folio: Nevill and other Marks of Ownership","authors":"L. Cottegnies, G. Venet","doi":"10.4000/EPISTEME.472","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.472","url":null,"abstract":"Depuis la decouverte d’un exemplaire du premier in-folio de Shakespeare, en novembre dernier, dans la bibliotheque d’agglomeration de Saint-Omer, l’attention des specialistes s’est focalisee sur l’identite du mysterieux Nevill, dont le nom defie tout lecteur qui ouvre le volume. Son identification, pense-t-on, permettra de dater au moins certaines des annotations dans le volume. L’ouvrage, quoi qu’il en soit, possede d’autres marques distinctives, potentiellement des marques de possesseurs, qui sont peut-etre moins visibles a premiere vue. A neuf reprises les lettres P et S sont poinconnees a l’encre dans l’ouvrage, tantot sur la meme page, tantot sur deux pages consecutives. De telles initiales ou lettres poinconnees a la main sont inhabituelles. Le placement des marques est aussi etrange, bien qu’on puisse distinguer un schema regulier, ainsi que nous sommes en mesure de le montrer. La presence des lettres PS pose de nombreuses questions. Pourquoi marquer un livre a intervalles aussi reguliers ? Ce court article propose une identification pour Nevill, et entend decrire le phenomene du marquage, ainsi que d’autres annotations dans l’in-folio. Il offre aussi plusieurs hypotheses pour tenter d’expliquer la presence des marques.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110063","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
The Countess of Montgomery’s Urania de Lady Mary Wroth met en scene aussi bien la curiosite, ce desir de savoir insatiable que manifestent les personnages, et des curiosites, sous la forme d’edifices monumentaux dont Wroth se plait a decrire l’architecture. C’est pour satisfaire leur curiosite que les personnages s’approchent d’ailleurs de ces curiosites. Il semble a premiere vue que la curiosite soit valorisee dans la sophistication architecturale et la recherche de l’ornement qui apparait dans ces edifices ; mais ceux-ci se revelent rapidement etre des lieux enchantes dans lesquels les personnages se retrouvent enfermes et subissent hallucinations et torture psychologique. L’emprisonnement et le traitement que recoivent les personnages dans ces edifices enchantes ressemblent bel et bien a un châtiment, comme si la curiosite devait etre punie, voire expiee par la violente melancolie que les protagonistes eprouvent a l’interieur. Cette melancolie partagee deviendrait la manifestation d’une condamnation morale de la curiosite, assimilee a la vanite dans la tradition chretienne. Les belles curiosites architecturales qui provoquent l’etonnement et l’admiration des personnages seraient alors autant de tentations susceptibles de mener les personnages vers le peche, a travers l’ambition coupable que represente la concupiscence des yeux denoncee par saint Augustin dans ses Confessions. Pourtant, les personnages sont systematiquement liberes de ces edifices enchantes et irresistiblement attires vers de nouveaux : la curiosite est-elle finalement rehabilitee dans le roman ? Publie au debut du dix-septieme siecle, Urania semble ainsi hesiter entre une vision moraliste de la curiosite heritee du Moyen-Âge et un attrait esthetique pour les curiosites qui anticipe la rehabilitation progressive de cette notion dans la deuxieme moitie du siecle.
