Dans Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze s’adresse à Léon Tolstoï sur le ton d’une « vraie confidence », ce qui lui permet « d’écrire cette expérience-là » (avoir frôlé la mort) qui, sans l’écriture, serait restée secrète, cachée, inexpliquée. Par ailleurs, hantée par des questions sur la mort auxquels son destinataire ne peut répondre, l’auteure tente d’interroger à la fois l’image de lui-même et la philosophie que le grand écrivain a pu élaborer au fil de ses écrits publiés et papiers privés. Cette tentative d’interrogation l’amènera, d’une part, à établir entre eux certaines « correspondances » ou affinités et, d’autre part, à rendre sensible une différence importante d’attitude devant la vie et la mort, différence que sa très grande admiration pour le romancier russe aurait pu censurer. Selon notre hypothèse, pour l’auteure de Lettre d’été, s’adresser à Tolstoï, lui poser ses questions les plus intimes, reviendrait à incarner, par rapport à son destinataire, le semblable et le différent à la fois.
{"title":"Pascale Roze à Léon Tolstoï","authors":"K. Schwerdtner","doi":"10.7202/1059369AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1059369AR","url":null,"abstract":"Dans Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze s’adresse à Léon Tolstoï sur le ton d’une « vraie confidence », ce qui lui permet « d’écrire cette expérience-là » (avoir frôlé la mort) qui, sans l’écriture, serait restée secrète, cachée, inexpliquée. Par ailleurs, hantée par des questions sur la mort auxquels son destinataire ne peut répondre, l’auteure tente d’interroger à la fois l’image de lui-même et la philosophie que le grand écrivain a pu élaborer au fil de ses écrits publiés et papiers privés. Cette tentative d’interrogation l’amènera, d’une part, à établir entre eux certaines « correspondances » ou affinités et, d’autre part, à rendre sensible une différence importante d’attitude devant la vie et la mort, différence que sa très grande admiration pour le romancier russe aurait pu censurer. Selon notre hypothèse, pour l’auteure de Lettre d’été, s’adresser à Tolstoï, lui poser ses questions les plus intimes, reviendrait à incarner, par rapport à son destinataire, le semblable et le différent à la fois.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"48321938","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Georges Hérelle (1848-1935) est bien connu, de son vivant, pour ses excellentes traductions en français de l’oeuvre de l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio et pour ses travaux d’érudition sur le théâtre populaire basque. Dans notre étude récente, Georges Hérelle : archéologue de l’inversion sexuelle « fin de siècle » (Paris, Éditions du Félin, 2014), nous avons insisté sur l’important rôle qu’il a joué comme historien et surtout archiviste de l’homosexualité, en examinant son journal intime, ses notes de voyage, ses albums de photographies et ses manuscrits inédits. Se caractérisant comme « timide et un peu sauvage », Hérelle avoue, dans son journal intime, « sa crainte d’être indiscret ». Il décide, très jeune, de mener une double vie. Dans le contexte de sa longue carrière de professeur de philosophie, il conserve l’image publique d’un homme convenable et modeste. C’est une question de survie, dit-il, parce qu’il est entouré d’une société extrêmement hostile et intolérante. Par ailleurs, il fréquente discrètement dans sa vie privée un tout petit groupe d’amis homosexuels. Dans l’article présent, nous abordons un nouvel objet d’étude, à savoir les lettres des années 1860 et 1870 qu’Hérelle a adressées à Paul Bourget et à d’autres amis intimes. Hérelle et ses amis se racontent les menus détails de leur vie quotidienne, mais aussi leurs aventures amoureuses, pensées intimes et ambitions littéraires. Ces jeunes gens sont à la recherche d’un langage qui leur permettrait de décrire avec précision la nature de leurs sentiments amoureux. Notre analyse révèle une image singulièrement riche de la vie homosexuelle à un moment historique précis – les premières années de la Troisième République – pour lequel il existe très peu de témoignages autobiographiques d’homosexuels.