{"title":"Curiosité(s), vanité et mélancolie dans The Countess of Montgomery’s Urania (1621) de Lady Mary Wroth","authors":"Aurélie Griffin","doi":"10.4000/episteme.491","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/episteme.491","url":null,"abstract":"The Countess of Montgomery’s Urania de Lady Mary Wroth met en scene aussi bien la curiosite, ce desir de savoir insatiable que manifestent les personnages, et des curiosites, sous la forme d’edifices monumentaux dont Wroth se plait a decrire l’architecture. C’est pour satisfaire leur curiosite que les personnages s’approchent d’ailleurs de ces curiosites. Il semble a premiere vue que la curiosite soit valorisee dans la sophistication architecturale et la recherche de l’ornement qui apparait dans ces edifices ; mais ceux-ci se revelent rapidement etre des lieux enchantes dans lesquels les personnages se retrouvent enfermes et subissent hallucinations et torture psychologique. L’emprisonnement et le traitement que recoivent les personnages dans ces edifices enchantes ressemblent bel et bien a un châtiment, comme si la curiosite devait etre punie, voire expiee par la violente melancolie que les protagonistes eprouvent a l’interieur. Cette melancolie partagee deviendrait la manifestation d’une condamnation morale de la curiosite, assimilee a la vanite dans la tradition chretienne. Les belles curiosites architecturales qui provoquent l’etonnement et l’admiration des personnages seraient alors autant de tentations susceptibles de mener les personnages vers le peche, a travers l’ambition coupable que represente la concupiscence des yeux denoncee par saint Augustin dans ses Confessions. Pourtant, les personnages sont systematiquement liberes de ces edifices enchantes et irresistiblement attires vers de nouveaux : la curiosite est-elle finalement rehabilitee dans le roman ? Publie au debut du dix-septieme siecle, Urania semble ainsi hesiter entre une vision moraliste de la curiosite heritee du Moyen-Âge et un attrait esthetique pour les curiosites qui anticipe la rehabilitation progressive de cette notion dans la deuxieme moitie du siecle.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110125","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans son epitre liminaire au Theâtre du Monde (1552), le moraliste Pierre Boaistuau fait un eloge prolixe du desir irrepressible de connaissance pour mieux opposer la sobriete classique de la « mesure » a la « demesure » du style baroque. Sa retenue verbale lui sert au contraire a reaffirmer un conservatisme cosmique de monde clos autour d’une Terre fixe, promis a une ineluctable catastrophe cosmique. La seule connaissance a retenir apres la chute adamique est celle d’un moi infirme par quoi s’annonce l’anti-humanisme du Mespris de la vie (1594) de Chassignet ou le mepris de tout savoir humain du Nosce Teipsum (c. 1590) de Sir John Davies. Giordano Bruno au contraire choisit l’exuberance verbale et poetique pour ebranler les idees recues et opposer au militantisme de la « vanite » celui de la « curiosite », audace d’Icare moderne dans un univers infini ou le cosmos est structure comme un langage et tout est mouvement. La prolixite y est langage d’une liberte de l’esprit et langue de cette liberte, mais la forme restreinte du sonnet manieriste dit encore la realite mouvante et oxymore du monde. La quete d’une phenomenologie deductive de l’infini s’appuie sur la limitation des sens pour affirmer une pluralite de mondes illimitee, a opposer a la decouverte colonialiste et esclavagiste du « Nouveau Monde ». Cet heroisme poetique de la connaissance vaudra a ce premier philosophe des Lumieres de mourir sur le bucher de l’Inquisition en fevrier 1600.