{"title":"« Le sentiment dont nous parlons »","authors":"Clive Thomson","doi":"10.7202/1059365AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1059365AR","url":null,"abstract":"Georges Hérelle (1848-1935) est bien connu, de son vivant, pour ses excellentes traductions en français de l’oeuvre de l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio et pour ses travaux d’érudition sur le théâtre populaire basque. Dans notre étude récente, Georges Hérelle : archéologue de l’inversion sexuelle « fin de siècle » (Paris, Éditions du Félin, 2014), nous avons insisté sur l’important rôle qu’il a joué comme historien et surtout archiviste de l’homosexualité, en examinant son journal intime, ses notes de voyage, ses albums de photographies et ses manuscrits inédits. Se caractérisant comme « timide et un peu sauvage », Hérelle avoue, dans son journal intime, « sa crainte d’être indiscret ». Il décide, très jeune, de mener une double vie. Dans le contexte de sa longue carrière de professeur de philosophie, il conserve l’image publique d’un homme convenable et modeste. C’est une question de survie, dit-il, parce qu’il est entouré d’une société extrêmement hostile et intolérante. Par ailleurs, il fréquente discrètement dans sa vie privée un tout petit groupe d’amis homosexuels. Dans l’article présent, nous abordons un nouvel objet d’étude, à savoir les lettres des années 1860 et 1870 qu’Hérelle a adressées à Paul Bourget et à d’autres amis intimes. Hérelle et ses amis se racontent les menus détails de leur vie quotidienne, mais aussi leurs aventures amoureuses, pensées intimes et ambitions littéraires. Ces jeunes gens sont à la recherche d’un langage qui leur permettrait de décrire avec précision la nature de leurs sentiments amoureux. Notre analyse révèle une image singulièrement riche de la vie homosexuelle à un moment historique précis – les premières années de la Troisième République – pour lequel il existe très peu de témoignages autobiographiques d’homosexuels.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71152983","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La correspondance de Louise Cruppi et de Romain Rolland, inédite et conservée dans le Fonds Romain Rolland à la BnF, comprend des centaines de lettres échangées par les deux auteurs entre 1905 et 1925. Cet article examine les représentations de Cruppi et de Rolland, entre public et privé, qui émergent de ces lettres, afin de comprendre ce que cette importante correspondance représentait pour eux, personnellement et professionnellement. Les différences dans les identités publiques et privées d’un homme et d’une femme de lettres au début du vingtième siècle retiennent en particulier notre attention, ainsi que le rôle de cette longue amitié dans les carrières intellectuelles de ces deux auteurs.
{"title":"« Rien ne sera plus beau que ces lettres »","authors":"M. Irvine","doi":"10.7202/1059366AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1059366AR","url":null,"abstract":"La correspondance de Louise Cruppi et de Romain Rolland, inédite et conservée dans le Fonds Romain Rolland à la BnF, comprend des centaines de lettres échangées par les deux auteurs entre 1905 et 1925. Cet article examine les représentations de Cruppi et de Rolland, entre public et privé, qui émergent de ces lettres, afin de comprendre ce que cette importante correspondance représentait pour eux, personnellement et professionnellement. Les différences dans les identités publiques et privées d’un homme et d’une femme de lettres au début du vingtième siècle retiennent en particulier notre attention, ainsi que le rôle de cette longue amitié dans les carrières intellectuelles de ces deux auteurs.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-05-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71152990","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Siméon-Prosper Hardy (1729-1806) est un ancien libraire de la rue Saint-Jacques, petit notable bien connu des circuits jansénistes. Adrien Duquesnoy (1759-1808) est député du Tiers-État aux États généraux réunis à Versailles en mai 1789. Les deux ont rédigé des centaines de pages de notes, d’observations, de témoignages et de récits d’événements sur lesquelles Pascal Bastien (Hardy) et Guillaume Mazeau (Duquesnoy) se sont penchés. Souvent présentés comme des « journaux », les manuscrits constituent surtout des notes à partager, par cahiers, lettres ou lectures publiques, dans les réseaux où l’un et l’autre s’inscrivent. Hardy est membre du district des Mathurins et a participé, en avril 1789, aux assemblées du Tiers-État : il suit donc les travaux de Versailles avec attention. Hardy et Duquesnoy offrent ainsi, dans un intéressant jeu de miroir, un regard sur Paris et Versailles. Sur les mêmes événements, les témoignages diffèrent largement et proposent une vision beaucoup plus complexe de la Révolution que celle à laquelle on l’a souvent réduite. En croisant leur récit parallèle de la Révolution, de mai à octobre 1789, il devient possible de comprendre le parcours, les regards et les temporalités différents, de deux « révolutionnaires ordinaires ». Un regard parallèle sur les pratiques d’écriture, sur la conscience historique et sur la citoyenneté vécue, sera ainsi présenté à travers l’écriture immédiate des premiers mois de la Révolution.