道德家皮埃尔·博埃斯图奥(Pierre Boaistuau)在他1552年出版的《世界剧场》(theatre du Monde)一书中,详尽地赞扬了对知识的不可抑制的渴望,以便更好地反对巴洛克风格的古典清醒的“测量”和“测量”。相反,他的口头克制被用来重申一种宇宙保守主义,即世界被封闭在一个固定的地球周围,注定会发生一场不可避免的宇宙灾难。在亚当堕落之后,唯一值得保留的知识是一个虚弱的自我,它揭示了Chassignet的《生命的蔑视》(1594)的反人文主义,或约翰·戴维斯爵士的《Nosce Teipsum》(约1590)中对所有人类知识的蔑视。相反,佐丹奴·布鲁诺(Giordano Bruno)选择了语言和诗意的表达来动摇倒退的思想,反对“虚荣”的激进主义,反对“好奇”的激进主义,反对现代伊卡洛斯(icare)在无限宇宙中的大胆,在无限宇宙中,宇宙就像一种语言一样是结构,一切都是运动。在这里,冗长是一种精神自由的语言和这种自由的语言,而矫揉作作的十四行诗的有限形式仍然表达了世界的变化和矛盾的现实。对无限演绎现象学的追求依赖于感官的限制,以肯定无限的多元世界,反对殖民主义和奴隶主义对“新世界”的发现。1600年2月,这位启蒙运动的第一位哲学家死在了宗教裁判所的火刑柱上。
{"title":"Giordano Bruno ou la curiosité militante","authors":"G. Venet","doi":"10.4000/EPISTEME.517","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.517","url":null,"abstract":"Dans son epitre liminaire au Theâtre du Monde (1552), le moraliste Pierre Boaistuau fait un eloge prolixe du desir irrepressible de connaissance pour mieux opposer la sobriete classique de la « mesure » a la « demesure » du style baroque. Sa retenue verbale lui sert au contraire a reaffirmer un conservatisme cosmique de monde clos autour d’une Terre fixe, promis a une ineluctable catastrophe cosmique. La seule connaissance a retenir apres la chute adamique est celle d’un moi infirme par quoi s’annonce l’anti-humanisme du Mespris de la vie (1594) de Chassignet ou le mepris de tout savoir humain du Nosce Teipsum (c. 1590) de Sir John Davies. Giordano Bruno au contraire choisit l’exuberance verbale et poetique pour ebranler les idees recues et opposer au militantisme de la « vanite » celui de la « curiosite », audace d’Icare moderne dans un univers infini ou le cosmos est structure comme un langage et tout est mouvement. La prolixite y est langage d’une liberte de l’esprit et langue de cette liberte, mais la forme restreinte du sonnet manieriste dit encore la realite mouvante et oxymore du monde. La quete d’une phenomenologie deductive de l’infini s’appuie sur la limitation des sens pour affirmer une pluralite de mondes illimitee, a opposer a la decouverte colonialiste et esclavagiste du « Nouveau Monde ». Cet heroisme poetique de la connaissance vaudra a ce premier philosophe des Lumieres de mourir sur le bucher de l’Inquisition en fevrier 1600.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110340","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les figures mythologiques de Tantale et de Meduse representent deux formes de curiosite dans lesquelles la transgression est indissociable de la punition. Pour s’etre vante de connaitre les secrets des dieux, Tantale est condamne a devoir sans cesse desirer le fruit qui se derobe, l’eau qui s’echappe. Quant a Meduse, elle punit par la petrification les curieux qui osent la regarder en face. Parce que le châtiment de ces deux vaniteux est egalement lie a la devoration, Spenser en fait des allegories de la curiosite devorante dans The Faerie Queene (1590). Ces deux figures incarnent la meme question, centrale dans le poeme : comment posseder ? Cette question place le couple forme par la curiosite et la vanite au cœur d’un enjeu essentiel pour le poete protestant qu’est Spenser, le rapport entre le libre arbitre et la responsabilite. Tantale et Meduse, figures de la devoration frustree, se presentent d’abord comme deux types d’emblemes appartenant a la meme iconographie de la curiosite. Toutefois, leur opposition dans le domaine moral s’affirme a travers leur relation au desir sexuel : face a un Tantale avare, la figure rehabilitee de Meduse permet de promouvoir la legitimite du desir de voir et de toucher, de devorer par la vue. Dans le cadre d’une eschatologie de la curiosite, cette opposition se renforce lorsque se raffine la distinction entre vanite et curiosite.