{"title":"Faire peuple","authors":"P. Bastien, G. Mazeau","doi":"10.7202/1055652ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055652ar","url":null,"abstract":"Siméon-Prosper Hardy (1729-1806) est un ancien libraire de la rue Saint-Jacques, petit notable bien connu des circuits jansénistes. Adrien Duquesnoy (1759-1808) est député du Tiers-État aux États généraux réunis à Versailles en mai 1789. Les deux ont rédigé des centaines de pages de notes, d’observations, de témoignages et de récits d’événements sur lesquelles Pascal Bastien (Hardy) et Guillaume Mazeau (Duquesnoy) se sont penchés. Souvent présentés comme des « journaux », les manuscrits constituent surtout des notes à partager, par cahiers, lettres ou lectures publiques, dans les réseaux où l’un et l’autre s’inscrivent. Hardy est membre du district des Mathurins et a participé, en avril 1789, aux assemblées du Tiers-État : il suit donc les travaux de Versailles avec attention. Hardy et Duquesnoy offrent ainsi, dans un intéressant jeu de miroir, un regard sur Paris et Versailles. Sur les mêmes événements, les témoignages diffèrent largement et proposent une vision beaucoup plus complexe de la Révolution que celle à laquelle on l’a souvent réduite. En croisant leur récit parallèle de la Révolution, de mai à octobre 1789, il devient possible de comprendre le parcours, les regards et les temporalités différents, de deux « révolutionnaires ordinaires ». Un regard parallèle sur les pratiques d’écriture, sur la conscience historique et sur la citoyenneté vécue, sera ainsi présenté à travers l’écriture immédiate des premiers mois de la Révolution.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151521","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Au sein de son oeuvre impressionnante, le rôle de Beaumont romancière, peu étudié jusqu’à présent, se déduit d’une importante série de romans publiés à des moments-clés de sa carrière. Dans ce parcours, c’est bien la période 1765-1767 (entre le Magasin des Jeunes Dames [1764] et le Magasin des Pauvres [1768]) qui marque l’intérêt de l’auteure pour la fiction romanesque. Pendant ces trois ans, Leprince de Beaumont publie autant de romans, à savoir Lettres d’Émérance à Lucie (1765), Mémoires de Mme la Baronne de Batteville (1766) et La nouvelle Clarice, histoire véritable (1767). Dans cette architecture romanesque en trois étapes, la cohérence interne est en large mesure assurée par la récurrence de passages de « lecture performante », qui servent de marqueurs intradiégétiques d’un projet de mise en récit fictionnelle. De ce fait, Leprince de Beaumont se montre d’une part une observatrice perspicace des stratégies narratives en vigueur à son époque, à travers sa mise en oeuvre d’un processus de négociation fictionnelle qui prépare et légitime la publication à proprement parler. Mais chez Leprince de Beaumont, la scénographie légitimante s’intègre en outre dans une poétique romanesque à forte orientation didactique. Les nombreuses scènes de lecture, que l’auteure prend soin d’attribuer à des héroïnes-narratrices exemplaires, marquent en même temps l’empreinte d’un programme éducatif qui passe outre le registre purement romanesque. En effet, si les rédactrices en question se décident à rédiger et faire circuler les récits de vie de leurs correspondant(e)s, Leprince de Beaumont les fait bien insister sur la logique d’édification qui justifie ce passage d’histoire privée à récit public. Dans sa capacité de prêter la voix au(x) lectrice(s)-romancières intradiégétique(s), le mode épistolaire s’avère ainsi particulièrement propice aux enjeux didactiques de Leprince de Beaumont romancière.
在她令人印象深刻的作品中,博蒙特作为小说家的角色,迄今为止很少被研究,可以从她职业生涯的关键时刻出版的一系列重要小说中推断出来。在这段旅程中,正是1765-1767年(《年轻女士的商店》[1764]和《穷人的商店》[1768]之间)标志着作者对小说的兴趣。在这三年里,博蒙特王子出版了同样多的小说,分别是《致露西的信》(1765)、《回忆录》(1766)和《新克拉丽斯,真实历史》(1767)。在这个三阶段罗马式建筑中,内部的连贯性在很大程度上是由“有效阅读”段落的重复来保证的,这些段落作为虚构叙事项目的传统内标记。因此,博蒙特王子一方面是他那个时代叙事策略的敏锐观察者,他实施了一个虚构的谈判过程,为出版本身做准备并使其合法化。但在博蒙特王子的作品中,合法化的透视也融入了一种具有强烈说教倾向的浪漫诗学。作者小心翼翼地将众多的阅读场景归因于典型的女主人公叙述者,同时也标志着一种超越纯粹小说的教育计划的印记。事实上,当这些编辑决定写和传播他们的记者的生活故事时,博蒙特王子让他们坚持构建逻辑,证明从私人历史到公共故事的转变是合理的。由于它能够向传统内的读者和小说家发出声音,这种书信模式被证明特别有利于Leprince de Beaumont小说家的教育问题。
{"title":"Poétique de l’épistolarité romanesque dans l’oeuvre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont1","authors":"Beatrijs Vanacker","doi":"10.7202/1055655AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055655AR","url":null,"abstract":"Au sein de son oeuvre impressionnante, le rôle de Beaumont romancière, peu étudié jusqu’à présent, se déduit d’une importante série de romans publiés à des moments-clés de sa carrière. Dans ce parcours, c’est bien la période 1765-1767 (entre le Magasin des Jeunes Dames [1764] et le Magasin des Pauvres [1768]) qui marque l’intérêt de l’auteure pour la fiction romanesque. Pendant ces trois ans, Leprince de Beaumont publie autant de romans, à savoir Lettres d’Émérance à Lucie (1765), Mémoires de Mme la Baronne de Batteville (1766) et La nouvelle Clarice, histoire véritable (1767). Dans cette architecture romanesque en trois étapes, la cohérence interne est en large mesure assurée par la récurrence de passages de « lecture performante », qui servent de marqueurs intradiégétiques d’un projet de mise en récit fictionnelle. De ce fait, Leprince de Beaumont se montre d’une part une observatrice perspicace des stratégies narratives en vigueur à son époque, à travers sa mise en oeuvre d’un processus de négociation fictionnelle qui prépare et légitime la publication à proprement parler. Mais chez Leprince de Beaumont, la scénographie légitimante s’intègre en outre dans une poétique romanesque à forte orientation didactique. Les nombreuses scènes de lecture, que l’auteure prend soin d’attribuer à des héroïnes-narratrices exemplaires, marquent en même temps l’empreinte d’un programme éducatif qui passe outre le registre purement romanesque. En effet, si les rédactrices en question se décident à rédiger et faire circuler les récits de vie de leurs correspondant(e)s, Leprince de Beaumont les fait bien insister sur la logique d’édification qui justifie ce passage d’histoire privée à récit public. Dans sa capacité de prêter la voix au(x) lectrice(s)-romancières intradiégétique(s), le mode épistolaire s’avère ainsi particulièrement propice aux enjeux didactiques de Leprince de Beaumont romancière.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"47914195","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les deux romans de Lydie Salvayre, La compagnie des spectres (1997) et Pas pleurer (2014) sont étudiés conjointement en raison de leurs parentés diégétiques et formelles. Le premier a été lu comme un « roman sur Vichy » et le second met en scène la mémoire de la révolution espagnole de 1936 et de la guerre civile. L’article replace ces deux livres dans le contexte mémoriel de leur parution et en dégage les enjeux. Ils sont porteurs de projets différents, témoignant d’un rapport au passé complexe et parfois douloureux. En montrant que l’événement historique est un spectre qui vient hanter le présent et en explorant la mémoire des petits et des vaincus de l’histoire, ces deux romans expriment une sensibilité politique de gauche.