{"title":"Tantale et Méduse : allégories de la curiosité dévorante dans The Faerie Queene (Edmund Spenser, 1590)","authors":"Laetitia Sansonetti","doi":"10.4000/EPISTEME.454","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.454","url":null,"abstract":"Les figures mythologiques de Tantale et de Meduse representent deux formes de curiosite dans lesquelles la transgression est indissociable de la punition. Pour s’etre vante de connaitre les secrets des dieux, Tantale est condamne a devoir sans cesse desirer le fruit qui se derobe, l’eau qui s’echappe. Quant a Meduse, elle punit par la petrification les curieux qui osent la regarder en face. Parce que le châtiment de ces deux vaniteux est egalement lie a la devoration, Spenser en fait des allegories de la curiosite devorante dans The Faerie Queene (1590). Ces deux figures incarnent la meme question, centrale dans le poeme : comment posseder ? Cette question place le couple forme par la curiosite et la vanite au cœur d’un enjeu essentiel pour le poete protestant qu’est Spenser, le rapport entre le libre arbitre et la responsabilite. Tantale et Meduse, figures de la devoration frustree, se presentent d’abord comme deux types d’emblemes appartenant a la meme iconographie de la curiosite. Toutefois, leur opposition dans le domaine moral s’affirme a travers leur relation au desir sexuel : face a un Tantale avare, la figure rehabilitee de Meduse permet de promouvoir la legitimite du desir de voir et de toucher, de devorer par la vue. Dans le cadre d’une eschatologie de la curiosite, cette opposition se renforce lorsque se raffine la distinction entre vanite et curiosite.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110359","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article demontre que le danger de la curiosite pour Herbert doit etre compris en relation avec la culture intellectuelle emergente et dynamique de son epoque – une culture qui, explicitement ou implicitement, menace la foi. Il commence par une breve discussion de la perturbation provoquee par l’impact de la nouvelle science (« new learning »), telle qu’elle est exprimee par John Donne, poete qui a beaucoup influence Herbert. On examine ensuite l’attitude de Herbert vis-a-vis de la raison et sa relation avec la foi. Les chercheurs qui ont essaye de rendre compte de la dichotomie raison/foi chez Herbert insistent soit sur la disposition pro-scientifique de Herbert soit sur son attitude anti-scientifique. Comme on le verra, la poesie de Herbert navigue entre ces deux tendances. Neanmoins, en depit de son attirance pour l’œuvre de Francis Bacon, une attitude plus nettement anti-scientifique est evidente dans The Temple, comme il apparait au travers de l’analyse de l’ambivalence de la poesie de Herbert envers la science. Son admiration pour la science est fortement impregnee de la condamnation traditionnelle de la curiosite : Herbert se positionne par rapport a la condamnation que l’on rencontre chez les Peres de l’Eglise.
{"title":"The Dangers of Curiosity: George Herbert, an Enemy of Science?","authors":"C. Waller","doi":"10.4000/EPISTEME.460","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.460","url":null,"abstract":"Cet article demontre que le danger de la curiosite pour Herbert doit etre compris en relation avec la culture intellectuelle emergente et dynamique de son epoque – une culture qui, explicitement ou implicitement, menace la foi. Il commence par une breve discussion de la perturbation provoquee par l’impact de la nouvelle science (« new learning »), telle qu’elle est exprimee par John Donne, poete qui a beaucoup influence Herbert. On examine ensuite l’attitude de Herbert vis-a-vis de la raison et sa relation avec la foi. Les chercheurs qui ont essaye de rendre compte de la dichotomie raison/foi chez Herbert insistent soit sur la disposition pro-scientifique de Herbert soit sur son attitude anti-scientifique. Comme on le verra, la poesie de Herbert navigue entre ces deux tendances. Neanmoins, en depit de son attirance pour l’œuvre de Francis Bacon, une attitude plus nettement anti-scientifique est evidente dans The Temple, comme il apparait au travers de l’analyse de l’ambivalence de la poesie de Herbert envers la science. Son admiration pour la science est fortement impregnee de la condamnation traditionnelle de la curiosite : Herbert se positionne par rapport a la condamnation que l’on rencontre chez les Peres de l’Eglise.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-04-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"70110388","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}