Lydie Salvayre的两部小说《La compagnie des spectres》(1997)和《Pas pleurer》(2014)由于它们的饮食和形式关系而被共同研究。前者被解读为“关于维希政权的小说”,后者则讲述了1936年西班牙革命和内战的记忆。这篇文章将这两本书置于其出版的纪念背景下,并揭示了其中的利害关系。他们承载着不同的项目,证明了与过去的关系是复杂的,有时是痛苦的。这两部小说通过展示历史事件是一个幽灵,萦旋在现在,通过探索历史上的年轻人和失败者的记忆,表达了一种左翼政治敏感性。
{"title":"Mémoire de l’événement dans La compagnie des spectres et Pas pleurer de Lydie Salvayre","authors":"C. Grenouillet","doi":"10.7202/1055653ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055653ar","url":null,"abstract":"Les deux romans de Lydie Salvayre, La compagnie des spectres (1997) et Pas pleurer (2014) sont étudiés conjointement en raison de leurs parentés diégétiques et formelles. Le premier a été lu comme un « roman sur Vichy » et le second met en scène la mémoire de la révolution espagnole de 1936 et de la guerre civile. L’article replace ces deux livres dans le contexte mémoriel de leur parution et en dégage les enjeux. Ils sont porteurs de projets différents, témoignant d’un rapport au passé complexe et parfois douloureux. En montrant que l’événement historique est un spectre qui vient hanter le présent et en explorant la mémoire des petits et des vaincus de l’histoire, ces deux romans expriment une sensibilité politique de gauche.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151126","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
En dépit de son titre, le Testament de Philippe Fortin de La Hoguette ne paraît pas testamentaire, surtout comparé à la tradition littéraire, ironique et polémique, incarnée par François Villon. Pour rendre compte d’un tel texte, il faut momentanément abandonner le modèle notarial de la tradition satirique pour se tourner vers l’étymologie : celle du testis, qui fait du testateur un témoin, et celle de la testatio mentis, qui fait du testament un témoignage de l’esprit. Ce détour permet de constater d’une part l’avantage rhétorique de la posture testamentaire – où l’on ne peut mentir, et où, pour cette raison, le témoignage ne peut être contesté –, et d’autre part la liberté intrinsèque de cette forme d’écriture, dans laquelle le message du testateur devient un bien à part entière.
{"title":"Le Testament de Philippe Fortin de La Hoguette entre témoignage sur soi-même et témoignage de l’esprit","authors":"Louis Laliberté-Bouchard","doi":"10.7202/1055651ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055651ar","url":null,"abstract":"En dépit de son titre, le Testament de Philippe Fortin de La Hoguette ne paraît pas testamentaire, surtout comparé à la tradition littéraire, ironique et polémique, incarnée par François Villon. Pour rendre compte d’un tel texte, il faut momentanément abandonner le modèle notarial de la tradition satirique pour se tourner vers l’étymologie : celle du testis, qui fait du testateur un témoin, et celle de la testatio mentis, qui fait du testament un témoignage de l’esprit. Ce détour permet de constater d’une part l’avantage rhétorique de la posture testamentaire – où l’on ne peut mentir, et où, pour cette raison, le témoignage ne peut être contesté –, et d’autre part la liberté intrinsèque de cette forme d’écriture, dans laquelle le message du testateur devient un bien à part entière.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151332","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Dans l’Histoire des Sévarambes (1677), utopie romanesque présentée comme un ouvrage d’histoire et de géographie, Denis Veiras recourt aux tropes attendus des récits de voyages, notamment celui de l’autopsie – le témoignage oculaire – pour avérer son récit. Toutefois, malgré sa prétention à la véracité, le récit est sans cesse ébranlé de l’intérieur, déstabilisé par les différentes voix qui le tissent et qui mettent en cause l’unité épistémologique du témoin ; par la présence du ouï-dire au coeur de la relation de première main ; par les éléments dystopiques qui minent subtilement ce monde parfait. Ces failles de crédibilité affectent tant l’ethnographie que l’historiographie de la relation du capitaine Siden et la frappent d’incertitude, un peu comme les Histoires d’Hérodote, l’inventeur de la notion d’autoptes, de témoin oculaire, et constamment soupçonné de mensonge dans son témoignage paradigmatique sur l’Égypte ancienne.
丹尼斯·韦拉斯(Denis Veiras)在《塞瓦兰布的历史》(historire des sevarambes, 1677)一书中,以历史和地理著作的形式呈现了浪漫主义乌托邦,他使用了旅行故事中的比喻,特别是尸检——目击者的证词——来证明他的叙述。然而,尽管这个故事声称是真实的,但它不断地从内部动摇,被编织它的不同声音所动摇,并质疑目击者的认识论统一;通过第一手关系中传闻的存在;反乌托邦元素巧妙地破坏了这个完美的世界。这些可信度的缺陷影响了民族志和西登船长关系的史学,并给它带来了不确定性,就像希罗多德(herodotus)的故事一样,希罗多德发明了autoptes的概念,目击者的概念,并经常被怀疑在他对古埃及的典型证词中撒谎。
{"title":"Miné de l’intérieur","authors":"Marie-Pierre Krück","doi":"10.7202/1055648ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055648ar","url":null,"abstract":"Dans l’Histoire des Sévarambes (1677), utopie romanesque présentée comme un ouvrage d’histoire et de géographie, Denis Veiras recourt aux tropes attendus des récits de voyages, notamment celui de l’autopsie – le témoignage oculaire – pour avérer son récit. Toutefois, malgré sa prétention à la véracité, le récit est sans cesse ébranlé de l’intérieur, déstabilisé par les différentes voix qui le tissent et qui mettent en cause l’unité épistémologique du témoin ; par la présence du ouï-dire au coeur de la relation de première main ; par les éléments dystopiques qui minent subtilement ce monde parfait. Ces failles de crédibilité affectent tant l’ethnographie que l’historiographie de la relation du capitaine Siden et la frappent d’incertitude, un peu comme les Histoires d’Hérodote, l’inventeur de la notion d’autoptes, de témoin oculaire, et constamment soupçonné de mensonge dans son témoignage paradigmatique sur l’Égypte ancienne.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151114","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Au cours des années 1722-1724, quelques savants de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres – l’abbé Anselme, l’abbé Sallier, Louis Jean Lévesque de Pouilly et Nicolas Fréret notamment – débattirent vigoureusement du degré de foi qu’il fallait accorder aux oeuvres historiques anciennes lorsque les rares témoignages contemporains des faits qu’elles relataient et sur lesquels elles auraient pu s’appuyer paraissaient douteux, comme c’était le cas pour les quatre premiers siècles de Rome. En nous penchant sur les textes de cette querelle, nous réfléchissons au rôle tenu à l’époque par le témoignage dans la connaissance historique, aux conséquences de sa raréfaction, de sa fragmentation, voire de son absence : comment l’histoire, qui est testis temporum selon le magnifique éloge de Cicéron (De Oratore 2, 9), peut-elle subsister sans testis ? Nous éclairons par cet examen, dans la transition lente d’une pratique littéraire de l’histoire à sa pratique scientifique, le rôle des monuments, des traités, des lois, des relevés astronomiques et des autres archives qui ne transcrivent ni témoignage ni mémoire personnelle.
1722-1724年代期间,一些学者得来和教士安塞尔姆—皇家科学院、铭文、教士Sallier Louis Jean Lévesque香和Nicolas Fréret—特别是débattirent强烈信念的程度应当给予历史罕见的证词时老当代作品的事实讲述着她们和她们本可以依靠,看起来可疑就像罗马最初四个世纪的情况一样。弯,我们以这次争吵,我们反思作用于当时的证词中了解历史,其稀缺、碎片化的后果,甚至缺席:历史方法如何按照西塞罗的精彩颂词temporum Oratore(2) 9、没有方法能否生存?在从历史文学实践到科学实践的缓慢过渡中,我们通过这篇综述,阐明了纪念碑、条约、法律、天文记录和其他档案的作用,这些档案既不记录证词,也不记录个人记忆。
{"title":"En l’absence de témoin","authors":"F. Charbonneau","doi":"10.7202/1055650ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055650ar","url":null,"abstract":"Au cours des années 1722-1724, quelques savants de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres – l’abbé Anselme, l’abbé Sallier, Louis Jean Lévesque de Pouilly et Nicolas Fréret notamment – débattirent vigoureusement du degré de foi qu’il fallait accorder aux oeuvres historiques anciennes lorsque les rares témoignages contemporains des faits qu’elles relataient et sur lesquels elles auraient pu s’appuyer paraissaient douteux, comme c’était le cas pour les quatre premiers siècles de Rome. En nous penchant sur les textes de cette querelle, nous réfléchissons au rôle tenu à l’époque par le témoignage dans la connaissance historique, aux conséquences de sa raréfaction, de sa fragmentation, voire de son absence : comment l’histoire, qui est testis temporum selon le magnifique éloge de Cicéron (De Oratore 2, 9), peut-elle subsister sans testis ? Nous éclairons par cet examen, dans la transition lente d’une pratique littéraire de l’histoire à sa pratique scientifique, le rôle des monuments, des traités, des lois, des relevés astronomiques et des autres archives qui ne transcrivent ni témoignage ni mémoire personnelle.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151309","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
De quelle(s) langue(s) naît-on, et comment ? Il y a la langue-Mère, celle qui arrive comme un don, puis la seconde langue, celle dont on s’éprend et qui bouleverse les affects et les souvenirs. Chez Hélène Cixous, et plus particulièrement dans Une autobiographie allemande et Gare d’Osnabrück à Jérusalem, les langues apprises et rêvées se superposent dans l’écriture autobiographique : Allemagne et Algérie se fondent, la ville d’Oran ressurgit dans celle d’Osnabrück (ou Jérusalem), les syllabes de l’allemand, de l’anglais et du français miroitent et se réfléchissent dans la parole. La question de l’appartenance, pour l’écrivaine, ne relève jamais de l’ordre du territoire fixe, mais creuse plutôt les fluidités temporelles et l’hybridité mémorielle. Cet article propose une analyse des « zones-frontières » du récit de soi cixousien à travers l’image de la torsade, qui se trouve au fondement même de la pratique d’écriture autobiographique de l’écrivaine. Par le chemin de « l’inventer vrai » où se côtoient jeux temporels et non-savoirs, Cixous entreprend une traversée identitaire et qui interroge la figure de la langue-Mère, de la mort en revenance, ainsi que l’idée de « vérité vécue » prise comme voyage fantasmé. Cet essai se consacre aux modalités de l’écriture de Cixous, écriture capable de s’infiltrer subrepticement dans les lézardes et les fissures d’une mémoire personnelle dont il faut textuellement lier et délier, tresser et détresser les fils afin de saisir toute sa complexité.
{"title":"« Un pays, une langue, une ville ? »","authors":"Alice Michaud-Lapointe","doi":"10.7202/1055654ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1055654ar","url":null,"abstract":"De quelle(s) langue(s) naît-on, et comment ? Il y a la langue-Mère, celle qui arrive comme un don, puis la seconde langue, celle dont on s’éprend et qui bouleverse les affects et les souvenirs. Chez Hélène Cixous, et plus particulièrement dans Une autobiographie allemande et Gare d’Osnabrück à Jérusalem, les langues apprises et rêvées se superposent dans l’écriture autobiographique : Allemagne et Algérie se fondent, la ville d’Oran ressurgit dans celle d’Osnabrück (ou Jérusalem), les syllabes de l’allemand, de l’anglais et du français miroitent et se réfléchissent dans la parole. La question de l’appartenance, pour l’écrivaine, ne relève jamais de l’ordre du territoire fixe, mais creuse plutôt les fluidités temporelles et l’hybridité mémorielle. Cet article propose une analyse des « zones-frontières » du récit de soi cixousien à travers l’image de la torsade, qui se trouve au fondement même de la pratique d’écriture autobiographique de l’écrivaine. Par le chemin de « l’inventer vrai » où se côtoient jeux temporels et non-savoirs, Cixous entreprend une traversée identitaire et qui interroge la figure de la langue-Mère, de la mort en revenance, ainsi que l’idée de « vérité vécue » prise comme voyage fantasmé. Cet essai se consacre aux modalités de l’écriture de Cixous, écriture capable de s’infiltrer subrepticement dans les lézardes et les fissures d’une mémoire personnelle dont il faut textuellement lier et délier, tresser et détresser les fils afin de saisir toute sa complexité.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71151204","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}